A quoi ça sert l’Amour ??
Céline, le torturé de la vie, a dit que l’Amour c’est l’infini à la portée des caniches. Frédéric Beigbeder, le torturé de la Jet set, dit que l’amour dure trois ans. Il a même chronométré ses relations amoureuses dans un roman où il relate précisément les prémices de la séparation du couple : au début comme hypothèse, pendant comme démonstration et après comme conclusion.
En refermant son livre, je me suis demandé comment un être aussi sûr de se faire lourder dès le départ, a pu s’engager dans ses histoires d’amour avec autant d’ardeur que Roméo en avait pour sa Juliette. Roméo a l’excuse de ne pas exister. En revanche lorsque j’ai lu Beigbeder, j’avais l’intime conviction, en parcourant la description de sa déchéance post- largage, que c’était du vécu. Ce pauvre hère a sûrement dégusté dans sa vraie vie antérieure. En tout cas, au point de nous avouer s’être enfermé chez lui, dans l’obscurité et la puanteur de ses chaussettes inchangées pendant une semaine à cause d’un chagrin d’amour !
Nous sommes donc tous issus d’un peuple qui a souffert et qui aime ça ? On dirait bien que de l’Amour, l’humain ne connaisse rien de l’alchimie parfaite. Il ne lui reste que son idéal à défendre, s’il est de nature téméraire, ou un cahier des charges à respecter, s’il est plus peureux de finir seul. Perspective assez atroce pour que l’Homme fasse tout ce qui est en son possible pour l’ éloigner de lui...
Ca me fait penser au couple de Siciliens chargé de l’entretien de l’immeuble où j’habite. Tout le monde sait qu’ils ne se sépareront jamais, Ludo et Rosa. Pourtant lui est régulièrement pris en flagrant délit de tripotage par le voisinage. Il la trompe sa gentille petite femme, allègrement et en fanfaronnant encore, mais personne ne l’a jamais balancé. Le jour où il a été pris la main dans le sac, ou plutôt dans le "soutif "de cette "putana" de concierge du bâtiment C, par Rosa elle-même, il pleurait comme un enfant, et nous a tous obligés à témoigner qu’elle restait, malgré des faits incontestables, la seule femme qui comptait vraiment dans sa vie, même qu’il en était fou amoureux comme au premier jour... Gonflé le Ludo, mais on a témoigné en sa faveur parce-que, tous ceux dont il s’était approché, y compris ses maîtresses, connaissaient l’adoration sincère qu’il vouait à cette femme, si pieuse et si bonne cuisinière. Cette femme aimée, mère de ses quatres chichos et dont il éprouvait l’amour aujourd’hui devant tout le monde :
"Si toi aussi tu m’aimes comme je t’aime, Rosa, amore mio, tu dois me pardonner... maintenant ! "
Comment résister à une telle plaidoirie, menée sans l’échelle de Roméo, en face à face, mais avec autant de ferveur, devant tous les voisins du quartier ? Elle m’a fendu le coeur quand elle a ravalé ses larmes pour pas se taper la honte devant nous, mais tout le monde savait depuis longtemps que c’était une grande dame :
" Va bene...C’est bon pour cette fois".
L’Amour peut être humiliant, mais il permet aussi de se surpasser. Ca m’est arrivé quelques fois de me dépasser par amour. Comme cette année, lorsque mon Jules a oublié de me souhaiter mon anniversaire, ça m’avait un peu vexé. Déjà que j’étais pas très " Saint Valentin" et toutes ces conneries, il aurait quand même pu faire un effort !
Il l’a fait, mais comme il était de mauvaise humeur, c’est parti en live :
"Ben si tu y tiens tellement : Bon anniversaire hein ma vieille, mais un moment donné, ça deviendra vraiment indélicat de te faire souffler les bougies comme ça, le matin, au lever... Avant même d’avoir pu avaler une gorgée de café pour savoir quel jour on est exactement ! "
Quand il a des soucis, l’être aimé peut se révéler particulièrement odieux, mais bon, mon Jules, c’était quand même le seul mufle à qui je pardonnais tout. En tous cas, je ne relevais pas ce genre de vacherie, pour la paix du ménage. Si c’est pas de l’amour ça, du dépassement de soi, du soi profond, hein, de la passion même !
Mais parfois, la cause amoureuse impose, apparemment, plus la raison que la passion. Il y a des couples qui cèdent sous le poids des aléas de la vie, avec ou sans contrat pour le meilleure et pour le pire. Justement, le pire est arrivé à une connaissance qui m’expliquait l’autre jour, pourquoi elle était fermement décidée à divorcer, elle. Pour une bonne raison en tous cas : une raison qui tue l’amour...Elle a commencé par me situer le problème au milieu de son amertume, ses regrets, sa nostalgie, et pendant toute l’évocation des beaux souvenirs qu’elle partageait malgré tout avec l’homme qu’elle venait de traiter d’impuissant.
Sophie confondait naïvement mais à voix haute devant ses meilleurs amis, cette infirmité avec la stérilité de son pauvre mari incapable de produire le moindre spermatozoïde mobile...
Tu te rends compte !
Heu..oui, je comprend...En tant que témoin privilégié, j’avais même un peu de compassion pour son sort. Cependant l’idée qu’elle ait succombé au charme d’un homme victime d’un tel handicap, dès le début, et que cela lui soit soudainement devenu insupportable, après 5 ans de vie commune, me fit songer qu’elle aussi était longue à la détente. Ces derniers temps, ça sentait le roussi entre eux . Elle pleurait de plus en plus souvent lorsqu’elle voyait un enfant dans un landau et lui se confondait en excuses trop mielleuses pour être celles d’un homme tout à fait normal … Ah Bon ???
Oui, enfin je me comprend...
Tant mieux. Parce-que rien ne présageait un bel avenir pour ce duo en discorde physiologique dès le premier jour. Mais, dans ce pari où ils ont, définitivement, joués toutes leurs billes (des dizaines d’ovocytes pour elle et un nombre inconnu de spermatozoïdes pour lui ), le résultat la chagrine quand même un peu, malgré sa détermination du début à miser sur Jean-Pierre, l’homme idéal, pêché sur meetic... Snif...
" On avait tant de centres d’intérêt communs... On a bossé, bossé comme des fous, on s’est sacrifié... re-snif, on avait vraiment le profil pour réussir ensemble ! Quel gâchis ! ".
C’est vrai que j’ai toujours eu un peu d’admiration pour la résistance de Sophie et Jean-Pierre, en amoureux de Verone dans 50 m² , sans balcon et donc, sans échelle ni appel du large, avec comme unique perspective d’avoir des boulots aussi exténuants que les projets qu’ils voulaient réaliser à deux : construire une grande maison, avoir plein d’enfants, obtenir ce job tant convoité. Ce poste pour lequel elle avait accepté, sans broncher, que la nature remette à plus tard ses envies de procréation. Aujourd’hui, il y a urgence : on va bientôt finir le toit du pavillon !...Je vois...et question carrière ? Ca roule !!...Je comprenais assez la situation pour compatir décemment : C’était donc la nature, parfois cruelle, qui faisait obstacle à l’accès au bonheur total, à la concrétisation de leur Amour !?...Oui, c’était bien ça, mais cette fois, la nature portait un nom : Jean-Pierre, l’impuissant, le pédé débusqué, le traître !
Mon Dieu, pourquoi l’amour suscite-t-il tant de haine et d’humiliation ? Pourquoi c’est si compliqué de s’aimer les uns dans les autres ?
Allez...dites-nous Mon Dieu, c’est quoi L’Amour ? A quoi ça sert ? C’est quoi l’équation où on est censé additionner, soustraire, multiplier ou diviser A (Adam) et E (Eve) en toute connaissance de cause, pour le meilleur, le pire et le plus longtemps ?
C’est pas facile, c’est pour ça que j’ai inventé les pommes, pauvre pomme !...Le fruit défendu, tu connais ? Je peux pas faire plus simple que cette parabole, pour expliquer aux égarés dans ton genre, désolé...Après c’est toi qui choisi !
Je la relirai, promis mais...Dites donc, mon Dieu, puisque vous en êtes à me tuyauter sur la question et évoquer mes choix personnels...Vous voudriez pas intercéder en ma faveur, auprès de Cupidon, afin qu’il décoche sa flèche dans le coeur d’un fruit défendu, qu’il l’immobilise pour que je n’ai plus qu’à me baisser pour le ramasser ? De préférence... tendre le fruit, c’est ça chair tendre...
Avec ou sans pépins ?
Non, sans pépins cette fois, s’il vous plaît Mon Dieu...si c’est possible, merci bien...
Tout est possible pour Dieu dans sa grande miséricorde...Cupidon, vas-y envoies ta flèche !
Et un Amour sans pépins, un !
source :
:-) à Toug
Petites histoires tirées de faits réels sans importance pour faire oublier les effets du FMI sur la famille et autres tribus indigènes
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