A quoi servent les « mutuelles » d’assurance ? A flinguer la Sécu...
Le ramdam des toubibs aura au moins eu un point positif : mettre à la lumière le foutoir des assurances dites complémentaires. Et leur réelle utilité. Elles sont plus de 600 parait-il ! C'est que le fromage doit-être bon...
Une des mesures essentielles du programme du Conseil national de la résistance (CNR) fut d'instaurer « un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d'existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l'État ». Dans le droit fil de ce texte fondateur, dès le 4 octobre 1945 une ordonnance fut prise dont l'article 1 est le suivant : « Il est institué une organisation de la sécurité sociale destinée à garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu'ils supportent. »
La solidarité fondatrice de la nation, qui correspond au terme « Fraternité » de notre belle devise, elle est là. C’est ce que les droites avides et cupides – et les gôches-Ganelon genre Valls-Hollande - ont toujours brocardé en daubant sur « l’Etat providence ».
Dans le cadre de sa stratégie de démantèlement des conquêtes sociales du C.N.R., le patronat accentue ses attaques contre la Sécurité sociale. Le chantre du Medef Denis Kessler avait au moins le mérite de la franchise lorsqu'il disait : …/... La liste des réformes ? C'est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »
Et la gauche (? ?!!) n'est pas la dernière à participer à ce dépècement de l'un des fleurons de notre modèle social. Le plan massif d'allègement des cotisations sociales (plus de cotisation sociales employeurs pour le smic et rabotage significatif jusqu'à 1,6 smic, etc.) sans qu'un financement ne soit trouvé est significatif de cette collusion de « J'aime l'entreprise » avec le Medef.
La tactique pour la mise à mort de la Sécu ? On ruine celle-ci (qui pourtant arrive à baisser son déficit !) de façon à la déconsidérer vis-à-vis des assujettis ; parallèlement, on prend prétexte de ce déficit abyssal pour baisser les taux de remboursement des médicaments, voire on dérembourse des médicaments considérés comme peu efficaces ; le résultat est un transfert du remboursement du reste à payer sur les assurances dites « complémentaires ». Ce faisant, on habitue le cotisant à s'appuyer de plus en plus sur les assurances privées et à critiquer la Sécurité sociale. C'est de l'action psychologique destiné à préparer les cerveaux (déjà karchérisés par la télé et les merdias) à l'abandon progressif de la Sécu. Depuis que les grands groupes d'assurance rêvent de mettre leurs pattes crochues sur cet énorme gâteau !
Dans cette stratégie, il est des dispositions qui sont présentées comme des « avancées sociales » et qui sont tout le contraire. C'est le cas de l'Accord national interprofessionnel (ANI) qui rendra obligatoire, à dater du 1er janvier 2016, l'adhésion des salariés à une assurance complémentaire santé d'entreprise. Mumm ! La bonne soupe pour les assurances privées, au détriment de la protection sociale collective ! Un énorme gâteau.
Des millions de salariés vont ainsi être obligés de souscrire des contrats collectifs d'entreprise gérés, évidemment, par les assurances privées. Le Conseil constitutionnel a en effet imposé qu’en absence d’accord d’entreprise ou de branche, la complémentaire santé soit choisie par l’employeur. Des grands groupes vont donc balayer les petites mutuelles pour se partager la gamelle ! Cette pseudo avancée sociale va accroître les inégalités entre salariés puisque la couverture différera d'une entreprise à l'autre. Il va de soi que les employeurs opteront pour une couverture limitée à un panier de soins minimum ; dès lors, les salariés qui voudront plus de couverture...devront se payer une complémentaire supplémentaire ! Au fou ! Mais tout ça, on ne vous le dit pas dans les merdias aux ordres...
Encore une fois, elles servent à quoi les "complémentaires" ? Si vous êtes atteints d'une maladie grave, ou d'une affection chronique invalidante (diabète, cardiopathie, alzeimzer, etc) vous serez couverts à 100 % par le régime général. Alors, pourquoi payer chaque mois 80, 100 euros et plus si affinité à une "complémentaire" ? Pour se faire rembourser (tous les cinq ans ?) des lunettes ? On en trouve, verres progressifs, de bonne qualité à moins de 100 euros ! Idem pour les prothèses dentaires. Le reste, c'est du confort. Donc en fait, votre pognon sert à engraisser des actionnaires...
Oui mais alors, on fait quoi ? On rend toutes ses prérogatives à la Sécurité sociale. Á défaut d'un remboursement à 100 % - ce qui devrait être pourtant la norme – il suffit de créer, au sein de la Sécu, un département d'assurance volontaire, couvrant le remboursement de ce qui ne serait pas pris en compte par la Sécu principale. Avec évidemment, pour l'assuré, le versement volontaire d'une cotisation qui, de toute façon, serait bien moins chère que celle des assurances « complémentaires » privées, mutuelles ou non. Et, surtout, supprimer toutes les exonérations de cotisations car, si les entreprises ont de l'argent pour payer des complémentaires d'entreprise, pourquoi n'en auraient-elle pas pour payer des cotisations à la Sécu ?
On voit bien qu'il s'agit d'un plan sournois pour saccager et faire disparaître la Sécu au profit de grands groupes privés. Il y a longtemps que les grands groupes d'assurance et de la finance en rêve !
Ne nous laissons pas dépouiller. La santé ne doit pas être une marchandise.
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