Acte II : Le Président des primes
L’acte I du quinquennat, c’était le Président conquérant, le pouvoir d’achat qu’on va chercher, y compris avec les gencives, on s’accroche, comme Sarkozy, tel un moine tenant entre ses dents sa soutane pour honorer tel un bon missionnaire en position la séduisante sœur dans une alcôve du couvent. Sarkozy, l’amiral Nelson de la croissance sur le yacht de son copain, s’apprêter à larguer les amarres du navire France pour un monde d’après ou tout serait possible ensemble. Notre stakhanoviste des réformes a produit en un an plus de textes que Chirac en cinq ans. Mais la France n’a pas avancé pour autant de cinq ans. Il se pourrait bien qu’elle régresse. Tout dépend quelles sont les unités de mesure du progrès. Doit-on compter la révocation du président de France télévisions par le Président de la France au bilan ?

Le plan de relance proposé par Sarkozy n’a rien de bien original. C’est de la gestion de bon père de la Nation avec les artifices du déficit tolérés par les instances européennes puisque tout le monde en fait autant chez les 27. C’est une manière bien peu académique d’enseigner le respect des règles. Mais très humaine, très humaine, comme le dopage dans le cyclisme ou la coke dans certains milieux professionnels. Sarkozy n’a fait que jouer avec le budget pour décréter des mesures selon les choix préparés par son équipe de conseillers et arbitrés par la raison présidentielle. Des choix que l’on peut trouver discutables. Mais c’est le plan de relance qui est déjà discutable dès lors que l’on est contribuable. D’ailleurs, JM Aphatie, chevalier blanc de l’équilibre et pourfendeur de la dette, s’est insurgé contre les prochains 4 points de déficit dans le budget 2009. Mais le Président avait-il le choix ? Non, car les plaignants sont nombreux. Tout le monde réclame sa dot. L’industrie automobile, les promoteurs immobiliers, les constructeurs. Qui lorsqu’ils font de superbes affaires ne sont pas très généreux pour l’Etat mais quand ils sont en difficulté, en appellent à ce même Etat.
Le plan de relance vise à investir dixit Sarkozy. Oui mais c’est une vieille solution, sans originalité ni priorité d’urgence. Des projets destinés à dormir. Le paradoxe étant que ces projets devraient voir le jour en période de croissance alors que Sarkozy les sort en période de décroissance. Mais c’est le lot de la politique en temps de crise que de résoudre des contradictions en usant de paradoxes. Investir pour des lignes TGV. Pour quoi faire ? Les équipements sont insuffisants ? Ce n’est pas certain. D’ailleurs, une autoroute reliant Pau à Bordeaux est en construction sans être vraiment indispensable. Pour les Universités, c’est autre chose mais on ne connaît pas le montant du ravalement. Cette frénésie d’équipement fait résonance avec la frénésie consumériste. Pourquoi sommes-nous obligés de nous plier au diktat de la croissance ? Parce que les masses et le peuple le veut, avec la volonté des élites qui en profitent. La volonté générale a au moins cette transcription contemporaine. Ce n’est pas la faute à Rousseau mais Voltaire y perdrait sa raison !
Il n’y a pas que du mauvais dans le plan Sarkozy mais hélas, le processus d’ajustement économique (que les gens nomment récession) est plus puissant qu’une dose d’intervention chiffrée à 26 milliards d’euros. Toutes ces dispositions ne sont que du saupoudrage pour éviter le naufrage annoncé de certains secteurs. Pourtant, il n’y a pas naufrage mais rééquilibrage. Tant mieux pour Sarkozy si tout se rétabli lentement ; il pourra persuader que c’est grâce à son action. Et si ça ne se rétablit pas, il pourra dire qu’il a tout fait mais que les conditions atmosphériques de la console économique fut comme Sega plus fort que les gouvernants. L’opinion est disposée à tout gober, surtout en période de secousse économique. Mais reconnaissons à Sarkozy le mérite d’être sur le pont. Les solutions pour donner un peu d’air liquide aux PME ne sont pas à condamner. La prime de 200 euros pour les pauvres, pourquoi pas après tout. Les gens qui ont de l’argent suffisant donnent bien aux associations. Bof, c’est la moindre des choses en temps de trou d’air économique que d’essayer de gérer la France comme une entreprise en difficulté. Faute d’augmenter le pouvoir d’achat, notre Président tente de limiter la casse. Avec la fameuse prime à 1000 euros qui ne servira à rien mais comme la presse est révérencieuse, elle n’ironise pas sur cette disposition bien inutile dans le plan de relance mais bien utile dans le plan communication.
Au final, aucun analyste sérieux ne peut donner une note à ce plan de relance qui semble être une sorte d’appui financier de l’Etat dirigés vers un maximum de bénéficiaires. Au vu de la complexité des rouages économiques, nul ne peut dire si c’est bon ou moyen voire passable. Ce ne peut pas être mauvais. Dans le pire des cas, ces mesures lissent le trou d’air de la croissance. Cela permet d’éviter quelques mauvaises chutes et de retarder les échéances de la prochaine décennie.
Notre Président des primes, il distribue les primes dans une France qui déprime. Surtout psychiquement et encore. Pour l’instant, la plupart des Français ne sont pas touchés. Mais un peu de prévention ne fait pas de mal. Gloire à notre Président d’être sur le pont. Tel un don Quichotte combattant les vents contraires qui font tourner le moulin de la croissance à l’envers. Secondé par Jacques Attali, naguère spécialiste de la recherche de croissance et maintenant, médecin urgentiste parcourant les médias pour sauver la France d’une hécatombe de chômeurs suite au froid économiques glacial soufflant de par le monde.
Le citoyen n’a plus qu’à observer le déroulement de cet Acte II, n’ayant aucun moyen de juger de l’efficacité ni de l’utilité de ces mesures. D’ailleurs, au Royaume-Uni, Gordon Brown a choisi une relance par la consommation en baissant la TVA alors que chez nous, cette éventualité est exclue, excepté les 200 euros de primes pour les plus pauvres. Autant le dire, la fameuse cohérence européenne s’effrite et le plus à craindre, ce serait que chacun essaie de sauver sa peau ce qui est complètement illusoire dans un système où les pays sont embarqués sur un même bateau.
21 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON