A la recherche des Résistants de Saint Laurent du Pape
La France de 1939 vaincue par l'Allemagne, libérée par les Anglais et les Américains, avec la participation de la Résistance dès l'appel du 18 juin du Génaral De Gaulle, Paris s'est libéré avant l'arrivée de la 2e DB de Leclerc. Sans la Résistance nous serions restés sous la domination de nos chers alliés que nous gouvernants avaient trahis avec Pétain.
Des milliers de villages et de villes ont eu leurs Résistants. C'est un devoir de mémoire de les évoquer, je le fais pour mon village du temps toujours regretté de l'enfance.
78 années se sont écoulées, et il est déjà tard pour éviter l’oubli. Les souvenirs des presque centenaires ou plus deviennent essentiels
Quelques personnes se souviennent s’étant trouvés concernés. Annie Saint André, fille de Jean Picq se souvient des départs nocturnes de son père, qui ne disait pas où il allait. Il a fallu attendre la Libération pour savoir qu’il allait détruire des voies de chemin, de fer pour retarder les transports allemands de troupes, d’armes et de munitions. Saint Laurent du Pape fut occupé par les allemands lorsque fut supprimée la ligne de démarcation le 11 novembre 1942. Tout le monde a lu des récits de la bataille du rail, dirigée par des cheminots.
Les résistants n’étaient pas identifiés comme tels dans leur village. A Saint Laurent on ne savait pas qu ’Alfred Arnaud, directeur de l’école publique, était capitaine du maquis, et avait pendant des vacances d’été, participé à la guerre d’Espagne contre un autre fasciste, Franco. A St Laurent il s’occupait du ravitaillement du maquis à partir de Royas, sur la montagne où il allait avec sa bicyclette après sa classe, et les jours de congé.
Les résistants opéraient pas très loin du village au château d’Hauteville, où les FFI d’abord puis les FTP, avaient leur quartier général. Une croix rouge sur le toit du château suggérait un centre de soins (hôpital sanatorium). Ceux là n’allaient pas jusqu’à la place du village, ils auraient été reconnus, ils risquaient des dénonciations, les « collabos » du régime de Vichy étaient partout.
Ils avaient faux noms et fausses cartes d’identité, pour protéger leur famille s’ils étaient pris. J’habitais à côté du château où mon père était ouvrier agricole, les patrons habitaient Paris et ne venaient pas. Un maquisard qui disait s’appeler Soulier, me posait, gamin, sur le réservoir de sa moto et allait lentement tourner jusqu’ à la place de la mairie école. Mon père que tout le monde connaissait allait jusqu’au laitier en vélo, le pot pendu au guidon. Il pouvait observer sans être soupçonné. Il voyait nos maquisards tous les jours. Voir les pages consacrées à la résistance à Hauteville ici : https://www.thebookedition.com/fr/tu-vois-je-n-ai-pas-oublie-p-386338.html
« Tu vois je n’ai pas oublié jean mourot thebookedition agoravox »
André Robert, résistant Franc tireur Partisan (FTP) de Saint Laurent du Pape a été tué à Dornas près du Cheylard le 5 juillet 1944.
Paul Chaudier, maquisard FTP aux côtés du capitaine Arnaud, vivait au dessus de Royas, à la ferme du Capet, et s’occupait surtout des parachutages, sur le plateau. On voit encore aujourd’hui là haut la « maison du maquis »
A Saint Laurent du Pape et autour sévissait un triste personnage, dénonciateur et assassin de maquisards :Coissieu. Il a été fusillé sur la place par trois maquisards du coin. Justice est faite.
Delarbre et des jeunes copains maquisards de Saint Fortunat, tout à fait inexpérimentés, ont raté leur coup : Ils savaient qu’un Allemand était dans le car Fayard et allait descendre sur la place. Ils l’ont bien mitraillé mais manqué, l’Allemand qui connaissait les lieux à l’inverse des maquisards de St Fortunat, s’est engouffré dans un canal remontant jusqu’au Bousquet. Pas vu, pas pris.
La wehrmacht ne s’en est pas prise à la population, - nous n’avions pas les SS, contrairement à ce qui a été fait ailleurs, par exemple au village des Crottes rive droite de la rivière ardèche ou encore à Oradour sur Glane.
Triste : un maquisard de St Laurent dont je ne connais pas le nom a été blessé en s’enfuyant dans les vignes. L’infirmière du village, Marie Faugier, est partie à sa recherche. Trop tard, il avait perdu tout son sang. Pour notre liberté, Saint Laurent a son soldat inconnu.
En zone libre, dès 1940, Pétain avait importé du Reich le « service du travail « pour former la jeunesse allemande , dès 1935. En zone libre , en France, il y eut donc dès 1940 ce que l’occupant appelait « le service du travail français », et Pétain « les chantiers de jeunesse », obligatoires pour les non juifs de 18 ans, interdits aux juifs. Des travaux d’intérêt local, mais surtout des actions « éducatives » d’endoctrinement à l’idéologie pétainiste, à la « régénération française ». Des aumoniers veillaient à la pratique religieuse chrétienne.
Charles Bosviel qui vient d’avoir 100 ans n’est pas resté au chantier, il a « déserté » me dit-il, est parti en Savoie travailler dans une ferme, chez son oncle. En 1945 il a rejoint l’armée de De Lattre de Tassigny et a poursuivi les allemands en déroute jusqu’à Berlin.
Finalement on les a eus !
Claude Barratier
17 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON