À Nice, notre erreur est de n’avoir pas « penser l’ennemi »
Question : y a-t-il eu faute du pouvoir central ou faute du pouvoir local ? Réponse : des deux, ou plutôt faute de tous, à tous les niveaux, y compris des intellectuels, y compris des médias. Ceux qui dénoncent les failles, maintenant, auraient mieux fait d'alerter, avant.
Je sors d'une grande école militaire et ce n'est que lors d'un stage dans le centre plus ou moins légal d'Arzew que l'on a commencé à m'apprendre vraiment à "penser" l'adversaire en guerre subversive ; non pas dans les premiers centres où l'interrogatoire "musclé" était toléré pour obtenir le "renseignement", mais dans celui qui leur a succédé, sous le commandement du colonel Fontès, ancien combattant de la guerre d'Espagne et humaniste, lequel m'avait pris en amitié au point qu'il m'avait donné quelques uns de ses écrits.
Il apparaît aujourd'hui d'une façon on ne peut plus claire que nous avons offert à l'adversaire un "boulevard" pour son action - pour sa mauvaise action - ce qui est d'autant plus impardonnable que nous connaissions, un, son intention entre autres d'utiliser un véhicule pour tuer, deux, sur un objectif entrainant le maximum de pertes humaines, trois, lors d'un jour symbolique, quatre, par l'action individuelle d'un déraciné conditionné qui s'imagine agir au nom de Dieu, cinq, d'un déraciné pouvant trouver sa justification dans l'approbation et le soutien d'un milieu local partisan de l'adversaire.
"Nous sommes attaqués, nous sommes en guerre" ! Pour quelques actes terroristes encore isolés, faut-il aller jusqu'à de telles proclamations pour sensibiliser la population bien pensante, je ne sais pas ? Je ne sais pas, car c'est un argument qui se retourne contre nous dès lors que l'adversaire met en exergue nos interventions militaires dans le monde dit "musulman". Nos adversaires idéologues osent prétendre, en effet, n'agir qu'en riposte, en s'appuyant sur des versets du Coran, ce qui est un peu fort de café. Il faut le dire une bonne fois pour toutes : il s'agit d'un effroyable mensonge, une pure manipulation du texte sacré ! Ces versets ont été proclamés contre les Mecquois dans un contexte bien particulier qui n'a rien à voir avec celui d'aujourd'hui. La vérité, c'est qu'aujourd'hui, les versets coraniques ne peuvent condamner que Daech et son inhumanité. Encore faut-il le dire haut et fort et l'expliquer, ce que nous ne faisons pas.
Et pourtant, cela fait un certain temps que des voix s'élèvent.
Invité sur LCI ce mercredi 20 juillet, Alain Marsaud a estimé que les auteurs des attaques récentes en France sont des "radicaux qui rejettent notre modèle français" et "qui entrent dans la violence". Le député Les Républicains a par ailleurs cité l’exemple de Trappes, qui selon lui "est une ville gouvernée (…) aujourd’hui par des islamistes" ajoutant que "la République est en train de disparaître" dans cette commune des Yvelines.
Dans mon précédent article, j'ai cité deux déclarations dont celle de Mohamed Sifaoui que les médias, inconsciemment complices de l'adversaire, n'ont évidemment pas reprises : on ne peut pas faire l'économie d'interroger une religion au nom de laquelle certains pensent plaire à Dieu en écrasant des enfants et même des adultes avec un camion. On ne sortira pas de ce drame tant qu'on ne sortira pas de la lecture littérale biaisée des textes coraniques.
