La poésie n'est pas un langage ordinaire et banal...
La poésie est la création littéraire par excellence : le mot vient d'un verbe grec, poiein qui signifie "créer"...La poésie permet, en effet, de créer, de recréer un langage différent , un langage qui fait intervenir des images, des comparaisons, des sensations, une harmonie sonore..C'est le genre littéraire le plus ancien puisque les épopées à l'origine même de notre littérature, l'Iliade et l'Odyssée étaient écrites en vers....
La poésie était dès l'antiquité associée à la musique : elle était souvent déclamée avec accompagnement d'un instrument, la lyre...On constate d'ailleurs que de nombreux poèmes ont été mis en musique. Brassens a repris des textes d'Aragon, de Villon, Lamartine, Hugo....
Ce genre littéraire fait donc appel à l'harmonie du langage et des sons... il fait rêver et comme la peinture, il permet d'éclairer le monde d'un jour nouveau... Il nous fait redécouvrir un paysage, une fleur, un sentiment...
La poésie est aussi constituée de rythmes : elle fait souvent intervenir des vers qui par leur retour régulier créent un balancement, une harmonie...
Elle est est liée à l'idée de beauté, beauté des images, des sonorités, des sujets traités : l'amour, la nature, un coucher de soleil, mais elle peut évoquer aussi les horreurs de ce monde pour les dénoncer ou pour en montrer une forme de beauté cachée, invisible...
La poésie prend différentes formes : elle peut être poème en prose, calligramme, structure très stricte, comme le sonnet, la ballade, ou beaucoup plus libre avec des vers irréguliers...
Genre protéiforme, la poésie est faite pour enchanter le monde, mais elle peut aussi nous inviter à la réflexion : la fable est aussi écrite en vers et La Fontaine excelle dans l'art de raconter mais aussi de dégager des leçons de morale....
La poésie nous introduit dans un univers différent du monde quotidien, elle nous ouvre des horizons nouveaux, nous transporte dans une harmonie de sons, de couleurs, de sensations....
De nombreux procédés de style permettent de renouveler le langage et de créer un sens nouveau : les comparaisons ,les métaphores,les périphrases, les personnifications, les oxymores.
La poésie d'abord codifiée par des règles très strictes a évolué au fil du temps vers plus de liberté, de souplesse.
La poésie reliée à la peinture, à la musique est un art complet, un univers de sensations variées qui permettent de s'évader ou de rejoindre l'harmonie même du monde...
Un coucher de soleil suffit à Victor Hugo pour évoquer le thème mélancolique de la fuite du temps ; l'occasion pour le poète de nous faire percevoir des tableaux de lumières ou d'obscurité : soleil déclinant, aurore, nuit ...
Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées.
Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit ;
Puis l'aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ;
Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit !
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je ne sais pas si la poésie résiste à la traduction : de beaux vers d’Homère restent superbes après avoir été traduits : restitution des images, des sensations....
La poésie est l’art du Verbe. Depuis St.Jean, nous savons que le verbe est Dieu et vice-versa. Il n’y a que le verbe qui donne le droit, celui qui ne le possède pas n’a aucun droit. En premier lieu, le droit de posséder, la possession est assurée par le Verbe. C’est pourquoi les animaux et les morts ne peuvent posséder.
La poésie, c’est le verbe qui vient du coeur. Nous sommes tous plus poètes que ce que l’on croit. Quand vous êtes en colere, vous êtes dans l’état de créativité poétique : vous crachez les jurons et les insultes. Vous y exprimez intensément votre rage, le verbe haut, la bave aux lèvres : peut-être les moments les plus créatifs pour nombre d’entre nous.
La poésie ne nous rend pas meilleur, ni pire d’ailleurs. Un poète n’est pas forcément quelqu’un de fréquentable, il parait même qu’il pue des pieds .... Plus une poésie nous interpelle, plus on doit se méfier du poète. Ce sont des gens dangereux, les poètes. Tous les dictateurs en sont.
Noodles, je vous remercie du compliment. J’ai été un vrai poète dans mon adolescence, mais pas en français. J’ai appris le pouvoir des mots à travers ça. Le papier supporte tout, le régime du socialisme triomphant dans lequel j’ai grandi, beaucoup moins. En arrivant en France, je n’ai pas pu donner libre cours à ma liberté nouvellement acquise, en effet, je ne maitrisais pas la langue. Avec l’âge, on accumule la connaissance, mais la poésie s’en va. La jeunesse, c’est l’inconscience poétique et la vieillesse, c’est la sagesse prosaique.
- >Deneb, Je mesure, d’après ce que vous dites, ce que cela vous a coûté d’arriver à ce niveau élevé de langue, et l’errance forcée qui a précédé tout ça . Sans doute. Tant pis alors pour le Rimbaud qui vous habitait à l’âge de quinze ans, et vive l’homme sage. En cela, même un destin moins heurté mène, lui aussi, la plupart d’entre nous à ce dernier état ...et c’est encore une chance ! n’ayez donc pas de regret.
Brassens était indiscutablement un danger pour la bienséance. Quand je pense à Fernande .... il était grivois, bouffeur de curés, antimilitariste et anti-flics, anarchiste, mais surtout un rigolard - dangereux pour le pouvoir qui a dû, vu sa grande popularite, avaler des couleuvres à s’étrangler avec. Il a contribué à rendre les français encore plus insoumis qu’ils l’étaient déjà, je suis d’ailleurs très étonné qu’il ait quand même réussi à s’imposer, dans bien d’autres pays ça se réglerait vite fait bien fait à la Kalachnikov.
