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Actualité d’Europe... dossier spécial « Religions »

RUSSIE

Trois membres féminins composant le groupe musical provocateur « Pussy Riot », qui pourrait se traduire en français par « émeute de minou », un nom très « poétique », ont finalement été condamnés par le tribunal de Moscou pour leur dernière manifestation au sein d’une église orthodoxe à deux ans de détention dans un centre pénitentiaire. A partir du moment où la machine judiciaire était lancée, où les faits étaient incontestables et même revendiqués, et où les accusées n’ont manifesté aucun remords, elles ne pouvaient pas être condamnées à moins, la législation russe ne prévoyant pas de peine inférieure. Le seul autre choix aurait été de les reconnaître innocentes contre les faits, et ce n’était évidemment pas imaginable.

Il est toutefois intéressant de noter le contenu idéologique de la fameuse « prière punk » qui leur vaut aujourd’hui une condamnation. Il s’agit d’une démarche strictement politique, puisqu’elles appelaient à chasser le président élu en exercice du pouvoir et dénonçaient la collusion entre l’église orthodoxe et le Kremlin. Au-delà de cette revendication classique au sein de l’opposition, elles dénoncent l’interdiction de la gay-pride et prônent le féminisme tout en dénonçant la politique nataliste, pourtant indispensable, du régime. Même si elles usent de l’expression « chiasse de Dieu », le discours n’est pas complètement anti-chrétien puisqu’il présente la vierge Marie comme une figure émancipatrice.

Même si on peut légitimement penser que la peine est lourde, d’autant plus que leur propos n’est pas si anti-chrétien qu’on pourrait le croire en apparence, mais relevant davantage du christianisme première version, celui que certains auteurs ont pu qualifier de « bolchevisme de l’antiquité », elle était logique. En revanche, si ces jeunes femmes avaient demandé à bénéficier de la grâce présidentielle, il est certain que Vladimir Poutine leur aurait accordée. Elles souhaitaient donc être punies et ainsi témoigner (dans le sens originel du mot « martyr ») qu’elles étaient porteuses d’une vérité politique. Or elles auraient pu éviter de subir cette peine et ainsi ne pas être privées de leur famille.

On sait désormais, si on creuse un peu derrière la propagande russophobe des media occidentaux dans cette affaire, que « Pussy Riot » fait partie d’une mouvance d’extrême-gauche, le groupe « Voïna » (russe « guerre »), spécialiste des actions provocatrices en tous genres, souvent pornographiques. D’ailleurs, parmi les manifestants venus les soutenir devant le tribunal, il y avait les dirigeants et les militants du « Front de gauche » russe (Левый Фронт), une organisation gauchiste.

Soutien à l’homosexualité, apologie d’un féminisme anti-nataliste, attaque contre la religion établie et les institutions politiques, et demain soutien aux immigrés clandestins ?, le groupe « Voïna » représente une idéologie extrême qui déplait foncièrement aux russes. Il leur suffit de se souvenir des émeutes parisiennes de 2005, largement retransmises par les medias russes, pour voir à quelle situation ce genre de discours pouvait mener.

Il existe en outre une autre façon de remettre en cause la religion chrétienne, et notamment en Russie, c’est de rejoindre les différents mouvements relevant de la rodnoverie, « foi native slave », qui sont actuellement en plein essor dans les grandes villes du pays. Mais ce n’était pas l’intention de ces « punkettes ». Elles souhaitent certainement que la Russie de demain ressemble à la France d’aujourd’hui, où on débat désormais du mariage gay tout en cédant aux revendications des émeutiers d’Amiens et d’ailleurs. La Russie se défend. La cause de « pussy riot » reste heureusement très minoritaire, et tous les partis politiques ont condamné leur geste, y compris le KPFR (communistes) de Ziouganov.

Deux ans, c’est lourd et cher pour une provocation en elle-même mineure, mais l’absence de repentir, le fait de vouloir assumer une action politique, et le fait que ce n’est pas le premier acte de ce groupuscule, et que le tribunal a voulu marquer le coup, expliquent cette sanction. Il est vrai qu’elle paraît inhabituelle dans la France « PS » où on n’applique plus les petites peines, ou dans la Belgique voisine où l’ex-épouse du psychopathe pédophile, Dutroux, pourrait être très bientôt libérée.

FRANCE

La « gauche » s’offusque, approuvée par une partie du centre-droit, avec en tête Roselyne Bachelot, parce que l’église catholique a voulu, le 15 août, organiser une prière contre le projet de « mariage homosexuel » que veut instituer la « gauche ». A moins qu’il ne soit obligé d’en passer par une réforme constitutionnelle, ce qui est possible, et à la convocation du congrès ou d’un référendum, le gouvernement ne devrait avoir aucun mal à l’instituer, puisque toute la « gauche » est unanime et qu’une partie de la droite est prête à la soutenir.

