40 % des profs s’autocensurent… Et qu’en est-il des autres ?
Nos journalistes nous apprennent que 40 à 50 % des profs s’autocensurent, notamment lorsque leurs cours risqueraient de choquer des publics dits « sensibles », notamment sur les questions de laïcité. Mais où sont les autres, ceux qui ne s’autocensurent pas ? Des héros de la liberté d’expression ? Que nenni, braves gens. Si 60 % des profs ne s’autocensurent jamais, c’est tout simplement qu’ils n’en ont nullement besoin. Et pourquoi n’en ont-ils nullement besoin ? Parce qu’ils sont les commissaires politiques du système.

Il faut arrêter l’hypocrisie. Les professeurs qui s’autocensurent sont la minorité droitière et/ou populiste et/ou nationaliste et/ou ex-gauchiste en voie de conscientisation… Ces minorités mal-pensantes ou pas-assez-bien-pensantes représenteraient 40 à 50 % du corps enseignant… Je veux bien le croire – d’autant que j’en fais partie, de ces minorités – mais le chiffre me paraît grossi. Quand je franchis la porte de ma salle des profs, j’ai bien plutôt l’impression que la bien-pensance représente 80 à 90 % des personnels, autrement dit, à peu de chose près, tout le monde.
Et cette grosse majorité, elle, non seulement ne s’autocensure pas, mais elle s’autocensure d’autant moins que son discours d’usage n’est qu’un calque de la propagande officielle. Je l’ai bien vu au moment de l’assassinat de Samuel Paty. Quel effet cela vous fait, chers collègues ? Pour toute réponse des regards glauques et des visages de Thersite… Tout juste s’ils ne répondaient pas qu’ils n’en avaient rien à foutre. Ou plutôt, pire : cette affaire les embêtait beaucoup ! Non à cause de l’horreur du crime, – mais parce que « cela faisait le jeu des populistes ». Certes, les plus clairvoyants en étaient quelque peu secoués. Mais secoués à la manière de ces malades qui, de temps à autre, ont un bref moment de clairvoyance. Le conformisme gauchiste – ou gaucho-centriste – étant une maladie mentale, une lucidité de deux heures ou deux jours ne change rien à la configuration d’ensemble.
C’est quoi, en définitive, un prof ? Globalement, à quelques exceptions près, c’est la servitude volontaire de La Boétie qui vote ultragauchiste au premier tour et macronarchiste au second tour. Systématique. Point barre. Entre deux présidentielles : plus rien. Sachant que la différence entre un gauchiste et un macroniste, c’est que le gauchiste est un macroniste qui feint de s’opposer à Macron, un serf volontaire qui joue le révolutionnaire, un conformiste qui se prend pour un hoplite, un systémique antisystème, un pitoyable mougeon drapé dans les oripeaux flétris de la rebelle-attitude.
Un jour, j’étudiais le plus gaucho des gauchos parmi mes collègues. Un jeune type qui donne ses cours fringué un peu comme un punk des années 80. Je me disais : « Ce type est vraiment bizarre. Il braille toute la journée qu’il faut renverser le système. Soit, Camarade, renversons le système ! Tu propose quoi ? » La réponse, cher Lecteur : rien.
Le système veut de l’écriture inclusive, il est pour l’écriture inclusive. Le système veut des migrants, il est pour les migrants. Le système veut des pronoms neutres, il est pour les pronoms neutres. Le système veut de l’insécurité ; il trouve encore que le gouvernement est trop répressif. Le système veut des salles de shoot, il est pour les salles de shoot. Le système envoie les écrivains mal-pensants au tribunal, il est pour la judiciarisation de la pensée (avec prison ferme, si possible, au nom des droits de l’homme, bien entendu). Le système propose que des enfants puissent choisir leur sexe le plus tôt possible, quitte à se faire opérer avant la puberté ; il est pour les opérations. Le système admet que les profs se teignent les cheveux en bleu, il se teint les cheveux en bleu (mais pas bleu Marine). Le système est no-border-iste, il est no-border-iste. Le système est laxiste ; il dit, comme Mucchielli, que la délinquance n’existe pas. Le système veut casser du vieux blanc hétéro de plus de cinquante ans, il hurle à s’en péter les cordes vocales contre les vieux patriarcaux de plus de cinquante ans (il faut dire qu’il n’en a que trente). Beau révolutionnaire que voilà ! Beau mutin, beau maton de Panurge !
Bref, de pareils guerriers n’ont en aucun cas besoin d’autocensure.
Nous en sommes arrivés à ce paradoxe : ceux qui ont encore un peu de courage, eux, s’autocensurent, – par prudence ; une sorte de « lâcheté » tactique. Comme le faisaient les dissidents soviétiques, pour passer, autant que faire se peut, entre les mailles du filet.
Mais les lâches et les abrutis ont encore de très beaux jours devant eux. Pour eux, la liberté d’expression est totale, absolue, encouragée, sans limites ni restrictions aucunes. Ils peuvent bomber le torse, montrer les muscles, ouvrir leurs grandes gueules autant qu’ils le désirent. Ils ont le pouvoir. Ils SONT le pouvoir.
Comme je disais à mon jeune collègue gauchiste : « Profites-en bien ! »
Références :
Sur Thersite : https://journals.openedition.org/kentron/1806
https://fr.wiktionary.org/wiki/servitude_volontaire
https://miscellanees.me/2016/06/30/jai-vecu-dans-votre-futur-et-ca-na-pas-marche/
http://talent.paperblog.fr/4720708/les-matons-de-panurge/
https://www.amazon.fr/2193-Cr%C3%A9puscule-humanistes-Florian-Maz%C3%A9/dp/1726700003/
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