58% des français soutiennent les généraux dissidents de Valeurs actuelles
L'appel des généraux à la retraite de ce 21 avril 2021 dans une tribune publiée par la revue conservatrice Valeurs actuelles restera-t-il dans les mémoires comme celui d'un autre général lancé un 18 juin depuis Londres ?
Vue l'agitation politico-médiatique et les cris d'effroi d'une bonne partie de nos élites déconnectées du peuple, on pourrait le penser. Mais la réalité est tout autre. Quelques officiers retraités ont appelé le président Macron à défendre le patriotisme, rétablir l'odre républicain, lutter contre les bandes de voyous qui pourrissent la vie des quartiers urbains. Ils ont dénoncé les séparatistes (indigénistes, communautaristes, l'UNEF et compagnie), l'éclatement de la société française et (plus inattendu) ils ont pris la défense des gilets jaunes en rappelant la répression disproportionné à leur égard.
Bon. Nous sommes loin d'un appel au coup d'état ou d'un complot à la Pinochet. Il n'est pas prévu de bombarder l'Elysée avec l'aviation chilienne, de lancer les troupes coloniales marocaines à l'assaut de la métropole avec Franco à leur tête, ni même de reconstituer l'OAS de Massu et ses petits camarades. Nos généraux reconvertis en militants politique d'ultra-droite n'ont fait que reprendre les constatations de la frange conservatrice et patriote de l'opinion publique française, dans un pays où la représentation électorale est tronquée puisque non-proportionnelle aux courants d'opinions.
Il est croustillant de constater que le passage le plus bluffant de la tribune a été peu abordé par nos médias. Le soutien des militaires aux gilets jaunes, la violence de la répression de leur mouvement (12000 arrestations, 3000 condamnations dont 1200 à de la prison ferme, des centaines de blessés graves et une douzaine de vcitimes) qui aurait donné une jaunisse à Pinochet, et surtout l'appel de ces "dissidents" au recours à... un général pour remplacer le président, tout cela a été édulcoré.
Nos élites politico-médiatiques, nos bobos bien-pensants, nos militants communautaires, nos rentiers de la bourse et de l'immobilier craignent-ils une fusion entre les gilets jaunes et l'armée ? Nous pouvons le penser face aux réactions décalées et hors propos de leurs organes de presse. Marianne y voit le retour l'OAS et le fantôme des généraux putschistes d'Alger, Regards (PS) craint un coup d'état, Mélenchon va saisir le procureur général de la république et lance des apples à la vigilance sur sa chaine youtube. Bref, la gauche libérale-libertaire reste dans le syndrôme des raccourcis historiques et du détournement de l'histoire. Des officiers qui appellent au retour à l'ordre ne peuvent être que des dictateurs et des héritiers des Franco, Pinochet, Pétain... Impossible de discuter des arguments abordés dans la tribune, sur la sécurité et l'immigration par exemple, avec les partisans du vivre-ensemble à la sauce bisounours. Ils rétorqueront qu'ils sont les plus nombreux et que les "factieux" seraient une minorité d'extrêmistes.
Mais patatras ! Voilà qu'un sondage publié par l'institut Harris à la demande de la pourtant très conformistes chaine LCI nous apprend que 58% des français approuveraient le contenu de la tribune des militaires. 49% penseraient que l'armée devrait intervenir sans l'avis du gouvernement, 73% que la pays se délitère et part en cacahouète. Ce n'est certes qu'une étude d'opinion qui n'a pas valeur de référendum, mais elle va dans le sens des réactions de nos proches, majoritairement compréhensifs envers le coup de gueule des vétérans. Une tendance qui confirme aussi les bons sondages de Marine Le Pen qui franchirait les 40% au prochain tour de la présidentielle.
Alors faut-il craindre un futur gouvernement autoritaire appuyé par l'armée ? A voir... N'oublions pas qu'au Portugal c'est justement l'armée qui a rétabli la démocratie puis qui l'a défendu il y a soixante ans. En France, c'est un militaire, le général De Gaulle, qui a rétabli la république en 1945 après avoir combattu les nazis. Fait moins connu, en 1934 le vieux maréchal Hindenburg a manqué de proclamer la loi martiale pour tenter de chasser les mêmes nazis qu'il avait lui-même fait entrer à la chancellerie. Berf, les rapports entre les armées et la politiques sont parfois complexes...
Il ne faut pas se tromper de crainte. C'est le manque de démocratie, la démagogie, la lâcheté et l'absence de patriotisme qui constituent un véritable danger, et non les diatribes de quelques vieux baroudeurs. Une logique comprise par les gilets jaunes qui aspirent autant à la justice sociale qu'au retour de l'autorité juste. Un retour à l'ordre incompréhensible pour notre bourgeoisie qui vit sur son nuage, loin des réalités de la France du XXIème siècle...
La tribune des généraux abordée par BFM-TV
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