Abattre un Maître exemplaire
On a vu récemment, au Québec, des hommes publics vautrés dans une innommable corruption. Permettez-moi de vous présenter aujourd'hui un avocat au comportement social exemplaire... et de vous montrer la façon dont on va l'abattre. Car comment ce qui est exemplaire ne serait-il pas à détruire, dans ce pauvre Québec gangréné dont la jeunesse, portant "carrés rouges" en signe de sa révolte a occupé les rues pendant des mois pour dénoncer les tares ? Les Carrés Rouges ont fait peur. Ceux qu'ils ont effrayés ne pardonnent pas ceux qui les ont soutenus. Parmi ces amis de ceux qui ont protesté, il y avait un avocat, Denis Poitras Différent, exemplaire. Un mauvais exemple. Le Système vient d'avoir sa peau.
Vous connaissez beaucoup d’avocats qui travaillent gratuitement ? Il y avait Me Denis Poitras, celui qui a pris la défense de tellement de Carrés Rouges l’an dernier. Pris leur défense comme ça, pour rien, juste parce qu’il aimait la justice et qu’il croyait que tout le monde devrait avoir droit à un avocat, dans un système où celui qui n’en a pas a si peu de chance d’obtenir justice… Il y avait Denis Poitras.
Mais Denis Poitras n’y sera plus. Il ne sera pas là pour surveiller les brutes à front bas et les garces a garcette, comme la Stephanie Trudeau, cette policiere sado qui a fait les manchettes. Pas là pour défendre les étudiants interpellés à la matraque et au gaz lacrymogène dont les procès seront entendus cet automne.
On a eu Poitras par l’impôt, comme on a eu jadis Al Capone… C’est l’arme hypocrite de l’État quand vous êtes trop méchant ou trop bon, mais de toute facon trop costaud et que vous êtes un emmerdeur qui méritez un traitement spécial. Un avocat qui travaille gratuitement, c’est un emmerdeur bien costaud.
Préparez-vous à un traitement bien spécial. Car si vous êtes soupçonné… accusé - (mettez le mot que vous voudrez, il prendra le sens qu’on voudra ) – de ne pas avoir donné votre (sa) livre de chair au fisc, c’est à vous de prouver que vous l’avez fait. Spécial. Étrange… Une petite exception à la règle du fardeau de la preuve, pour faciliter le travail de l’Etat… Alors soupçonné, coupable… c’est du pareil au même, car, si le fisc le prétend, lui tenir tête vous ruinera inexorablement. Exit, donc, Maître Poitras.
Ouf, bonne affaire de réglée ! Car ce n’est pas une petit affaire de garder les petites gens à leur petite place. On peut les laisser jaser entre eux ou faire les zouaves dans la rue le temps de les rosser un peu, mais ça ne doit pas biaiser la mission fondamentale de toute gouvernance, qui est évidemment de prendre des pauvres pour donner aux riches… ce qui équivaut, en fait, à créer ou à conserver les uns comme les autre.
Vous, les contestataire, donc, dérangez un peu, mais pas trop ; voyez çà comme une grève… Alors un Don Quichotte qui vient parler pour vous – et gratuitement – c’est TROP dérangeant. Qui sait comment tout ça pourrait finir…
Poitras est un emmerdeur. Pourtant, quand je compte les milliers de jeunes que Poitras a défendu et pourrait continuer de défendre, je me dis qu’il l’a fait en suppléance de l’Etat qui a scandaleusement fait en sorte de NE PAS assumer par l’aide juridique les frais de leur défense. Il a porté secours a des personnes en danger, abandonnées par leurs gouvernants. Si Poitras avait touché le minimum qu’on peut penser qu’auraient mérité ses interventions, il aurait largement le nécessaire pour payer ces taxes et impôts qu’on lui réclame, à tort ou a raison. S’il n’a pas cet argent, c’est parce qu’il a fait le choix honorable le de travailler pour la justice plutôt que pour du fric. C’est lui, l’honnête homme dans ce dossier
En ruinant Poitras, le fisc ingrat expose la turpitude de notre société et son incapacité crasse à assumer ses responsabilités. Il l’expose encore plus clairement, en rendant public que Poitras n’a pas un sou vaillant. Il se démarque de toutes ces ordures que nous a montrées la Commission et Charbonneau et qui ont, qui son château, qui son compte numéro en paradis fiscal. Denis Poitras mérite notre admiration. Profitons-en, ils ne sont pas nombreux
Que penser d’une gouvenance qui punit ceux comme Poitras qui font du bien et soutiennent la justice… alors qu’on donne des centaines de milliers de dollars à un Applebaum, ce Maire de Montreal dont j’opine qu’il est un prévaricateur lui-même corrompu, et que la loi est bien mal faite qui ne permettra pas qu’on l’envoie au bagne en jetant la clef aux crocodiles ? En penser qu’elle ne mérite plus aucun respect et n’a plus aucune légitimité…
Le fisc a la force de prendre de Poitras, comme de vous et moi, tout ce qu’il veut. Mais le temps est fini de croire que vous et moi ayons la responsabilité morale de lui donner plus que ce qu’il peut arracher. Notre gouvernance n’est plus légitime. Le contrôle démocratique est un fiction. La ponction fiscale ne rend pas tout ce qu’elle prend ; c’est une rançon versée au 0,0001% de la société qui exploite le reste. Les étudiants qu’on va priver de leur défenseur, c’est le symbole de nous tous qui sommes sans défense.
On souffre tous un peu et on se tait… mais il y a des cas ou l’infamie devient exemplaire Comme quand on tape sur Poitras qui est indubitablement l’un des justes dans cette société où on ne pense plus à défendre ceux qu’on accuse
Notre société veut se débarrasser des Poitras qui apportent une lueur de solidarité et donc d’espoir. Poitras donne mauvaise conscience a tous ces avocats qui ne posent pas un geste pour défendre la justice. Il arriveront peut-être è tous les éliminer.
Mais il pourrait suffire alors d’un peu de grabuge, pour qu’on comprenne, que ce sont ceux, hélas bien rares, qui comme lui ont prêté assistance à cette « personne en danger » qu’est devenu l’État de droit, qui ont permis de retarder un peu l’échéance d’une violence sociale que nous provoquons. Quand il ne restera plus de Poitras, cette violence éclatera comme un ouragan. On regrettera notre inconscience, notre imprévision et notre ingratitude.
Pierre JC Allard
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