24% pour le rassemblement national : un résultat en trompe l’oeil ?
Comme prévu, le Rassemblement National a obtenu 24% aux élections européennes en France. Le parti du président Macron est derrière, mais il échappe au "vote sanction", puisqu'il talonne le RN. Les fossiles du PS et de la droite libérale sont balayés, les rigolos de service (Philippot, l'extrême-gauche...) encore plus marginalisés. Rien de bien original, donc.
Curieusement, personne ou presque n'agite le "spectre du fascisme" et n'appelle à contrer les loups de la soi-disante ultre-droite. Il est vrai que le coup de 2002 ne marche plus aujourd'hui, et que les attentats terroristes sont passés par là, sans parler de la marée des gilets jaunes. Nos élites cherchent à calmer le jeu et à éviter de mettre de l'huile sur le feu.
La question est à présent de voir si le RN peut sérieusement accéder au pouvoir en France. La réponse est bien entendu négative. Le FN devenu RN n'a jamais été un parti de gouvernement, et il est très loin de ses "alliés" européens, italiens ou polonais. Il y a plusieurs raisons à cela :
- Une histoire antisociale. Né dans les années 1970 de la fusion de groupuscules anti-communistes plus que réellement fascistes, la fonction du FN était de servir de force d'appoint aux partis de droite. Ses gros bras cassaient du syndicaliste et du "gaucho". Il n'avait pas de programme politique et n'abordait même pas la rhétorique de l'immigration avant 1978. Dans les années 80, il avait pour mission de contenter les ennemis de la gauche au pouvoir, de canaliser, et de casser le vote pour la droite classique. Après la chute du communisme, il a récupéré le créneau gaulliste sans réussir à rassembler des gens des différentes couches sociales et surtout sans y croire.
- Son électorat est son point faible. Certes, il est logique que les ouvriers et les chômeurs se tournent vers ceux qui dénoncent leur misère. Cependant, il est impossible de gouverner sans enseignants, médecins, juristes, ingénieurs et cadres divers. or, l'analyse du scrutin de ce 26 mai 2019 est sans appel : les communes pauvres ont voté massivement RN, celles plus aisées ont choisi LREM. Nostalgie du bon vieux temps d'un côté, envie de rouspéter voire de se venger des "élites", logique libérale et mondialiste de l'autre. Mais dans les deux cas, pas de projet de société crédible et fédérateur à long terme.
Seul le général De Gaulle et le RPF avaient réussi à gagner toutes les couches sociales, tous les niveaux de diplômés, les fonctionnaires comme les cultivateurs. Ce n'est pas un hasard si le déclin du pays date de la mort du général et de l'entrée du loup britannique dans le marché commun. Cette fameuse "crise économique" dont on nous rabat les oreilles depuis quarante ans, et qui n'est qu'un épouvantail pour justifier ce que les gaullistes n'auraient jamais permis : la privatisation de la dette (Pompidou), la perte de notre souveraineté (Maastricht), l'abandon de notre monnaie et l'ouverture au libre-échange : adieu les idéaux de la résistance et du CNR...
Le RN n'est que le thermomètre indiquant quarante ans de descente aux enfers. Sera-t-il une thérapie ? Difficile à imaginer avec une armée de prolos culturellement défavorisés, à moins d'envisager un gouvernement de Khmers rouge-bruns. Observez les militants marinistes dans votre entourage : chômeurs de 35 ans qui n'ont jamais travaillé, CRS à la retraite, etc. Il manque les bac+3, les cadres, les entrepreneurs... Et c'est tout l'enjeu de l'avenir du nationalisme français : expliquer à ses pauvres qu'ils ne peuvent éternellement vivre sur le dos des autres et attirer les "élites" autour d'un projet collectif crédible. S'il ne veut pas conserver le rôle du repoussoir de service, au RN de devenir crédible et de s'inspirer de ses alliés européens...
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