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A propos de la castration chimique : considérations sur la vie humaine

Est-ce nécessaire de le rappeler ? Le désir est constitutif de toute existence humaine car c’est une dimension inhérente à l’individu. Le réguler est la condition indispensable des relations sociales et, devrait-on dire, un mal nécessaire. Mais cette maîtrise du désir humain doit-elle passer nécessairement par la force où peut-elle aussi s’accommoder de douceur ?

Depuis le tragique assassinat de Marie-Christine Hodeau, un certain point de vue de la classe dirigeante est sans appel concernant la peine à réserver à ce type d’assassin : « la prison ou la castration chimique » propose la garde des sceaux. En matière de questionnaire à choix multiples on a vu plus fouillé.
Le viol, bien sûr qu’un tel acte est ignoble. Sans nul doute, il doit être réprimé à la mesure de sa barbarie. Dans le feu de l’émotion, toutes mesures, à partir du moment où elles offrent suffisamment de garanties semble bonne à prendre. C’est sans doute ce phénomène qui fait resurgir dans le débat, cette solution radicale de la castration chimique. Comme toujours en matière de justice, l’émotion suscitée par un drame humain n’est pas la meilleure des conseillères. Il faut, dans ce cas, se préserver de la pression de l’opinion publique car la réaction de peur fait resurgir nos réflexes les plus primitifs. Une nouvelle fois, il ne faudrait pas confondre la justice qui consiste à juger les actes hors la loi d’un individu et la vengeance qui consiste à tenter de soulager par tous les moyens la souffrance des victimes. Car dans ce dernier cas, jamais aucune mesure ne sera suffisante pour apaiser la douleur. Et le fait que certains pays voisins pratiquent tel ou tel type de peine n’est pas une raison en soi pour en faire de même.
Supprimer chez un être humain la sensation de désir revient à le faire retomber au simple état d’être vivant pour ne pas dire moins. Car le désir est une des caractéristiques de la vie humaine et même animale. Et tout l’enjeu du vivre ensemble réside dans la capacité à appréhender et réguler ce désir. Qu’on adopte la castration pour son chat afin d’éviter qu’il aille embêter – selon notre propre avis – la femelle chez la voisine ne choque personne. Mais la communauté des êtres humains n’est-elle pas en capacité d’inventer d’autres stratagèmes plus fidèles à notre raison ? En tant qu’êtres doués de conscience devrions-nous nous résoudre à ce même type de pratique ? Il m’est impossible de ne pas penser que la castration chimique, solution radicale s’il en est, est en aveu d’impuissance à maîtriser le désir humain. Il s’agit tout de même là d’un triste constat d’échec et d’abandon de la conscience humaine. Que diable ! Ne sommes-nous pas en capacité de créer des gardes-fous moins barbares que les pratiques de nos criminels. Comme en matière d’éducation civique, les autorités sont garantes d’un cadre en dehors duquel on se retrouve hors la loi, les pratiques de la justice ne peuvent franchir la ligne jaune du respect de la vie humaine. 
Castration chimique. La simple évocation de se terme me fait froid dans le dos. Et pas à cet endroit seulement. La castration chez un homme, qu’elle soit physique ou chimique, est une forme pleine et entière de déshumanisation.
Bien entendu, articulé sous cette forme, mon point de vue relève plus de la morale que de l’éthique. Voire d’une certaine forme de spiritualité qui ne dit pas son nom.
Toute proportion gardée, ce débat qui ne fait que commencer d’animer l’actualité n’est pas sans rappeler celui de la peine de mort supprimée il y a près de trente ans. En effet, la castration chimique est un moindre mal quand on ne peut se résoudre à la peine de mort. Condamner un être humain à ce type de mesure, c’est faire disparaître une dimension importante de son être pour ne pas dire indispensable. Ceux qui croyaient ce débat résolu et la primauté de la dimension humaine acquise en ont pour leur compte. Dans toute société humaine, il faut croire que les réflexes radicaux ne sont jamais totalement éteints. D’ailleurs, que pense Robert Badinter de ce tragique sujet de société ?
Fxh

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