1945 : ce qui pendait au nez de la France, du fait de Charles de Gaulle
Dès 1945, les finances de la France se sont trouvées remises dans les mains des États‒Unis par Charles de Gaulle qui, sous couvert de la présence de Pierre Mendès France dans le Comité Français de la Libération Nationale puis dans le Gouvernement provisoire, a laissé agir discrètement René Pleven puis Jean Monnet dans le sens des intérêts états‒uniens qui étaient tout simplement l’expression de l’impérialisme occidental.
De cet impérialisme, Charles de Gaulle n’a voulu voir, à cette époque-là, que le côté militaire. Il lui fallait reconstruire les armées françaises. Or, l’aide économique étrangère s’imposait à lui de façon d’autant plus pressante qu’il croyait la troisième guerre mondiale très proche, celle qui lui permettrait enfin de faire voir toute sa compétence militaire, et ceci, au détriment de l’URSS.
Absent de l’essentiel de la première guerre mondiale, du fait de blessures, puis de sa captivité en Allemagne (1916‒1918), tenu à l’écart de tous les champs de bataille par les Anglo‒Saxons à l’occasion de la seconde, cette troisième guerre anticommuniste, dont il pensera avoir donné le signal de début en envoyant un corps expéditionnaire en Indochine dès septembre 1945, allait être la sienne… et celle de la France.
Ainsi cette orientation lui interdisait-elle de prendre au sérieux la reconstruction en France d’autre chose que d’une réelle puissance militaire : l’économie en était la principale condition, mais évidemment pas le bien‒être de la population elle‒même. Les capitaux états‒uniens seraient les bienvenus comme moyens de la grandeur d’un De Gaulle, que lui‒même s’évertuait à appeler : la France.
Dans son grand discours, devant l’Assemblée consultative, du 2 mars 1945 ‒ deux mois avant la fin de la seconde guerre mondiale sur le sol européen ‒, Charles de Gaulle donne le coup d’envoi de la suite, tout en rappelant ce qui a déjà été réalisé du côté du relèvement :
« Dans cette première phase de notre œuvre, c’est naturellement sur les éléments essentiels que s’est portée l’action du Gouvernement, en donnant à l’effort de guerre, malgré l’état et la fatigue du pays, une rigoureuse priorité. » (Discours et messages, page 524)
"Rigoureuse priorité…" Finir de libérer le territoire ? Anéantir les dernières troupes d’Hitler ? Mettre définitivement l’Allemagne hors d’état de nuire ? Pour très vite retrouver, dans la paix générale, le moyen de rendre à nouveau vivable la vie des Françaises et des Français sur le sol libéré de leur patrie ? À quoi bon ? N’y a-t-il vraiment pas mieux à faire ?
Si, s’exclame De Gaulle, devant les membres de l’Assemblée consultative plus ou moins abasourdis :
« Dans le monde, à la fois très actif et très rude que nous voyons se dessiner par‒delà la victoire, il apparaît que ce que nous sommes et ce que nous voulons, pour notre propre bien et pour le bien des autres, ne pèserait pas lourd et ne pèserait pas longtemps si nous n’entreprenions pas, une fois de plus dans notre Histoire, l’ascension vers la puissance. » (page 526)
Or, la puissance de la France est déjà là, constate De Gaulle. Mais quelle puissance ?... Est-ce la puissance nécessaire pour créer un monde meilleur ? La puissance d’inventer un avenir à la hauteur des souffrances endurées depuis le déclenchement de cette terrible guerre qui va s’achever ?
Mais non, voyons ! Comment pourrait-on à ce point faire fausse route ? Et c’est De Gaulle qui le déclare à la France entière, en ce 2 mars 1945 :
« Nous avons énergiquement poussé, tout en nous battant, l’accroissement et la refonte de nos armées de terre, de mer et de l’air. Celles‒ci comptent actuellement plus d’un million deux cent mille hommes, y compris les forces de l’Empire. En outre, à peine va s’achever l’incorporation de la classe 1943, que nous passerons à celle des classes 1940, 1941, 1942. » (page 524)
Pour quoi faire ? Tout cela, rien que pour en finir, dans quelques semaines, avec Hitler qui est, déjà, à peu près à genoux ?
Certainement pas. Alors ? Le Japon ? Il paraît que les États‒Unis s’y emploient. Où donc, les belles armées françaises vont-elles pouvoir s’illustrer ?
Quoi qu’il en soit, c’est décidé… Toute l’économie française va devoir se tourner vers la préparation d’un nouveau conflit de première grandeur, et se donner les bases d’une industrie d’armement de dimension planétaire. C’est De Gaulle qui le sous-entend avec toute la netteté possible à ce moment précis ; cette guerre-là, il ne la manquera pas :
« D’une part, nos alliés ont récemment consenti à nous fournir une partie du matériel nécessaire dont les premiers envois sont en cours et, d’autre part, nous fabriquons désormais des fusils, des fusils-mitrailleurs, des mortiers, des camions militaires, des avions de chasse, de bombardement léger, de transport. Nous réparons nos propres navires. Si nous ne pouvons encore nous doter nous‒mêmes d’artillerie et d’engins blindés, c’est parce que de telles fabrications exigent des délais prolongés. Cependant, je puis annoncer qu’en septembre [c’est bien la date d’envoi du corps expéditionnaire en Indochine] commenceront à sortir de nos usines de nouveaux chars français et que, d’ici-là, nous aurons produit un nombre important d’auto-mitrailleuses. Nous poursuivrons inlassablement, en dépit de tous les obstacles, cet effort de recrutement, d’instruction, d’encadrement, d’armement, jusqu’à ce que nous ayons rendu à la France les grandes armées qu’elle veut avoir. » (page 524)
Ce qui, sans Jean Monnet et les États‒Unis, était alors strictement impossible. Par conséquent… Et c’est, pour finir, l’Allemagne qui a ramassé la mise.
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