2017, Fin de l’unilatéralisme américain ?
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Après la chute du mur de Berlin, les USA ont cru qu'ils allaient pouvoir remettre en cause le droit international pour modeler le monde selon leurs intérêts, avec le soutien de la communauté internationale et du conseil de sécurité de l'ONU. La guerre du Kosovo a mis un terme au soutien du conseil de sécurité mais les américains n'ont pas pour autant mis un terme à leurs ambitions. La guerre de Syrie dans laquelle Obama s'est engagé à reculons, pourrait marquer la fin de cette épopée. Le multilatéralisme est de retour et avec lui s'estompent les rêves des Néocons américains. Mais il faut se méfier d'un monstre blessé.
L’ordre international actuel s’appuie, tant bien que mal, sur les deux principes fondateurs qui ont été promulgué en 1648 par les traités de Westphalie qui ont mis fin à la guerre de 30 ans : le principe d’égale souveraineté des États et le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures. L’époque récente, depuis la chute du mur, a vu la contestation de ce dernier principe par les États-Unis, soucieux d’imposer leur vision morale du monde. De 1989 (Chute du Mur) à 1999 (Kosovo), cette volonté américaine s’est trouvée renforcée par l’appui du conseil de sécurité de l’ONU. Les américains ont alors cru qu’ils pouvaient façonner le monde selon leurs intérêts, puisque ceux-ci ont progressivement remplacé les motivations morales. A partir de 1999, le conseil de sécurité s’est retrouvé bloqué face à la prise de conscience des risques de l’activisme des américains et ces derniers n’ont eu d’autre choix que de faire cavalier seul. Aucun État n’était alors en mesure de s’opposer à la volonté de l’hyperpuissance et certains courants internes, les Néocons, ont de manière très décomplexée mis cette puissance au profit de leurs vision du monde, c’est à dire de leurs intérêts. La France s’est trouvé dans une très mauvaise posture après avoir osé défier la puissance américaine en brandissant la menace d’un veto contre la résolution destinée à assurer la licéité de l’intervention de 2003 en Irak. Menace de peu d’effet puisque les américains ont quand même mené leur opération, en s’appuyant sur l’ancienne résolution, celle de la précédente guerre de libération du Koweït, qui n’avait pas de date de péremption. Il se peut que la France ait payé cher cette rebuffade. L’amérique est rancunière.
2017 pourrait marquer un changement dans l’ordre du monde. Un changement car de façon inévitable, presque prévisible, un groupe d’État est désormais en mesure de contester la vision américaine du monde. Cette contestation s’est exprimée de façon très spectaculaire en Syrie. Après avoir annoncé leur volonté de destituer le président élu de la Syrie, au mépris du droit international mais en vertu de principe moraux non-reconnus, les américains essuient une humiliation qui n’est que la partie émergée d’un problème bien plus profond. L’économie est largement endettée, les alliés d’antan commencent à se méfier d’un État qui n’hésite pas à les espionner, à pratiquer la torture, à armer des factions terroristes et à infliger des sanctions disproportionnées à ses alliés dès lors que cela lui permet de servir ses intérêts, fussent-ils à court terme. Difficile d’intervenir au nom des droits de l’homme et de pratiquer la torture, seuls quelques incorrigibles vassaux feignent encore de ne pas faire le lien, ils le paieront eux aussi un jour. Par ailleurs, les coûts de fonctionnement de l’armée us et de développement de matériel atteignent des sommets qui menacent de paralyser son efficacité.
Parallèlement, les vieux pays comme la Russie et la Chine ont pris conscience de ces faiblesses et des dangers qu’elles portent et ont mis en place un système de défense globale, y compris contre l’influence américaine, dont l’efficacité est manifeste en Syrie. Il s’agit sans nul doute d’un point de non-retour pour la puissance américaine. Malgré un budget de la défense de 600 milliards de dollars, les USA ne peuvent rien contre la Russie et son budget de 80 milliards, essentiellement parce que le coût du soldat russe est probablement de 1/20ème du coût du soldat américain et qu’il en va de même pour le développement du matériel de guerre. Politiquement, la Russie n’est pas isolée puisqu’elle fait partie du camps Iran et Chine. A eux trois, ces pays maîtrisent l’Heartland de Mackinder et pourraient, s’ils parviennent à donner corps au projet de route de la Soie, constituer un ensemble économique qui balayera la puissance économique à la fois des USA mais aussi de l’Europe (chassée également d’Afrique).
Mais les monstres qui agonisent sont toujours dangereux et il se peut que les américains tentent quelques manoeuvres destinées à retarder une échéance inéluctable. Le monde a changé sans eux. De la même façon que l’expédition de Suez avait consacré l’acmé des puissances européennes, France et UK, la guerre de Syrie marque probablement la fin de l’unilatéralisme américain sur la scène internationale et peut être même son hégémonie. Nul doute qu’ils voudront entraîner leurs vassaux, dont la France, dans leur chute.
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