(2/4 suite) Aux sources juives de l’antisémitisme (textes juifs, usure, lois, ethnocentrisme)
Pour faire suite aux recherches des motifs qui ont rendu impossibles les concepts de « CIVILISATION, ÉDUCATION OU MORALE JUDÉO-CHRÉTIENNES » on prolongera ici l’énoncé des contributions juives à ces obstacles avec ; « Les singularités judéo-chrétiennes – Les interdictions juives à un rapprochement avec les autres peuples - L’usure - S’agissant des lois - De la prééminence du peuple juif ».
On trouvera le préambule à cet épisode ici (L’antisémitisme cause et effets - L’antisémitisme de Luther – Le judéo-christianisme un poncif »)
Leurs raretés révèlent des dissensions trop profondes pour judéo-christianiser un modèle.
La première suppose un bond en arrière de deux mille ans avec les manifestations brutales de l’hostilité des juifs à l'encontre des nouveaux judéo-chrétiens dont Katell Berthelot (CNRS) donne un aperçu "... dès le IIe s. av JC, les juifs sont le seul groupe humain dans tous le bassin méditerranéen désigné comme misanthrope... hostile aux non-juifs, qui se replie sur lui-même… en opposition avec l'universalisme de la philosophie stoïcienne qui se développe alors... un récit égyptien qui présente les Juifs comme une bande de lépreux impurs, qui souillent le pays et sont finalement expulsés d’Égypte – une histoire que l’on rencontrerait dès le IIIe siècle av JC chez Manéthon … »
Les premiers judéo-chrétiens témoignent de tensions graves avec les juifs. L’apôtre Matthieu parle de ; « Races de vipères, comment pourriez-vous dire de bonnes choses, méchants comme vous l'êtes ? », l’apôtre Paul ; « … eux qui nous ont persécutés...ils sont ennemis de tous les hommes …" (Epître aux Thessaloniciens, plus vieux texte du nouveau testament 48-50 ap JC). Des opinions qui évoquent l’avertissement en hébreux, grec et latin sur la façade du temple d'Hérode aux portes d'or dites de Nikaor ; " tout non-juif qui franchirait ces portes serait tué sans jugement ".
A Jérusalem dans le Temple les prêtres lanceront alors leur diatribe sévère ; « … qu’ils périssent s’ils ne reviennent pas à Ta Torah ». Attali plante le décor ; « …les prêtres s'installent à plein temps et certains recommencent à faire de la fortune une finalité » (Les juifs, le monde et l’argent) . Ces sages (tannaïm) percepteurs d’impôts omnipotents, laissaient proliférer les idoles et les marchands jusqu’à ce qu’ils soient dérangés par un certain Jésus et des juifs hérétiques affligés par ces dérives. Auraient ils vu alors d’un mauvais œil leurs prérogatives bousculées comme celles des prêtres du temple d’Amon à Karnak en Egypte quatorze siècles avant eux ? Chacun a pu mesurer, avec les ravages commis sur les effigies et les cartouches d’Akhenaton, la rage de ces prêtres amputés un temps de leurs privilèges par ce précurseur monothéiste… Inspirateur du judaïsme ?
Des Eglises (communautés) composées de juifs dissidents chassés des synagogues par les Pharisiens (juifs orthodoxes), et de Gentils ou Goyim (non-juifs) qui reconnaissaient en Jésus le Messie, naissent alors. Ce sont les Eglises primitives de la période paléochrétienne jusqu’à ce IVe s. qui marque le schisme judéo-chrétien.
Lawrence H. Schiffman rapporte dans son livre « La réponse de la halakha (loi juive) à l'ascension du christianisme » (2003), l’expression d’un antichristianisme marqué des rabbins des premiers siècles ; « …Dans vos synagogues qui, de jour comme de nuit, blasphèment le Sauveur, on énonce des malédictions contre les chrétiens trois fois par jour… ». Dan Jaffé en témoigne également (Jésus dans le Talmud).
Spectacle toujours vivant en Inde, où les grandioses temples hindous du Tamil Nadu abritent des communautés de prêtres entourés d’or, signes extérieurs de leurs privilèges. Ils siègent au milieu des temples bondés de marchands et d’idoles, dirigeant à coup de gongs les offices et les fidèles généreux, leurs obligés.
Ces rapprochements laissent deviner le sentiment des prêtres juifs du temple au début de l’ère chrétienne, dérangés et soucieux de dénigrer cette secte naissante composée de renégats issus de leurs rangs qui minaient leur autorité et leurs revenus. L’antichristianisme précédant l’antijudaïsme, germait dès ici. Leurs commentaires sécessionnistes des débuts ont imprégné des générations de talmudistes (voir plus loin le traité Avoda Zara).
La seconde singularité judéo-chrétienne, récente, concerne les juifs messianiques actifs en Israël et aux Etats-Unis qui reconnaissent en Jésus le Messie, comme la majorité des chrétiens. Ils relisent la Torah et le Talmud dont ils tirent une certitude avec la prédiction du prophète Isaïe-53 qui décrit Jésus huit siècles av JC, comme les Evangiles après et ressuscitent les synagogues judéo-chrétiennes, ils ne sont pas assimilés aux judaïstes. Gerónimo de Santa Fe (rabbin converti), s’y essayait avant eux lors de la disputation de Tortosa en 1414. En démontrant avec des sources juives que le Messie était déjà venu en la personne de Jésus il obtiendra la conversion de nombreux juifs.
Le Talmud sera rejeté aussi par des juifs qui s’assimileront en Europe.
L’histoire qui suit révèle cette réalité avec une conclusion inattendue quant à la responsabilité chrétienne d'une confrontation entre juifs.
Au XVIIIe siècle, installée depuis des siècles en Pologne, la plus grande communauté juive s'affrontera. Juifs fidèles au Talmud et juifs messianiques (frankistes) s'entretueront. Emule de Sabbataï Tsevi un siècle plus tôt en Allemagne, Jacob Joseph Frank se proclamera aussi Messie en Pologne. Ce mouvement très répandu de juifs kabbalistes « christianisés » eu pour conséquence la disparition de leur identité juive au milieu du XIXe s. Les rabbins du clan talmudiste les excommunieront, veilleront à effacer toutes traces des documents frankistes et tairont cet exemple réussi de l’assimilation des juifs polonais. Alors qu’on attendait une condamnation des extrémistes talmudistes qui donneront naissance aux ultras Hassidiques, S. Mirensky (2023) accusera les chrétiens de la Reconquista espagnole de l’origine de cette déviance messianique, eux qui avaient pourtant fui l’Espagne cinq siècles plus tôt pour ne pas être obligés au baptême. Puisant dans un antichristianisme judaïque ancien, S. Mirensky trouvera à absoudre les talmudistes.
De ces minces rapprochements dogmatiques trop anciens ou trop récents, n’ont pas surgi les fruits d’un amalgame judéo-chrétien, pas plus que dans les diasporas juives essaimées ou converties (1) vers des terreaux culturels différents pour des causes multiples ; captifs (Rome), déportés (Nabuchodonosor), immigrés (Damas), enrôlés, mercenaires (Onias IV), esclaves (Pompée)…
Altérant le rigoriste judaïsme des orthodoxes, le mouvement juif Massorti (XIXe siècle) « s’oppose à l’assimilation car il veut préserver, dans les conditions de la diaspora, le patrimoine humain et culturel d’Israël », mais encourage courageusement d'un grand écart doctrinaire « les rapports de convivialité et de solidarité avec les non-juifs ». En rupture avec les juifs traditionnels et leurs enseignements archaïques et sectateurs du Talmud qui exposent pour les juifs « ...la nécessité de s’éloigner des non-juifs idolâtres (chrétiens) », ils restent minoritaires.
- Contraints par leurs textes, les juifs s’interdisaient un rapprochement avec les autres peuples
Peu connus, quelques traits de la vie des juifs imposés par le Talmud illustrent le fossé culturel entretenu par ces communautés arc-boutées derrière leurs crédos et leurs rituels. La Torah (règle écrite) a été commentée pendant des siècles par des rabbins de différentes origines et de différents horizons dans le Talmud (règle orale). Y sont exposées des lois sectaires notamment dans le traité Avoda Zara, qui régissent les relations entre juifs et "gentils" (non-juifs) et juifs et "idolâtres" (chrétiens). Des commentaires sécessionnistes des débuts qui ont imprégné des générations de talmudistes continuateurs de l'ethnocentrisme judaïque.
Des exemples de l’impossible symbiose avec les chrétiens remplissent l’histoire du judaïsme et ses talmuds, comme la méfiance nécessaire vis-à-vis des femmes non juives capables de tuer le nouveau-né lors des naissances avec leur pouce enfoncé discrètement dans les fontanelles (Avoda Zara), ou encore une appréciation partisane de la justice ; " le juif n'a pas le droit de voler un goy, mais si il lui doit de l'argent il a le droit de ne pas le rembourser". 613 commandements (mitzvot) guident la vie religieuse et sociale avec leurs interdits ; il ne faut « …pas contracter de mariage avec des non-Juifs les gentils (goyim) ...ils appartiennent à un autre peuple ». Cette règle vaut encore aujourd’hui en Israël où seul le mariage religieux entre juifs est possible, elle est viscérale chez certains même ailleurs. Anne Sinclair (née Anne-Élise Schwartz) a écrit " je n'aurais pas pu aimer un homme qui n'aurait pas été juif ".
A cet isolement voulu, on ajoutera les formes multiples de l’antichristianisme qui s’exprimaient dans le Talmud de Babylone (moins virulent contre le christianisme et donc moins censuré que la version de Jérusalem), carcan social aux mœurs distantes de celles des nations d’accueil. L’abbé Joseph Lémann (juif converti) parlera de « La haie des lois talmudiques ».
Dans son livre « Jésus dans le Talmud », Dan Jaffé maître de conférences en histoire des religions à Tel-Aviv, chercheur au CNRS, expose des aperçus qui n’ont pas manqué de heurter déjà au Moyen-Age ; « …Jésus a pratiqué la sorcellerie, a séduit et a fourvoyé Israël… né de relations coupables… ta naissance à Bethléem a provoqué un massacre d'enfants… Jésus est un bâtard… ». Ces propos populaires diffamants sur la naissance de Jésus (dès les IIe- Ve s.) s’exprimeront pendant des siècles dans le Toldot Jéshou. Autant d’opprobres peu propices à l’émergence d’une proximité judéo-chrétienne crainte des rabbins. Rédigés dans un hébreu confidentiel longtemps, le Talmud aura été épuré de ses provocations à Bâle (XVIe s.) mais seront restées dans les anciens manuscrits, notamment dans ceux de Munich, de Florence et de Karlsruhe.
Il aura fallu attendre 1827 pour que les Talmud (Babylone et Jérusalem) soient traduits en français grâce aux subsides du tsar Nicolas Ier, par un italien l’abbé Chiarini qui dès lors s’emploiera à rechercher dans sa Théorie du judaïsme « … la cause fondamentale pour laquelle tous les peuples non-juifs se sont si bien accordés… pour exercer sur toute la surface du globe les mêmes cruautés ? » En 2016 à Paris, un symposium contre l’antisémitisme dira de ces travaux qu’il est « … légitime d’y voir une dénonciation typiquement catholique du Talmud ». Une résurgence d’un antichristianisme ancien qui n'augure pas un judéo-christianisme possible.
L’Université Catholique de Paris éditera en 1868 un Recueil religieux philosophique scientifique et littéraire comprenant une notice sur le Talmud original. Il y est fait mention des intentions du Rabb Asschi (Ve s.) de corriger le Talmud de ses « …extravagances bien ridicules, d’indécences très révoltantes, surtout de blasphèmes contre tout ce que la religion chrétienne a de plus sacré de plus cher ». Heinrich Graetz historien et théologien juif prussien du XIXe s. reconnaît dans son « Histoire des juifs » les inepties talmudiques inhérentes « … à toute œuvre de l’esprit qui a une tendance exclusive …avec des croyances et des pratiques superstitieuses … en contradiction absolue avec l’esprit du judaïsme ; il contient aussi des maximes et des sentences hostiles aux autres peuples et aux autres religions ; enfin, son interprétation de la Loi est souvent très subtile, étrange, contraire au bon sens et à la réalité… ».
