27 mars 2007 ; Gare du Nord (4) : un tournage mouvementé, la police en question
Et puis il reste une autre "vedette" à cette extraordinaire affaire de coup monté. Une dame, à qui on a donné visiblement un rôle important dans cette opération. Un rôle tout médiatique, car question efficacité, au regard du parcours ravageur des duos que l'on a pu voir, ça n'a pas l'air d'avoir été au rendez-vous. Que faisait-elle donc ce jour-là, cette commissaire de police du CdS, dans cette gare dirigeant toute sa comapgnie, soit 120 hommes ? En fait, elle y était... sur rendez-vous, avec les médias, pour y tourner un documentaire prévu de longue date, tout bonnement ! C'est une des autres découvertes intéressantes de cette enquête, qui explique encore une fois des préparatifs prévus longuement à l'avance. Le groupe du CdS (CS) avait en effet pris rendez-vous bien avant avec une équipe de reportage de M6, pour faire une... démonstration de ce dont il était capable "sur le terrain". De quoi séduire les téléspectateurs, avec un tel déploiement de force ! Or, visiblement, la commissaire ne semblait pas avoir été mise au courant de tout ce qui allait se passer ce jour-là, car à plusieurs reprises, malgré un calme assez olympien, elle se posera en effet des questions sur ce qui ne cessait de lui tomber sur le dos. A-t-elle été manipulée, c'est bien possible en effet. Mais il y a mieux encore : le pouvoir sarkozien, certain de son fait, et de sa démonstration de force, ce jour-là, puisera à plusieurs reprises dans cette émeute pour illustrer d'autres reportages, notamment sur les "bandes", un des titres apparus les plus fréquemment à l'intérieur du Figaro. Daniel Schneidermann en montrera le recyclage régulier (*) : la gare du Nord, malgré ce que nous avons pu en expliquer, est devenu au fil du temps la référence à l'UMP !!! Manifestement, Sarkozy avait toujours fait une fixation complète sur les banlieues : son désaveu face à Villepin, en 2005, lui était resté en travers de la gorge, d'où l'idée de fustiger les "banlieusards" d'une autre manière. Retour sur le rôle trouble de la police ce jour-là.
Le pot aux roses de la présence de la fameuse compagnie de CdS (ou CS) et de la fort télégénique Rachel Costard, nous en aurons l'explication dès le 1 er avril qui suit : l'intégralité de cette compagnie était présente à la Gare du Nord... pour une démonstration filmée d'effectifs, prévue de longue date. Pour y tourner un reportage télévisé ! A l'apprendre, on songe automatiquement à la théorie du complot du 11 septembre 2001, avec ce jour-là aussi un exercice mené par les autorités, si bien que les participants confondront au départ l'exercice prévu avec la réalité en cours, ce qui explique bien des hésitations aux réactions des forces de l'ordre. A la Gare du Nord, des similitudes apparaissent en effet. Car c'est un peu la même chose, parfois, avec des plans incroyables de CdS de Rachel Costard chargeant dans des couloirs... vides. Ou des photos de policiers en rang, attendant l'ordre d'intervenir, alors qu'à l'étage du dessus le commando décrit ravage le lieu, au même moment. Le résultat filmé de cet imbroglio, on l'aura dans 66 minutes, une émission de la M6. Une émission réalisée par l'équipe de Jean-Charles Doria et Meriem Lay du staff de Tony Comit, des habitués du genre. Celle qui avait été décidée bien avant cette journée d'émeutes. Qui a donc cherché à faire de ce rendez-vous télévisuel prévu un dérapage et une propagande anti-banlieue, voilà bien le problème. Et le documentaire, commandé, depuis, n'en a pris que plus d'importance. Tout y est, en effet.
"Au coeur des émeutes de la Gare du Nord", diffusé le premier avril sur M6, à peine 4 jours après les émeutes, donc, a en effet été réalisé par l'agence Tony Comiti, ancien grand reporter à TF1, et produit par son associé Alain Debos. Sa société fait partie du groupe Carrere, ou on trouve, entre autres une société de divertissement dirigée par Sophie Flament (2F Prod), B3 Com, avec Benjamin Castaldi, mais aussi PM Holding, le producteur du Commissaire Moulin, Tony Comiti produisant, entre autres, "Le droit de savoir" sur TF1 et "Zone Interdite" sur la 6. On y trouve aussi RIFF, l'agence produisant "Arrêt sur images" sur France 5. Alain Debos peut difficilement être taxé de parti pris : il s'était distingué sur Canal Plus en faisant le 11 decembre 2006 un reportage sur le lobbying, ces groupes de pression qui hantent les couloirs de l'Assemblée. Au beau milieu du reportage, on trouvait Frédéric Lefebvre, membre depuis juin 2005 du cabinet de Nicolas Sarkozy, chargé des relations du ministre de l'intérieur avec le parlement, et en même temps principal actionnaire de Pic Conseil (PIC pour "Perroquet Institutionnel Communication") une société de lobbying opérant entre autres dans les domaines du jeu, du tabac, de la sécurité, des vins et spiriteux.
Dans le reportage, très critique, on avait aussi vu Stephan Denoyes, l'ancien attaché parlementaire de Christian Estrosi, qui disposait d'un bureau place Beauveau tout en n'y ayant "aucune fonction", dixit sa secrétaire. Frédéric Levebvre, possèdait en effet encore sa propre agence de communication, créée en janvier 2005, qui lui a rapporté cette année là 300 359 euros de chiffre d'affaires, pour 46 548 euros de bénéfices. On peut donc dans ce cas difficilement être tenté de parler de collusion entre des journalistes et le sujet principal du jour : la seule chose que l'on peut constater, c'est que ce jour là, l'héroïne choisie, nommée Rachel Costard, en avait mis plein la vue à tout le monde. Réussir à faire bouger l'ensemble de sa caserne et devenir l'héroïne du reportage, en n'hésitant pas à deviser calmement avec le journaliste au beau milieu des assauts, chapeau bas, la commissaire ! Si les images ne prêtaient pas trop à discussion, on ne pouvait pas dire la même chose du commentaire (trop policé ?) du reportage, qui avait certainement dû subir le contrôle de la police ou du pouvoir : tout y est à son honneur, à la police, bien entendu, et tout s'y déroulait comme sur du... papier à musique, contrairement à ce qu'on a pu constater ici dans les articles précédents. Les policiers, dans ce documentaire, ne font pas de "fautes", ce sont les gens "de la sécurité du métro", qui en commettent, les casseurs sont "tous arrêtés" (ce qui n'est pas le cas, comme je vous l'ai montré), et ces mêmes casseurs, des "dizaines", sont tous "jeunes", ce qui s'avère également inexact, etc... Bref, à regarder le reportage, on avait le sentiment de voir défiler une commande gouvernementale particulièrement... réussie.
On était donc en présence de notre championne télévisuelle qui réalisait ce jour là "son" magazine, à la gloire de son action et de ses troupes. C'était donc pour "66 minutes", la magazine de la 6 présenté lors de son lancement par son directeur d'antenne, Jérôme Bureau comme une sorte de "Sept à Huit" de TF1 à la sauce de Tavernost : "un standard comme ceux que la chaîne (M6) à su créer et développer". A la rentrée 2007, Thomas Valentin, le monsieur programmes de M6 ( et vice-président du directoire ) avait en effet annoncé "vouloir conquérir un public plus large". Sachant que le public de la chaîne était jusqu'ici plutôt jeune, au départ de la 6, on pouvait donc s'attendre à une inflexion vers les thèmes rassurant... les personnes âgées, par exemple, très susceptibles sur le thème de la sécurité. Ça tombait donc bien, avec un sujet chargé de montrer que notre chère police, finalement était bien là présente pour nous protéger, en définitive. Pour ça, on avait choisi celle qu'il fallait : une commissaire fort télégénique, qui savait plutôt bien parler, et qu'il suffisait donc de montrer en action pour convaincre.
Rendez-vous a donc dû être donc être pris plusieurs mois avant avec cette même police (ici à droite la commissaire le lendemain des émeutes, filmée dans son bureau par France 2). Sachant en effet qu'un magazine télévisé ça se prépare, et qu'il faut pour cela des tonnes d'autorisations pour filmer dans les lieux publics, on peut quand même se demander comment se fait-il que le dimanche même qui suit les émeutes on obtienne ce reportage, rapidement ficelé et empaqueté tout à la gloire de la police. Le 7 novembre 2004, le producteur, Tony Comiti expliquait déjà dans l'Humanité sa principale difficulté pour filmer : celle d'obtenir des autorisations, justement, à l'époque déjà, pour pouvoir le faire dans un aéroport, celui de Roissy. On peut raisonnablement penser que trois ans après, dans une gare aussi bondée, le problème des justificatifs à donner restait le même. On peut donc en conclure que les démarches avaient été commencées plusieurs semaines avant... le jour de l'émeute. D'où les questions que l'on pouvait alors légitiment se poser après les événements : avait-on eu droit à une émeute "organisée" pour avoir plus d'impact dans le reportage ? Ou a une "animation" supplémentaire, en quelque sorte, fomentée sans que Rachel Costard n'ait êté mise dans la confidence ? Ou était-elle au courant de tout ? Avait-on décidé en haut lieu une émission avec comme volonté d'en mettre plein la vue, pour convaincre ces fameux indécis de dernière minute ? Ou était-ce l''occasion pour M6 de révéler une "nouvelle star", en l'occurence la fameuse Rachel dénichée par l'équipe fûtée de Tony Comiti ?
Préparé donc, bien avant, mais aussi le jour même, avec de longs préparatifs et une longue mise en place de toute la troupe d'acteurs, en l'occurence... les policiers. D'autres éléments que ceux vus à la télévision, en effet, attestent en tout cas de la longue préparation de l'événement, le jour même. Au début de l'émeute, on peut noter comme par hasard que les premiers agents provocateurs n'avancent pas tête nue, mais bel et bien la capuche sur la tête. Dans la longue vidéo mise en ligne sur Daily Motion (où l'on assiste en temps réel à la longue montée vers l'affrontement, et la véritable préparation de celui-ci), c'est clairement lisible. Plus le ton monte, plus il y a de capuches présentes. On y voit également un important dispositif anti-émeutes, avec policiers arnachés façon MadMax (et munis de flashballs, bien en évidence) se mettre lentement en place, très lentement, avant même que l'on ne distingue un quelconque affrontement. La brigade canine arrivera bien plus tard,quand il s'agira d'attraper quelques excités. Les passagers sortant du RER découvrent en arrivant un nombre de CRS et de policiers spécialisés du CS effarant, en ignorant bien sûr la raison réelle de ce déploiement de force qui n'avait donc rien à voir avec l'arrestation d'un resquilleur arrêté par le service de sécurité de la RATP. Strictement rien à voir !
Et l'effervescence peut commencer. En haut de la gare (les étages qui mènent au métro sont bien en dessous), au rez de chaussée, le premier à jeter un projectile sur les forces de l'ordre... c'est évidemment une capuche.
Quand ce ne sont pas de futurs émeutiers qui invectivent... et qui sont d'un certain âge, munis cette fois d'une casquette grise, visible de loin ... et de l'inévitable sac à dos, dont nous verrons un peu plus loin le rôle fondamental. Il y a en effet beaucoup trop de sac à dos dans cette gare, alors (tous de fort petit taille), à croire que dans ce lieu personne n'a pas de valises à roulettes à nous montrer. A noter aussi que beaucoup de policiers sont munis de caméras, histoire d'immortaliser l'instant on suppose (ou de prendre en photo... les manifestants, chose désormais courante). Le déploiement policier est lent, mais conséquent, sur plusieurs étages, et précède bien de loin, de très loin, le début de l'émeute, la longue séquence de 20 minutes intitulée "création d'émeutes" le montre en détail. Le fait que les policiers filment beaucoup est peut-être aussi l'indice que ce jour-là on mettrait en boîte quelques visages, dans la lutte globale contre les bandes censées sévir à cet endroit. Autant joindre l'agréable... à l'utile...
Une fois que tout est en place, et que la gare se retrouve donc bondée, à la fois de passagers sortant du RER et de policiers (on peut les estimer à au moins 200-250, le seul CdS en offrant à lui seul 120) nos hommes casqués se téléphonent davantage. Madame Rachel Costard vérifie même du haut d'un balcon le dispositif et transmet un porte-voix à l'étage inférieur. On vérifie si la nasse est bien refermée, et si le show policier peut commencer. Jusqu'ici, l'atmosphère est tendue mais il n'y a encore aucune émeute véritable. On s'observe, et de temps en temps un projectile (une bouteille d'eau), qui est balancée sur les policiers du fond de la foule. Rien que de la provoc classique, on ne peut pas parler alors de heurts. On est arrivé aux alentours de 17 h à ce moment là, et cela se passe plutôt devant le local où a été emmené de façon musclée le resquilleur violent, dont l'arrestation "ferme" a choqué certains témoins venus montrer à l'équipe de sécurité du métro son désaccord avec la méthode. Contrairement à l'idée reçue, donc, l'émeute n'a pas démarré avant que les fameuses troupes du CdS ne soient appelées à se déployer.
Elle se sont visiblement déployées tranquillement AVANT que n'éclate une seule rixe. Et c'est pourquoi nous pouvons parler de provocation, car cela infirme l'hypothèse communément acquise jusqu'ici de l'intervention de troupes supplémentaires en raison de heurts violents qui auraient précédé. Des gens étaient venus devant le local des hommes de la sécurité de la RATP, situé au rez-de-chaussée, il étaient venus protester contre l'arrestation du resquilleur, et le ton était progressivement parti en quenouille. Et ce, d'autant plus en raison du nombre effarant de policiers présents, perçus évidemment comme une provocation par les jeunes dont les esprits s'échauffaient, les rumeurs désordonnées apparaissant. Pourquoi avoir autant laisser remplir cette gare laisse pantois, question gestion de la sécurité... C'est clair, en tout cas : on a laissé se mettre en place ce jour-là une situation explosive, qui ne pouvait que dégénérer..
Oser, alors, à un moment, lancer des gaz lacrymogènes dans une gare aussi bondée, où passent encore des voyageurs de tout âge, personnes âgées, femmes et enfants, était un acte dangereux...propre à propager la paniique, émanant bel et bien des forces de l'ordre, qui deviennent alors les principaux responsables des mouvements de foule et d'hystérie collective priviquée, avec une panique et des mouvements de foule induits. L'arrivée supplémentaire quelques minutes plus tard des renforts munis de chiens d'attaque, bien visibles aussi, n'étant pas faite pour calmer les esprits. Déployer des chiens, un peu plus tard dans cette opération, est une décision plus que surprenante. Manifestement, ce n'étaient pas ceux destinés à la recherche de drogue mais ceux de la brigade canine affectée au CS. Un panneau publicitaire mobile est alors projeté sur les policiers : ne cherchez pas à savoir qui, car les lanceurs sont... évidemment encapuchonnés. La provocation commençait... un posteur écrit : "une autre chose : dans son rapport, selon Le Monde, lecommissaire Rachel Costard en charge des opérations insiste sur le fait que « les gaz lacrymogènes n'ont été utilisés à aucun moment » : c'est simplement faux. Personnellement, j'ai vu (etsenti !), La police utilisant des gaz lacrymogènes dans la galerie principale au moins une fois (vers 21h30, je crois). Et j'ai vu des personnes dans dans 2 différentes occasions qui pleuraient avec les yeux rouges après avoir respiré les gaz lacrymogènes".
L'engrenage de la violence peut alors continuer, il durera juste que vers une heure du matin environ, après un léger mieux vers 18H30, où on estime que les événements sont déjà terminés (mais ils reprennent vers 20H, les télévisions n'ayant pas eu le temps de faire leur stocks d'images ! ). Des heurts sporadiques dureront, tant que le RER continuera à amener de nouveaux voyageurs.. Près des tourniquets, un des provocateurs on peut apercevoir sur des vidéos un homme habillé de noir, la capuche profonfément engoncée sur la tête. Un des meneurs, etun des casseurs. Or, à la Gare du Nord, des éléments déguisés en émeutiers habillés de noir se sont glissés parmi les... policiers. Car il devient difficile de croire qu'ils n'en sont pas, des policiers, à les voir tranquillement arriver, déguisés en banlieusards masqués, glissés au milieu des renforts de police. Parmi eux, en effet, filmés par les jeunes ; on distingue deux de ces fameux "faux casseurs", pris sur le vif plus tard par des photographes ou des vidéastes présents au bon moment à d'autres étages....
Malgré la tentative d'un des policiers de masquer de la main l'objectif qui prenait ce flagrant... délit ! Encore une fois, les jeunes banlieusards avaient eu un réflexe incroyable : celui de prendre sur le fait ce qui est bel est bien davantage qu'une compromission. Et bien plutôt une terrible machination. Un peu plus loin, un photographe d'agence montrera une "capture" d'émeutier (une des rares effectuées) un peu particulière : réalisée ostensiblement devant les caméras, elle montrera un "émeutier" d'une trentaine d'années encore plutôt... souriant, ou en tout cas pas vraiment stressé, alors qu'il était maintenu au sol par des policiers et un commissaire en civil qui semblent tranquillement deviser tout en lui passant les menottes... son arrestation, spectaculaire, faisait plus l'effet d'une mise en scène qu'autre chose, ce jour-là. On arrêtait celui-ci, en prenant le temps de le faire... pendant qu'à l'étage du dessus on cassait.
Dans les vidéos qui suivent en effet, on pouvait noter tout d'abord la présence de policiers en civil, extrêmement nombreux, en tout cas bien davantage présent qu'ils ne peuvent l'être à l'intérieur d'une gare, fusse-t-elle une énorme zone de transit parisienne. Qu'on ait des policiers, voire des CRS, assez rapidement sur place on peut l'entendre : très souvent, aux abords de la Gare du Nord, des véhicules de CRS sont postés quasiment à demeure pour effectuer des rondes régulières. Qu'on ait autant de policiers en civil présents surprend davantage. Sur une vidéo, dans ce qui précède le lancement d'une charge, on en détecte un bonne dizaine, tous affublés d'un cylindre blanc tenu dans la main dont on ignore le réel usage au départ : en fait, c'est une bonbonne de gaz lacrymogène. Qui fait que ces policiers sont "repérables" : d'ailleurs ils portent aussi le brassard réglementaire (mais pas tous ).
Débarquer ainsi avec ce matériel, ce ne peut être le fruit du hasard. Y avait-il un plan de déploiement pré-établi, là encore ? Au quel cas on a encore davantage la suspicion de préparation ? Cela semble évident ; à en voire le nombre effarant.. En tout cas ils étaient nombreux, discutaient tranquillement entre eux, ces policiers en civil, et se cachaient à peine parois derrière un rideau de CRS ou de CdS. Sur d'autres extraits, le cylindre blanc est tenu à bout de bras, c'est effectivement une bombe lacrymogène ! Sur une autre séquence où l'on distingue des policiers en civils munis de brassards (ils n'en portent pas tous dans cette opération), l'un des premiers du groupe est... en capuche (et sans brassard !). D'autres en capuche sont porteurs de... sac à dos, à peu près tous de la même dimension : la police aurait-elle défini une norme standard de sac à dos pour y cacher matraque téléscopique et bombe lacrymogène ? Le même type que celui vu à deux mètres à peine de notre casseur blond de vitrine (voir notre second épisode). Tous sont policiers en civil, tous font partie de la même équipe semble-t-il. L'un d'entre eux, au brassard jaune, a l'équipement complet : sac à dos et bombe lacrymogène (le cylindre blanc). Aucun ne court, aucun ne s'affole. L'opération suit son cours... normale. Difficile à imaginer que tout ce monde, aussi serein face aux événements, ne soit venu uniquement que pour faire de la figuration. Ce qui sidère, en tout cas, c'est le nombre d'agents déployés,
Dans les témoignages, en effet, beaucoup ont noté la présence de policiers en civils, mais peu ont remarqué que certains d'entre eux arboraient quand même un... uniforme. Un drôle "d'uniforme"... celui, typique de loubard de banlieue, à savoir la capuche, le jean et les baskets.... autrement dit l'intégrale du bon tuffeur, version printemps 2007. Deux séquences démontrent aisément cette manipulation. L'une montre l'arrivée des renforts de police, en ordre serré, marchant presque au pas. Or, que distingue-t-on au beau milieu de ces renforts de CdS (Compagnie de Sécurisation), uniforme et logo à la boutonnière ? Un homme, assez costaud, en jean et baskets, et à côté de lui un encapuchonné de grand taille, qui, lorsqu'il se voit filmé, a le réflexe de se mettre un masque ou un foulard sur le bas du visage, histoire de ne pas révèler tous les détails de ses traits.
Les deux personnages, à la démarche tranquille et au look décontracté pour le premier, ne peuvent être pris pour des personnes arrêtées. Pas plus qu'ils ne portent de menottes ni ne sont tenus en respect par leurs... collègues. L'ambiance est décontractée, celle d'individus qui vont... à la fête : la "tuff des policiers déguisés" ? En fait ce sont bel et bien des... policiers, déguisés en loubards de banlieue, qui arrivent en "renfort" des policiers sur place. Incroyable document. Notre grand noir de l'étage du dessous flingueurs de caméras pourrait très bien ressembler à l'un des deux. De drôles de renforts, donc ...
