A Strasbourg la tête de liste FN se retire
On l’avait sollicité de Paris, Me André Kornmann, avocat au barreau de Strasbourg, pour conduire la liste FN aux municipales à venir.
Après un passage éclair et opportuniste au Centre en reconstruction, sans doute considéré comme un « ailleurs » accessible lors des incertitudes de 2008, hors UMP ou PS, les partis plus nuancés étant sans doute soustraits à sa considération, le voilà aujourd’hui plus frontiste que le premier des frontistes, donnant dans la démesure la plus déconcertante.
Sauf à considérer qu’il y a dans cet homme quelque chose de pathétique qui dépasse la seule ambition politique, on doit réprimer quelques frissons de frayeur.
On connaissait ses coups de gueule intempestifs, on savait son irritabilité viscérale, on ne pouvait ignorer l’originalité incohérente de sa pensée politique, partout même au FN à Strasbourg et en Alsace, mais pas à Paris.
Des bourdes, grossièrement caricaturales.
Même les plus virulents des frontistes et a fortiori ceux en quête de « fréquentabilité » normale, ont été excédés par les déclarations officielles faites, haut et fort, en conférence de presse.
Un programme que n’oserait rêver le plus fervent fasciste et à plus forte raison le proclamer d’emblée, en solitaire. Qu’on entende bien trois éléments significatifs d’un florilège des plus stupéfiants :
- dans les écoles même les maternelles, les punitions seront rétablies, pas corporelles cependant (sic). Le code pénal des écoles de la Ville sera institué par l’avocat promu ici législateur, procureur et juge à la fois, en se passant évidemment de l’avis des enseignants. Plus fort : les directeurs qui n’appliqueraient pas ces sentences verraient leur établissement délaissé matériellement par la Ville.
- expulsion immédiate des HLM de toute la famille, bailleur social, d’un mineur délinquant récidiviste.
Pour appliquer ces mesures, la police municipale sera renforcée par 300 agents supplémentaires. L’ordre sera rétabli avec des « chiens de grande envergure » chiens d’attaque en réserve dans un chenil-caserne de la Ville et surtout pas des bons toutous à mémé. Pourquoi pas une milice, à terme ? Suppression du drapeau européen sur tous les édifices publics ! Rien que le drapeau tricolore, Marseillaise et fermez le ban !
Où a-t-on déjà osé pareilles inepties ? Le docteur en droit Kornmann prête sans vergogne à la police municipale des pouvoirs qu’elle ne peut détenir. Et tout de la même eau.
On croit rêver mais c’est un cauchemar insupportable au point que même les directions départementale puis nationale du parti lui ont demandé un langage plus « aseptisé » selon l’expression qu’il utilise lui-même. Attitude trop douçâtre qu’il refuse catégoriquement. Il persiste et signe donc, certain que le parti et lui sont en accord sur le fond à 90% mais non sur la forme à laquelle il ne peut ni ne veut renoncer. En conclusion il se retire de la liste. A Paris le FN s’amende et on déclare que « venant du Modem » ( ce qui est faux), il ne leur était pas assez connu. Peut-être trop centriste. Le ou la remplaçante ne seront malheureusement pas pire, c’est impossible et l’alerte est donnée.
Curieusement à droite, surtout à l’UMP, on est déçu : un tel candidat ne pouvait que desservir le score du Front National par ses outrances qui auraient focalisé sur le personnage l’attention des électeurs et leur aurait fait oublier la tentative de normalisation menée par les grands ténors et Marine Le Pen en tête.
Une nouvelle donne ?
Pire : voici que Nicolas Dupont-Aignan (DLR) se dit prêt à préparer une liste avec le Mouvement pour la France ( MPF) et chasser ainsi sur les terres de l’UMP et celles du FN en même temps tout en braconnant tout gibier souverainiste.
Il en appellerait même aux amis de Robert Grossmann, le gaulliste patenté. Le succès n’est pas assuré du tout de ce côté là, l’intéressé étant fin politique et n’ayant rien à y gagner.
On voit ainsi que la fragilité de la municipalité PS laisse le champ ouvert à toutes les convoitises.
L’UMP peut y perdre des plumes sur son aile droite et donner moins de poids à la sénatrice Fabienne Keller, très, peut-être trop, « parisienne ». Elle se fait soutenir par des vedettes comme François Baroin avant-hier, NKM hier, d’autres demain. Curieuse cette manie de se faire valoir par personnalités nationales interposées ! Se sent-elle si seule ? Ne lui reste –t-il qu’un lieutenant de poids comme le combatif Pascal Mangin ?
Cela lui sera-t-il utile dans des discussions au niveau national entre UDI et UMP pour une éventuelle liste commune qui pourrait bien l’emporter facilement ?
Une fusion au second tour ?
C’est le centre traditionnel à Strasbourg ( UDF) devenu UDI par l’alliance de la plupart des courants centristes qui pourrait bien en tirer profit avec le modéré François Loos à sa tête et Fabienne Keller à un poste très important. Distribution façon Ries en quelque sorte, sans dispute préalable toutefois car les électeurs n’aiment pas çà. A l’exception des militants très engagés peut-être.
Article paru sur Médiapat et Eurojournal.net
Antoine Spohr
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