A vouloir respecter tout le monde on ne respecte personne
La succession tragique des incendies d’immeubles à Paris et ailleurs devrait nous permettre de poser des questions qui ont été refoulées jusqu’à maintenant. Il est probablement vain, même s’il faut le faire, de chercher des responsables quand bien même certains seraient plus responsables que d’autres. C’est notre système, où chacun porte une part de cette responsabilité, qu’il nous faut considérer. Au-delà des questions techniques, logistiques, voire juridiques, le problème reste d’ordres social et culturel.
Au risque d’en choquer beaucoup, je suis de ceux qui pensent que la société française refuse majoritairement de regarder sa réalité en face, c’est-à-dire qu’elle n’accepte pas au fond d’elle-même la diversité qui aujourd’hui, de fait, la compose. Ce refus, qu’il n’est pas dans le climat actuel possible d’exprimer ouvertement, se traduit par des comportements de rejet hypocrites et pérennise concrètement une exclusion de ceux qui ne sont pas reconnus comme faisant partie de manière « naturelle » de la communauté. Les échecs patents de toutes les politiques dites « d’insertion » en sont les preuves les plus manifestes, auxquelles viennent s’ajouter toutes les vieilles rancoeurs engendrées par les frustrations issues d’une impossibilité de dire franchement le fond de sa pensée. De cet état d’esprit-là découlent tout un tas de conséquences pratiques dont les résultats ultimes sont les tragiques incendies et leurs cortèges morbides qui ont frappé ceux n’arrivant pas à s’insérer dans de telles conditions. C’est le problème d’ordre social.
Dans un autre registre, il n’est pas politiquement correct de dire que les difficultés rencontrées par les familles d’immigrés ou issues d’immigrés ont entre autres pour origine leur propre comportement. Depuis de très nombreuses années maintenant, nos vies se sont organisées en fonction de la nature de notre sociologie : des familles ayant en général peu d’enfants, assez éclatées, dans une course effrénée à l’individualisme dans un environnement technologique de plus en plus sophistiqué. Nos conditions générales de vie se sont adaptées à cet état et tout a été plus ou moins organisé en fonction de cela. Etait-ce bien, était-ce mal, là n’est pas la question, mais force est de constater que l’adaptation de personnes vivant autrement, par choix, par habitude, voire par nécessité, pose un réel problème. C’est le problème d’ordre culturel.
Mon propos n’est pas de savoir s’il faut ou non accepter des personnes différentes de nous à bien des égards. Que cela plaise ou non, nous sommes confrontés tous ensemble au résultat conjoint des actions menées en leur temps par nos pères, par le biais du colonialisme et du développement économique mondial anarchique du point de vue social. Mais il faut que cela se passe dans des conditions humainement acceptables, ce qui implique des efforts équitablement partagés. A dire vrai, je ne pense pas que les esprits soient mûrs pour de tels efforts. Dans notre hypocrisie, nous respecterons tout le monde, mais personne ne sera vraiment respecté.
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