Le partage et la générosité ce ne sont pas les valeurs d’aujourd’hui. On a même une loi, HADOPI, pour empêcher les gens de partager. Quant à la générosité, elle n’est pas économiquement correcte et nuisible à la réussite individuelle. Puis, Brassens, quant il chante qu’un Auvergnat lui a souri d’un air malhereux lorsque les gendarmes l’ont embarqué, il n’est pas loin de prôner la désobéissance civile. Et dire qu’il y a des écoles qui portent son nom ! Va comprendre...
— Comme son souffle rythme sa vie, la pensée du poète
rythme sa parole. Il choisit ses mots avec le souci d’en
communiquer précisément le sens, en grande partie grâce au rythme
que chacune de leurs syllabes et intonations lui insufflent. Ses
sentiments lui inspirent un chant fait tout autant d’une mélodie
que de paroles. Qu’il s’agisse de sanglots ou de rires, cette
aubade enchaînant les vers et les strophes est son vrai dire. C’est
elle, dans son tout, qui sait nous séduire. En poésie plus
qu’ailleurs la plus belle image, la plus inventive, perd son charme
en l’absence de rythme. À l’inverse, il arrive que son rythme
sauve un texte banal.
FRANCIS PONGE EMISSION DE POESIE DE CE JOUR 16H50 SUR FRANCE CULTURE
9 août 1940 — Le soir.
Non
Décidément, il faut que je revienne au plaisir du bois de pins.
De quoi est-il fait, ce plaisir ? — Principalement de ceci : le bois de pins
est une pièce de la nature, faite d’arbres tous d’une espèce nettement définie
; pièce bien délimitée, généralement assez déserte, où l’on trouve abri contre
le soleil, contre le vent, contre la visibilité ; mais abri non absolu, non par
isolement. Non ! C’est un abri relatif. Un abri non cachottier, un abri non
mesquin, un abri noble.
C’est un endroit aussi (ceci est particulier aux bois de pins) où l’on évolue à
l’aise, sans taillis, sans branchages à hauteur d’homme, où l’on peut s’étendre
à sec, et sans mollesse, mais assez confortablement.
Chaque bois de pins est comme un sanatorium naturel, aussi un salon de
musique... une chambre, une vaste cathédrale de méditation (une cathédrale
sans chaire, par bonheur) ouverte à tous les vents, mais par tant de portes que
c’est comme si elles étaient fermées. Car ils y hésitent.
0 respectables colonnes, mâts séniles ! Colonnes âgées, temple de la caducité.
Rien de riant, mais quel confort salubre, quelle températion des éléments, quel
salon de musique sobrement parfumé, sobrement adorné, bien fait pour la
promenade sérieuse et la méditation.
Tout y est fait, sans excès, pour laisser l’homme à lui seul. La végétation,
l’animation y sont reléguées dans les hauteurs. Rien pour distraire le regard.
Tout pour l’endormir, par cette multiplication de colonnes semblables. Point
d’anecdotes. Tout y décourage la curiosité. Mais tout cela presque sans le
vouloir, et au milieu de la nature, sans séparation tranchée, sans volonté
d’isolation, sans grands gestes, sans heurts.
Par-ci, par-là, un rocher solitaire aggrave encore le caractère de cette
solitude, force au sérieux.
O
sanatorium naturel, cathédrale heureusement sans
chaire, salon de musique où elle est si ( discrète (
douce et reléguée
dans les hauteurs (à la fois si sauvage et si délicate), salon de musique ou
de méditation — lieu fait pour laisser l’homme seul au milieu de la nature, à
ses pensées, à poursuivre une pensée...
... Pour te rendre ta politesse, pour imiter ta délicatesse, ton tact
(instinctivement je suis ainsi)
je ne développerai à ton intérieur aucune pensée qui te soit étrangère, c’est
sur toi que je méditerai :
« Temple de la caducité, etc. »
« Je crois que je commence à me rendre compte du plaisir propre aux bois de
pins. »Francis Ponge, Le carnet du bois de pins, La
rage de l’ expression Mermod 1952.
Ponge nous fait redécouvrir le monde...mais ce n’est pas un de mes poèmes préférés de Ponge...
J’aime celui là :
Si je m’en frotte les mains, le savon écume, jubile...
Plus il les rend complaisantes, souples,
liantes, ductiles, plus il bave, plus
sa rage devient volumineuse et nacrée...
Pierre magique !
Plus il forme avec l’air et l’eau
des grappes explosives de raisins
parfumés...
L’eau, l’air et le savon
se chevauchent, jouent
à saute-mouton, forment des
combinaisons moins chimiques que
physiques, gymnastiques, acrobatiques...
Rhétoriques ?
Il y a beaucoup à dire à propos du savon. Exactement tout ce qu’il raconte de lui-même jusqu’à la disparition complète, épuisement du sujet. Voilà l’objet même qui me convient.
Le savon a beaucoup à dire. Qu’il le dise avec volubilité, enthousiasme. Quand il a fini de le dire, il n’existe plus.
P... ! Y’’en a un qui m’a énervé en tapant sur Georges Brassens, ce formidable bonhomme à la fois desespéré et joyeux ...Il y a peu, je suis retourné à Sète et je suis ressorti de l’espace Georges Brassens l’oeil humide, une fois de plus.