2013 : comment IKEA s’est déconstruit
IKEA, la Suède, ses magasins bleus, gigantesques, à la périphérie des villes, au bord des grands axes routiers, où l'on trouve tout son bonheur en kit , tout le monde connait. La marque bleue et jaune avait, au fil du temps, réussi à imprimer dans nos petits cerveaux de consommateurs la douceur du Grand Nord. Il nous vendait toutes sortes de meubles ainsi que des accessoires astucieux à petits prix et estampillés "éthique" ou "développement durable". Si l'on acceptait de se démener et de suer pour les transporter et les monter, ils étaient censés décorer et meubler notre intérieur de manière "simple et décontractée ".
2013 aura permis de mieux faire connaissance avec ce géant de la distribution du meuble à monter et de la décoration avec ses centaines de magasins de part le monde. Depuis un an, une série d'incidents et de révélations ont mis à mal l'image zen de la marque avec " sa responsabilité sociale et environnementale". L'ours blanc bon enfant sort ses crocs et apparait pour ce qu'il est vraiment : un grand prédateur.
Avec la surveillance illégale de ses employés et clients en France, l'incendie de l'usine de textile au Bangladesh, les boulettes de cheval et les matières fécales dans ses tartes au chocolat, la défiscalisation en outre-mer, les démêlés de son fondateur avec ses fils, les femmes gommées du catalogue pour l’Arabie Saoudite, la belle se transforme en bête pas très sympathique. Entreprise phare de cette mondialisation en kit , derrière des magasins où l'on baigne dans la sérénité et où l'on est censé par un parcours fléché trouver tout pour la maison, Ikéa se comporte, sur tous les terrains, comme une énorme machine à cash.
Nul doute que 2013 restera annus horribilis, l'année de la déconstruction, pour la renommée de la marque savamment élaborée au fil des ans par les experts en marketing et les "Géo Trouvetout" de la communication.
DES MAGASINS IKEA OU IL NE FAIT PAS BON TRAVAILLER.
En France, l'affaire de l'espionnage de ses salariés perturbe le travail des communicants de la marque Bleue et Jaune, depuis février 2012 avec les révélations du Canard Enchainé. Le journal satirique accusait alors la filiale française du groupe suédois d'avoir "fliqué" des salariés et des clients en se procurant des renseignements sur leurs antécédents judiciaires, policiers ou leurs comptes en banque. En janvier 2013, on apprend que deux anciens responsables de la sécurité d'Ikea France ont été convoqués à Versailles pour être mis en examen dans l'enquête portant sur des soupçons de surveillance illégale de salariés et de clients du groupe. Dans un article du 27/07/2013 le Monde révéle que "La liste des magasins touchés par ce "flicage" ne cesse de s'allonger à mesure que les investigations progressent. Jusqu'à présent, il avait surtout été question des points de vente situés à Brest, Rouen, Reims et Avignon, car une très large partie de leur personnel avait été "passée au scanner", selon la formule d'un responsable sécurité d'Ikea. Grâce à la déposition de M. Paris recueillie, le 9 avril, par le juge Gallaire, on sait désormais que ce tamisage à grande échelle s'est produit dans d'autres établissements : Tours, Rennes, Grenoble, Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) et Thiais (Val-de-Marne)."C'est quelque chose qui fonctionnait comme ça chez Ikea, en collaboration avec le responsable sécurité, a expliqué l'ex-directeur du magasin d'Avignon durant sa garde à vue. J'ai suivi les pratiques qui étaient en place (...). C'était informel." Dans un cas, au moins, il semble que la recherche d'antécédents pénaux ait abouti à l'éviction de plusieurs salariés". Le 7 novembre 2013, Le siège social d'Ikea France, à Plaisir dans les Yvelines, est perquisitionné. Dariusz Rychert, directeur financier d'Ikea France, est placé en garde à vue. Le 9 novembre 2013, c'est le PDG d'Ikea France, Stefan Vanoverbeke qui est mis en examen tout comme Ikea France, en tant que personne morale.
http://www.lalettrealulu.com/Tire-toi-ou-j-te-kit-Ikea-on-s-assoit-dessus_a1284.html
Cette affaire, aux multiples épisodes, par petits bouts, révèle les pratiques illégales de surveillance à grandes échelle des employés et aussi des clients de cette multinationale du mobilier en morceaux. Mais ce ne serait pas les seuls dirigeants à pratiquer ce genre de surveillance illégale, on apprend ces derniers jours que le détective privé qui travaillait pour Ikea, mise en examen pour l'espionnage de ses salariés, cachetonnait aussi chez Quick. Les "bonnes pratiques" des ressources humaines se généralisent rapidement.