Des policiers déguisés en émeutiers ? Ce n'est pas ce qui manque, dans les vidéos adroitement saisies par les jeunes dans les couloirs. Des couloirs où, pour les besoins de M6, on fera parfois courrir certains d'entre eux, hilares, car ne courant après... rien. Mais montrant que la police sait bouger pour attraper des émeutiers. Une autre séquence incroyable va nous le montrer avec brio, où l'on aperçoit des policiers qui semblent bien jeunes, dans lesquels plusieurs femmes, courir ainsi... mais sous les ordres d'un responsable entièrement déguisé en manifestant, à part la matraque télescopique qu'il tient à la main droite et qu'il dissimule le long de la jambe, exactement comme l'avait fait notre policier de la couvre du Figaro passant juste à côté de notre casseur au blouson marron.
Des policiers en civil habillés comme des jeunes, on en avait croisé pas mal lors des manifestation contre le CPE. La même allure juvénile, la même façon de se fondre dans le paysage vestimentaire de la jeunesse.
Le site Cryptome en avait retrouvé de superbes exemplaires, surpris en train d'arrêter le 4 avril 2006 de façon musclée des manifestants ; parmi lesquels s'étaient glissé pas mal de "vrais" casseurs venus en découdre parmi les étudiants dont beaucoup avaient été surpris par cette violence (les deux photos sont de l'AP Photo/Francois Mori). Tout le "matériel" de déguisement y figurait déjà : burnous, capuches, masques, foulards, etc... impossible de distinguer dans le lot les policiers du manifestant, à part que ce dernier était celui isolé et maintenu avant d'être amené plus loin...
Dans une autre scène, une photo montre de jeunes excités en train de pousser ce qui semble être un distributeur de billets renversé... sous le regard d'un individu d'un certain âge, muni de gants noirs et d'un superbe parka rouge flamboyant, le genre d'habits à porter pour passer inaperçu dans une foule compacte. L'individu en casquette et capuche, semble visiblement en train d'observer ce qui se passe de "l'autre côté" des émeutiers. On a du mal à croire qu'il puisse en faire partie. Il est vrai qui lui manque...un sac à dos !
Il ne serait pas le seul policier, dans cette équipée, à s'être déguisé en meneur de banlieue. On a surpris dans un couloir un de ses collègues, portant capuche et matraque... effectuer avec d'autres collègues policiers une arrestation musclée, aidée par la proximité de personnes casquées et d'un maître chien. L'individu qui la fait porte une matraque télescopique, modèle de la Bac, exactement le genre de chose qu'on peut dissimuler dans un grand parka... ou un petit sac à dos. Voilà un des usages de notre fameux sac à dos d'éclairci. Cette séquence inédite révèle au grand jour une chose : oui, des policiers déguisés en jeunes de banlieue étaient bien munis de matraque, oui, ce sont bien des policiers en service, puisqu'à plusieurs ils se saisissent d'un manifestant et ce devant une caméra incrédule qui n'en demandait pas tant. Devant eux, un autre personnage à la barbiche de mousquetaire muni d'un journal semble faire le guet ou servir de paravent à d''éventuelles prises de vues compromettantes. En fait il supervise l'action des autres. Il participe en fait activement à l'arrestation, puisque c'est vers lui qu'on traîne le capturé, en retrait de l'allée principale, un peu plus à l'abri des regards. L'équipe est donc composée de responsables, en civil, d'un autre civil déguisé lui en émeutier de banlieue, muni de sa matraque et d'autres policiers en civil encore. On comprend alors nettement mieux leur nombre important. Ils sont chargés du ramassage de ceux que "pointent" les déguisés encapuchonnnés. A noter que le journal dans la main, ou un autre objet reconnaissable, est une vieille constante de la reconnaissance facile en milieu policier.
Une autre séquence au fond d'un couloir de RER montre un énergumène bien excité, affublé d'oripeaux visibles à 15 mètres, de couleur orange. C'est un beau phénomène également : sous son pull, on ne sait ce qu'il cache sur son ventre. Et impossible de distinguer sa tête : il porte casquette, et sa capuche enfoncée au ras du nez ne montre à peine qu'une fente de tissu. C'est un meneur, qui harangue les autres avec véhémence, en levant les bras au ciel. Manque de chance, on l'a reconnu : il porte à la main gauche, lui aussi, non pas un journal.... mais une bouteille de soda, et son sur-blouson ressemble comme deux gouttes d'eau à une veste de... motard. C'est le seul du lot à être méconnaissable, tous ceux qui l'entourent sont à visage découvert. Autant certains se parlent, autant lui vocifère dans le vide. Et personne ne sait ce que dissimule son pull ultra-visible. Dans une autre séquence, un de principaux casseurs, au en capuche bleu et blanche, porte ostensiblement une feuille blanche à la main, dont il le ne sépare que pour s'attaquer à des vitres. Il fait partie du même groupe que notre homme en marron (suivi de son collègue en pull blanc et sacoche), qui, à un moment, l'observe tranquillement casser. Certains jeunes casseurs se voient même "drivés" par un individu reconnaissable, on l'a vu hier, qui assigne les "bons objectifs" et les mauvais : c'est notre fameux homme en casquette... qui écarte un manifestant sans arme pour laisser place à un autre plus âge... et mieux armé... c'est aussi celui qui "prête" plus loin la barre de fer... le responsable des objectifs ? Etrange fonctionnement, en tout cas, en plein émeute !
