35 Heures : la tarte à la crème de politiciens incompétents
Tout d’abord rappelons-nous que cette loi des 35 heures était une initiative de Dominique Strauss Kahn, que Martine Aubry a « mis en musique ».
C’était l’époque où nos politiciens n’avaient pas compris qu’un pays ne peut pas vivre à crédit, et surtout pas sur le dos des générations futures. Enfin pas compris, disons qu’une partie d’entre eux s’en « foutait », purement et simplement, puisque nous avons commencé à vivre à crédit en 1974 (sous Giscard d’Estaing, politicien de centre-droit).
C’était aussi l’époque où nos entreprises, entre autres les PME, faisaient des marges suffisantes pour supporter « sans devenir des pigeons » cette potentielle perte nette : l’employé passait à salaire égal de 40 à 35 heures de travail hebdomadaire, superbe mesure sociale.
Mais restons à cette époque des années 80 et faisons quelques calculs :
Selon le document suivant http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2011-066.pdf il y avait en France, en 1982, 22,6 millions de salariés. En mettant en œuvre cette diminution du temps de travail, et à supposer que cela ait eu un effet essentiellement sur les marges des entreprises, voyons ce que cela a (aurait) pu donner :
22.600.000*40 heures par semaine*45 semaines de travail = 40.680.000.000heures de travail payées en France en 1982.
Ramenées à 35 heures par semaine, faisons le chemin retour :
40.680.000.000 / 45 / 35 = 25.828.000 salariés soit, en théorie, 3.200.000 créations d’emplois.
La réalité est que nous étions potentiellement entre zéro création et 3.200.000 créations car dans de nombreux cas les entreprises n’ont pas seulement pris sur leurs marges, elles ont aussi augmenté la productivité « individuelle ». De fait en 1989, soit 7 années après cette mesure phare des « 35 heures » nous avions 23.000.000 de salariés, soit 400.000 de plus qu’en 1982 (voir fichier Excel joint).
Une première conclusion s’impose, amère : le passage aux 35 heures n’a eu quasiment aucun effet direct et sérieux sur le marché de l’emploi (merci et félicitations à celui qui sera plus tard nommé Directeur du FMI).
Venons-en à la situation actuelle :
23.700.000 salariés à fin 2012 (http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?ref_id=natnon03146) avec la chute annoncée de 2013 disons 23.400.000 fin décembre 2013.
Faisons un petit calcul :
35 heures par semaine, 52 semaines par an, hors congés cela fait en arrondissant 45 semaines de travail par an par salarié. Ce qui donne 45*35 = 1.575 heures par salarié par an ; nous avons donc en chiffre global :
1.575 heures *23.400.000 salariés = 36.855.000.000 heures de travail payées en France sur l’année.
A 40 heures par semaine un salarié va travailler 1.800 heures par an.
Prenons le nombre d’heures annuelles précédent et divisons le par ce nouveau chiffre, nous obtenons 20.475.000 salariés…
Repasser à 40 heures aurait pour effet de mettre au chômage près de 3 millions de personnes car quatre autres éléments entrent en considération :
-le premier est la croissance et son effet sur l’emploi. Une stabilisation du chômage suppose une croissance de 1,5%, ce qui n’arrivera pas en 2014 (malgré la sensation qu’a le président actuel de sentir que bientôt nous allons assister à une inflexion significative et sensible du début de l’amorce de l’inversion de la courbe), ni probablement dans les 10 années à venir si nous gardons les mêmes politiciens et si nous restons soumis à la dictature d’une monnaie que nous n’avons pas le droit d’utiliser pour rééquilibrer nos comptes (dévaluation). Sur notre planète tous les pays ont ce droit, sauf ceux membres de la zone euro ! Et certains ne se privent pas de faire fonctionner la planche à billets pour rester compétitifs (les USA étant les champions du monde dans cette catégorie) ;
-le second est que les entreprises ne peuvent plus (et ne veulent plus) rogner sur leurs marges, il est donc inimaginable de croire qu’augmenter la durée hebdomadaire du travail va être une charge exclusivement sur les marges des entreprises, en augmentant les salaires par exemple, sans augmentation forte des carnets de commande, la tendance sera de licencier à activité égale ; la lutte des classes a changé d’acteurs, avant c’était un rapport prolétariat-patronat, maintenant c’est un rapport patronat-politiciens, et c’est le patronat qui décide devant l’incurie des dirigeants (français notamment). Mais que peut-on attendre de politiciens dont la plupart n’a jamais travaillé en usine, aux champs, n’a jamais eu un emploi précaire, une fin de mois difficile, n’a jamais ou que rarement géré une entreprise, et souvent est passée de l’ENA à des fonctions réservées (la Cour des Comptes par exemple pour celui qui ne comprend rien en économie tout en étant président) ;
-le troisième est que notre société est désormais coupée en deux, une « élite » dirigeante et extrêmement centralisée, et qui prend ses ordres dans les places financières, à Bruxelles, à Berlin, à Washington, et de l’autre côté un mondé précarisé et « vivotant » ; cette élite, grâce à une presse veule, vante la politique d’austérité et culpabilise le chômeur, ce misérable profiteur, oubliant que s’il y a crise économique, elle n’est pas de la responsabilité de celui qui est au chômage, elle est exclusivement de la responsabilité des dirigeants de notre pays depuis 40 ans !
-le quatrième est la concurrence internationale et la bêtise chronique de nos dirigeants successifs. Nous arrivons à renflouer nos « fleurons », lesquels délocalisent à l’étranger. Un exemple ? Renault qui s’expatrie en Roumanie (hors zone euro), pays où le SMIC est de 135 euros, en coût fixe puisque l’inflation est compensée depuis 2000 par une dévaluation régulière de la monnaie roumaine (le Leu). Qui peut concurrencer les Dacia (pas de taxes à l’importation) tout en restant à produire en France. Repasser à 40 heures n’aura aucun effet, les patrons des multinationales sont partis avec armes et bagages vers des cieux plus cléments car non contrôlés. Seules des barrières douanières peuvent avoir un effet réel, mais encore faut-il s’affranchir de nos engagements européens et supprimer les passe-droits dont bénéficient les paradis fiscaux (à commencer par le Luxembourg, membre de l’UE).
Dans mes calculs n’entrent pas en compte les emplois d’avenir eu autres métiers d’avenir (voir document joint emploi futur)
Donc ne nous y trompons pas :
- quand le président « élu » de l’UMP parle de revenir aux 40 heures, soit il ment, soit il est nul, soit les deux ;
-quand le président élu sur un malentendu (le but était de virer l’autre) et sur des mensonges (« je moraliserai la politique » alors qu’il politise la morale), voit venir une inversion significative, il est comme « Anne, ma sœur Anne ne vois-tu rien venir ? Je ne vois que le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie » … et pépère qui merdoie ?
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