Plus généralement, lucide, l’Israël ministry of foreign affairs, évoquera les « … tranchants que juifs et catholiques entretinrent les uns sur les autres, pendant plus de deux millénaires… ». Comme Yosef Gedaliah Klauzner qui parle dans son « Dictionnaire des monothéismes », de l’antijudaïsme et de l’antichristianisme juif concomitants « …Jusqu’à l’époque contemporaine, les relations entre juifs et chrétiens furent limitées et marquées par la haine, la méfiance ou l’indifférence ». Il rappelle aussi que les Toldot Yéshou salissaient la naissance de Jésus dès le Ve siècle. Le philosophe romain Celse (IIe s. ap JC) aurait fait mention aussi de diffamations juives qui se retrouveront dans les Toldot Jeshou.
Récemment, la période polonaise qui suit raconte le rôle des juifs dans un épisode qui contribuera à leur détestation dans ces territoires. Une contribution juive à l’impossible rapprochement judéo-chrétien.
Heinrich Graetz raconte aussi les complications de la vie avec des juifs en Pologne au XVIIs. et livre un témoignage sévère à l’encontre de ses coreligionnaires qui menaient la vie dure aux chrétiens. Les familles dominantes polonaises catholiques s’opposaient alors aux cosaques orthodoxes nouvellement arrivés et utiliseront les juifs affermeurs pour le compte de grands propriétaires nobles. Ils étaient chargés de faire rentrer les impôts avec leurs moyens odieux ; « … pour chaque nouveau-né, chaque mariage, les Cosaques étaient tenus de payer une taxe. Afin d’empêcher toute fraude, les fermiers juifs détenaient les clefs des églises grecques, de sorte que le prêtre ne pouvait procéder ni à un baptême ni à un mariage sans leur autorisation. Mais leur propre conduite et les procédés qu’ils employaient contribuèrent aussi à les faire détester des Cosaques… Il en résulta que les défauts de la méthode d’enseignement talmudique, la subtilité, l’habitude d’ergoter, la finasserie, pénétrèrent dans la vie pratique et dégénérèrent en duplicité, en esprit retors, en déloyauté… ils usaient souvent de ruse et de moyens déloyaux à l’égard des non juifs... Du reste, leur piété même était entachée de cet esprit d’exagération et de raffinement ; ils rivalisaient entre eux d’étroit rigorisme, mais ignoraient, pour la plupart, la foi sincère, simple, amie de la droiture et de la vérité. »
Le devenu légendaire cosaque Khmeltnitsky libérera la paysannerie cosaque en conduisant une insurrection en 1648 avec des massacres et notamment ceux de milliers de juifs. Thierry Sarman (Historia) citera un prélat ukrainien ; « Nous devons renverser et livrer aux flammes vos lieux de cultes juifs dans lesquels vous blasphémez contre Dieu, nous devons vous retirer vos synagogues et les transformer en églises, nous devons vous chasser de nos villes et de nos États/…/ vous passer au fil de l’épée, vous noyer dans nos fleuves, vous faire périr de toutes les façons ». Des déchaînements qui rappellent ceux de Luther ailleurs un siècle plus tôt.
- Perpétuel conflit judéo-chrétien et pilier séculaire de l’antijudaïsme ; l’usure.
« Compteurs d’argent » de van Reymerswaele XVIe s.
Au Moyen-Age, l’insolente richesse de quelques juifs contrastant avec la misère des autres (juifs compris), offusque. Parmi « les servis » relégués en bas de l’échelle sociale certains s’enrichissent avec le droit d’usure refusé aux catholiques par les conciles successifs de Latran mais admis pour les juifs qui suivront les recommandations des rabbins sans les restrictions de la Torah « Si tu prêtes de l’argent à mon peuple, au pauvre qui est avec toi, tu ne seras pas envers lui comme un créancier, vous ne mettrez pas sur lui une morsure (intérêt) ». Les rabbins ont appris à détourner la Torah, avec Iska et Hétèr Iska ils ont admis l’usure. Conscients des conséquences, d'autres rabbins devront intervenir pour limiter le taux de l’usure, quand Maïmonide (1) éminent rabbin sépharade du XIIe s. parlera lui "…d'un devoir de pressure du Gentil (non juif) en lui prêtant à intérêt et il est interdit de prêter à intérêt à son frère". Une situation insupportable pour les notables chrétiens endettés, dont certainement le roi Edouard III qui dut gager la couronne d’Angleterre pour un prêt auprès d’un banquier juif rhénan.
