• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > 2007, l’année du centre ?

2007, l’année du centre ?

Le choc des présidentielles n’aura sans doute pas les conséquences que l’on croit pour le parti centriste (central ?). Car il est bien connu que les accouchements difficiles peuvent générer des humains plus solides.

Si le titre de cet article peut paraître provocateur, le score du candidat centriste a atteint des sommets inégalés depuis... vingt-six ans. L’élection présidentielle ne sera pas l’occasion de matérialiser sa vision. Mais des élections locales, législatives et municipales, moins médiatiques et plus proches du terrain, peuvent être l’occasion de concrétiser la (re)naissance d’un centre démocratique en France.

Un score avec un précédent... lointain
Le passage au second tour et la probable victoire de l’élection eurent sans nul doute été préférés par François Bayrou et ses électeurs. Mais le score réalisé par le candidat centriste a atteint des niveaux dignes de l’élection présidentielle de 1981. Pour résumer, François Bayrou a une occasion unique de faire ce que VGE n’a pas fait en 1974 (33 ans !) : positionner et moderniser son mouvement, central, en France.

Un Français sur cinq à l‘écoute d’une nouvelle approche politique
Avec un taux de participation largement supérieur à 80%, les 18,5% d’électeurs ayant voté François Bayrou peuvent presque être assimilés à 18,5% des Français. Et ce alors que l’UMP et Nicolas Sarkozy ont réalisé une réelle OPA sur le Front national, et que les électeurs du PS sont venus de son bord gauche, permettant à Ségolène Royal d’être présente au second tour (son objectif). Les scores réalisés par ces deux candidats indiquent clairement que les électeurs du parti central constituent une force nouvelle, non empruntée au PS ou à l’UMP. Et pour répondre à cette demande nouvelle, l’UDF va sans doute devenir un parti nouveau, porteur d’une approche politique rénovée. L’impact qu’aurait eu cette création avant le premier tour, sur le résultat de dimanche dernier restera à jamais une inconnue.

Un poids atténué des médias
Cette donnée est clé, car l’élection présidentielle de 2007 démontre un point : les médias auront réussi à imposer le duel qu’ils souhaitaient et ont iniquement appelé de leurs vœux, à l’image du patron de TF1 et de celui du Monde dans son éditorial deux jours avant le premier tour, pour ne citer qu’eux. Si ce poids peut se faire sentir à une échelle nationale, il est probable que la chape de plomb médiatique sera moins efficace sur les citoyens, du fait des enjeux plus locaux des élections législatives (et encore plus municipales) à venir. D’où une question : ces législatives peuvent-elles être une réédition des élections présidentielles mais en plus « ouvert » ? Combiné à la présence d’un parti central nouveau, à l’idéologie explicitée et à l’organigramme apuré, l’enjeu pour le centre est de devenir l’arbitre de la politique française pour les cinq années à venir.

Une foi à affirmer, une force citoyenne à traduire
Quoi qu’il arrive, ce parti central va devoir affronter les deux autres « poids lourds ». Ce sera une bataille de titans, très bien illustrée par la campagne du premier tour des présidentielles. Le parti de François Bayrou va devoir compenser ses très faibles moyens financiers et humains par une foi inébranlable dans la vision qu’il porte pour la France et sa capacité à la transmettre à ses électeurs et à ses élus actuels. Le point clé réside dans la conviction de l’homme et de son équipe en sa propre conviction. Si elle s’avère très profonde, donc forte, et qu’il trouve des moyens alternatifs mais puissants de la faire connaître au plus grand nombre, 2007 peut devenir l’année de la conversion d’une force citoyenne nouvelle en une force politique majeure... et fondamentale pour l’avenir de notre pays.

Un début de réponse sera donné sans doute demain.


Moyenne des avis sur cet article :  4.38/5   (13 votes)




Réagissez à l'article

6 réactions à cet article    


  • Voltaire Voltaire 25 avril 2007 13:16

    Excellente analyse.

    François Bayrou marche sur une voie étroite, mais il le fait avec une sûreté qui étonne.

