A la découverte du suceur de roues
On continue notre plongée fascinante dans le monde de la grande entreprise en nous intéressant aujourd’hui à un employé un peu étrange.
Pour mieux le comprendre, rien ne vaut une bonne image sportive. Appelons-le donc, le suceur de roues.
Espèce particulièrement représentée chez les cadres médiocres, le suceur de roues se nourrit des autres. A l'instar du cycliste peinant dans la côte de l'intellect, et se raccrochant au wagon prometteur d'une pensée supérieure, le suceur de roues est un suiveur qui n'a pour autre horizon que l'arrière train d'un autre collaborateur. On aurait pu lui pardonner si cela avait été l’arrière-train de la blonde du 26ème, mais non.
Etant parfaitement conscient de son inutilité, ce cadre médiocre ne peut s’épanouir que dans un environnement où la compétence n’est pas une valeur recherchée, l’entreprise du XXIème siècle devient alors son eldorado.
A quoi reconnaît-on un suceur de roues ?
Le suceur de roues est prévisible, et donc facilement détectable. Son mode de fonctionnement est basique. Il tient en une phrase : « Le plus haut gradé a toujours raison ». Le suceur de roues n’a pas d’idée, d’ailleurs même s’il en croisait une par hasard, il ne saurait pas la reconnaître – myope qu’il est à toute forme de nouveauté. Le suceur de roues sait qu’il est médiocre (bien qu’il ne le reconnaîtra jamais, un peu comme Virenque ne reconnaîtra jamais que son urine est plus proche du bleu de méthylène que d’un liquide purement organique), il ne se fait pas non plus d’illusion sur la façon de réussir dans son cas. C’est le Douste-Blazie de l’entreprise.
Avec qui le suceur de roues traîne-t-il ?
Il se déplace en bande organisée, en peloton devrait-on dire. Mais, il ne se sent jamais mieux que quand il est seul avec un gourou, preuve qu'il s'est 'extirpé' du peloton à la force de l’œuf-mollet qui lui sert de cervelle.
Le « suceur de roues » aime le gourou, cela lui donne une caution, qu’il ne peut prétendre avoir par ailleurs. En accompagnant le gourou partout et en répétant tel un perroquet ses fines paroles, le suceur de roues se donne de la hauteur, il a l’impression de faire vivre les idées du gourou à travers lui. Il fait partie des plus fidèles adeptes du gourou. Il lui voue même un culte dans une sorte de relation gagnant-gagnant où seule l’intelligence ne fait pas partie des vainqueurs.
A quoi sert le suceur de roues ?
Apparemment, à rien.
Cependant, le suceur de roues ne survit que parce qu'il renforce, légitime et couvre les autres suceurs de roues. Derrière des sourires entendus, façon "je comprends que tu comprends ce que je comprends", se cache un vulgaire "je sais que tu sais que je sais que tu fais semblant".
A qui sert le suceur de roues ?
Principalement à son alter ego, si l'on en reste à l'aspect quantitatif de la relation. Si l'on raisonne au niveau du système, le suceur de roues a pour fonction d'élever le niveau général de l'entreprise, au sens où il permet au "juste médiocre" d'apparaître disons "sans effort", ce qui en langage gouroucien pourrait signifier divin. Le suceur de roues permet donc au médiocre de briller à peu de frais, et c'est en cela qu'il est assuré, statistiquement, de faire carrière.
Pour conclure, nous dirons que le suceur de roues est un sacré lèche-cul. Accessoirement, il suce bien. Quand c’est une femme, il lui arrive de se reconvertir en salope adepte de la promotion canapé, lorsqu’elle comprend que le gourou ne fera jamais progresser sa carrière.
C’est une sorte d’upgrade, ou d’évolution comme on dirait chez les Pokemons.
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