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Accueil du site > Tribune Libre > A propos du documentaire « Bové le cirque médiatique »

A propos du documentaire « Bové le cirque médiatique »

C’est un documentaire sur la télévision qui n’a probablement aucune chance de passer sur les grandes chaînes. Mais grâce au Web on peut le voir librement sur son écran d’ordinateur, dans une de ces petites « fenêtres » vidéo flash qui se révèlent d’excellentes ouvrières pour réduire la tête des présentateurs.

« Bové le cirque médiatique » nous éclaire sur l’ascension médiatique de l’ex porte-parole de la Confédération paysanne. A l’image du titre, le montage du documentaire fait tout pour nous convaincre qu’au fil du temps, l’altermondialiste est devenu un habitué complaisant du « cirque médiatique ». Il se serait bien gardé de critiquer le fonctionnement des chaînes de télé.

José Bové a-t-il eu raison de multiplier les apparitions sur les plateaux de télévision  ? Le débat est complexe, si on se place du point de vue de ceux qui contestent le système médiatique majoritaire. Certains, dans la lignée de Pierre Bourdieu, arguent que les télés, en tout cas celles qui sont inféodées à l’audimat et au profit financier, ne permettent pas l’autocritique ni les discussions approfondies. Les auteurs de « Bové le cirque médiatique » ont une position assez proche du défunt sociologue quand ils affirment, à l’image de Pierre Carles devant le collectif Zebda (à la 25e minute du documentaire), que la « la télé n’est pas là pour vous donner la parole dans de bonnes conditions et pour laisser des discours dissidents s’exprimer. Là n’est pas sa fonction. Par contre, elle n’est pas assez c... pour ne pas vous inviter. Il faut qu’il y en ait des qui jouent le rôle de soupapes de sécurité. » La télé serait un espace non démocratique, où les discours minoritaires sont noyés et relativisés dans ce « cirque » permanent. On comprend qu’avec un tel discours, le documentaire ne risque pas d’être diffusé sur les grandes chaînes.


Mais d’autres analystes défendront une approche pragmatique, qui dans le cas de José Bové peut se résumer à la question suivante : son « message » a-t-il été entendu par les millions de téléspectateurs  ? Et en particulier la part - à mon avis la plus intéressante - de son discours, qui n’est pas le refus systématique et consensuel des OGM, mais plutôt la nécessité de réformer la politique agricole commune et le commerce international : pour favoriser l’environnement et les petits agriculteurs d’Europe (réforme de la PAC) et, concernant le commerce international, pour accroître la souveraineté alimentaire des pays du Sud. A l’heure de savoir si les apparitions de Bové ont été d’une véritable utilité pour le débat public, c’est bien cette question qui est fondamentale. On peut regretter que le documentaire ne l’ait pas abordée.

Sincère (dans le Petit Robert) : qui est disposé à reconnaître la vérité. Authentique et non truqué. Hypocrite : qui consiste à manifester des opinions, des sentiments et spécialement des vertus qu’on n’a pas.

Un des effets secondaires du documentaire est de raviver les sérieux doutes qu’on pouvait avoir sur la sincérité de certains présentateurs. Il faut voir cette scène (septième minute) où Thierry Ardisson accueille Bové sur son plateau : « C’est une énorme star. C’est l’Astérix de Seatle. José Bové ! (...) Vous avez eu raison de venir vous êtes entre deux super filles. (...) Vous êtes un héros, vous savez ça ? C’est vrai, sérieusement. Pour nous tous. On était extrêmement fier de vous, on a l’impression qu’enfin quelqu’un nous venge de tout ce qu’on subit. (...) Qu’est-ce qui vous trouble le plus sur votre table de nuit : un godemichet ou Mein Kampf  ? »

Faut-il y voir juste de l’ironie ? Dans ce cas, pourquoi dire "c’est vrai, sérieusement" ? Juste un effet de style ?

Autre moment qui prête à débat, ce passage (vingt-neuvième minute) où l’on voit Michel Field participer à une campagne de promotion interne pour les hypermarchés Casino : « Sourire suivant c’est notre nouvelle signature, le sourire au fond c’est un peu notre savoir-faire et nous allons le faire savoir au client. » Il existe une charte de déontologie des journalistes selon laquelle les membres de cette profession « ne touchent pas d’argent dans une entreprise privée où leur qualité, leurs influences et leurs relations seraient susceptibles d’être exploitées ». Dans quelle mesure cette charte, établie en 1918, entre-t-elle en contradiction avec ce qui vient d’être décrit ?

Le documentaire est visible sur le site de zaléa tv, une télévision "libre nationale" (par opposition aux télés locales) qui émet sur Internet.


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18 réactions à cet article    


  • LE CHAT LE CHAT 13 décembre 2006 10:56

    tu as raison de souligner , llecuyer , que les OGM sont un « point de détail » du discours altermondialiste ; Il est en effet grand temps de reformer en profondeur la PAC qui deverse aux gros agriculteurs productivistes l’argent de l’Europe qui en aurait bien besoin ailleurs, l’argent va à l’argent , comme toujours . il faut abolir la PAC et arrêter de sponsoriser ces nantis qui produisent de la merde sans respecter l’environement et notre santé .


    • (---.---.229.236) 13 décembre 2006 12:41

      N’importe quoi. Décidement la jalousie est un des trait caractéristique du français..


    • (---.---.101.8) 13 décembre 2006 17:05

      une argumentation serait de bon goût ... sans faire de jeu de mot douteux ^^’


    • benalgue (---.---.139.175) 13 décembre 2006 11:14

      bonjour, oui il faudrait redistribuer la terre à beaucoups de petits agriculteurs qui fonctionneraient en cooperative....cela repeuplerai nos campagne diminurai le nombre de chomeur ou rmiste et enllèverai le monopole à cette petite minorité sans scrupule qui pourrissent allègrement nos terre nos rivière et pour finir nos assièttes.


      • (---.---.229.236) 13 décembre 2006 12:40

        Ouais, connard, car « LA TERRE NE MENT PAS ».


      • Fix (---.---.132.252) 13 décembre 2006 16:58

        Oui, c’est une bonne idée. Et la coopérative pourrait, par exemple, être gérée par l’Etat, qui rétribuerait les agriculteurs et qui s’occuperait de redistribuer les richesses produites via un circuit lui appartenant. Ca, alors, ça serait pas mal. Au moins, il n’y aurait pas d’abus, l’Etat contrôlant tout. Et puis, au moins on éviterait la concentration foncière ainsi que les gros revenus agricoles, car chaque Français aurait son lopin de terre avec pour seul souci de produire. L’Etat achetant forcément la production moyennant un salaire fixe et identique pour tout le monde.

        Ca serait bien...

        J’en rêve....


      • Hal Eurode (---.---.118.66) 13 décembre 2006 22:17

        La redistribution des terres !

        Vider les villes pour les campagnes.

        Rééduquer les ex-propriétaires fonciers et leur progénitures.

        Que du biologique.

        Supprimer le secteur marchand, proceder par redistribution et salaire unique.

        Vive Fidel dans sa lutte contre l’impérialisme - socialismo o muerto !

        ça c’est de la vrai agriculture !

        Hal Eurode smiley


      • Adama Adama 13 décembre 2006 14:02

        je me demande qui est le plus pitoyable ou méprisable, le Bové réactionnaire franchouillard ou bien les bobos de la télé genre Ardisson ?

        Une seule et efficace solution, éteindre son poste et prendre un bon bol d’air dans les monts d’Arrée.

        Breizh va c’havel


        • Mathieu (---.---.228.253) 13 décembre 2006 16:10

          Bonjour,

          Je vais filer sur le lien pour voir le documentaire...

          Article pertinent et argumenté. Je pense que l’on peut dire la même chose de LO et de la LCR : ils permettent de conforter la vision type blanc ou noir que portent les commentateurs politiques et autres. Pour faire bref : des arguments simples pour des esprits simples.

          Il conforte de ce que je pense de José Bové. La focalisation sur les OGM efface tout le combat pour la réforme de la PAC pour que le travail agricole soit rémunérateur pour les paysans. C’est peut être à cause de cela que la confédération ait préféré l’écarter de ses fonctions. De plus, je trouve que l’on ne peut plus réfléchir à ce qu’est un OGM, comment cela peut être utile ou pas, quel choix citoyen pouvons nous faire à propos de la question. On a aboutit à une sorte de mise à l’index du sujet façon église catholique tendance inquisition !

          Enfin, dans le rassemblement pour une politique de gauche, il a voulu en être le candidat alors qu’il brille par son absence à tous les grands rendez-vous : à chaque fois, il a un truc à faire ailleurs. Quand il est là, il distribue des feuilles de coca, merci du symbole. Le week end dernier, on a bien senti un déplacement en Nouvelle Calédonie commandé par une nécessité diplomatique des plus insondables.

          bonne journée.

          Mathieu (34).


          • iaury (---.---.193.123) 13 décembre 2006 18:17

            Si Il n’ya avait pas de plant d’ogm que l’etat autorise , il n’y aurait pas besoin de fauchage.


            • (---.---.132.252) 13 décembre 2006 18:35

              Si l’Etat ne protégeait pas la propriété privée, on aurait pas besoin de voler !!


            • (---.---.229.236) 14 décembre 2006 11:55

              « Si Il n’y avait pas de Juifs que l’etat autorise , il n’y aurait pas besoin de fauchage. »

              - Berlin, 1932.


            • Lartiste (---.---.221.119) 13 décembre 2006 18:48

              La France va être condamné à 38 millions d’Euros d’amende par Bruxelles pour non respect de la dissémination des OGM...

              Cette actualité, donne à José Bové une dimension de « prévention », que les gouvernants ou les industriels français n’ont pas. Le monde paysan est le premier susceptible de percevoir les réactions de l’environnement suite aux actions de l’homme. Quand on s’attaque à José Bové, et à ses propos on s’attaque au « Tiers-Etat », et à la France par son histoire. Ces propos sont pesés, les attaques ne le sont pas.


              • ffi (---.---.2.226) 14 décembre 2006 07:48

                mové est un syndicaliste bourgeois et revolutionnaire de complésence , un marxiste leniniste de la soupe merdiatique francarabia .

                en aucun cas paysan , juste un pion de l’arme stalinienne de notre gôche caviar ! sa photo va bien a gauche de ARDICON , grand manipulateur de la nuit parisienne televisuel , a grand coup de cocaine !


                • moebius (---.---.56.150) 14 décembre 2006 15:25

                  le coté astérix me gonfle, le petit qui résiste contre les gros... il sait en jouer et c’est trés facile à comprendre dans nos favelas. Vu l’émission sur Allende à la télé, faisait pas de com. celui là, Pinochet non plus dailleurs...Tout devient spectacle ? une fois celui ci enregistré vu et montré les problémes sont réglés. Nos crises sont en boite et nous les rangeons dans nos archives ou sur les étagéres de nos supermarchés. « Alors Salvator tu te suicides comment tu te jettes par la fenetre ou tu te tires une balle dans la tete et toi Pinoche tu preferres la baignoire ou la Gégéne » Tant que nous avons le choix ça ira. Liberez vous changez de chaines(de télé) prenez celles avec des paillettes elles sont plus séyantes...des fleurs


                  • Act (---.---.209.190) 18 décembre 2006 01:25

                    Cet article est absolument le contraire de ce qu’il faut faire quand on se prétend progessiste et écologiste. Il a permis à tous les ignorants et autres réacs de déverser leur bile.

                    José Bové est un extraordinaire porte étendard. Certainement le plus authentique et le plus flamboyant des causes progressistes et écologiques. Comme vous l’auteur le rappelle insidieusement en milieu d’article son combat va bien au delà des OGM puisque toute la PAC est indexée sur ses conséquences en matière environnementale et le déséquilibre économique qu’elle crée entre industriels et petit producteurs. Bové va encore plus loin puisque qu’il combat les effets des subventions de la PAC, toujours elle, sur les économies et l’existence des paysans des pays du sud. Son combat ne s’y arrête pas puisqu’il s’attaque à l’OMC, au G8 et à tous les puissants qui écrasent de leurs diverses positions dominantes les peuples et les individus à travers le monde.

