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Accueil du site > Tribune Libre > Abécédaire intimiste de Moscou - D comme DATCHA, E comme EGLISE

Abécédaire intimiste de Moscou - D comme DATCHA, E comme EGLISE

Après G comme Gens, V comme Voitures, nous revenons aux premières lettres de l’alphabet pour nous intéresser aux demeures privées et sacrées des Moscovites.

C  : Il n’y en a pas en russe puisque c’est le S  !

Nous sommes donc dans l’obligation d’ajouter un intercalaire français car on ne peut pas oublier un mot comme « CIRQUE »  !

Comme en Chine, le cirque à Moscou est une distraction traditionnelle et prisée dont il faut recommander une séance aux touristes.

Il y en a plusieurs et c’est un spectacle ancré dans la vie moscovite pour la joie des petits et des grands. Les cirques perpétuent un art séculaire où se mêlent clowns, patins et ours bruns. Il y a le nouveau cirque sur les monts Lénine et le charmant « vieux cirque » sur TSVETNOY boulvar. Toute la famille, au sortir du spectacle, termine par une promenade dans le petit parc voisin.

D comme DATCHA, isba et autres constructions traditionnelles

Datchas et isbas

Une datcha est une maison de campagne, qui rattache le citadin à la terre russe. Une isba, c’est une maison de bois, une habitation à demeure qui peut aussi devenir une datcha, surtout actuellement.

Datcha et terre

Les Moscovites se moquent pour l’instant de la qualité de l’air, mais ils ont un attachement profond pour la « terre ». Chaque Moscovite se débrouille pour posséder ou jouir d’une petite « campagne », maison coquette ou assez misérable cabane, même au bord d’une route à grande circulation. La publicité et l’immobilier des résidences secondaires est en pleine expansion.

Les isbas anciennes des riches paysans sont souvent magnifiques avec leur bois sculpté et ajouré, leur découpe en berceau en dessous du toit et leurs fenêtres à l’entourage ouvragé. Souvent une sculpture ou une décoration révèle les goûts du propriétaire  : des anneaux olympiques pour un sportif ou un violon pour un musicien. Le toit a le plus souvent la forme triangulaire classique, mais, parfois, il a la forme des granges américaines. Tout dépend des régions et aussi de l’âge de l’isba, les maisons neuves privilégiant ce dernier mode de toiture qui permet des pièces plus spacieuses au premier étage. Les isbas neuves sont souvent recouvertes de planches jointives en bois et en plastique, leurs fenêtres n’ont plus d’encadrement sculpté, tout cela gagne en fonctionnel, mais perd beaucoup en charme.



A l’intérieur des maisons de bois, les interstices sont soigneusement bouchés avec une sorte de cordage de chanvre. L’icône figure toujours dans un coin, encadré par son linge blanc. Le mobilier, le linge et la vaisselle représentent d’étranges analogies avec ceux des intérieurs de l’Est européen et l’expression « grand Est  » est parfaitement justifiée.

Un bel exemple d’isba de noble est la maison de Tolstoï qu’on peut visiter au bout d’une ligne de métro.

Qui dit maisons de bois, dit incendies : chaque village a son isba mélancolique, ruinée par le feu.


E comme EGLISES et monastères en restauration et ENVIRONS

RESTAURATION des Eglises et Monastères

La possibilité de célébrer le culte orthodoxe au grand jour, Poutine lui-même se rendant à certains offices, a entraîné la restauration, voire la reconstruction d’une surprenante rapidité des églises et des monastères.

L’église moscovite du Christ Sauveur en est un exemple typique. Détruite au temps du communisme, elle a été reconstruite dans sa splendeur de marbres et d’or. Chaque année à Moscou voit surgir de nouveaux bulbes bleus, noirs ou dorés surmontés de la croix barrée. En fait, le plus souvent, il ne s’agit pas de constructions nouvelles, mais de restauration d’anciens bâtiments ruinés qu’on ne remarquait plus.

Les cloches, les carillons et les horloges ne sont pas en reste de cette rénovation. Certaines vieilles horloges, ont encore des lettres en slavon au lieu de chiffres. Dans la campagne, on trouve encore des églises de briques en ruine, dévorées par le lierre, mais bien d’autres aussi où les travaux ont déjà commencé. Ce sont plutôt les anciens locaux des foyers de la jeunesse et de la culture communistes qui auraient besoin parfois d’un petit coup de remise à neuf  ! Ainsi va l’Histoire. D’autres souvenirs de l’époque communiste peuvent se rencontrer dans des cimetières de campagne qui sont aussi laids que les nôtres avec leur fouillis de croix et leurs concessions entourées de petites grilles. Mais ce qui est attendrissant ce sont les petites tables et bancs qu’on y trouve. Ces derniers servaient à faire une petite collation tout en évoquant les qualités du défunt  : une bien jolie façon d’honorer les morts en l’absence de cérémonie religieuse.

Mais revenons à nos églises, de briques ou de pierre blanche selon les endroits. Même grandes à l’extérieur, elles paraissent beaucoup plus petites à l’intérieur, les murs sont si épais.

Dans l’atmosphère baroque aux couleurs chaudes, à la lueur des cierges, couleur de miel, et dans l’odeur de l’encens, les fidèles se recueillent devant l’iconostase ou les reliques. Ils sont nombreux, parmi eux des jeunes et des hommes, et la ferveur est palpable.

