Absence de volonté internationale
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan bin Abdullah, a récemment souligné, lors d’une réunion ministérielle sur la Syrie à Rome, l’absence de volonté internationale effective de résoudre la crise syrienne. Ça a donné l’occasion à certaines parties de mettre en œuvre des projets d’expansion, sectaires et ethniques visant à changer l’identité de la Syrie. « Ça menace de pérenniser la crise syrienne et ses impacts régionaux et internationaux. »
La vision stratégique saoudienne dans ce contexte est tout à fait correcte. Elle ne se limite pas à la crise syrienne. Mais elle s’étend à l’ensemble des crises de la région.
Personne ne conteste que le manque de volonté internationale est le véritable obstacle à la sécurité et à la stabilité en Libye. Ceci comme sur d’autres dossiers régionaux tels que la crise du barrage de la Renaissance. Celle-ci, tout le monde craint qu’elle ne se transforme en une véritable guerre de l’eau entre les pays de la vallée du Nil.
L’aggravation des crises de ces dernières années tient à l’absence de volonté politique internationale. L’absence du rôle actif supposé du Conseil de sécurité de l’ONU pour désamorcer les tensions et mettre fin aux conflits.
Les institutions internationales n’ont pas joué un rôle concret dans la résolution des crises et des conflits depuis la création de l’ONU en 1945, pourrait-on dire. Un autre pourrait dire que le concept de collectif mondial est un concept flou, difficile à définir ou à modeler de manière réaliste. C’est à peu près vrai.
Mais la littérature politique a l’habitude de décrire les grandes puissances qui dominent l’ordre mondial et ses prises de décision - que ce soit à travers les Nations Unies ou à travers les entités internationales qui ont émergé après elles comme le G-20, le G-7 ou l’OTAN - comme le collectif mondial.
C’est un concept croisant entités et bloc. Et est censé inclure toutes les capitales de prise de décision et tous les États et puissances qui contribuent à orienter la boussole des relations internationales, la résolution des crises et la sécurité et la stabilité. Le fait est que ces blocs ne font pas des crises de la région arabe et du Moyen-Orient une priorité.
Ceci malgré la gravité des crises et la diversité des effets et des pertes matérielles, humaines, environnementales et culturelles. Des coûts qui ne se limitent pas à l’étroite portée géographique de ces crises. Elles touchent d’autres régions et d’autres peuples du monde.
La crise syrienne en est peut-être l’exemple le plus clair. Des chiffres et des statistiques récents indiquent qu’il y a environ 6,7 millions de réfugiés, de personnes déplacées et de demandeurs d’asile syriens dans plus de 130 pays. Environ 1,6 million d’enfants syriens réfugiés dans la région ont moins de 10 ans.
Il y a 5,5 millions de réfugiés syriens chez les voisins de la Syrie. Plus de 60 % d’entre eux sont des femmes et des enfants.
Ces chiffres alarmants soulignent la gravité de la prolongation de cette crise, ne recevant aucune attention internationale. Bien que, le dossier des réfugiés syriens est devenu plus comme une catastrophe humanitaire internationale.
Non seulement les pays qui accueillent ces réfugiés sont accablés, mais ils sont devenus un moyen de chantage pour d’autres pays, comme c’est le cas entre la Turquie et l’Union européenne.
Beaucoup d’entre eux, de gré ou de force, sont exploités dans des actes terroristes et s’engagent dans des organisations extrémistes. C’est le cas de l’acheminement de mercenaires dits de nationalité syrienne sur le territoire libyen avec un financement, un soutien et un armement turcs.
Il est donc important de parler de la nécessité d’un consensus international pour mettre fin aux souffrances humaines du peuple syrien et de trouver une solution à cette crise transfrontalière, en assurant le flux de l’aide internationale à ses bénéficiaires. Son Excellence a appelé à « ne pas politiser les affaires humanitaires en Syrie et à ne pas négliger les besoins humanitaires du peuple syrien. »
La crise libyenne est un autre exemple du manque de volonté internationale. Tout le monde constate l’impasse qui entoure la mise en œuvre des résultats de la conférence de Berlin I tenue en janvier.
Bien que les dirigeants de grands pays comme la Russie, la France et l’Italie soient présents aux côtés des dirigeants arabes, du président turc, de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et de l’envoyé de l’ONU Ghassan Salameh, le marasme règne toujours sur l’obstacle majeur de cette crise. A savoir, les mercenaires étrangers que la Turquie a fait venir sur le territoire libyen.
La conférence de Berlin II, qui s’est tenue le 23 juin, a abouti à des résultats similaires à ceux de la première conférence, sans pour autant faire preuve d’une volonté internationale ferme et exercer une forte pression sur la partie turque pour qu’elle retire ses troupes et les mercenaires qu’elle a fait venir.
L’initiative de stabilité de la Libye à Berlin II a même été présentée pour la première fois par les Libyens, mais n’a pas trouvé un soutien fort et approprié obligeant la Turquie à mettre en œuvre l’un de ses points principaux. L’appel au départ des mercenaires de Libye. A cet égard, les EAU partagent la vision saoudienne de la recherche de solutions aux crises régionales.
Dans un discours prononcé devant l’Assemblée générale des Nations unies, SE Lana Nusseibeh, ambassadeur des EAU auprès des Nations unies, a fait part de la profonde inquiétude des EAU « face au déclin du respect du droit international dans le monde, » et estime qu’« un monde sans ordre international fondé sur des règles est un monde de chaos et d’instabilité. »
« C’est celui où agissent des éléments voyous qui bafouent les normes internationales et restent impunis. Un monde dans lequel les relations de confiance entre les pays s’effondrent. Les plus vulnérables dans les sociétés sont laissés à leur sort sans que la justice ne leur soit favorable, » a-t-elle déclaré.
« Il n’existe aucune région du monde où le respect du droit international est remis en cause comme c’est le cas au Moyen-Orient, » a-t-elle ajouté.
Par conséquent, nous comptons sur les EAU, dans le cadre de leur statut de membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU qui débutera l’année prochaine, pour faire bouger les choses et attirer l’attention sur la nécessité d’un consensus et d’une coopération internationale pour résoudre les crises.
Nous comptons sur l’exploitation de ses relations stratégiques solides et de ses partenariats avec toutes les grandes puissances pour résoudre les choses et faire évoluer les attitudes vers des solutions aux crises et aux conflits et pour contribuer à la survie de l’ordre mondial existant.
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