La pratique de l’usure par les juifs durant le Moyen-Age sera une des causes de leurs nombreuses évictions en Europe, malgré qu’ils aient été appréciés par la noblesse dirigeante et quelques rois qui tiraient bénéfices leur exercice. On se disputait « la possession » des juifs pour ces motifs, comme à Kaliz au XIVe s. où le duc Bosleslas concèdera aux réfugiés juifs un statut avec des privilèges, marque de son intérêt pour des juifs commerçants, artisans, prêteurs sur gage.
Mais les temps changèrent vers la fin du XVe s. à Florence quand les banquiers juifs d’abord appréciés des Médicis seront finalement chahutés (2) avec l’arrivée des monts-de-piété soutenus par le bouillant moine prédicateur Savonarole. Il voyait là le moyen de se débarrasser de l’usure des juifs « cause de l’appauvrissement du peuple florentin ». Les monts-de-piété les concurrenceront et viendront à bout des banquiers juifs qui devront porter la rouelle jaune avant d’être finalement chassés. Un mont-de-piété Toscan donnera naissance à la plus vielle banque du monde encore aujourd’hui, la Monte dei Paschi di Siena.
Banque “Monte dei Paschi di Siena” à Sienne aujourd’hui.
- S’agissant des lois.
Rapportée de l’exil babylonien (code d’Hammurabi), l’ancienne loi du Talion (Œil pour œil dent pour dent…) est mentionnée dans la Torah, le Talmud (et le Coran), elle illustre une approche fondamentalement différente de celle des chrétiens qui trouvent la miséricorde et le pardon au cœur des Evangiles ; « Pardonnez afin qu’on vous pardonne ». D’inspiration chrétienne, dans nos tribunaux aujourd'hui encore la connotation morale de la confession et de la repentance, condition du pardon, peuvent conduire à une indulgence. Une « prétendue supériorité de la morale chrétienne » discutée au XIXe s. par Elie Benamozegh (Morale chrétienne et morale juive), au motif « …qu’il aurait fallu qu’elle soit supérieure à tout ce que la raison divine à jamais manifesté aux hommes… ».
Avec la loi du Talion et les conceptions de repentance différentes du Talmud (voir l’explication du rabbin Ph. Haddad pour téchouva et vidouy), on peut comprendre que les juifs aient revendiqué leur propre tribunal malgré le conseille du Talmud avec « dina demalkhouta dina - la loi du royaume (où ils vivent) est la loi (des juifs) ».
Si des musulmans portent ouvertement la charia au-dessus des autres lois, après les amendements rabbiniques ce principe devient « la loi du roi n'est la loi que dans le domaine laissé par la loi juive à la libre décision de la population. » Pour y remédier Napoléon (3) imposera finalement aux juifs les lois de la République au détriment de celles mosaïques.
Au Moyen-Age la nation juive suit autant que possible ses propres règles et lois à l’intérieur des nations où elle est implantée. Les rabbins demandent aux juifs de ne pas faire appel aux « …juges idolâtres (catholiques) … même si leurs lois sont similaires… C’est comme si ils levaient la main sur la Torah de Moché…lorsque nos ennemis sont juges sur nous… ». L’analyse de certains jugements démontrera pourtant qu’il pouvait ne pas y avoir de discrimination lors des procès entre chrétiens et juifs conduits par une juridiction chrétienne. En 1123 déjà, une bulle promulguée par le pape Calixte II imposait un principe ; « … tout comme il n'est pas permis aux Juifs de jouir de libertés au-delà de leurs droits légaux, de même ils n'ont pas à se voir privés de ces droits. Ce document, équivalent d'une lettre de protection, remonte à des recommandations déjà énoncées par Grégoire le Grand à la fin du VIe siècle », un acquis insuffisant pour cette vieille attente juive d’émancipation législative toujours vivace. Quelques-uns en France (2005) ont voulu réintroduire un tribunal rabbinique pour juger leurs conflits. Il aurait été présidé par "une sommité israélienne", le rabbin Mordekhaï Gross qui ne parlait pas français. Le tribunal serait intervenu dans les conflits d'ordre économique "…entre juifs nous devons apprendre à régler les problèmes entre nous… J'aimerais que lorsque deux juifs ont un conflit ils prennent l'habitude d'aller au Beth Din (tribunal juif)", une distanciation supplémentaire a été évitée. Des textes de célèbres rabbins anciens expliquent cette motivation nécessaire au quotidien.
