A la vieille de son Congrès, les handicaps du PS...
Le Congrès du PS à Reims s’annonce comme un Congrès à très haut risque pour son unité. Pour ma part, je ne suis guère surpris car c’est la simple conséquence d’une double absence d’adaptation du Parti socialiste : adaptation aux institutions de
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Tout d’abord, le manque d’adaptation aux institutions de
Le PS ne s’en cache pas, c’est d’abord un parti parlementaire. Le problème c’est que sa conception date et qu’il n’a jamais vraiment intégré dans son fonctionnement et ses réflexions les conséquences des institutions de
Tolérant toujours les courants en son sein, source de chapelle et de rivalité de personnes, il en est donc resté à privilégier la confrontation d’idées entre ses courants. Dès lors, les institutions de
Au final, le candidat PS à la présidentielle doit jongler, devant les Français entre ses propres convictions et la « synthèse » officielle sous l’étroite surveillance des gardiens du temple du parti. Et gare au candidat s’il s’en éloigne ! Bref la machine à perdre du PS est en marche.
Et qu’on ne vienne pas m’opposer le cas de François Mitterrand. En 1971, lors du Congrès d’Epinay, s’est-il soucié des courants pour prendre d’assaut les ruines de l’ex-SFIO et présenter sa candidature en
En parallèle, le Parti socialiste s’est avéré un puissant parti d’élus locaux au fil de la décentralisation. En ce sens, il a été plus performant que la droite républicaine. Mais cet atout indéniable et remarquable au niveau local a engendré des baronnies (les éléphants) qui étouffent l’appareil et s’avèrent aussi comme un handicap au niveau national du fait de l’organisation en courant ou chacun peut trouver sa place et promouvoir son influence au détriment de l’unité du parti. Ce fait ne favorise guère, de plus, la promotion de jeunes talents. Alors le PS, parti d’élus et de barons locaux ou parti de militants ? Le PS, parti directif des caciques ou parti de débats participatifs avec les militants ? A cet égard, le clivage entre Ségolène Royal et les autres leaders des motions est bien présent.
Aujourd’hui, avec ce système, nous assistons à un triste spectacle qui ne rend pas service au PS et à des alliances qui laissent rêveur. Ainsi autour de Martine Aubry, où l’on voit les fabusiens faire alliance avec les strauss-kahniens (alors que tout les sépare) dans le but unique de contrer Delanoë ou Royal dans leur objectif de prendre le parti et permettre ainsi à Laurent Fabius ou à Dominique Strauss-Kahn de rester dans la course à la présidentielle de 2012. Et ce spectacle risque de ne pas s’améliorer si aucune motion n’obtient, ce qui est probable, la majorité. Nous allons dès lors assister à des tractations et des compromissions qui risquent de laisser des traces.
Le deuxième manque d’adaptation touche aux valeurs et aux idées que le Parti socialiste souhaite représenter et promouvoir
Depuis le Congrès de Tours en 1920, le socialisme à la française a-t-il vraiment évolué ? Au risque de provoquer, j’ai envie de dire non. Certes, dans ses dernières réflexions, la notion de parti révolutionnaire a disparu, mais du bout des lèvres. Certes, le PS accepte l’économie de marché, mais là encore du bout des lèvres.
Alors que la totalité des Partis socialistes européens ont fait depuis de nombreuses années leur aggiornamento idéologique et une mise au clair de leurs alliances, le PS français peine, hésite, tergiverse. La sévère défaite de Jospin puis de Ségolène Royal aux élections présidentielles ont été autant d’occasions manquées. Aujourd’hui, la grave crise financière mondiale offre une opportunité extraordinaire de réflexions idéologiques. Pourtant, aucune motion présentée au vote des militants socialistes n’a fait l’objet d’une mise à jour alors qu’elles sont devenues caduques économiquement. Le PS donne l’image d’un parti dépassé et incapable d’évoluer.
Pourtant, la mondialisation qu’on veuille ou non est un fait de même que les pays émergents et la concurrence économique qu’ils engendrent. La conception d’un monde bipolaire a fait la place à un monde multipolaire. Le PS commence à admettre qu’on ne peut distribuer de la richesse avant de la créer. Mais qu’elle est dure cette prise de conscience surtout quand on a à l’esprit la crainte perpétuelle d’être débordé sur sa gauche comme au bon vieux temps de la lutte des classes. L’Europe fait toujours l’objet de clivages importants au sein du PS et un grand parti ne peut se permettre aujourd’hui un tel handicap. Il en est de même sur des sujets essentiels comme le rôle de l’Etat, l’immigration et l’intégration, la fiscalité, la politique sociale et le choix de ce qui doit dépendre de la solidarité et de l’assurance.
La gauche et le PS ont permis de grandes conquêtes sociales. Je crois que celles auxquelles aspirent nos concitoyens ne sont plus du même type que celles du XXe siècle. Aujourd’hui, elles pourraient s’appeler : formation professionnelle continue tout au long de sa vie avec la liberté de construire son parcours professionnel, liberté de choisir le moment de son départ à la retraite avec des moyens décents, environnement et qualité de vie, résorption de la pauvreté, sécurité des biens et des personnes, juste répartition des bénéfices de la croissance lorsqu’elle existe entre le capital et le travail, profiter des nouvelles technologies.
Vouloir ces nouvelles conquêtes nécessite d’accéder au pouvoir. La conception actuelle de ses alliances fait débat. Le PS est toujours tenté de s’allier avec ses partenaires classiques : le Parti communiste et les Verts. Il y est tenté parce que cela fonctionne encore assez bien dans beaucoup de collectivités locales. Et on en revient au poids des élus locaux dans la stratégie du parti. Mais ce qui marche au niveau local parce qu’on s’appuie plus sur des femmes et des hommes que sur des idées, marche-t-il aussi au niveau national. Je ne pense pas. Le PS peut-il se permettre de s’appuyer encore sur un Parti communiste qui ne fait même pas 2 % aux dernières présidentielles ou sur des Verts dont la conception de l’écologie politique est complètement dépassée ou doit-il s’allier avec le centre gauche de François Bayrou. Je ne suis ni socialiste ni au MoDem, mais la réponse me paraît évidente. Pourtant, la vieille théorie qui veut que l’on doit prendre le parti sur sa gauche ne laisse guère le choix pour les candidats au poste de 1er secrétaire. Et puis Bayrou en 2012 sera un adversaire. Alors qui prendra le risque ?
A ne pas vouloir avoir le courage d’adapter ses idéaux au monde du XXIe siècle, à ne pas vouloir s’adapter aux institutions de
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