À quoi sert le G20 ?
Le G20 représente 75 % du commerce mondial et plus de 80 % du produit mondial brut. Il est composé de dix-neuf des pays aux économies les plus développées et de l'Union Européenne (ce qui fait que l'Allemagne, la France et l'Italie sont représentées deux fois et sont suceptibles d'exprimer des positions contradictoires, ce qui n'est pas la moindre incohérence de cette institution).
Or, l'inefficacité flagrante de ce forum intergouvernemental le discrédite de facto , tant il s'avère que les réunions annuelles des chefs des gouvernement concernés, de leurs ministres des finances et des dirigeants des banques centrales n'arrivent plus à accoucher de quoi que ce soit, si ce n'est des photos de classe trditionnelles qui permettront plus tard aux participants de retrouver leurs "copains d'avant".
L'économie "mondialisée" est sous perfusion, asphyxiée par une inflation galopante et une dette croissante de tous les états concernés de ce réseau "néolibéral". L'ONU qui n'est pourtant pas une ONG ni un groupuscule "complotiste" a même identifié 54 pays représentant 1/5 de la population mondiale pour lesquels un allégement de leur dette serait la seule possibilté de sortir du tourbillon qui les entraine vers un nauffrage inéluctable. On ne s'étonnera pas d'apprendre que la moitié d'entre eux sont les pays les plus pauvres du monde et les plus enclins aux famines chroniques.
(source de la carte)
Mais plutôt que de contribuer au financement d'équipements de production pour permettre à ces pays de développer une dynamique économique saine, les banques centrales des zones monétaires et financières dominantes préfèrent augmenter les taux d'intérêt de leurs prêts. En outre, même si on avait un jour eu l'illusion que le projet des membres du G20 reposait sur une "solidarité" entre les peuples, les désaccords géopolitiques, voire les antagonismes, les conflits en cours paralysent le "club des 20" et rendent impossible la prise de mesures concertées.
Au programme de la réunion du G20 à Bali figurait un projet qui pouvait paraître positif aux plus "optimistes" (ceux qui font encore confiance à leurs élites) : le lancement officiel du "fonds mondial de préparation à la pandémie" hébergé par la Banque mondiale. Cette initiative qui devrait être financée par les membres du G20, aurait pour but d'aider les gouvernements et les organisations internationales à mieux se préparer à faire face aux "futures pandémies" (sic) et à metrtre en place des mécanismes de coordination.
Que l'on soit convaincu ou non de la pertinence et de l'opportubité mêmes de ce projet, les observateurs de tous horizons ont été impressionnés négativement par sa portée limitée concernant des actions concrètes, mais surtout par les montants dérisoires du financement évoqué plus haut (1,4 milliard de dollars). Les autres défis mondiaux ("crises" alimentaire et économique) n'ont quant à eux fait l'objet d'aucun engagement de la part du G20 à Bali.
Il est de plus en plus difficile de justifier la perpétuation d'un système international si celui-ci ne peut avoir aucune action sur les situations les plus alarmantes concernant les sort des populations des pays les plus pauvres, si ce n'est aggraver leur situation par une pression financière. Pourquoi ces décisions de vie ou de mort sont-elles confiées au G20 si ses sommets accouchent de si peu de choses ou avortent ? La plupart du temps, les puissances financières ne s'encombrent pas de tels rituels pour gérer leurs affaires au mieux de leurs propres intérêts
Pour justifier sa propre existence, il faudrait au moins que ce forum soit en harmonie avec le plan de relance proposé par l'ONU pour faire face à la détérioration de la situation des pays en développement. Ce plan comprend le renforcement de l'allègement et de la restructuration de la dette, l'augmentation des prêts des banques multilatérales de développement (BMD), le renforcement du soutien en liquidités pour contrer la fuite des capitaux et la dépréciation monétaire, et l'alignement des flux financiers sur les objectifs de "développement durable" (ODD) et l'Accord de Paris sur le changement climatique. Toutes ces mesures peuvent être contestables, mais elles ont le mérite d'exister concrètement.
Le G20 pourrait aussi soutenir l'Agenda de Bridgetown proposé par la première ministre de la Barbade, Mia Mottley qui appelle les pays à revenu élevé à mettre d'urgence à disposition 100 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux inutilisés, qui sont des actifs internationaux réservés aux périodes de difficultés économiques mondiales pour stimuler la liquidité des pays à faible revenu. L'Agenda de Bridgetown propose également l'expansion des prêts multilatéraux aux gouvernements à 1 000 milliards de dollars et la suspension des paiements de la dette et des intérêts pour les nations déjà endettées.
En matière de "justice fiscale", le G20 pourrait également renouveler son engagement de 2021 pour le soutien au plan "Cadre inclusif" de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour un impôt global minimum sur les sociétés de 15 %. Mais en fait, le G20 n'a pas réussi à freiner le transfert de bénéfices et à générer des revenus substantiels pour les pays à faible revenu les plus touchés par l'abus de l'impôt sur les sociétés. Ce ne sont pas les exonérations accordées aux multinationales et aux paradis fiscaux, et encore moins la mise à l'écart des pays en développement du processus décisionnel, qui vont dissiper l'idée que ce jeu multilatéral est pipé et ne fait que rançonner les plus pauvres.
Le G20 peut-il encore redorer son blason ? Ce n'est pas la dernière édition de son rassemblement qui peut le laisser envisager. Mais après tout, les photos de classe ne servent-elles pas avant tout à cultiver la nostalgie d'un temps révolu ?
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