46 900 chômeurs de plus en octobre, 46 900, le chiffre qui fait peur

Certains l’on sans doute noté comme moi, la presse se fait discrète sur ce sujet de l’emploi, rechignant à lâcher le chiffre qui dérange. Est-ce une impression ou bien une remarque pointilleuse effectuée par un esprit devenu obtus, traquant les écarts dans les médias, comme notamment le traitement de l’affaire Demange ? J’en profite pour donner deux détails sur ce député, connu par ses proches et administrés comme étant violent, voire borderline, alors que la femme qu’il assassina n’était même plus sa compagne, en fait un ex-maîtresse avec laquelle il mena une double vie (comme Tonton). Bref, les journaux avaient de quoi donner les infos exactes et le Monde l’a fait, mais une semaine après les faits. Mais revenons au traitement du chômage.

La presse ne donne pas le chiffre et même, sur le site du Monde, l’info est presque noyée dans les brèves. De tous les sites informationnels visités, aucun n’écrit à la une ce chiffre de 46900 mais livre quand même l’information en évoquant une dégradation de l’emploi et le passage du nombre de chômeurs au dessus du nombre symbolique des deux millions, ou encore une référence historique à 1993. C’est en effet le plus mauvais résultat sur un mois depuis mars 1993 où 54 000 chômeurs s’étaient inscrits à l’ANPE tandis que les trois millions furent largement franchis. C’est vrai que ce chiffre de 54 000 était énorme, surtout rapporté à une population moindre. Mais c’est sur le long terme qu’il faut analyser la tendance. En 1993, année comparable à 2008 (ou 2009), avec une croissance négative de moins 1 point, le chômage avait atteint des sommets. Mais il n’est pas certains que 2008 soit moins pire que 1993 car, les méthodes de comptage ayant changé, les trois millions de 1993 ne peuvent se comparer au deux millions de sans emploi en 2008. Plus significatif est de prendre en considération d’autres chiffres, notamment ceux des travailleurs pauvres. Et puis le nombre de Rmistes (qui avait doublé entre 1990 et 1993) et surtout les données fournies par les dispositifs d’aide alimentaires qui voient les « demandeurs de la faim » s’inscrire en nombre chaque année.

En l’état actuel des chose, le chiffre du chômage monte, signalant une stagnation voire une récession de l’économie française. Ce pays a connu ça en 1993. Mais maintenant, une sorte de bataille idéologique a été paraît-il gagnée et l’opinion semble admettre qu’un travailleur pauvre, à défaut d’avoir de quoi subsister convenablement, a au moins sa dignité ; pas comme l’assisté qui roupille le matin pendant que la France de Rungis se lève tôt ; si si, c’est vrai, même que notre président est venu le constater à 6 heures du matin. Quelle signification accorder à ce chiffre shunté par les médias (aucune allusion dans l’édition du 11 heures à France Inter). Y aurait-il un « inconscient censuriel » dans les médias. Quand un SDF meurt, ça fait un titre et puis, c’est la faute à personne et bientôt, on dira que c’était le choix et le destin de ce gars qui n’a pas voulu qu’on le place en détention domiciliaire l’espace d’un soir. 46 900, ça fait peur aux classes moyennes, aux travailleurs. Il ne faut pas inquiéter les gens avec ça. En plus, les fêtes approchent. Vont pas nous gâcher Noël, ces mauvaises nouvelles ! Et surtout fâcher le président en lui envoyant le chiffre de son échec ! Est-ce là un déterminant important de cet « inconscient censuriel » ayant imprégné les médias ces dernières années.

En fait, ce chiffre devrait être l’occasion de méditer et réfléchir sur le modèle de société que nous voulons ou mieux encore, que nous pouvons construire ensemble, en revoyant le fonctionnement de la finance, la place de la technologie et le sens du travail.