DES OBJETS A PETITS PRIX CONFECTIONNES PAR DES OUVRIERS AUX TOUT PETITS SALAIRES
En novembre 2012, après l'incendie d'une usine textile au Bangladesh on a vu des milliers d'ouvriers du textile manifester pour demander que cessent leurs conditions de travail "flirtant avec la mort" après le pire incendie qu'ait connu la profession, qui a fait 110 morts . Dans ce bâtiment à la ventilation approximative et sans sortie de secours, la cage de feu s'était refermée sur les ouvriers qui confectionnaient du prêt-à-porter destiné à l'Occident, pour un salaire mensuel de 5.000 et 10.000 roupies (40 à 80 euros). Uba Group, propriétaire de l'usine Tazreen, affirmait sur son site internet que ses usines qui travaillent notamment pour le français Carrefour, le néerlandais C&A ou le suédois Ikea, ont un certificat de conformité délivré par WRAP (Worldwide Responsible Accredited Production) garant d'une industrie éthique et responsable !! Article du 26/11/2012-Le Point .
Dans un autre papier : "ikea un exemple d' esclavagiste parmi tant d'autres" on apprend que :" Ce qui est le fait qui questionne le plus le modèle de IKEA est que les femmes de ces fabriques ( Bangladesh, Vietnam et de l’Inde) qui fournissent IKEA travaillent entre 80 et 90 heures chaque semaine et ne reçoivent pas un salaire qui leur permet de vivre avec dignité. Les conditions de vie sont très difficiles pour elles. Elles ne peuvent par exemple, manger de la viande plus de deux ou trois fois par mois. Elles sont payées le minimum légal : en Inde 37 euros par mois, au Bangladesh 11 euros, au Vietnam 43 euros et il n’y a pas de syndicats ou elles perdent leur emploi".
Coté jardin Ikéa affiche sans vergogne son code de conduite Iway qui affirme : "la Politique IKEA en matière d'approvisionnements se fonde sur des conventions et déclarations internationales, dont la Déclaration universelle des droits de l'Homme des Nations unies (1948), la Déclaration de l'Organisation internationale du travail sur les principes et droits fondamentaux du travail (1998) et la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement (1992). Il concerne les conditions de travail, le non-recours au travail des enfants, l’environnement, la gestion responsable des forêts, etc.
Chacun des fournisseurs est tenu de communiquer le contenu de ce code à ses collaborateurs et sous-traitants et de veiller au respect de toutes ces exigences dans leurs activités" . Déculpabilisez chers consommateurs, vous pouvez dormir tranquilles dans des beaux draps dont la fabrication est totalement éthique, c'est Ikea qui vous le dit. Le 26 avril 2013 un immeuble s'effondre au Bengladesh et fait plus de 300 morts. Il abritait cinq ateliers de confection notamment liés à la marque espagnole Mango et au britannique Primark, seules enseignes à avoir confirmé leurs relations avec des ateliers du Rana Plaza où travaillaient 3.000 personnes, dont de nombreuses sont toujours portées disparues. Ikea, comme les autres, applique les mêmes recettes : faire du profit en vendant à bas prix aux travailleurs-consommateurs du monde occidental et à la classe moyenne des BRICS , des objets fabriqués en masse par des ouvriers sur-exploités dans des conditions indescriptibles. Ces tragédies qui se répètent doivent nous faire prendre conscience de ce double discours de ces géants de la distribution.
IKEA : OU L'ON RESTAURE LE CLIENT AVEC DES METS GLOBE-TROTTERS.
Le 25 février2013, on apprenait que dans le grand scandale alimentaire de la viande de cheval, Les boulettes de viande, un produit phare d'Ikea, confectionnées par une société suédoise, Dafgaard contenait aussi de l'ADN équin. Ce sont des tests faits en Tchéquie qui l'ont montré. L'agence de presse tchèque CTK a rapporté que des inspecteurs du contrôle sanitaire avaient retrouvé du cheval dans des boulettes vendues dans un restaurant du premier détaillant mondial de meubles à Brno. Après le plat des résistance ce fut le cas du dessert que l'on jugea louche. Le 6 mars 2013 , les agences de presse révèlent que les autorités sanitaires chinoises ont, trouvé des bactéries généralement témoins d'une contamination fécale. On y apprend qu'en novembre 2012, les douanes chinoises détruits 1 800 gâteaux appelés "chokladkrokant" ("croquants au chocolat", une tarte aux amandes avec du chocolat, de la crème au beurre et du caramel) interceptés dans le port de Shanghai. D'après le quotidien anglophone Shanghai Daily, des tests avaient permis de déterminer qu'ils contenaient "un niveau excessif de bactéries coliformes". Ce sont les ratées de la mondialisation : de la m.... suédoise pour les chinois !!!
