« A celui qui n’a rien, la Patrie est son seul bien »
« A celui qui n'a rien, la Patrie est son seul bien », a dit Jaurès. Mais de quoi « celui qui n'a rien » peut-il donc être dépourvu ? Et de quel « bien » risque-t-on donc de le priver, en détruisant sa Nation ?
Jaurès, comme on s'imagine souvent un socialiste, pense peut-être surtout au rôle de l'institution, à son époque toujours nationale, pour équilibrer les rapports de force dans la société, et ne pas laisser « celui qui n'a rien » à la merci du fort. « N'avoir rien » serait alors être dépourvu de moyens pour se défendre, dans la rue ou dans le monde du travail.
Jaurès pense peut-être encore à la solidarité nationale, surtout par l'impôt redistributif, permettant d'apporter des aides aux plus jeunes ou plus vieux, ou à ceux qui ont été touchés par un revers de fortune. « N'avoir rien » serait alors être dépourvu des moyens de subvenir à ses besoins, ou de faire face à un acharnement du sort.
Peut-être que Jaurès n'en dit pas plus, et il aurait tort dans ce cas, car ce serait comme s'il oubliait la dimension affective de l'homme, et se focalisait seulement sur sa dimension matérielle, en ne le voyant que comme une entité matérielle dotée d'une plus ou moins grande force pour ne pas se laisser opprimer, ou dotée d'une plus ou moins grande capacité à subvenir à ses besoins matériels.
La Nation apporte peut-être aussi une fierté à celui qui n'a pas de fierté, une compagnie à celui qui est seul, une présence rassurante à celui qui a peur, de l'espoir à celui qui n'a pas d'espoir, etc... C'est pourquoi il ne faut jamais cracher sur un drapeau national, ni chercher à le souiller d'une autre manière ou à le déchirer.
Pour s'en convaincre il suffit d'écouter quelques hymnes nationaux. L'hymne national se chante. Il se chante en groupe le plus souvent. Et il parle d'un idéal, beau et pur, et remplit le cœur d'une chaleur qu'il est même difficile de décrire complètement avec des mots. Pourquoi donc l'hymne national, si la Nation n'a pas de dimension affective ou idéale ?
Un petit échantillon :
- Les USA
Mais pourquoi vouloir apporter à ceux qui ne les ont pas, la fierté, la compagnie, la sérénité, l'espoir, et toutes les autres choses qui réchauffent le coeur, par le chant en groupe d'un hymne national qui rapproche et élève vers un idéal pur, par l'humilité et la déférence collective devant un drapeau, c'est à dire d'une manière ou d'une autre, toujours par la Nation ?
Et pourquoi faut-il donc absolument frotter un bout de bois contre un autre bout de bois, pour obtenir du feu, demandait peut-être déjà au temps des hommes préhistoriques, l'ancêtre commun de tous nos contemporains qui ne trouvent jamais qu'il est bon de faire les choses comme on sait les faire, et qui voudraient toujours qu'on les fasse autrement. La manière de faire du feu importe-t-elle donc, pourvu qu'on parvienne à en faire ? Et ne devrait-on pas être heureux de connaitre déjà, au moins une manière de faire naitre une flamme ?
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