A cette machine infernale
Je n’ai jamais apprécié le travail de Jean Luc Mélenchon. Il est, à mes yeux, le symbole de la « gauche de la gauche » : son alliance avec le NPA de Besancenot fait peur. Si les communistes sont de retour, c’est à cause de lui. Son discours est radical et ses idées conduiraient notre pays à la faillite. Mais Jean-Luc Mélenchon est un très bon orateur. Au PS, il diffusait ses idées avec une telle conviction et confiance qu’on était prêt à y croire. Si je ne rejoins Mélenchon sur aucune de ses idées, je me permets cependant de le saluer pour avoir traité un journaliste de « petite cervelle », de ne pas s’en excuser, et d’ouvrir une réflexion sur la place des médias dans notre pays.
Comme lui, je suis en colère contre cette institution qui nous manipule et formate la politique française. En colère parce-que chaque matin leur seule envie, c’est de vendre au maximum. Et, pour vendre, il faut analyser la politique sous un angle people. La réforme des retraites à lieu ? Qu’importe. Mieux vaut faire la une sur la rumeur au sujet de Sarkozy Bruni. Haïti souffre terriblement après le passage d’un séisme ? Haïti n’intéresse plus : faisons plutôt la une sur l’affaire Clearstream.
A la place du Président, j’aurais peur. Peur de l’opposition parce-qu’elle se refait une santé sur le dos des mauvais sondages de ce dernier (alors qu’on oublie que ses rares fois au pouvoir, sous la Vème république, furent une catastrophe). Peur des syndicats parce-qu’ils ne représentent pas plus de 10% de la masse salariale du pays et qu’il peuvent, rien qu’avec ça, paralyser le pays et nous faire croire que la situation des cheminots reflète le malheur du pays. Et peur des médias parce que, sans eux, opposants et syndicats ne prendraient pas une telle place. Peur, donc, d’être à la place du président car, en dépit de ses promesses, se rend compte qu’il est difficile de manœuvrer ses chantiers. Non pas à cause des Français. Mais à cause de ces trois institutions : l’une qui va jusqu’à critiquer ses tics, l’autre qui se fait une politique d’immigration sur mesure (du jamais vu chez un syndicat auparavant), sans oublier celle qui défraye la chronique avec des polémique inutiles qui amusent avant le cercle journalistique.
A propos de chroniques, parlons de ces chroniqueurs qui collent cette sale image aux médias. Aphatie, Duhamel, Barbier… Vous savez ce qu’en pensent les Français de vos chroniques ? Qu’est-ce-qu’elle en a à foutre la femme de ménage qui bosse du matin au soir pour finir le mois de vos théories à deux balles sur l’avenir de la Vème République, rédigées confortablement la veille depuis votre rédaction ? Qu’en a à cirer le cadre sup’ qui a pris suffisamment de recul par rapport à vos imbécilités – je ne dis pas que seuls les cadres sup’ savent prendre du recul, c’est simplement qu’en caricaturant, mon message est mieux compris – à vous entendre refaire le monde ? Sans doute vous reste-t-il les bobos. Sans doute vous écoutent-ils bêtement et balancent vos conneries lors de diners mondains.
A Duhamel, Barbier et autres, avez-vous vu la vidéo du Post sur vos faux pronostics à la veille des régionales, lors de votre passage au Grand Journal ? La politique, c’est n’est pas du foot. Mais vous avez fait de la politique un jeu, vous avez épuisé toutes ses cartouches que c’est devenu, comme le foot, un jeu lassant. Je suis d’ailleurs étonné de voir qu’aucun d’entre vous n’ait réagit à cette vidéo. Etonné, ai-je dit ? Je ne devrais pas l’être, vous me direz. Vous vous sentez tellement poussé des ailes, qu’on ne peut même plus vous critiquer. Si on vous demandait ce qu’ont de révélateur vos faux pronostics, vous vous tordriez le cou à nous faire digérer une justification digne du VIème arrondissement.
A force de vous critiquer, il a fallu faire les victimes. Plenel en est sans doute le porte-drapeau : attention ! notre liberté d’expression est en danger ! Mais remettez-vous en question ! N’êtes-vous plutôt pas tombé dans le piège que le président vous a tendu en vous provoquant à juste titre ? Ouvre les yeux, Edwy ! Le nombre de fois où vous avez critiqué le président, vous vous sentez vraiment en danger ? Alors qu’en Chine le rédacteur en chef est le premier ministre ou qu’en Iran on brouille les ondes des médias étrangers ? Vous vous plaignez parce que votre journal est entre les mains d’un grand groupe industriel dont le PDG est proche du pouvoir ? C’est de votre faute si vous publiez toujours les mêmes scoops et polémiques, c’est de votre faute si vous n’avez pas su recycler votre modèle (vu que vous êtes irréprochable) et l’adapter à nos exigences. Votre journal est avant tout une entreprise et, sans fonds, elle ne peut fonctionner. Mais, vu que, pour la plupart, vous ne connaissez pas le monde de l’entreprise ou vous vous considérez supérieur à cette masse-là, vous vous révoltez. Quitte à accepter des subventions de l’Etat, sans pour autant les médiatiser, car cela fausserait tout votre discours sur votre soif pour l’indépendance. C’est ce qu’on appelle de la malhonnêteté mais ce serait inimaginable que vous le reconnaissiez.
Les politiques sont devenus vos ennemis pour leur boulot mais vos amis parce-que vous vous faites du lèche-bottes mutuel. Mais, comme on dit, les bons comptes font les bons amis.
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