À mon article sur la bataille des champs catalauniques, Mme la Ministre, répondez...
Holà, Madame la Ministre, ne me dites pas qu'il y a des problèmes plus urgents ! Votre combat ou, tout au moins, le combat de votre ministère pour promouvoir une origine de notre Histoire sur le site pelé du mont Beuvray, je dis bien, Mme la Ministre de la Culture, sur ce mont pelé de simples constructions en bois, ce combat, vous l'avez perdu. Reconnaissez-le ! Les ministres qui vous ont précédée n'ont pas voulu convoquer un groupe de latinistes pour vérifier les traductions des textes antiques. Il s'agit là d'une faute grave à la limite de la forfaiture. Votre directeur du patrimoine m'a invité pour que les archéologues viennent me convaincre. Non, Mme la Ministre, je refuse toute concession. Et ceci pour la mémoire de tous ceux qui, sur ce sol gaulois, sont morts au combat.
Suite à mon dernier article (1) et en complément, relisez Jordanès et son histoire des Goths. Relisez le récit qu'il fait de cette gigantesque bataille qui vit s'affronter les plus valeureux de notre Nation et qui se termina par la fuite d'Attila ! Ces dizaines de milliers de combattants étaient venus là, prenant position en bas des pentes que domine l'ancien château-fort de Taisey. Les uns, dans la vallée de la Thalie, en protection de la ville, sous le commandement du dernier des Romains, Aetius, de l'Arverne Avitus, de Théodoric, roi des Goths et de Sangiban, roi des Alains ; les autres, dans la vallée de l'Orbize, sous le commandement d'Attila... tous prêts à gravir les pentes pour y trouver la mort, ou la victoire. Relisez mon précédent article où j'explique le déroulement des combats sur le champ de bataille enfin retrouvé (1). Jordanès décrit les lieux. En descendant du nord vers Chalon, la grande plaine se redresse en pente inclinée jusqu'à un mamelon faisant petite montagne. En bas des pentes, côté Chalon, Aetius, dans la vallée de la Thalie, de l'autre côté, dans la vallée de l'Orbize, Attila. Au bout du mamelon, sur le point le plus élevé : la forteresse de Taisey.
Dans le texte latin, Jordanès ne dit pas que ce point élevé était inoccupé comme le disent les traductions, ce qui serait absurde, vu que c'est là que se dressait le château-fort, ce qu'il sait très bien mais qu'il oublie de nous dire. Il dit seulement que le lieu n'avait pas encore été disputé. Bref, c'est Attila qui prit l'initiative d'attaquer la position, peut-être de nuit, peut-être en espérant s'en emparer par surprise. Pris entre deux feux, il a dû en laisser des plumes. Premier échec et gros coup au moral de ses troupes.
Je recite Jordanès (traduction du site de Ph. Remacle) : Bataille terrible, complexe, furieuse, opiniâtre, et comme on n'en avait jamais vu de pareille nulle part. De tels exploits y furent faits, à ce qu'on rapporte, que le brave qui se trouva privé de ce merveilleux spectacle ne put rien voir de semblable durant sa vie : car, s'il faut en croire les vieillards, un petit ruisseau de cette plaine, qui coule dans un lit peu profond, s'enfla tellement, non par la pluie, comme il lui arrivait quelquefois, mais par le sang des mourants, que, grossi outre mesure par ces flots d'une nouvelle sorte, il devint un torrent impétueux qui roula du sang ; en sorte que les blessés qu'amena sur ses bords une soif ardente y puisèrent une eau mêlée de débris humains, et se virent forcés, par une déplorable nécessité, de souiller leurs lèvres du sang que venaient de répandre ceux que le fer avait frappés.
Récit légendaire a-t-on dit. Pas sûr ! Quel est ce petit ruisseau ?
Il existait encore au siècle dernier, avant que les lotissements ne le fassent disparaître. Il descendait du milieu du plateau - le mot latin "campus" n'a pas le sens restrictif de plaine, mais de terrain plat et dégagé, ce qui peut très bien désigner un plateau. Ce ruisseau alimentait un petit lac qui, ensuite, alimentait les fossés de la forteresse.
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Ce lac, le voici, tel qu'il devait être avant la construction du château versaillais. Au fond et à droite, on devine le passage par lequel il devait s'écouler jusqu'aux fossés du château-fort en léger contre-bas. De toute évidence, ii devait exister une sorte d'écluse qui permettait de mesurer la quantité d'eau à envoyer tout en l'économisant.
Nous sommes là, au coeur du combat, combats terribles, sanglants, jusque dans l'eau où les plus forts poussaient les vaincus ensanglantés. Serait-ce le nombre des morts qui aurait fait monter le niveau du lac jusqu'à le faire déborder ? jusqu'à y faire couler le sang dans les fossés du château-fort. Des fouilles archéologiques nous donneront peut-être l'explication. De quand date le tunnel que l'on devine sur la photo ? car s'il n'existait, à cette époque, qu'un fossé de là à la forteresse, on devine que l'écluse s'est rompue dans la fureur des combats et que le lac se vidant, le ruisseau soit devenu "torrent" jusqu'à charrier le corps des morts et des mourants.
Taisey, le site que les archéologues ne veulent pas voir.
Or, cette bataille des champs catalauniques n'est pas la première, une autre l'a précédée, entre l'armée gauloise de Tetricus et l'empereur romain Aurélien ; et encore une autre, entre l'armée éduenne et celle de Tetricus, et peut-être d'autres encore.
Madame la Ministre, notre culture ne nous vient pas des chasseurs-ceuilleurs du Morvan mais du Proche-Orient. Et cette culture, c'est à Chalon-sur-Saône qu'elle a débarqué pour s'installer, en position forte et en base de rayonnement sur la hauteur de Taisey. Notre capitale antique, c'est Taisey ! et même le Mont-Saint-Vincent où je situe Bibracte, n'est que la forteresse seconde que citent César et Strabon ; la cité éduenne et sa forteresse première, c'est Taisey.
Tout cela, je l'ai écrit, dans mes ouvrages et dans mes articles publiés sur Agoravox.
Madame la Ministre de la Culture, assumez vos responsabilités !
Emile Mourey, 6 septembre 2020
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