Affaire Cahuzac : l’étonnant aveu
Un ministre du budget chargé (entre autres) de lutter contre l’évasion fiscale et qui possède lui-même un compte à l’étranger, voilà qui est pour le moins cocasse ; mais est-ce si étonnant ?
Un ministre de la République qui ment devant le président, face à la « représentation nationale », et à la France entière, « droit dans les yeux », est-ce si étonnant ?
Un journal qui sort une affaire comme celle-là et qui se fait traiter de tous les noms par une classe politique qui ne se sent peut-être pas toujours à l’aise dans certaines enquêtes, est-ce si étonnant ?
Et bien non, tout cela n’est pas si étonnant après tout : nos hommes politiques sont pour la plupart riches (si les hommes politiques étaient moins riches, ils ne voteraient pas des lois qui protègent les riches !), contre la liberté de la presse lorsqu’elle les concerne (surtout si c’est vrai !), et surtout capables de mentir à la France toute entière bien droit dans les yeux (en même temps si les hommes politiques étaient honnêtes ils ne seraient jamais élus : qui ne peut mentir tout en regardant son interlocuteur droit dans les yeux ne peut pas faire de politique).
La seule chose qui est vraiment étonnante dans tout ça, c’est l’aveu de l’ancien ministre. L’aveu d’un homme (brisé ? – le problème avec les menteurs c’est qu’on ne sait jamais quand ils sont sincères). Mais que ce soit le remord ou des preuves incontestables, c’est un aveu tout de même. Qui peut me dire quel est le dernier homme politique a avoir eu le courage d’avouer ? Ils ne sont pas si nombreux ; en tous les cas pas autant que les soupçons.
En faisant cet aveu monsieur Cahuzac savait bien que désormais il serait seul, lâché par tous, et bien obligé de se confronter à sa conscience. Mais je ne le félicite pas ; je le plains.
Car demain, et ça commence déjà, tous nos politiques joueront ensemble la vierge effarouchée, personne ne savait, personne d’autre n’agit ainsi, c’est un scandale et tout ce qui va avec, la République irréprochable et tout et tout… Comme s’il n’y avait que ça à reprocher à cette République !
Mais lui au moins, il a retrouvé sa liberté, en même temps que sa dignité : il a avoué.
Reste une seule question maintenant : à qui le tour ?
Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr
11 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON