2009, continuité ou fin du monde ?
Pendant la trêve des confiseurs, les uns s’amusent, dans les îles ou sur les pistes ; d’autres s’ennuient. Les plus sérieux réfléchissent à l’année passée, histoire de faire un bilan. Mais aussi adoptent quelques résolutions qui pour la plupart ne seront jamais tenues. Néanmoins, ce qui caractérise l’année 2009, c’est qu’elle se présente, à tort ou à raison comme incertaine, bien plus que les précédentes.

L’année 2008 fut riche en événements. Laissons les médias commenter comme il se doit, avec les références conventionnelles. Au rythme où les flux analytiques se déversent sur la toile, dans les écrans, les hauts-parleurs, les journaux, il ne reste plus rien à dire sur 2008 hormis un résumé des grands événements. En gros, il y a la crise financière, puis une instabilité politique sur plusieurs lieux de la planète et enfin, l’élection de Barack Obama. Y a-t-il du déterminisme dans l’Histoire ? Hegel, Heidegger et les plus prestigieux philosophes se sont penchés sur cette question. Et devinez, même s’il y a des options de réponse, personne n’est d’accord ! Mais supposons que 2009 dépende dans une proportion (aussi certaine que le temps de refroidissement du fût du canon) des faits advenus en 2008 alors, nous pouvons prédire que : ça va péter parce que le monde est politiquement instable, mais nul ne sait exactement où ça pètera le plus ; ça va faire mal et ça va souffrir, pour ceux qui vont être touchés par la récession ; mais pour être honnête, personne ne peut prédire l’ampleur de la récession. Car les données financières sont opaques, tout comme les comportements des agents économiques, bien souvent irrationnels en ces circonstances. Obama va sauver le monde ! Enfin, disons que sur cette planète, il y a des gens pour le croire.
Pour 2009, il est possible de fixer des fourchettes et des probabilités pour quelques événements. La croissance dans le monde sera comprise entre 0.5 et 3 points. En Chine, ce sera entre 4 et 8. En France, entre moins 1 et 1. Aux Etats-Unis, comme au Japon, entre moins 2 et 1. Il y aura des morts liés aux conflits en Afrique ; entre 1000 et 200 000. En Palestine, ce sera entre 50 et 500 morts ; le propre des faits d’armes étant qu’ils sont soumis à une grande incertitude. Mais si on prend le nombre de décès sur la route en France, une fourchette entre 4200 et 4800 donne le décompte pour 2009. Quelle est la probabilité que les Etats-Unis attaquent l’Iran ? Elle est supérieure à zéro. Comme d’ailleurs celle d’un tremblement de terre en Californie. Ceux qui veulent parier sur ces événements peuvent aller en Angleterre. Le risque d’un nouveau conflit entre la Géorgie et la Russie n’est pas nul. Bien que la probabilité soit faible, mais pas autant que celle d’une guerre nucléaire entre la Russie et l’Amérique, dont la probabilité est de 0.0000…00001 % ; inférieure à celle d’être le gagnant de l’euromillion.
Il y a 70 ans, après l’année des accords de Munich, quelques observateurs attentifs devaient se douter qu’il y aurait une surprise pour 1939. Cette année là, les chars allemands défilaient sur les Champs Elysée. Puis en 1941, les Japonais ont eu la bonne idée de chatouiller les Américains en attaquant une de leurs bases dans le Pacifique. Les historiens disent que c’est la crise de 1929 qui a favorisé l’ascension du nazisme en 1932, conduisant aux événements de 1939. Les économistes disent que c’est l’économie de guerre qui a permis aux nations de sortir de la dépression des années 30. Les bavards de 2008 ont évoqué 29 mais rien n’est pareil et ce n’est pas l’économie de guerre qui permettra de relancer la croissance. D’ailleurs, il se peut bien que la croissance revienne comme après 1993 ou alors que les matières premières flambent. L’économie de guerre, nous y sommes depuis 1945. Les soldats en Irak, en Afghanistan, les équipements militaires s’échangeant sur la planète. Plus d’un milliard d’euros d’armements vendus par Sarkozy à Lula.
Que se passera-t-il en 2009 ? A vrai dire, la même chose qu’en 2008. Mais peut-être qu’un Chinois battra le record d’achat de grands crus dans une boutique à Roissy. Le record pour 2008 étant d’environ 45 000 euros, somme dépensée par un milliardaire de l’Empire du milieu en ces fêtes de fin d’année. La mode qui fera fureur, ce sera le lancer de chaussures. Les citoyens des pays occidentaux n’ont pas les rênes du changement et se contentent de commenter les écarts de conduite de Britney Spears, les bijoux de Rachida, les lancers de chaussures, les vacances de Sarkozy, les postures de Carla, les instructions judiciaires visant Dray et les prochains sur la liste. Pas de concept de société. Espérons que le développement durable n’aboutira pas à une dictature verte. 2009 sera donc une année très moyenne mais assez ordinaire, dans la continuité de 2008. Des tas d’événements seront commentés, les uns futiles, les autres faisant date. Mais, pour parler comme d’Heidegger, il n’y aura pas d’avènement se dessinant. Juste une marche de plus dans la lente descente du délitement des sociétés.
Comment remonter la pente, est-ce possible ? La philosophie a-t-elle des éléments de réponse ? Mais Y a-t-il encore des philosophes ? Et la philosophie, sert-elle à résoudre ce type de problème ? Dans l’immédiat et selon les moyens, le mieux à faire est de déguster une douzaine d’huîtres accompagnées de toasts au saumon fumé !
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