Rappelons tout de même quelques éléments de contexte. En premier lieu, la revendication d’un mariage « gay » n’est que le fait d’une petite minorité, quasi exclusivement masculine, et n’est motivée que par le droit à l’adoption, qui est en vérité l'exigence prioritaire cachée derrière ce projet. C’est pourquoi les personnalités de droite qui, comme Nadine Morano, sont pour le mariage gay et contre l’adoption agissent en idiots utiles. Ce sera les deux ou aucun. Et nous souhaitons en conséquence que cela ne soit ni l’un ni l’autre.

Un député UMP, issu du clan de Boutin, Franck Margain, a évoqué en particulier cette problématique dans Le Monde daté du 17 août, où il dénonce la volonté du gouvernement de céder aux demandes de quelques milliers de « couples » homosexuels (les guillemets sont de ce député) et rappelle le caractère social du mariage. Il estime en effet que le droit d’adopter engendrera un « marché de l’enfant », mais c’est véritablement d’un risque d’une nouvelle « traite » qu’il faudrait dénoncer, car aujourd’hui 80% des enfants adoptés en France viennent d’Afrique ou d’Asie, et en conséquence il s’agit de fait d’un surplus d’immigration, dans un pays qui n’arrive plus du tout à la réguler et qui connait une crise identitaire profonde.

Margain a été immédiatement mis en cause, par exemple par le juriste Pierre Cassan, qui suggère que ce député chrétien démocrate est « homophobe », mot qui comme celui de « raciste » permet de tuer le débat dans l’œuf. Il est vrai que si un chrétien, ou l’église, se permet de refuser le « mariage gay », c’est forcément en raison de sa religion, et pas pour des raisons d’utilité publique. En fait, l’Eglise catholique a bien joué puisqu’elle n’a pas mis en avant des arguments théologiques, mais l’intérêt général et le bien des enfants.

Toutefois, ne nous le cachons pas, Christine Boutin, avec sa fameuse bible, avait fait beaucoup de mal à l’opposition au PACS et que l’Eglise s’empare de ce thème même si, pour cette fois, elle a agi avec discernement, ne va pas rendre service à ceux qui ont de très bonnes raisons de refuser ce type de mariage et l’adoption induite. Or, il s’agit bien d’une revendication communautaire, une communauté fondée sur l’orientation sexuelle, primant sur son identité nationale ou européenne par exemple. Il ne me viendrait pas à l’esprit de me définir prioritairement comme « hétérosexuel » mais d’abord comme un homme européen, ensuite comme un païen, enfin comme un socialiste, faisant primer mon identité civilisationnelle avant ma spiritualité et ma spiritualité avant mon opinion politique. Je ne suis donc pas convaincu que ce soit une bonne chose que l’Eglise catholique soit en première ligne.

Enfin, profitons de ce fil pour rappeler quelques vérités sexologiques dans ce monde médiatique où règne l’indifférenciation, c'est-à-dire la négation du débat. En premier lieu, au-delà du fait qu’elle se pratique entre gens de même sexe, ce qui est la définition de base de l’homosexualité, sa forme masculine et sa forme féminine n’ont rien en commun. Chez les autres mammifères, à ma connaissance, seule l’homosexualité masculine existe, et elle relève toujours d’un principe de domination, par exemple au sein d’une meute de loups. Cette homosexualité repose donc sur le principe dominant/dominé, exactement comme chez l’homme lorsqu’elle a lieu dans un milieu exclusivement masculin, prison ou école unisexe, et aussi dans les sociétés antiques. On croit savoir que la Grèce et Rome étaient particulièrement tolérantes à cet égard. C’est faux. L’homosexualité masculine moderne existait peut-être de manière marginale dans l’antiquité grecque, où elle était condamnée. En Grèce, le dominant était nécessairement un homme adulte, et à Rome un homme libre, et à l’un comme à l’autre, il était interdit sous peine de mort d’être en position de « dominé ».

L’homosexualité féminine, relevant davantage en fait de la bisexualité, est une spécificité humaine et ne repose pas sur un rapport de violence ou de hiérarchie. Sappho elle-même était bisexuelle, et le tribadisme (le mot antique pour « lesbianisme ») était connu dans l’antiquité gréco-romaine. Même les régimes totalitaires, hostiles à l’homosexualité masculine, semblent avoir été en revanche globalement indifférents à cette pratique, qui ne semblait pas avoir influencé négativement la natalité. On sait que les lesbiennes, au sein des lobbies pro-gays, sont en outre marginalisées face à une domination masculine écrasante, par gynophobie sans doute.

Juvénal dans ses Satires évoque de manière détaillée les pratiques homosexuelles dans la Rome du début du IIème siècle. Toutefois, il soulignait que jamais personne n’aura eu l’idée d’organiser un mariage homosexuel, même s’il me semble qu’un empereur romain avait en revanche voulu épouser son cheval (Caligula). Le « mariage gay » est une idée proprement moderne qui aurait paru insensée aux anciens Grecs et Romains. Il faut d’ailleurs savoir que l’interdiction de la pratique homosexuelle est apparue avant que le christianisme ne devienne religion de l’empire ; elle est ainsi prônée par le médecin Galien pour des raisons hygiénistes.

Ainsi, l’église catholique a pris position contre le « mariage gay ». Les hindous polythéistes partagent le même avis, comme les zoroastriens, comme les autorités religieuses juives et musulmanes. Et je ne doute pas que les païens hellènes rappelleront qu’Arès n’a pas épousé Apollon et Aphrodite ne s’est pas unie à Artémis.

ALLEMAGNE

Faut-il interdire la circoncision, assimilée par un tribunal allemand à des « coups et blessures volontaires » ? Le rabbin israélien Yona Metzger a expliqué que non. Il évoque « la racine de l’âme juive », c'est-à-dire le caractère identitaire de cette pratique. Les grands partis politiques, à l’exception notable de Die Linke, s’accordent à penser que l’interdiction de la circoncision donne une très mauvaise image de l’Allemagne, pour laquelle tout ce qui touche au judaïsme est évidemment extrêmement sensible. Rappelons que la circoncision existe aussi dans l’islam.

Mais c’est en vérité en raison de son caractère identitaire que la circoncision devait continuer d’être autorisée. Il s’agit d’une pratique probablement proto-sémitique, même si on ignore si les Akkadiens, le premier peuple sémitique historiquement attesté, la connaissaient, donc très ancienne. Même si les Romains l’assimilaient à une « mutilation volontaire », ils l’ont permise par dérogation pour les Juifs, sauf pendant la fin du règne d’Hadrien, où celui-ci a interdit la circoncision, mais c’était dans le contexte d’une grande révolte juive.

Toutefois, dès l’antiquité, certains juifs trouvaient cette pratique peu compatible avec les valeurs grecques et romaines à l’époque dominantes. La mode fut pour eux de se faire fabriquer un « faux prépuce », lorsqu’ils étaient amenés à apparaître nus, par exemple dans le cadre de l’éphébie ou de pratiques sportives. C’est donc un très vieux débat.

Il me semble que la sagesse romaine en l’occurrence est préférable à toute interdiction. Mais il y a toutefois questionnement, car qu’est-ce qui empêcherait demain une communauté africaine d’exiger la légalisation de l’excision s’ils peuvent prouver qu’il s’agit d’une pratique ancestrale ?

Auteur : Gelezinis Vilkas

Source : cliquez ici


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3 réactions à cet article    


  • Pierre Pierre 8 septembre 2012 11:45

    Le mouvement contestataire dont se réclament les Pussy Riot restera marginal en Russie parce que ce pays a déjà connu une période de table rase après la chute du régime soviétique et le résultat fut catastrophique pour 90 % de la population. Le redressement économique du pays et l’augmentation du niveau de vie des Russes arrivèrent avec le retour d’un pouvoir exécutif fort, avec le retour aux traditions et avec l’influence croissante de l’Église orthodoxe dans le quotidien des Russes.
    Je serais fort étonné s’il y avait un soutien au-delà des habituels anti-Poutine qui font la une des média occidentaux. Ceci dit, elles pourraient peut-être bénéficier d’une mesure de clémence si elles faisaient amende honorable mais ce serait en contradiction avec leurs convictions anarchisante.
    Vous avez raison de souligner que chez nous, plus de 40 ans après les mouvements libertaires Punks et autres, la morale judéo-chrétienne semble encore avoir de beaux jours devant elle. Et c’est bien pire aux États-Unis où les candidats à une élection sont forcés de déclarer leur religion s’ils veulent avoir une chance d’être élus. L’élection possible de Mitt Romney à la présidence amènerait les États-Unis à un retour en arrière et à un conservatisme comme le pays n’en a plus connu depuis soixante ans.


    • Robert GIL ROBERT GIL 8 septembre 2012 18:13

      suite a leurs nombreuses et precedentes actions, Leur action dans la cathédrale était juste la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Je pense d’ailleurs que si les Pussy-Riot avaient organisé une telle action à la Synagogue de Jérusalem ou à la Mosquée sainte Sophie d’Istanbul, cela n’aurait pas non plus été apprécié par les croyants concernés…
      voir :
      http://2ccr.unblog.fr/2012/09/03/en-russie-faut-pas-pussy%E2%80%A6/


      • epicure 9 septembre 2012 03:06

        Article reposant sur des généralités et amalgames.

        L’auteur ne connait pas les bonobos pour parler de spécificités humaines concernant les homosexualités.
        Les bonobos comme les humains sont capables d’avoir des relations sexuelles hors de tout but reproductif, même avec des individus du même sexe. Donc l’homosexualité peut y être masculine ou féminine.

        Et puis l’être humain est un animal dont le principal organe sexuel se trouve entre les deux oreilles, donc on ne peut pas comparer avec les animaux qui sont guidés uniquement par les hormones.

        Limiter la sexualité humaine à la reproduction, c’est nier la nature de l’être humain.

        Mais au final les phénomènes homosexuels, restent de toute façon marginaux, environ 5% de couples homos ne menacent pas la société.
        La nature est assez bien faite pour que la grande majorité des gens soient attirés avant tout par des personnes de l’autre sexe.

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