    Au delà de l’aspect strictement « politique » de cette analyse, il me parait aussi important de noter que cette campagne présidentielle a « révélé » la stature de François Bayrou. Au début 2006, seuls 20% des français considéraient que celui-ci avait la dimension d’un président. Ils étaient proches de 60% à la fin de cette campagne, quasiment à égalité avec Nicolas Sarkozy, et devant Ségolène Royal. Par son attitude, son écoute, son humanité, la persistance de ses propos, François Bayrou a démontré qu’il avait effectivement acquis l’étoffe d’un président possible.

    Si je partage votre avis sur l’impact moindre des médias pour les municipales, je pense en revanche que ceux-ci seront de nouveau très majoritairement ligués contre le nouveau parti démocrate et ses candidats aux élections législatives. Ces élections constituent l’obstacle le plus sérieux pour le projet de François Bayrou, car il doit absolument réussir à constituer un group parlementaire indépendant, si possible charnière, afin de continuer à exister. En même temps, il ne doit pas obérer totalement les chances de ses candidats aux élections locales qui suivront, qui nécessitent en général des alliances.


    • prgrokrouk 25 avril 2007 15:19

      Très belle analyse et présentation. Comme quoi il n’est pas nécessaire de faire long et de contourner des explicatifs pour proposer un contenu de valeur ! Merci.


      • prgrokrouk 25 avril 2007 15:24

        Bayrou devrait à la fois :

        1°) libérer son électorat de l’alternative UMPS en laissant ses partisans libres de leurs reports.

        2°) annoncer la création d’un nouveau parti visant une représentation nationale selon une offre concurrentielle UMP-PS.

        3°) se rapprocher de personnalités style Rocard-Kouchner-Delors qui ont la sympathie de SON ELECTORAT.

        4°) régler le salaire des transfuges et trahison : c’est indigne et cela constitue une insulte aux électeurs !

        ... la quadrature du cercle...


      • Voltaire Voltaire 25 avril 2007 17:05

        Vous avez sans doute entendu la déclaration de François Bayrou : Création d’un nouveau Parti Démocrate, 577 candidats de ce parti aux législatives

        Pas de consigne de vote pour le second tour (il a fortement suggeré qu’il ne voterait pas Sarkozy)

        Acceptation d’un débat avec Royal, et Sarkozy s’il le souhaite pour clarifier les positions.

        Pour justifier ces positions, il a mis en avant la méthode de gouvernement brutale et de confrontation de Nicolas Sarkozy et la philosiphie économique et sociale étatiste de Ségolène Royal, qui posent des problèmes graves pour la France.

        Pas de surprise donc, et pas de langue de bois dans cette conférence de presse. Un sacré pari pour l’avenir... 2007 sera l’année du centre s’il obtient assez de sièges au parlement...


        • Rabelais Rabelais 25 avril 2007 19:53

          Le parti centriste, pardon Parti Démocrate depuis quatre heures, pourrait peser dans 2-300 circonscriptions sur 577. Ce qui, même avec un taux d’échec de 66% (élection dans un cas sur trois par exemple), doublerait la taille de son groupe parlementaire actuel de 30 députés. Evidemment ce pourrait être un minimum.

          Son absence de consigne cette après-midi est une condition « sine qua none » pour la naissance du Parti Démocrate.

          Les parlementaires existants devront choisir entre se protéger ou risquer leur place, y compris François Bayrou.

          Les futurs parlementaires potentiels ont tout à gagner, en déclinant au niveau local les idées démocratiques.

          Au final un vrai rendez-vous pour François Bayrou que cette année 2007.


          • Fontaine Jean-Louis Fontaine Jean-Louis 26 avril 2007 07:01

            L’article est très réaliste , ainsi que les commentaires. Il s’avère que présentant des candidats dans les 577 circonscriptions, s’il choisit (comme les « observateurs » l’envisagent) de maintenir ses candidats partout où cela est possible, cela peut amener le (la) Président(e) à ne pas disposer de majorité absolue avec la « majorité présidentielle ». Des « triangulaires » semblent être possibles dans près de 400 circonscriptions (le candidat doit y faire au moins 12,5% pour se maintenir). Non seulement, donc, il peut avoir un groupe parlementaire plus important, mais surtout pourrait jouer un réel rôle d’arbitre . Cela devrait nous changer des « cohabitations » que nous avons connues......

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès