2012, année minable, 2013 année lamentable ?

Minable, vous avez dit minable, comme c’est minable ! Cette belle réplique à la Audiard fut jouée par un Gérard Depardieu dans son plus mauvais rôle et finalement, c’est à se demander si ce mot de minable n’illustre pas la tonalité de cette année 2012 qui ne brillera pas pour ses gloires si découvertes. Je ne voudrais pas passer pour un pessimiste mais il faut bien se faire à l’idée que les événements de cette année passée n’incitent pas à déployer un enthousiasme même modéré, ce qui ne laisse guère espérer une année 2013 terrible. Allez savoir, peut-être une année de transition supplémentaire mais pas une année vide puisque le flux des communications va augmenter et que la croissance économique sera présente mais pas partout dans le monde. Allons-y pour une recension des choses pas très reluisantes vues et entendues cette année.
Commençons par la vie politique vue du côté des célébrités. Mention minable pour Depardieu évidemment, et dans la foulée, pour ceux qui l’on soutenu, avec la palme de la bêtise accordée d’abord à Enrico Macias qui a jugé courageux le départ de notre acteur national pour échapper au fisc si bien qu’il y a quelque chose qui m’échappe. Je ne vois pas où est le courage et je me demande ce qu’en pensent nos jeunes pousses élevées à l’éducation nationale mais vu le niveau et la tendance, on peut jeter l’éponge et convenir que la lâcheté et le courage sont à peu près la même chose. Autre lauréat de la palme de la bêtise, Fabrice Luchini qui s’en prend à Philippe Torreton avec cet argument détonnant. Pour juger Depardieu, il faut avoir une filmographie de même taille. A ce compte là, seuls les personnages ayant exercé des responsabilités d’Etat peuvent juger les actes de Staline ou Hitler. Après ce franchissement du point Godwin, je franchirai la Garonne pour aller vers le Lot et ce ministre Cahuzac qui sent le souffre et dont un certain enregistrement promis à devenir la cassette Méry du PS a dévoilé quelques indélicatesses gestionnaires possibles mais pas certaines au nom de la présomption d’ignorance et pour l’instant, mieux vaut éviter de couper les cheveux en quatre à propos de cet ancien spécialiste en chirurgie capillaire. Le Lot étant plus connu pour la cuisine on s’intéressera justement à la cuisine politique locale et ses chefs que d’aucun jugeront toqués car se vouant des haines tenaces. Mais si l’on devait décerner les trois étoiles pour récompenser les plus persévérant dans la haine, alors là il n’y a pas photo et l’on trouvera deux lauréats en la personne de François Fillon et Jean-François Copé, eux aussi jouant leur plus mauvais rôle de l’année dans une série minable et donc, pas de souci, en plus des étoiles, accordons un Gérard à Fillon et Copé. Quant à la vie politique qui compte, on notera ce qui n’a rien de minable mais s’avère normal, l’élection du président Hollande, non sans quelques haines présentes au PS notamment du côté de La Rochelle et un fameux Tweet de la nouvelle première dame abondamment commenté, bref, minable tout cela. Allez, place à la comédie, un ministre en marinière qui se plut à harceler Mittal. Nationalisation ou pas, cela n’aurait rien changé à la courbe du chômage qui signe un des plus mauvais millésimes en cette année 2012. Un humoriste lamentable, comme Ben ou Sophia Aram, s’amuserait à dire que les chiffres annoncés le 27 décembre au soir, ça sent le Sapin, Michel ! Et ce ne sont pas les Bleus qui vont remonter le moral, même après le départ de Blanc. Minable que cet univers du sport et aussi de la chanson, des médias nouveaux, six chaînes TNT pour crever d’ennui et toujours pas de métal et de prog sur les écrans. Les émissions de daube variétochées ont été interminables et comme c’est minable. Et ces concours culinaires pour cuistots pressés devant les casseroles comme d’autres courent à perdre la raison ; la télé produit de la daube pour faire oublier les pauvres et la crise. Tous ces misérables, que Hugo aurait talentueusement rimé avec minable puis notable. Allez, François Morel, un petit effort, faites quelques rimes sur cette année maussade, que vous réciterez avec vos intonations parfaites pour un texte de désespérance, sur la France qui sent le rance. Avec des intellectuels en errance en quête de tendance.
Quittons la France pour revenir sur quelques événements de cette planète. Guère reluisant. Le Mali est coupé en deux, alors que le Congo est miné par une guerre alors que ce pays pourrait devenir le grenier de l’Afrique. Au Proche Orient pas de bonnes nouvelles mais nous avons l’habitude hélas. Beaucoup de morts en Syrie. Et plus de cent morts à Gaza lors de l’échange musclé entre le Hamas et Israël qui a perdu quelques soldats dans la bataille et s’est perdu dans une drôle de guerre qui n’a profité à aucune des parties. Israël a repris ses constructions de logement dans la partie palestinienne ce qui confirme qu’Israël ne cherche plus la paix mais déploie toutes ses forces dans la sécurité. Pas très loin, en Egypte, en Libye ou en Tunisie, le printemps arabe semble tourner au vinaigre, avec des problèmes économiques et la condition des femmes en suspens. Le démocrate qui chinoise se dira qu’on a été les roulés du printemps. Alors que du côté de la Chine, les seconde et troisième économies du monde se disputent quelques cailloux isolés dans la mer. Pour le reste, Vladimir Poutine continue la transition russe vers une oligarchie qui se veut orthodoxe dans l’esprit et financière dans la carte de crédit. Rien de bien nouveau aux States avec le problème de la dette et en Europe, la Grèce aurait fini par être sauvée mais plus personne n’y comprend rien, sauf qu’il y en a qui s’en mettent plein les poches et d’autres la main à la poche. Cette année 2012 n’a rien d’un grand millésime pour l’Europe. Même pas le Nobel de la paix ne peut redorer ce grand espace à l’origine voué au progrès mais qui tel un dinosaure grandi précocement, se traîne péniblement en cherchant ses marques tout en laissant beaucoup de jeunes à la traîne de l’économie.
Minable, me direz-vous, ce n’est qu’une appréciation partiale et surtout partielle. Et vous avez raison, car en ce monde, les choses honorables sont tout aussi répandues mais sans doute moins médiatisées. Pour beaucoup, 2012 a été une année positive, avec des réalisations, des joies, des surprises, des persévérances louables. N’empêche que tout relatif que soit ce jugement, il y a des arguments pour penser que l’année 2012 a été minable mais surtout d’un point de vue, celui de la morale, de l’esthétique, de l’intelligence partagée et médiatisée. Chômage, précarité, décadence, pertes des valeurs et de la morale. Des déficiences observées dans tous les secteurs, l’Etat, les élites, les célébrités et aussi la société dite civile. Si ça se trouve, cela fait plus de dix ans que les années sont minables mais je ne sais pas pourquoi, celle qui s’achève mérite cette qualification car un seuil de conscience a peut-être été franchi. D’aucuns ont glosé sur la fin d’un monde et partout, vous trouverez quelques âmes pensant que le monde tel qu’il a été ne peut plus perdurer des années et qu’un monde nouveau doit être inventé. Sans doute en rupture avec la compétition à marche forcée qu’un minable rapport proposa récemment et sans suivre d’autres lubies héritées du développement durable. La prise de conscience devrait rester durable. Accroissement du doute envers la marche de la société guidée par l’inconscience philosophique, la perte des valeurs et la bataille des intérêts privés qui entre autres dégâts placent la santé publique dans un état assez minable.
Au fait, j’ai glissé une allusion au rock progressif, absent des écrans alors qu’en 2012, le prog n’a pas été minable car il fut remarquable. Finalement, c’est ce que je retiens, une année qui ne progresse plus, sauf lorsqu’il est question du rock.
Il se peut bien alors que le salut soit logé au cœur de la philosophie, ou à défaut que la philosophie montre qu’il existe une voie ou mieux encore, que l’homme a pour destination de trouver son chemin. Ah, cette voie, vocable mythique pour intellectuels avertis en période de mutation avec quelques déclinaisons (je crois que je vais remettre à plus tard la suite de ce billet d’observation raisonnée).
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