- De la prééminence du peuple juif.
Dominés par le déicide juif impardonnable jusqu’en 1965 (Nostra Aetate catholique), les irritants se révèlent aussi par des espérances juives qui ont pu insupporter certains de leurs hôtes en des temps plus rigides ; « …à l'arrivée du messie tout le monde sera esclave des israélites ». Elles font écho à la Torah (Noé) avec le destin dû à « …la race divine », perpétrée par la lignée matrilinéaire qui marque d’une judaïté indélébile les enfants d’une mère juive, avec la circoncision. Ce concept de race ayant eu depuis une résonance à oublier.
David Banon (2004) dans « Guerre imposée et guerre autorisée selon Maïmonide » rappelle les intentions dominatrices du judaïsme « …lorsque tu t’approcheras d’une cité pour lui faire la guerre… Si elle accepte la proposition de paix et les sept lois noahides, alors on ne tuera aucune âme et les habitants de cette ville seront imposables et te serviront ». Les persécutions des chrétiens en 523 par le roi juif Yūsuf (Joseph) As̓ar Yath̓ar à Najrân (Yemen) avec « le martyre de Saint Aréthas et de ses compagnons », témoignent des conséquences de leur opposition aux juifs souverains.
Martyr Saint-Aréthas tué par les juifs
Einstein ignorait probablement cette période et l'actuel conflit palestinien quand il écrivait à propos du peuple juif (4) " ... il n'a pas pour autant une forme de dignité différente des autres peuples. Au vu de mon expérience, ils ne sont pas meilleurs que les autres groupes humains, même s'ils sont protégés des pires excès par leur manque de pouvoir..."
Se faisant, le judaïsme s’est aussi renfermé sur lui-même dans les juiveries comme en témoigne aujourd’hui Méa Shéarim, quartier ultra-orthodoxe de Jérusalem où quelques juifs perpétuent un mode de vie hors du temps. Ils y entretiennent leurs crispations vis à avis du modernisme de leurs compatriotes laïcs et du monde chrétien qu’ils fuient quand ils ne leur crachent pas dessus.
Traversez ce quartier hors des murailles, et vous ferez un pas dans ce passé prégnant d’où les autres sont exclus. Un quartier qui éclaire différemment le « ghetto », un lieu circonscrit pour les juifs, par les juifs ou les deux ?
Les quartiers des juifs ultraorthodoxes de Williamsburg et Borough Park à Brooklyn l’ancien quartier juif de Josefov à Prague … ne sont-ils pas des ghettos ?
Un ethnocentrisme qui tranche avec la vie des israélites polythéistes anciens qui se mariaient avec les non-juifs à Eléphantine autour du Ve s. av JC.
(1) A l’Institut d’études juives Elie Wiesel, Henri Atlan a présenté une thèse sur « L’invention de la religion juive », 3e religion après le christianisme et l’islamisme, avec « … Maïmonide (12e s.) qui a introduit pour la première fois des articles de foi dans les commandements (613 mitzvot) qui régissent la vie des juifs… »
(2) « LES JUIFS FLORENTINS DANS L’ESPACE POLITIQUE REPUBLICAIN (1494-1496) » Jean-Marc Rivière Centre Aixois d’Etudes Romanes
(3) Napoléon et sa création des consistoires juifs en France, découvrira le fossé judéo-chrétien avec des juifs rhénans décriés, Avec son décret il conduira une intégration à pas forcés.
(4) Lettre d'Albert Einstein à Eric Gutkind, 1954
A suivre ;
(3/4) Aux sources juives de l’antisémitisme (le Talmud introverti, l’austérité judaïque, les philosophes, les disputations…)
- (4/4) Aux sources juives de l’antisémitisme (Napoléon et les juifs)
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