En face, ou plutôt à un autre étage, la jeune commissaire "de 32 ans", vraiment très à l'aise devant les caméras (une vraie pro) ayant acceptée de se faire suivre par des cameramen toute la journée, on risquait en effet d'avoir du... vécu, si des heurts apparaissaient. Le seul hic, c'est que ce jour précis, là, ça devient une peu... téléphoné. On en a pour notre argent télévisuel avec le déploiement complet de l'escadron pour le besoin du scénario pré-écrit... Pour avoir un reportage évidemment "objectif" montrant en une dizaine de minutes seulement le dur métier de responsable d'escadron. Difficile dans ce cas de croire au seul... hasard. On avait déjà un resquilleur qui tombait pile poil dans les heures de vacation de la brigade, voilà maintenant que le jour du tournage c'est l'émeute du siècle ! Il est vrai que filmer madame Costard dans son bureau, en chemisier blanc, façon FR3, le lendemain de l'émeute, ça ne rendait pas pareil. La voir arpenter toute l'après mldi et jusque très tard le soir les couloirs à la tête de ses troupes (150 personnes au total, brigade canine comprise, on le rappelle), le talkie-walkie à la main, c'était nettement plus... accrocheur. Surtout que ce jour là, il y a disons... de l'animation. Mr Valentin ayant été le producteur d'Astérix et les Vikings nous a trouvé là une Falbala fort présentable, maquillage et tenue sportive, prénommée en l'occurrence Rachel. "Qui avait dû gérer avec ses hommes pendant 9 heures une situation imprévue et totalement inédite"... dixit le commentateur de M6...
Ce qui est effectivement la phrase d'introduction du reportage de M6, la clé de cette présence de CS, sur lequel il faut revenir, puisque le groupe était venu exprès dans cette gare pour s'y faire filmer ! La phrase qui coince, déjà, "imprévu" n'étant pas nécessairement le mot à utiliser, vu les paperasseries administratives à signer pour effectuer le reportage, comme je viens de vous l'expliquer. Comme un peu plus loin les "jeunes particulièrement remontés qui s'estiment victimes de discrimination". La tableau est donc planté : ce n'est pas organisé, bien sûr,et ce sont les jeunes seuls qui mettent le feu aux poudres. Quand au "reculer face aux provocations et éviter le contact" comme ordre donné par la gentille commissaire ; là encore le commentaire absout intégralement la possibilité de provocation policière. Le document devient à charge contre les jeunes, seuls, donc, à à peine trois minutes de son début. Mais ça empire encore après avec le commentaire comme quoi"les hommes de la sécurité du métro commettent alors une erreur : pour disperser la foule, ils utilisent des gaz lacrymogènes, tout le monde s'enfuit vers la galerie marchande.. et une poignée de jeunes gens se met à casser". Dans le genre absolution de l'action policière, dont la violence a pourtant bien marqué les voyageurs, c'est le "meilleur" commentaire. On a beau remarquer que c'est bien un CRS, muni de son tonfa, qui utilise sa bouteille de gaz, et que dans le premier lot de casseur on retrouve notre homme au blouson et ses collègues âgés, trop tard, c'est dit. Les policiers n'y sont pour rien, puisqu'elle l'a dit.
"Rachel" n'y est pour rien, d'ailleurs : dans ses troupes, il n'y a aucun policier en burnous et matraque télescopique dans le sac à dos, c'est bien connu ! Suit la scène de l'appel de renforts, dont on connaît aussi le contenu (d'autres policiers déguisés). Le "dépêchez-vous on a besoin de vous" de notre commissaire sonne alors bizarre, sachant que plus il y aura de burnous, plus il y aura...de casse. Pour ce qui est du magasin de chaussures, ce sont évidemment "une centaine de JEUNES qui sont en train de mettre à sac le magasin de chaussures" selon M6. On a déjà vu que c'était en partie faux : si le pillage est bien de leur fait, la responsabilité de l'ouverture du magasin ne PEUT leur incomber. Deux casseurs en sont responsables, seuls. Une phrase est alors révélatrice et sonne comme un aveu "les policiers en civil sont chargés d'identifier les meneurs" dit le commentateur. C'est ENFIN reconnaître qu'ils sont déjà présents, et déjà déguisés, avec la matraque télescopique dans le sac à dos à côté de la bouteille lacrymo. Heureusement, pour notre histoire idyllique, ils servent à arrêter des émeutiers : "quelques minutes plus tard l'un d'entre eux est maîtrisé". Manque de chance, ça n'est pas notre homme en blouson marron, qu'on a laissé libre de ses mouvements !
