2005 : année maudite ?
A l’aube de cette nouvelle année, l’un des permiers travaux est de tirer le bilan de l’année passée... Un bilan mitigé, voire négatif.
"Maudits... Maudits". Tel semble avoir été le mot de l’année, et pas seulement durant le long mois qu’aura duré la diffusion laborieuse des Rois Maudits de la désormais tristement célèbre Josée Dayant, qui, pour gâcher notre plaisir, viendra nous empoisonner la vie dès le 2 janvier avec Milady...
2005 aura donc été un flop culturel. Flop télévisuel, avec un manque évident d’imagination et d’originalité, entre remake et programmes creux. Une télé malade, tournant à vide, avec les sempiternels bêtisiers, qui nous auront été servis cette année dès le mois de février. Sempiternelles aussi, les émissions de télé-réalité qui se terminent en noeuds de boudin, et pas seulement la Star’Ac. Exit les Première compagnie, que tout le monde a oubliées, ou la troupe de Michel Fugain. Année du sinistre, qui aura vu le retour en fanfare d’une Céline Dion aussi adulée que démodée, alors que de son côté Evelyne Thomas sortait par la petite porte aussi vite qu’elle s’est mise à dos l’ensemble des collaborateurs qu’elle a pu avoir sur les différentes chaînes qu’elle a fréquentées.
Année mitigée pour l’actualité musicale ; le meilleur album français vendu aura été un package formaté pour diffusion en supermarché, intitulé 300 lésions, mais qui, en réalité, aura causé bien plus de dommages à notre système auditif. Année musicale dominée par une volonté affichée de promouvoir une certaine idée de la France et de l’exception culturelle française, avec ce qu’on a coutume d’appeler la "nouvelle" scène française, faite de mélodies mielleuses et de textes soporifiques.
Que dire, également, de l’année cinématographique, écrasée sous le poids des productions américaines comme Alexandre, King Kong ou les Noces Funèbres de Tim Burton, qui auront sans doute fait plus couler d’encre que le seul bilan du Tsunami. Année de la vague jaune nommée Brice de Nice, et qui consacre définitivement le rôle de grosse tête et chevilles gonflées de Jean Dujardin, le nouveau Jean-Claude Brialy, toujours satisfait de lui-même et nouveau centre du monde... Non content d’être présent dans une multitude de films ainsi que sur l’ensemble des médias, cet acteur, doué il est vrai d’un certain talent, aura finalement terminé l’année en méprisant les films avec lesquels son dernier long métrage va partager l’affiche. Tant mieux pour le cinéma français, mais bad point pour la noblesse et la chevalerie française !
On évoquait tout à l’heure le Tsunami. 2005, année de l’après Tsunami, année de la générosité... générosité bloquée dans une impasse. Combien de millions en souffrances, alors que la souffrance n’a pas de prix ? Un multitude de paramètres viennent contrarier la bonne redistribution des sommes collectées, mais les donateurs restent contrariés que leur aide ne soit pas parvenue à destination, alors que, pendant ce temps, il faut au moins autant d’argent pour payer les pensions de guerre aux veuves et aux orphelins du conflit en Irak. Pas pour les veuves iraquiennes, à qui il faut dire qu’elles ont de la chance d’être toujours en vie, mais pour les héroïnes de la patrie américaine, qui ont su faire le sacrifice ultime en offrant sur l’autel de la démocratie leur vie de famille. Année de la continuité aux États-Unis, avec la même politique d’incompréhension et d’orgueil. Alors qu’ailleurs, 2005 fut une année de changement... Palestine : Yasser Arafat disparaît, laissant derrière lui un conflit qui devient de plus en plus sournois, mais dont l’issue ne dépendra pas de lui. Le 2 Avril, c’est Jean-Paul II qui disparaît, laissant ainsi la voie ouverte au changement dans la continuité, avec son successeur Benoît XVI...
Un bilan morose, dans lequel les seuls moment de bonheur sont les mariages célébrés dans l’année. Charles et Camilla, ou la consécration de la tromperie, sans compter la multitude de mariages homosexuels de fin d’année, qui aura dominé pendant un bon moment l’actualité... Mariages qui ont tous eu lieu en Grande-Bretagne, pays qui, depuis Juillet, ne cesse de monopoliser l’attention des médias.
Cela a commencé fin juin, avec l’échec du sommet européen : les Anglais bloquent toute possibilité de compromis sur le budget européen. Cela s’est poursuivi lors de leur accession à la tête de l’Europe, avec le projet ambitieux d’accélérer l’ouverture des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, ce qu’elle obtiendra dans la douleur. Puis, le 6 juillet, humiliation suprême, lorsque Londres remporte les J.O. de 2012 face à Paris... Paris brisé. Paris outragé, Paris martyrisé. Mais Paris... éliminé... En tout cas, pari perdu pour les politiques, qui voyaient dans ce projet une opportunité pour redresser le pays et le sortir du marasme. Peine perdue. Enfin, la Grande-Bretagne faisait encore parler d’elle au mois de juillet, avec les attentats des 7 et 21 juillet. Tragédie malheureusement devenue quasi quotidienne. Horreur d’un conflit muet, dont 2005 ne sera pas venu à bout.
Les J.O. de 2012 auraient pu être un formidable évènement fédérateur, ils ont été un outil d’attaque politique. En effet, une gauche affaiblie par les divisions internes ne pouvait que saluer cet échec qu’il était facile d’attribuer à une France sous représentée et mal gouvernée, selon eux. Bien que le projet ait été conduit, porté et soutenu par Bertrand Delanoë, le camp socialiste n’aura pas mis longtemps à s’emparer de cet échec. Cela avait au moins pour mérite de masquer péniblement les problèmes du parti, après la campagne ratée du référendum sur la constitution européenne. Coup fatal portée à la fois à la gauche et à la droite, sans pour autant apporter de véritable solution aux maux dénoncés par la partisans du non, le rejet, majoritaire et non pas massif, du traité constitutionnel fut l’élément déclencheur de la tempête politique qui s’est abattue sur le pays. Changement de gouvernement, désaveu du chef de l’Etat, division et luttes intestines à gauche... l’année 2005 restera une année bien lourde en matière politique, chargée en échecs et en impasses, pauvre en résultats et en crédibilité. Une année qui se clôture par la crise des banlieues, et un système républicain totalement réécri par le chef de l’Etat, qui n’hésite pas à dire, lors de ses voeux, que "sans l’égalité des chances, il n’y a pas de République". Étrange discours, quand la dialectique républicaine dit justement que la République est la garantie de l’égalité des chances...
Si réussite de l’année il y a, c’est dans le lancement de projets : ITER, Airbus A380, Galileo, Ariane 5... mais tout ceci ne sera vraiment concret qu’en 2006. 2005 est à méditer, à étudier, afin que 2006 et les années à venir ne soient pas aussi "maudites"...
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