Le problème est que Daech et ses sympathisants ne considèrent pas que leur lecture littérale du Coran soit biaisée. D'où l'impérieuse nécessité du débat. Or, comme je l'ai montré et démontré dans mes écrits publiés sur Agoravox et dans mes ouvrages - lesquels subsisteront après ma mort - il apparaît clairement que les textes religieux dits du Livre ont été écrits, depuis le début, avec un double sens, l'un caché pour l'homme intelligent, l'autre, littéral, à destination de la population moins instruite mais sensible au merveilleux. Hônni soit qui mal y pense ! Dans l'esprit des auteurs anciens, il ne s'agissait pas de manipuler les populations mais de les amener à gravir la première marche d'un escalier qui les conduirait à la connaissance de Dieu. Le prophète Daniel ne faisait pas mystère de ce double sens en laissant entendre que seuls les "intelligents" le comprenaient (Dan 12, 3-4)
Refaire ce cheminement intellectuel en sens inverse par une étude plus intelligente des textes, je ne vois que par ce processus logique qu'on pourra remettre au clair l'esprit perturbé des radicalisés, tout en leur faisant miroiter la faveur, et l'honneur, d'entrer dans le monde des intelligents par rapport à ceux qui ne le sont pas ou pas encore.
Quant aux irrécupérables qui persisteraient dans la pensée anti-française, je ne vois comme solution, en toute logique, que l'enfermement, l'isolement préventif ou l'expulsion.
"Penser" l'ennemi, objectif n°1
Les ouvrages sur l'art militaire existent depuis la plus haute antiquité. Le poliorcétique d'Énée de Stymbale date du IVème siècle avant J.C., On n'y trouve aucune pensée mondialiste mais le seul souci de préserver la cité. On ouvre les portes le matin pour permettre aux citoyens d'aller travailler aux champs et on les ferme le soir.
Dans les écoles militaires de mon époque, on nous enseignait les facteurs de la décision mais aucun cas concret digne d'intérêt sauf exception. Aujourd'hui, je plaide pour qu'on enseigne aux jeunes officiers à mieux "penser l'ennemi". Je plaide, hélas sans succès, pour qu'on leur explique les batailles de César et de ses lieutenants qui sont pour moi des modèles du genre. La bataille de Gergovie, que je situe au Crest, près de Clermont-Ferrand, est un modéle où les deux adversaires ont cherché à deviner, à l'avance, l'action et donc la pensée de l'autre. Le problème de César est qu'à Gergovie, Vercingétorix a mieux "pensé" que lui. À Alésia, en revanche, Vercingétorix n'a pas compris la manoeuvre de son compatriote Vercassivellaunos. Il a lancé les assiégés en direction du mont Rhéa alors qu'il fallait attaquer la montagne de Bussy pour prendre l'adversaire romain en tenaille. Mais le plus bel exemple se trouve dans la bataille que Labiénus a remportée à Paris contre le gaulois Camulogène en l'amenant à penser et à exécuter une maneuvre qui l'a éloigné de l'endroit où les romains ont attaqué.
La question des "valeurs"
Car c'est bien sur ce choix que se gagnera la bataille, puisque, dit-on, il y a bataille. Or, il est clair que l'islamisme radical est en train de la perdre, non pas seulement sur le terrain mais aussi et surtout dans les coeurs. il est clair que plus ses exactions continueront, plus les populations s'éloigneront de ses croyances mortifères... en particulier dans notre nation, quelle que soit l'origine de ses membres, ethniques, régionales ou politiques. L'histoire nous apprend que notre pays a brillamment continué son épopée en intégrant jadis les francs, les burgondes et autres élèments de peuples venus d'au-delà du Rhin. Il faut toutefois dire que Clovis avait fait un geste en se baptisant à la pensée de l'époque.
Les habitants de la Gaule, écrit César, s'appelaient gaulois. Aujourd'hui, ils s'appellent "français".
Reste, en revanche, la question de la surnatalité et de la prolifération de la population d'origine étrangère dont les responsables politiques évitent prudemment de parler alors que c'est pourtant le principal problème, celui qui met déjà, et qui va mettre de plus en péril l'équilibre de notre société.
Emile Mourey, 22 juillet 2016
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