                    Alors Bové médiatique ? Mille fois tant mieux Monsieur. Vous préférez rester dans une salle obscure et prétendre changer le monde ou plutôt mouiller votre maillot au vu et su de tous ? Quelle est la stratégie la plus difficle et la plus efficace ?

                    A ceux qui ne savent pas ce que c’est que les OGM et leur facultés nocives et économiquement nuisibles, je leur demanderai d’utiliser les nombreuses sources d’internet pour se renseigner. Ensuite, ils pourront débattre.

                    Quand à l’ambition politique de José Bové, elle est on ne peut plus pertinente. Entre l’UMPS qui truste tout l’espace politique et le FN qui fait une puissante percée que reste-il pour défendre les faibles et la vérité ? Le PCF allié objectif de la gauche de l’UMPS ou les groupuscules LO, LCR, Les Verts ? Peut-on compter sur eux pour porter le changement, la révolution « un autre monde est possible » ? Je ne crois pas et personne de sensé n’y croit. En revanche, ces groupes réunis derrière José Bové après une investiture ouverte à l’ensemble des Français pourrait créer la révolution. Un système de type bolivarien avec un président proche et disponible et une véritable démocratie participative avec un contrôle citoyen réel des élus. En milieux avertis on en flippe à mort à cette perspective. La démocratie, la république, ce sont des choses trop graves pour être confiées au peuple. Les MARCHES (Manipulateurs et Rapaces Cachés, sans Honte Enculant les Sots) s’en occupent tellement bien. FREE YOUR SELF FROM MENTAL SLAVERY !


                    • llecuyer llecuyer 9 janvier 2007 15:20

                      Cher lecteur, Je ne sais pas qui se prétend progressiste et écologique. Ce modeste article vise à faire réfléchir : sur le phénomène médiatique José Bové, ensuite sur le système des médias et, point central, sur le message (le contenu) agricole de la Confédération Paysanne.

                      Bové un formidable porte-étendart ? Peut-être. Mais je ne vois pas ce que sa candidature apportera de plus, à partir du moment où les « machines » PCF et LCR ont décidé de se la jouer perso. Il ferait mieux, me semble-t-il, de se concentrer sur son activité de syndicaliste agricole : la souveraineté alimentaire est un concept qui mérite d’être popularisé. Et les risques de la mono-culture évoqués par Le Furtif sont des risques réels.

                      Définition de la souveraineté alimentaire :
                      - "la priorité donnée à la production agricole locale pour nourrir la population, l’accès des paysan(ne)s et des sans-terre à la terre, à l’eau, aux semences, au crédit. Le droit des paysan(e)s à produire des aliments et le droit le droit des Etats à se protéger des importations agricoles et alimentaires à trop bas prix"
                      - « des prix agricoles liés aux coûts de production : c’est possible à condition que les Etats ou Unions aient le droit de taxer les importations à trop bas prix, s’engagent pour une production paysanne durable et maîtrisent la production sur le marché intérieur pour éviter des excédents structurels (...) ».

                      La souveraineté alimentaire est une idée juste, qui devrait même séduire les xénophobes du FN, puisque « donner la priorité à la production agricole locale » dans le Sud, cela freine l’exode vers les villes et donc l’immigration vers l’Europe. Mais ni le parti xénophobe ni les autres partis de France ne défendent cette idée...

                      Vous dites qu’en matière de politique agricole AUSSI, on marche sur la tête ?


                    • llecuyer llecuyer 9 janvier 2007 16:44

                      Rectificatif : Les Verts et le PCF défendent l’objectif de souveraineté alimentaire pour les pays du SUD et même, on trouve dans le programme UMP une version light de la souveraineté alimentaire, mais pour l’Afrique seulement : « Créer une exception agricole pour l’Afrique dans le cadre des négociations en cours à l’OMC, afin de développer une agriculture vivrière et d’avancer vers l’autosuffisance alimentaire. ». (l’agriculture vivrière, c’est celle qui permet de se nourrir localement).

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