Affaire Bettencourt : Un non-lieu en faveur de la fille de l’héritière de L’Oréal, après une bataille judiciaire qui dure onze ans
La rebondissante affaire Bettencourt arrive à une issue après onze ans d’une bataille judiciaire acharnée. Accusée de subornation de témoin dans le dernier volet du conflit familial, la justice vient de rendre un non-lieu favorable à la fille de la riche héritière de L'Oréal. Elle était accusée depuis 9 ans de subornation de témoins par le photographe François-Marie Banier.
Une affaire tentaculaire
En 1987, lorsque Liliane Bettencourt et François-Marie Banier font connaissance dans le cadre d’un portrait photographique réalisé pour le magazine Égoïste, ils se rapprochent à tel point que l’artiste bénéficie d’immenses largesses de la milliardaire. Ce sont près d'un milliard d'euros de dons en tableaux de maîtres, en chèques, et en contrats d'assurance-vie qui passent en sa possession. Françoise Bettencourt-Meyers informée par des employés de sa mère de ces faits curieux, accuse le photographe d’avoir abusé de la fragilité psychologique de la femme de 87 ans. L’homme nie les plaintes reprochées et affirme avoir reçu ces « cadeaux » avec le libre consentement de sa donatrice.
Une enquête préliminaire s’ouvre. Les investigations sont menées par la Brigade financière et sous l'autorité du procureur Philippe Courroye. Dans la foulée, une tentative de conciliation entre les parties (Liliane Bettencourt, sa fille et François-Marie Banier) échoue en 2008. Plusieurs domestiques de l’héritière, une des femmes les plus riches au monde, sont d’ailleurs licenciés après avoir témoigné de l'emprise néfaste du photographe François Marie Banier.
Dès avril 2009 et mai 2010, des enregistrements clandestins sont réalisés par le majordome de Liliane Bettencourt, pour démasquer « les personnes qui abusent d’elle sans scrupules ». Des extraits de ces enregistrements qui durent 21 heures d’écoute au total, vont déboucher sur une autre affaire, scandale d’Etat : L’affaire « Woerth Bettencourt ». Mediapart qui avait publié des extraits de cet enregistrement, soutient que Éric Woerth, ministre du Travail et à l'époque et trésorier de l'UMP, se serait servi de l’appui de la milliardaire pour le financement de la campagne victorieuse de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2007.
Liliane Bettencourt refuse de se soumettre à une expertise médicale indépendante. Finalement, un accord est trouvé en décembre 2010, entre Liliane Bettencourt et sa fille, Françoise Bettencourt-Meyers. Les dispositions dites « personnelles et confidentielles » sont toutefois relayées par la presse notamment : la fin aux poursuites judiciaires de toutes les parties, l’influence au sein de de la holding Théthys accordée à Françoise Bettencourt-Meyers, le renvoi de Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt et l’arrêt de l’octroi des dons de Liliane à Banier.
Cette plainte pour abus de faiblesse est classée en mars 2011. François Marie Banier en relance une autre en 2015. Il accuse Françoise Bettencourt-Meyers d'avoir suscité de faux témoignages à son encontre. Elle est mise en examen pour « subornation de témoin ». Cinq autres personnes dont l’ex comptable de sa mère, Claire Thibout, trois autres anciennes employées et une amie de Liliane Bettencourt étaient poursuivies pour faux témoignage. Leurs révélations aboutirent en 2016 à la condamnation de Banier, celle de son compagnon, et de l’avocat de l’héritière pour « abus de faiblesse ». Le photographe a écopé de quatre ans de prison avec sursis et 375.000 euros d'amende. Françoise Bettencourt est mise en examen sur le soupçon né d'un prêt qu'elle avait octroyé en 2012 à Claire Thibout, témoin-clé de l'accusation. Rappelons que l'instruction était toujours en cours à l'époque.
Un protocole transactionnel signé
Le juge d’instruction Dominique Blanc a rendu finalement une ordonnance de non-lieu général, a révélé une source, confirmant les informations du JDD. Selon BFMTV, il avait été « avisé de l'existence d'un accord conclu » le 18 mai 2017 entre Françoise Bettencourt-Meyers et François-Marie Banier, selon le réquisitoire du parquet. La famille Bettencourt et François-Marie Banier « décidaient de mettre un terme définitif aux litiges qui les opposaient ».
Depuis le 10 août 2017, le parquet de Paris avait requis un non-lieu général dans ce volet secondaire, dont l'enquête n'avait pas établi la réalité des faits dénoncés. L'ancien ami intime de l'héritière de l'Oréal avait déclaré qu’il se « désistait » de sa constitution de partie civile contre Mme Bettencourt-Meyers et les témoins, sous réserve que la justice prononce un non-lieu définitif au bénéfice de cette dernière. Un acquis.
Notons que le photographe François-Marie Banier pourrait toujours faire appel de l'abandon des poursuites engagées pour « subornation de témoin » contre la fille de Liliane Bettencourt.
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