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Accueil du site > Tribune Libre > Abus hot-lines an co : l’usure générale en partage

Abus hot-lines an co : l’usure générale en partage

En promouvant en douce un monde a-relationnel, les nouvelles socio-techniques que sont hot-lines et centres d’appel ajoutent à l’éclatement de notre société — dont le tissu et la cohésion sont déjà fort malmenés par la sous-traitance, l’intérim et les délocalisations — une "usure" continue "par le bas", tant les "petits" abus récurrents qu’elles facilitent isolent les usagers dans de "petites" luttes sans fin (c’est ma facture de téléphone, mon RAR). (Exemples sur mon blog, catégorie "Les déboires d’Amada")

Un insidieux épuisement "par le bas". 

 
 Résister ou se résigner : l’usure en partage. 
 
 
Ceux qui luttent contre ces "petits" abus épuisent leur allant politique
 
Ceux qui ne renoncent pas au droit — sans lequel, rappelons-le, aucune vie en commun n’est possible — perdent une grande partie de leur temps, de leur énergie nerveuse et pas mal d’argent à se battre au quotidien pour le respect des contrats, de la parole, de la loi.

Ces luttes individuelles pied à pied qui servent l’intérêt général, dévorent l’énergie des lutteurs et les privent d’élan pour des perspectives plus vastes — donc partagées — de changement. Elles les privent paradoxalement d’allant politique.

Ceux qui laissent pourrir font le lit de dangereux ferments

N’en doutons, pas, ceux qui, par ailleurs, renoncent à ces "petits combats", sont fort nombreux. Sinon les tentatives d’abus cesseraient de croître. De fait, cela vaut-il vraiment le coup de passer je ne sais combien de coups de téléphone, d’écrire des courriers en recommandé accusé de réception, de se déplacer pour remettre de l’ordre — et souvent plusieurs fois de suite — pour arriver à faire respecter un contrat et récupérer les 20,00 ou 30,00 qui ont été volés ? 

Mais ces "non pertes" de temps, d’argent et d’énervement, ont un coût psychologique (résignation, agressivité rentrée, etc), en plus de leur coût social et politique (laisser tout loisir aux gros organismes de continuer à abuser de leur pouvoir).


Or, comme le disait la philosophe Hannah Arendt, à force de frustrations rentrées les "masses silencieuses" forment de très dangereux soutiens à l’avènement des tyrannies...

Côté associations même fatigue...

Même lorsque, grâce à des associations de consommateurs, les luttes se rassemblent, une énergie colossale est dépensée pour des résultats frustrants et longs à obtenir.


En France, malgré une longue insistance, ces associations ne sont toujours pas parvenues à obtenir la possibilité de mener des "class actions", soit la possibilité de se grouper pour entamer un procès à plusieurs concernant telle ou telle pratique abusive répétitive.



Et franchement on se demande pourquoi.
Enfin non : car à qui cette dispersion profite-t-elle, si ce n’est aux gros organismes abuseurs ? 

...et même isolement...

Ces précieuses fourmilières qui font rempart à une emprise totale des gros organismes sur les particuliers, ne peuvent, de facto, être de tous les fronts.
Groupées d’un côté, elles restent isolées de l’autre.
Autrement dit, bien que de nombreuses initiatives se dressent pour essayer de rendre le monde respirable (de l’association de consommateurs à des émissions télévisuelles comme "sans aucun doute", en passant par des associations plus spécialisées, les partis politiques et les syndicats), elles se présentent comme les pièces dispersées d’une mosaïque dont le dessin ne nous est plus perceptible.

*** 

De l’éclatement aux divisions intestines

Parallèlement à cet éclatement de fait, qu’ai-je constaté au cours de mes petites recherches ? Qu’une haine et une division incroyables couvent par en dessous. Les files de commentaires qui s’alignent sous nombre d’articles de presse en témoignent : en lieu et place d’une société civile digne de ce nom, nous sommes rongés par des querelles et des jalousies de cour d’école ! Et les fonctionnaires ceci et les patrons cela, et les privés ceci et les assistés cela ! Nous nous accusons mutuellement, nous désignons des boucs émissaires, nous pestons et râlons… Chacun dans son coin.

Je suis frappée de constater l’indifférence générale à laquelle se heurtent les mouvements sociaux de fond comme par exemple cette année en France ceux de l’université, ou celle des producteurs de lait.

Mais dîtes-moi, à qui profitent ces divisions intestines ? Si ce n’est aux gros organismes qui, tandis que nous nous chamaillons, peuvent tranquillement poursuivre leur colonisation… 

Syntonisation des esprits et cohésion virtuelle

Il faut dire à notre décharge que quelques "voix", celles-là dotées d’un demi-corps visible, nous administrent quotidiennement la série des évènements majeurs — à retenir à l’exclusion des autres — qui animent notre société. Certes ce ne sont ni des hot-lines, ni des centres d’appel, mais tout de même des "voix" qui, si elle ne nous donnent pas des ordres, dirigent l’attention collective dans la direction qui leur chante.
Quoi de plus efficace que cette régulière syntonisation audio-visuelle des esprits pour nous donner l’illusion d’appartenir au même monde, à la même société, et pourquoi pas même de "faire corps" (effet connu des émotions collectivement partagées) ?

Sauf que ce n’est pas une société virtuelle, de surcroît fondée sur la parole de quelques uns et le silence de tous, qui peut nous rendre la vie "bonne", si ce n’est meilleure.

Fatigués, usés, divisés, hypnotisés.... Il est temps de refonder une unité.

Il nous faut d’urgence reformer une unité et agir de concert si l’on ne veut pas qu’un dessein venu "d’en haut" ne nous tombe dessus contre notre volonté.(Un exemple...)

Pour cela il nous faut refonder un tronc commun. Comment ? Je n’en sais encore fichtre rien. Sauf que je suis certaine, qu’il est urgent de renouveler notre façon de regarder et de penser le monde, notre façon de nous rencontrer pour enfin pouvoir agir de concert, au lieu de nous laisser "diriger" par on ne sait quoi au juste.

Parce que dans quel monde voulons-nous vivre, vous et moi ? 

 


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12 réactions à cet article    


  • finael finael 23 juillet 2009 20:12

    A en juger par le nombre de réactions, vous êtes tombé pile là où ça fait mal !


    • Amada 23 juillet 2009 20:55

      Bonsoir finael


      Et merci pour votre humour !
      Dois-je l’entendre comme « vous avez tapé à côté » ? Ou comme
      « on est si fatigués qu’on ne réagis plus ? »

      Cordialement
      Amada

      • finael finael 23 juillet 2009 22:03

        Vous êtes tombée pile dedans au contraire.

        C’est ce qu’on appelle mettre les pieds dans le plat !

        A lire Agoravociférations on a un là bel exemple de ces entrecroisements de combats parcellaires qui font la force des pouvoirs réels.

        Pour ma part je fais partie des combattants isolés : les LRAR ça marche, surtout avec des copies à la DGCCRF !


      • Amada 24 juillet 2009 00:22

        Re bonsoir finael


        Merci pour cette encourageante précision.
        Et l’humour encore. Les pieds dans le PLAT... Oui !

        Qu’est-ce que le LRAR ? (DGCCRF je crois que j’ai une idée.)

        Cordialement
        Amada

        • finael finael 24 juillet 2009 09:38

          LRAR : Lettre Recommandée avec Accusé de Réception

          DGCCRF : Direction Générale de la Concurrence de la Consommation et de la Répression des Fraudes


        • finael finael 24 juillet 2009 12:47

          J’ai lu votre blog, je constate donc que nous n’employons pas les mêmes sigles : RAR au lieu de LRAR. Mais j’ai vu que vous êtes une observatrice attentive de ce monde kafkaïen qu’est devenu le nôtre.


        • Amada 24 juillet 2009 17:31

          Bonjour finaël


          merci d’avoir lu mon blog et pour les compliments.
          Ca fait toujours plaisir.

          Cordialement
          Amada

          ps : et merci pour les précisions sur les sigles (une autre tendance actuelle fort
          significative...).

        • Eric Lombard Eric Lombard 24 juillet 2009 10:29

          Excellent article !
          Résister ou se résigner, voilà bien le dilemme. Mais il y a tellement de mini combats à mener, que résister va bientôt devenir un job à plein temps... Un certain Yves Lasfargue a dit qu’on était passé d’une société de la peine à une société de la panne. O combien vrai !
          Mais résister ne suffit, il faut contre attaquer.
          A la fin de mon enquête sur les hotlines, j’évoquais "l’exaspération des consommateurs indignés d’avoir à payer pour simplement faire valoir leur droit à un produit ou un service qui fonctionne, alors qu’ils paient déjà beaucoup en désagréments et en temps perdu !"

          Il faut réclamer des dommages et intérêts pour le temps perdu, les km parcourus, les désagréments occasionnés. Boycotter les entreprises qui ne nous respectent pas. Créer du buzz négatif sur internet.

          Les associations de consommateurs ne sont pas à la hauteur. Elles n’ont pas pris la mesure de ce que pourrait être un combat moderne utilisant les moyens du web 2.0.Elle se sont fait doubler par des sites comparateurs d’achat.


          • Amada 24 juillet 2009 17:35

            Bonjour Eric Lombard,


            merci pour votre compliment,
            vos commentaires, vos remarques et les pistes proposées.
            Oui, pour le boycott, et réclamer dommages et intérêt mais quand il y a monopole
            et/ ou que les class-actions ne sont pas possibles ?

            Cordialement
            Amada

          • finael finael 24 juillet 2009 15:37

            Un des problèmes majeurs dans ce genre de lutte c’est que fort « opportunément » la loi n’autorise pas les plaintes collectives. Pratique courante chez nos voisins anglo-saxons qui permet à un groupe de se cotiser pour payer les frais de justice, avocats et assister aux audiences.

            La magistrature s’y oppose totalement : Il faut bien que nos « pauvres » avocats aient un maximum de dossiers.


            • jeannot14 25 juillet 2009 09:38

              Amada, bravo, le plus simple dans tous rapport commercial c’est de négocier le
              contrat avant achat et de rayer les clauses abusives.

              Je reconnais que ce n’est pas simple, et qu’il faut savoir perdre son temps, mais
               comme tout bon commerçant qui se respecte, et là pour vous prendre votre argent, à
              95% ils acceptent vos conditions.

              Exemple, à propos de contrat adossé à des prélévements automatiques, je refuse
              systématiquement, je régle par chéque.
              Si par malheur, on vous préléve des sommes indues sur votre compte et que vous
               n’ayez pas signé d’autorisation de prélévement, il vous faut demander le
              remboursement du prélévement indu à votre banquier. C’est à lui et à lui seul qu’il incombe de vérifier l’autorisation de prélévement, entre gros anarqueurs ils
               s’arrangent à l’amiable et vous pouvez faire valoir vos droits auprès du souscripteur
               qui n’ayant pas été réglé devient beaucoup plus commercial.

              Le problème de toutes ses démarches, c’est que le consommateur que je suis,
              réfléchi et se pose la question de savoir s’il faut consommer pour le plaisir ou pour
              la contrainte.

              La contrainte devenant de plus en plus présente, j’avoue que je consomme moins.

              Et je ne pense pas être le seul, beaucoup de gens sans en avoir véritablement
               conscience refuse ce dictat.

              Changement de société, la mort de la consommation plaisir serait un bien pour la
              planète, consommer pour jeter et gaspiller n’est plus tenable.

              Pour les centres d’appel ou numéro taxé, trouver des chemins détournés non taxés, toujours à la signature du contrat.

              Salutations citoyennes à tous, la citoyenneté est un bon argument apaisant dans la résolution des conflits.


              • Amada 25 juillet 2009 14:51

                Bonjour Jeannot,


                merci pour votre « bravo »,
                vos commentaires et vos astuces.
                Vous soulevez un point important :
                la part sourdement croissante des dépenses
                contraintes ! D’où une « baisse du pouvoir
                Qui va peut-être effectivement imposer
                un changement de société, de comportement
                et de mentalité.

                Cordialement
                Amada

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