A-t-on encore le droit de critiquer l’Iran ?
Agoravox est un média que j’apprécie car il permet d’exprimer des opinions que l’on entend rarement ou jamais dans les journaux mainstream. Certaines vérités ne sont pas bonnes à dire dans les médias qui ont pignon sur rue alors que certaines contre-vérités sont assenées avec tant d’outrecuidance qu’on finit par en être malade. L’Iran est un de ses sujets qu’il faut prendre avec des pincettes si l’on ne veut pas se faire taper dessus. Chose grave, Agoravox participe à son tour à cette chasse aux sorcières. Explications (si l’on me permet de m’exprimer…)
Dans les médias, le même son de cloche se fait entendre. L’accord conclu avec le régime iranien est bon, solide et mesuré. Circulez, il n’y a plus rien à voir. Des cartons d’invitation seront envoyés dans six mois quand il sera l’heure de renégocier. En attendant, le bon peuple peut dormir sur ses deux oreilles et croire sur parole que l’Iran n’a aucune intention de fabriquer une bombe. Les médias nous bercent de ces jolies illusions et Agoravox aussi qui publie une grande majorité de papiers critiquant tous ceux qui s’interrogent sur les intentions de Téhéran.
Loin d’être un fanatique de Laurent Fabius et de ce gouvernement en général, je pense qu’il est quand même dommageable de critiquer les doutes exprimés uniquement parce qu’ils émanent d’un exécutif peu inspiré sur bien des questions. Une lecture non idéologique de la question iranienne montre que les doutes sont plus que légitimes et que l’accord signé à Genève n’efface pas de nombreuses questions malgré les dires des diplomates qui aiment afficher des succès devant toutes les caméras agglutinées dans les antichambres des centres de pouvoir.
Les présidents passent et la politique iranienne reste immuable
Si le départ d’Ahmadinejad a été vécu comme un soulagement à travers le monde, mais aussi en Iran, l’arrivée de Hassan Rohani ne change au fond aucune donnée fondamentale du problème. Le régime iranien considère que sa survie passe la dissuasion nucléaire. Contrairement à ce que pensent les Israéliens, l’Iran n’ira pas atomiser Tel-Aviv, mais avec la bombe, Téhéran s’assure d’une non ingérence dans ses affaires intérieures.
Ce désir de ne pas être la cible d’intervention directe ou indirecte de la part de l’Occident est d’autant plus grand que la population iranienne pousse pour que des changements profonds viennent modifier la course du pouvoir. L’économie est au plus mal et les libertés de plus en plus un sujet philosophique qu’un objet de droit. Si la situation économique est désastreuse et entraîne la colère des Iraniens, c’est en grande partie en raison des sanctions économiques qui sont exercées par l’Occident. Si les libertés sont foulées au pied, c’est uniquement en raison de la nature autoritaire du régime de Téhéran.
Ainsi, la situation n’est ni toute blanche ni toute noire et la position tenue jusqu’à Genève par l’Occident peut se comprendre. En faisant pression sur l’économie iranienne, les autorités perses devront se montrer plus conciliantes et pourquoi pas se montrer plus humaines envers un peuple qui souffre de l’arbitraire. Ce pari est risqué, mais était en passe d’être réussi. Avec la signature de l’accord entre l’Iran et le groupe 5+1 cet espoir s’est envolé (au moins dans l’immédiat) et aucune question intérieure ni extérieure n’est finalement réglée. Dire ces quelques vérités n’est pas vraiment possible dans les médias. Agoravox sera-t-il plus libre ? Beaucoup seront en désaccord avec ces lignes, mais elles méritent d’être lues pour que le débat prenne enfin le relai de la propagande servie matin, midi et soir.
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