Ce que ces deux affaires révèlent est l’extrême dangerosité de ce mode de production industriel, centralisé, de produits alimentaires, qui sont ensuite transportés à des milliers de kilomètres avec, en plus d'ingrédients "surprise", moult conservateurs en tout genre. Que se passera-t-il si un jour une bactérie létale s'invite dans un des produits de la chaîne avec un auto-contrôle trop souvent défaillant ?
Dans ce domaine aussi Ikea se paye le consommateur sans être inquiété. De nombreux petits artisans ou restaurateurs auraient été forcés à fermer définitivement leur boutique après de telles révélations, mais IKEA c'est : "Too Big To Fail".
IKEA CHAMPION DE LA DEFISCALISATION.
En 2012, les bénéfices du géant du meuble en kit ont augmenté de 8 % ( exercice Août 2012 ) "En des temps difficiles sur le plan économique, Ikea est encore plus pertinent pour beaucoup de gens", écrit le groupe. "L'augmentation des ventes et notre attention permanente aux coûts ont entraîné encore un résultat solide".( traduisez : plus les pauvres sont pauvres, plus je gagne des parts de marché, plus je m'enrichis)
Le 15 février 2013 on apprend que La filiale française du suédois utiliserait un arsenal d’outils de défiscalisation en France. Elle aurait particulièrement recours, pour réduire ses impôts, à la Loi Girardin. Cette dernière permet une défiscalisation au titre des investissements effectués en outre-mer. Le choix du suédois se serait porté sur des centrales photovoltaïques à la Réunion, un ferry en Nouvelle-Calédonie, des villas et un câble sous-marin à Tahiti, énumère BFM Business.
Un chiffre d' affaire et des profits en hausse, une bonne optimisation fiscale et le fondateur de la marque Ingvar Kamprad, 87 ans, aurait pu continuer à couler des jours heureux dans un paradis fiscal si ses fils n'étaient pas trop impatients.
IKEA C'EST AUSSI UNE FAMILLE EN KIT
Pour achever ce désastre dans la communication, En septembre 2013, un livre " Ikea, en route vers l'avenir" décrit l'âpre bataille entre le fondateur d'Ikea, ancien éxilé fiscal en Suisse, et ses trois fils autour de plusieurs milliards d'euros que ces derniers ont réussi à arracher au patriarche. Le livre contredit l'histoire officielle du groupe qui veut que M. Kamprad père, fondateur en 1943 du futur numéro un mondial de l'ameublement, ait remis en 1982 tous ses intérêts à une myriade de fondations et d'entreprises assurant la bonne gestion de son empire.En fait, le fondateur aurait gardé personnellement des droits sur la marque Ikea et un petit pourcentage sur les ventes. Crédité d'une fortune de 37,2 milliards de dollars, il se dispute avec Amancio Ortega, le fondateur de l'enseigne Zara, le titre d'homme le plus riche d'Europe.
On se souvient qu'en 1994, la presse révéla son engagement et ses relations durables avec Per Engdahl, leader du mouvement pro-nazi de Suède,dans une lettre adressée à ses salariés, Ingvar Kamprad assuma son passé, et mis sur le compte d'une « erreur de jeunesse », et fit des excuses à ses salariés.
A la fin juin, en quête de communication positive, la fondation philanthropique du géant suédois a occupé les médias en annonçant que les premières maisons en kit, oeuvre du géant au grand coeur pour venir au secours des réfugiés de par le monde, seraient montées au mois de juillet en Éthiopie, en partenariat avec l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR).
Ikéa, malgré les efforts démesurés et désespérés des communicants de la marque, se révèle n' être qu'une énorme pompe à fric qui va fouiller dans les poches des travailleurs-consommateurs du monde entier pour faire que, quelques uns, grands prédateurs dans la mondialisation, véritables pirates du Grand Marché, accumulent dans la démesure et l'indécence des immenses fortunes.
On n'a pas le droit de ne pas savoir. Il faut s'informer avant d'acheter et utilisons la seule arme qui nous reste : nos pieds, en s'éloignant de ceux qui nous mentent et s'enrichissent sur le dos de travailleurs qui fabriquent dans des conditions inhumaines, à l'autre bout de la planète, en échange des salaires de misère, des produits vendus de part le monde à des consommateurs séduits par la magie du prix défiant et anéantissant toute concurrence locale.
Note : Il aurait fallu aussi écrire sur les femmes saoudiennes censurées des catalogues distribués en Arabie Saoudite.Pour Ikéa et dans ce cas, Il est clair qu'il n'y a pas de femmes dans les maisons à Ryad et que les enfants sur les photos sont nés par génération spontanée et qu'elles n'ont pas droit au chapitre dans le choix du mobilier. Mais bon on peut être dans la modernité et s'adapter aux lois moyenâgeuses de certains pays. "Business is business"
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