Abstention record à la présidentielle... Et alors !
Depuis le suffrage universel direct le taux d'abstention le plus élevé date du 15 juin 1969 avec 31,1%. Pourtant, Pompidou avait gouverné la France sans que le pays ne sombre dans le chaos. Mais c'était une autre époque et un autre contexte. Cette année là, la gauche était absente du second tour et le communiste Jacques Duclos refusa d’appeler ses électeurs à choisir entre "bonnet blanc et blanc bonnet", c'est-à-dire entre Pompidou (UDR) et Poher (Centre démocrate). En 2002 le taux d'abstentions était également important au premier tour avec 28,4%.
Ces records du nombre d'abstentionnistes pourraient être battus en 2017. C'est ce qu'on appelle parfois la "Praf attitude", qu'il faut traduire par le détachement de la politique. Comment s'en étonner avec la décomposition politique que nous observons tous les jours. Alors, combien d'adeptes supplémentaires dans quelques semaines, nul ne le sait.
Et Alors ! Où est le problème puisque nous aurons quand même un nouveau Président de la République au soir du 7 mai 2017. C'est bien là l'essentiel non ? Pour lui en tout cas. D'ailleurs, qui peut imaginer un seul instant que le Chef d'Etat élu pourrait avoir le moindre sentiment de gêne ou de frustration s'il y avait, disons 32% d'abstention au doigt mouillé. Personne bien sûr ! Car, ce soir-là les partisans de l'heureux élu feront la fête comme à chaque fois un soir de victoire électorale et oublieront rapidement les abstentionnistes.
Honnêtement, ce chiffre de 32% d'abstentionnistes n'est pas du doigt mouillé, pas assez fiable. Mais l'estimation d'une étude du Cévipof réalisée quelques semaines avant l'élection. Rien cependant n'est gravé dans le marbre, ce n'est qu'une indication. Certes, à l'approche du jour J les sondages s'affineront, mais aujourd'hui le nombre d'indécis est bien trop important et c'est le flou et les interrogations qui dominent, tellement la campagne électorale est polluée par les affaires. Toutefois, selon un responsable de cette étude "à 35 jours du premier tour, on aurait pu observer un taux autour de 20 % d'abstention et non pas 32."
Encore une fois, et alors !
Le cabinet noir de l'Elysée qui serait accroché comme une sangsue au basques de François Fillon est-il encore à la manoeuvre en utilisant le Cévipof comme son bras armé pour faire peur aux citoyens. Peut-être ne faut-il pas chercher si loin, sans pour autant se faire trop d'illusions sur la virginité du gouvernement socialiste. Mais il est évident qu'un taux d'abstention important favorisera le FN qui a un électorat fidèle sur lequel il peut compter et qui ne s'abstiendra pas. Pour Martial Foucault, directeur au Cévipof, "Le point essentiel, c'est ce niveau de défiance vis-à-vis de la politique, une sorte de fatigue ou de malaise". Pas besoin de sortir de Sciences Po pour pour le comprendre.
Être ou ne pas être abstentionniste, c'est la question
Encore plus difficile dans la situation actuelle d'essayer de deviner le résultat des législatives, Même si les électeurs donnent d'habitude la majorité au chef de l'Etat, il peut y avoir une exception à la règle. Aux élections législatives de 2012, l'abstention était de 44,59% au second tour, un chiffre parlant sur l'intérêt porté à ce type d'élection. Mais nous pouvons certainement encore faire mieux. De toute façon cela n'a absolument aucune importance puisque "L'élection présidentielle 2017 n'aura pas lieu". Un roman d'anticipation d'un auteur qui préfère rester dans l'anonymat. Vous avez aussi le livre "Plus rien à faire, plus rien à foutre" d'un spécialiste de l'épineuse question, Brice Teinturier d'Ipsos. Au moins l'abstention fait parler et vendre. Qui sont les abstentionnistes ? Il faudrait un article entier pour détailler le phénomène, mais comme c'est contagieux ça peut arriver à tout le monde.
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