800.000 écoliers privés de fournitures scolaires
Tandis que des centaines de milliers d’enfants abordent une nouvelle année scolaire, les écoliers de Gaza manquent cruellement de manuels et de fournitures scolaires qui seraient nécessaires à leur éducation.

Jala Halayil, un adolescent de quinze ans, élève au collège Ahmed Shawki dans la banlieue de Gaza City, ne comprend pas non plus. « Pourquoi nous refuse-t-on la possibilité d’étudier, et la possibilité de gagner plus tard notre vie ? Je n’ai pas de cahiers, et le peu de manuels scolaires que j’ai chez moi, je les utilise comme des cahiers. Je dois souvent faire appel à ma mémoire. »
Madame Adali, la directrice du collège, a montré à un journaliste de l’agence Inter Press Service (IPS) des comptes-rendus qu’elle a écrits au dos de feuilles usagées. « Les élèves ne peuvent pas faire de photocopies parce que nous n’avons pas de cartouches d’encre. Et les manuels scolaires dont nous disposons sont périmés. »
Les coupures d’électricité et les restrictions de gazole imposées par Israël font que les élèves ont de plus en plus de mal à étudier la nuit, alors que les jours diminuent. Ils n’ont rien pour s’éclairer. C’est ce que Nadia Daoud, une camarade de classe d’Halayil, a dit à ce journaliste. Elle a ajouté : « Parfois, quand nous entendons des avions israéliens voler au-dessus de nos têtes, nous avons peur qu’ils lâchent à nouveau des bombes, et c’est une autre difficulté pour étudier. De plus nous n’avons pas de cinémas pour aller nous détendre comme tous les autres élèves dans le monde peuvent le faire. »
Basil Kanua, assistant d’Oxfam pour la sécurité alimentaire à Gaza, a déclaré à IPS : « La performance des élèves de la Bande de Gaza est affectée aussi par une malnutrition chronique, ce qui provoque des anémies et des retards de croissance. Il faut y ajouter le syndrome de stress post traumatique. » De fait, Madame Adali dit que beaucoup de ses élèves sont devenus anti-sociaux et agressifs à la suite de l’opération « plomb durci » de janvier dernier.
Les salles de classe sont fortement surchargées. On voit souvent à Gaza plus de 40 élèves par classe. Les écoles dirigées par le gouvernement comme celles qui sont dirigées par l’Agence de secours des Nations Unies ont été obligées de doubler et même parfois de tripler les équipes éducatives. On sait que 56% des Gazaouites ont moins de 18 ans.
L’infrastructure du réseau éducatif de Gaza, qui était déjà poussée à ses limites, s’est trouvée encore dégradée quand Israël a bombardé des écoles. Le bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) rapporte que 18 écoles ont été anéanties et que 280 ont été endommagées.
L’American School de Gaza fait partie des écoles anéanties. Avant la guerre, c’était un centre de tranquillité et d’étude, avec des équipements sportifs, une bibliothèque et d’autres lieux de détente - une rareté à Gaza. Tout ce qui reste aujourd’hui c’est des tas de gravats, et il y a peu de chances de voir cette école reprendre ses activités dans un proche avenir.
Le rapport de l’OCHA précise : « les matériaux de construction nécessaires pour réparer les dégâts comportent 25.000 tonnes de fer et 40.000 tonnes de ciment. L’embargo sur les matériaux de construction, imposé par le blocus, empêche toute reconstruction et toute remise en état des écoles. »
Le ministre de l’Education et de l’Enseignement supérieur de Gaza a déclaré qu’il faudrait construire 105 nouvelles écoles pour faire face à l’augmentation du nombre d’élèves. Israël n’a autorisé qu’un petit nombre de camions de matériaux de construction à pénétrer à Gaza.
Les élèves qui ont pu achever leurs études à Gaza après avoir surmonté tous ces obstacles ne peuvent pas sortir pour étudier dans une université étrangère. C’est ce que dit le rapport de l’OCHA : « En plus de la restriction de matériaux, le blocus a un impact négatif sur la possibilité pour les étudiants de poursuivre leurs études dans une université étrangère. En 2008, ce sont 70 étudiants seulement qui ont quitté Gaza entre juin et septembre, laissant des centaines de leurs camarades pris au piège. »
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