2011 : quelle mesure enfin concrètes pour les femmes ?
C’est ce qu’on appelle une cruelle ironie. Que de tapage médiatique pour une journée internationale du droit des femmes qui reste finalement, chaque 8 mars, il faut bien le dire, la date à l’occasion de laquelle chacun s’applique à souligner les inégalités dont les femmes sont les victimes. Jamais plus se dessine le chemin qu’il reste à parcourir pour atteindre l’égalité des sexes.
Chaque année, pendant la journée de la femme, cette "commémoration" un peu hypocrite nous rappelle de plus en plus que les 364 autres jours de l’année sont celles des hommes, sans pour autant poser les questions de fond. Ce 8 mars s’apparente davantage à une « fête » de la femme, phénomène accentué par les marques qui exploitent largement le filon et renforcent les stéréotypes de la femme douce et serviable tout en dévoyant les desseins premiers de cette journée.
Car depuis 1977, année d’officialisation de ce jour dédié à la femme par l’ONU, il y a certes eu des progrès, mais bien inférieurs à ce qu’ils auraient pu être. Aujourd’hui, les femmes subissent encore la domination masculine que ce soit dans le monde familial ou professionnel (dans le secteur public ou privé), et la France est loin de faire exception.
Commençons par donner un aperçu concret de la situation avec des chiffres qui ont le mérite d’être parlants : En France, les femmes représentent désormais 60% des diplômés de l’enseignement supérieur (contre 41% dans les années 70)… mais 27% des cadres, 16% des chefs d’entreprise et 8% des effectifs dans les comités de direction. Tout cela, avec un salaire inférieur de 17% en moyenne à celui des hommes. Ces chiffres sont officiels et tout le monde les connaît. Mais quand il s’agit de mettre en place des mesures concrètes, les dirigeants (qui restent donc majoritairement des hommes) ont une fâcheuse tendance à les oublier.
Très discutés, les quotas sont pourtant nécessaires à l’évolution des pratiques à au bouleversement du système aujourd’hui basé sur un modèle dominant masculin. Des lois ont été promulguées voilà maintenant plus de dix ans.
En 1999, l’article 3 et 4 de la constitution sont modifiés pour favoriser l’égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives. Un an après, la première loi dite sur "la parité" est promulguée et contraint les partis politiques à présenter un nombre égal d'hommes et de femmes pour les élections régionales, municipales (dans les communes de 3 500 habitants et plus), sénatoriales (à la proportionnelle) et européennes.
Adoptée le 27 janvier 2011, la loi relative à la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d'administration et de surveillance et à l'égalité professionnelle, pose les conditions d'une représentation plus équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d'administration et des conseils de surveillance, sous peine de sanctions. Mais peu contraignantes elles n’ont évidemment pas poussé les hommes - qui ma foi sont très bien où ils sont et préfèrent invoquer la prétendue tendance féminine naturellement moins ambitieuse pour expliquer ces différences - à changer la situation.
Qu’en sera-t-il de 2011 ? Dans le secteur privé les choses sont amenées à changer dans le cadre de la loi posée le 13 janvier dernier. Le Parlement a adopté un texte porté par Jean-François Copé et Marie-Jo Zimmermann imposant davantage de femmes dans les conseils d'administration des grandes entreprises. Il s’agit d’instaurer des quotas qui prévoient 40% de femmes minimum dans les conseils d'administration des entreprises, établissements publics à caractère administratif, industriel et commercial d'ici janvier 2017.
Dans le secteur public, l'administration bien que féminisée à près de 60% reste très réticente quand il s’agit de nommer des femmes aux poste de direction. Ce constat a poussé la député UMP Françoise Guégot à remettre un rapport sur le sujet le 7 mars dernier à l'Elysée et selon lequel les femmes sont largement sous-représentées dans les emplois de direction. Elle propose d'imposer un objectif similaire au secteur privé.
Des mesures sont prises. C’est une bonne chose. Encore faut-il maintenant que les dirigeants choisissent de les appliquer. Ce qui n’est pas encore fait.
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