Le scénario écrit et récité dans ce reportage de commande est alors parfait. On oublie de dire que celui qui a le plus cassé court encore. Ou plutôt n'a aucunement besoin de courir, puisqu'il semble disposer d"un immunité que la photo révélatrice du Figaro a montré. Bref, l'iconographie rachelienne est parfaite. Sauf à la 5 eme minute du montage, ou notre pasionaria en uniforme avoue "attendre qu'ils nous balancent des trucs pour charger". Connaissant bien ses troupes, elle sait pertinemment que dans les "renforts" encagoulés ou encapuchonnés il y en aura bien un pour le faire. On présente ici l'image de la "non intervention", comme respectant "l'adversaire", en réalité en face, il y a le provocateur dont on attend le geste, la belle excuse pour être alors violent. C'est toute la scène qui ne va pas. Son adjoint, à la commissaire, le sait bien "y'en a qui viendront au contact" ajoute-t-il : tout juste s'il n'en connait pas le nom ! De même pour l'arrestation du jeteur de pot de fleurs, "condamné à 18 mois ferme", qui se retrouve par terre... environné de burnous et de cagoules, de jeans et de baskets uniquement. C'est un peu faux encore : Sylvain Hancq, avait certes été condamné la veille à dix-huit mois de prison, mais avec six de ferme seulement (comment la 6 avait-elle pu en temps inclure ça dans le commentaire étonne pas mal, également !). Signe particulier de cette arrestation : le commissaire en civil habillé en tuffeur qui passe les menotttes a des gants... noirs, comme tous les meneurs vus au milieu des troupes d'émeutiers. A la sortie, on a même vu un étrange personnage portant des gants lui aussi. Réussir à filmer de près le principal danger de cette émeute, l'épisode qui a marqué toutes les populations et qui a déjà vu pour cela la principale condamnation tombée, on le doit aussi au hasard, certainement. Comme beaucoup de choses dans ce reportage... Pourquoi cette équipe est-elle tombée sur Hancq et non sur nos ravageurs de vitrines ??? C'est qu'elle suivait le CS... pardi, manifestement dirigé AILLEURS qu'à l'endroit de la casse organisée, et que ceux qui ravageaient la gare le faisaient dans le dos des policiers, tout simplement !!! Par exemple, l'unité de reportage ne prendra rien de la longue destruction de la vitre du marchand de téléphones... abondamment filmé par d'autres pourtant : au petit matin, France 2 montrera des images du sac du Footlocker sorties de quel type d'appareil, on ne le sait. Il ne semblait pas que ce fut des portables des jeunes banlieusards...
Reste encore a la fin la SNCF, qui selon le reportage "n'aide pas" notre pauvre commissaire, puisque "les trains y circulent toujours". Encore un peu, et les policiers ne seront pour rien du tout dans cette histoire. La ficelle est un peu grosse, au total. Rachel, hyper professionnelle de la communication, répondant toujours au journaliste pendant tout son travail, même en courant dans les couloirs, l'opération de communication de lobbying policier se révèle donc... exemplaire. Encore une scène pour conclure, une femme policier blessée, pour finir sur une scène d'hôpital (atteinte par le jet d'un transformateur électrique aux bors coupants) comme dans tout bon roman feuilleton et c'est fini "dans la gare tout redevient normal". A quatre heures du matin, le commissaire peut rentrer chez elle, un peu fourbue il est vrai. Quelle storytelling ! L'opération était. réussie sur toute la ligne : la France, le lendemain, avait peur, l'objectif visé dès le départ est atteint, sinon mieux encore. Les policiers étaient là en nombre CONTRE les méchants voyous, qui étaient TOUS des jeunes. Rien sur les provocations, rien sur la manipulation, rien sur les faux casseurs. Nicolas Sarkozy, que beaucoup considèrent encore comme le ministre de l'intérieur effectif, peut alors sortir le sondage qu'il a commandé sur l'insécurité, et dont il a le résultat depuis plusieurs semaines : c'est lui que les français choisissent à 43% pour nous débarrasser de cette "racaille" de vilains casseurs vue en pleine action ce jour là, ce qui tombe plutôt.. à PIC (oui, comme le nom de l'agence de communication de son attaché). Tout fonctionne comme sur des roulettes. Merci Rachel, la nouvelle star sarkozienne. Ne reste plus qu'a trouver quel est le réel commanditaire réel du reportage... PIC et PIC et Colegram ?
Ce reportage présente une vision vraiment partiale et "officielle", rejetant la faute des émeutes au lancer de gaz lacrymogène de la part des agents de sécurité de la RATP, alors que l'on a vu le nombre incroyable de bonbonnes détenues par les policiers en civil. Plus loin dans le commentaire, arrivé au niveau du fameux magasin FootLocker, le commentateur parle de 200 à 300 casseurs du magasin : nous avons vu qu'il y en avait eu que deux, et qu'après étaient arrivés les pilleurs, attirés par ce qu'on leur balançait. On note aussi que cette remontée des CdS à l'étage supérieur ne se fait qu'une fois les vitrines longuement cassées par nos deux duettistes : comme si on avait bien respecté le timing, des deux côtés : chez la companie de costard, "empêchée" de se rendre au 'bon" étage où ça fracassait sec. D'abord la casse tranquille, ensuite le pillage, et seulement après l'arrivée des CdS qui auraient pu remonter bien avant, vu le peu d'adversité véritable dans les étages du "dessous".
L'arrestation, d'un "manifestant" par une bonne dizaine de membres du CdS avec une Rachel Costard qui s'écrie "protection" ( à 4'09" du départ) pour qu'on ne vienne pas entraver cette arrestation est une scène d'un grotesque achevé : autour d'elle, il n'y a aucun manifestant ou aucun groupe dangereux. Selon le commentaire, l'individu arrêté l'aurait été car sa "description aurait été transmise au commissair et "quelques minutes plus tard l'individu est maîtrisé" précise le commentateur. Ce qui signifie aussi, mais ça on oublie de le dire, que la gare est infestée de policiers en civils communiquant avec la fameuse commissaire ! "Il est 19 heures, les casseurs sont enfin maîtrisés" dit encore le commentateur. Or on sait que les échaufourrées dureront jusque une heure du matin ! Mais il faut présenter un CdS qui fonctionne, alors... on ment. Ou plutôt ; on glisse à ce moment là une autre idée : "des attroupements se forment et certains lancent des slogans politiques". Ne cherchez pas lesquels, ce sont bien entendus ceux visant en priorité Nicolas Sarkozy, tout en commençant par des slogans d'un autre âge : "à bas l'état, les flics et les patrons", totalement incongrus dans la bouche des banlieusards, qui parlent de "keufs", eux, et pas des patrons : la propension à lancer des slogans "gauchisants" en dehors du temps semble extraite d'un bréviaire de ceux de Mai68, la vieille bête noire sarkozyste, on le sait.
