A propos de racisme
A propos de Racisme
« I can’t breathe », je ne peux pas respirer…
Ces mots ultimes prononcés par George Floyd, avant sa mort, sont devenus la devise de millions de personnes à travers le monde unis dans la dénonciation et le refus du racisme…Mort étouffé, le noir américain est en passe de devenir la figure de proue d’un mouvement de colère incoercible qui se déploie comme une lame de fond.
Toute la vulgate en matière de compassion, d’empathie, et de dolorisme est convoquée pour mieux affermir la condamnation sans appel d’un acte condamnable sous tous rapports…
Il n’en fallait pas davantage pour voir ou revoir la problématique du racisme, propulsé ou re-propulsé au devant des préoccupations citoyennes majeures. Un raz de marée humain submerge les quatre coins du monde pour dire Non et mille fois Non au racisme.
Mais, au fait, quid du racisme ?
Adhérons-nous,tous, à la même acception du mot racisme ? Recouvre-t-il la même teneur en Amérique, en Asie, en Europe ou en Afrique ? Renvoie-t-il au même registre définitionnel ? Y a-t-il consensus autour de ce théme, on ne peut mieux, clivant ?
Autant d’interrogations qui traduisent toute la complexité à cerner avec plus ou moins d’exactitude cette idéologie, certes exécrable, que tout le monde réprouve en public, mais qu’il pourrait, éventuellement, sinon approuver, du moins justifier, in peto….
Il me semble que le plus loyal des combats à mener contre cette hydre est de s’entendre d’abord sur sa signification pour obvier au maximum aux différents amalgames qui peuvent naitre d’une mauvaise définition de ce phénomène vieux comme le monde.
« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » assurait Albert Camus.
Pour ma part, Je présume que parmi la foule des manifestants à travers le monde, se trouvent, embusquées, des nuées de racistes invétérés, mais qui, emportées par l’élan populaire qui provoque des effets d’entrainement souvent inconsidérés, grossissent les rangs des protestataires.
Ils obéissent, ce faisant, à la « tyrannie » du pathos, leur pathos, leur enjoignant de prendre instantanément et surtout mécaniquement, fait et cause pour le mouvement qui s’enclenche. La psychologie des foules développée par Gustave Lebon, dans son livre éponyme, paru en 1895, milite en faveur de cette tendance. En substance, elle met en exergue un fait capital : Au milieu de la foule, on assiste à l’évanouissement de la personnalité consciente et à la prédominance de la personnalité inconsciente. Autrement dit, l’individu se fond complètement dans la foule, en acquiert les reflexes et les comportements avant de devenir simple comparse, cédant, sans trop se poser de questions.
Ainsi configuré, le mouvement revendicatif n’a pas beaucoup de chances de réussir. La preuve ? Combien de manifestations contre le racisme ont, par le passé, essaimé avant de s’essouffler faute, justement d’un modus vivendi, pouvant réunir les multiples tendances sous une même bannière revendicative ?
Le racisme, voyez-vous, est un concept à géométrie variable. Il n’est pas entendu, partout, de la même manière. Que l’on soit, en Amérique, en Europe ou en Afrique, le racisme est perçu différemment. Tous les Africains ne sont pas noirs de peau et à ce niveau là, il y a risque réel de voir surgir des conflits raciaux entre compatriotes d’un même patelin. Comment allons-nous nous prendre pour qualifier les actes des uns et des autres ? Qui est auteur, qui est victime de racisme ? Et si le policier Américain, mis en cause dans la mort de George Floyd, avait mis son genou sur un citoyen blanc jusqu’à l’étouffer et provoquer sa mort, aurait-on assisté à ces mêmes scènes d’indignation ? Peut-être que oui, peut-être que non…
En tout état de cause, si nous nous référons au petit Larousse, nous constaterons qu’il donne deux définitions du racisme.
Au sens strict, il s’agit « d’une idéologie fondée sur la croyance qu’il existe une hiérarchie entre les groupes humains.
Au sens large, il est défini comme une attitude d’hostilité répétée voire systématique à l’égard d’une catégorie déterminée de personnes ».
Cette définition, vague et approximative ajoute au cafouillage déjà existant, mais n’évoque à aucun moment, une race quelconque ou une couleur quelconque… Cela laisse la porte ouverte à une foultitude d’interprétations dont la plus prégnante est celle qui accrédite la thèse que le racisme n’est pas l’apanage des blancs seuls, ni que les noirs en sont toujours les victimes expiatoires. Un jeu de rôles parfaitement campé donne aux uns comme aux autres, la possibilité d’interagir et d’inter changer les positions de sorte que victime et bourreau changent assez aisément de camp. Au final, les deux charges sont condamnables. Un bourreau est honni, nonobstant la couleur de sa peau de même qu’une victime est déplorable quelle que soit la couleur de sa peau.
Seul l’amalgame est porteur de duplicité et d’imposture, autoroute menant à l’impasse de l’incompréhension, de l’intolérance et de la haine.
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