Est-ce l’expression d’un sentiment religieux ou de la religiosité due à une communion dans un même sentiment patriotique  ? Quelques jours ne suffisent pas pour apporter une réponse.


ENVIRONS


Rien de tel pour mieux comprendre Moscou que de visiter ses environs.

Vous devrez faire des choix difficiles entre toutes les belles excursions vers des sites intéressants des environs de Moscou décrites par votre guide. En sortie d’une demi-journée, d’un, deux ou trois jours, le choix est vaste entre les monastères, les palais, les églises ou tout simplement la nature.

Une échappée très instructive est de suivre la route de l’Anneau d’or jusqu’à 300 km de Moscou. Des villes, des églises et des monastères forment un périple en cercle, avec une appellation touristique faisant référence à l’anneau symbolique. SOUZDAL et VLADIMIR sont deux étapes particulièrement instructives car elles sont comme un grand résumé, l’une d’une petite ville et l’autre d’une ville moyenne de la campagne moscovite. En allant de l’une à l’autre, on découvre les villages paysans et l’on peut suivre la trace des monastères de saint Serge, pionnier de l’unification russe et de la lutte contre les Tatars. C’est à Sergueï Possad que l’on peut admirer l’icône de la Trinité… et que l’on fabrique les « boules » de Noël en bois représentant des monastères, vendues au marché d’Ismaïlovo.

La petite ville touristique de SOUZDAL, au bord de la rivière Kamenka, datant au moins du XIe siècle, est un concentré d’Histoire et de monuments typiques  : kremlin, cathédrale avec sa riche iconostase à cinq registres et ses chandeliers contrastant avec la sobriété de la petite église en bois de l’écomusée où les chandeliers sont remplacés par… un bac à sable pour planter les fines et longues bougies usuelles, monastères de Saint-Euthyme avec son carillon, autres monastères restaurés ou non, chambres d’hôtes du couvent de l’Intercession avec son restaurant où l’on retrouve le décor d’une vieille isba. Mais la ville aussi est intéressante avec ses marchés, la galerie marchande voulue par la grande Catherine, son centre-ville et sa longue rue, et même son complexe hôtelier qui veut imiter les chambres du monastère, mais avec le confort qui plaît aujourd’hui aux nouveaux riches des pays de l’Est. La population est bien plus souriante qu’à Moscou malgré les problèmes récurrents de chômage.



D’une ville à l’autre, on traverse de charmants villages-rues où chaque fenêtre d’isba mériterait une photo. Les paysans semblent s’en être allés et les commerces, s’il y en a, sont bien cachés. Les maisons sont occupées par des retraités ou transformées en résidences secondaires. Les petits jardins sont bien clos pour protéger les cultures et les animaux domestiques des prédateurs venus des immensités environnantes. On y voit de drôles de pommes qui ressemblent à des kakis.

VLADIMIR est une ville moyenne avec une périphérie industrielle et un quartier résidentiel accroché au versant de la colline. Le centre-ville est élégant et envahi par cent boutiques de téléphonie mobile. L’on y trouve encore une vraie cantine communiste typique et très fréquentée. Les plats sont agréables à des tarifs très bas et le décor se veut plaisant. Les tables sont ornées d’un petit bouquet et de verres dessinés exprès pour embellir les cantines. Au fronton de la porte Saint-Martin, nous voyons une effigie de la célèbre vierge de Vladimir et en haut de la tour, un musée militaire et un diaporama très réaliste sur les attaques tatares et mongoles au temps où les princes de Russie étaient faibles car divisés. Vladimir regorge de monuments comme la cathédrale de la Dormition ou l’église Saint-Dimitri, près de la Maison de la noblesse, qui font le bonheur des mariées immaculées pour les photos de noces. Après la traversée des voies du Transsibérien, on entreprend le trajet onirique vers l’église de l’Intercession, située dans le lointain, au bord de la Nerl.

Transsibérien, que de magie dans ton nom  ! Un jour ou l’autre, si l’on aime les paysages infinis de la grande Russie, il faudra sacrifier à ce rite, au moins jusqu’à IRKOUTSK et au lac BAÏKAL, peut-être même jusqu’aux marches frontières de ces terribles Mongols qui ont fait trembler Russes et Chinois.

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3 réactions à cet article    


  • Yvance77 21 juillet 2008 20:59

    Merci pour ce panorama bien sympa pour l’amoureux de la Russie (et d’une russe) que je suis.

    A peluche


    • Olga Olga 22 juillet 2008 11:44

      Que c’est joli à regarder !
      Mais, aucune envie d’aller voir sur place.
      C’est certainement le sort réservé à Anna Politkovskaïa qui brise tout le charme...


      • geo63 22 juillet 2008 12:12

        Merci pour cette visite d’un tout petit morceau de la "Grande Russie".
        J’ai visité Serguei Possad en 1976, mais oui au temps de Brejnev (c’était alors Zagorsk), tout seul en touriste dans le brouillard avec des pélerins fascinés, cette visite est restée gravée dans ma mémoire. Beaucoup plus récemment en 2005, j’ai redécouvert le site devenu très commercial et lourdement repeint.
        A ce propos j’ai pu voir l’icône de la Trinité à la galerie Tetriakov de Moscou en 1976, êtes-vous sûr que ce n’est pas toujours le cas ? Il y a de magnifiques reproductions sur le porche d’entrée, mais je n’ai pas vu l’original à Serguei Possad. On peut visiter le tombeau de Saint-Serge, sans s’arrêter...

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