On voit également dans cet édifiant documentaire une Rachel Costard bien entourée et bien conseillée par un commissaire en civil plus agé qu'elle, un autre genre de chaperon, pour obtenir un "couloir" enfin "calme à 20 heures", indique le reportage. Tout en constatant que ce n'était pas encore fini. "Mais la SNCF n'a pas fermé la gare, et il y a toujours autant de voyageurs dans les couloirs". En vidéo, la Rachel semble servir elle-même de test à une opération où on lui demande de réagir : ce qui donnera les fameuses charges... contre une foule qui était présentée comme pas hostile au départ ! Celles là mêmes que je découvrirai dans mon téléviseur, filmées par France 2, arrivée tardivement sur les lieux.
Survient alors l'épisode de la jardinière balancée de l'étage, qui aurait pu tuer en effet, et l'arrestation musclée, avoue le commentateur par désignation de l'auteur par "des policers en civil". 23 h30 il ne reste plus qu'une petite centaine de jeunes à vouloir faire de la résistance" commente-t-on. "la dernière charge va enfin permettre de vider la gare". Effectviement : mais c'est bien une charge dans le vide le plus complet ! Suit la collègue blessée par un jet de bouteille, celle décrite dans le reportage Indymedia. Le projectile lancé s'avérera être une bobine de cuivre, un petit transfo électrique, qui est bien plus dangereux qu'une simple bouteille. Les dernières images sont celles de Costard devant la gare, à 4 heures du matin. Encore un peu, et M6 l'aurait raccompagner la border chez elle...
Comme quoi, notre resquilleur eût été du matin que la face de Paris et de la manipulation sarkozienne eût été changée. C'était donc un peu l'homme qui tombe à pic, notre resquilleur. Une animation de gare, voilà à quoi on avait eu droit, en quelque sorte, avec quelques invités en plus, des fonctionnaires pour la plupart, et quelques loubards (et faux loubards) de banlieue... pris au piège de la compagnie des 120 fonctionnaires en uniforme et des 30 en civil... soit le total de l'unité qui semble avoir été mis en branle ce jour là. Pour juguler l'arrestation d'un seul individu, on pourra trouver cela disons... disproportionné. A moins qu'on ait pensé avant coup faire tout autre chose, ce qui a semble bien avoir été le cas : l'organisation des événements laisse peu de place à une totale improvisation. Matériel, vêtements, déploiement, beaucoup de choses ont été échafaudées avant. Des fonctionnaires en réalité préparés spécialement : "Toutefois, compte tenu du caractère sensible des missions auxquelles ils seront affectés dans leurs nouvelles fonctions, une formation spécifique leur a été dispensée." En vrac, citons l'apprentissage du laçage de baskets, le port du sac à dos ou des cours de maintien de capuche, sans nul doute, en tout cas un art avancé du déguisement, à n'en point douter. A moins que ce ne soit le lancer dans de bâton dans les vitrines. Ce qu'on a donc vu ce jour là, en résumé, s'apparente essentiellement aux prouesses de la... 8eme compagnie. Avec le gadin royal, il y a même une séquence "j'ai glissé chef" !
Quant à la célèbre Rachel, elle a quitté depuis la police... pour devenir responsable-adjoint sécurité... à la RATP, en travaillant désormais pour la BRF ("Brigade des réseaux ferrés") : travailler plus pour gagner plus, avait dit Nicolas : visiblement, elle a succombé à ce genre d'appel, et elle dirige aujourd'hui un personnel dix fois plus nombreux (*) !!! Pourquoi a-t-elle quitté la police, les émeutes de la Gare du Nord ont-elles joué un rôle dans sa décision ? Elle le dira peut-être un jour, ou nous dira peut-être son sentiment d'avoir été menée par le bout du nez, qui sait... la dame ne cessera de nous surprendre. Elle avait déjà fait la une, des journaux et de la télévision :
c'est à elle que s'était rendu dans le dans un commissariat du XVIIIème arrondissement de Paris, qu'elle dirigeait alors, le 16 août 2004, Mickaël Tronchon, alias Phinéas, le profanateur des tombes juives d'août 2004 et d'une agression raciste à la hache contre un maghébin. On avait retrouvé chez lui une importante documentation néo-nazie (**). Etait-ce lors de cette apparition que les producteurs de télévision avaient repéré ses talents télévisuels ?
Appels d'urgence est prêt à consommer.
les policiers en civils filmés
http://www.youtube.com/watch?v=LmiTYUU1kWE
le résumé des opérations
http://www.youtube.com/watch?v=e4rgcMMuKeA
le pull orange
http://www.youtube.com/watch?v=SKaQmMnjsgo
une arrestation par les policiers en civil
http://www.youtube.com/watch?v=DnH_W24xwAs
les policiers en civil
http://www.youtube.com/watch?v=QmG6vxPaJmI
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