Affaire Carlos Ghosn : Renault va porter plainte après les conclusions de l’audit
11 millions d'euros de dépenses faites par l’ancien magnat de l’automobile auraient été répérées après les conclusions définitives du rapport rendu par la mission d’audit. Cette opération a été menée par le cabinet Mazars, à la demande des deux directions.
Un nouvel embarras
L’affaire Carlos Ghosn ne finit point de s’envénimer, de lier l’ancien PDG de Renault-Nissan et de le rattraper jusque dans ses derniers retranchements. Soupçonné de fausses déclarations auprès des autorités financières et boursières japonaises, le tout puissant déchu aurait fait endosser ses propres pertes à Nissan sur des produits dérivés financiers pour 14 millions d'euros lorsque s’effondrait la banque Lehman Brothers en 2008. Il n’aurait aussi pas déclaré 30 millions d’euros de revenus entre 2010 et 2015 chez Nissan et aurait sous-évalué son salaire pour la somme de 25 millions d’euros pendant une période de trois ans.
Carl Ghosn a été arrêté et plaçé en garde à vue à de multiples reprises avant d’obtenir à chaque fois, la libération provisoire sous caution. Depuis lors, il clame son innocence, crie à la théorie du complot et menace même de révéler certaines « vérités ». Dès le début de cette affaire, l’homme a perdu tous ses titres au sein des trois constructeurs qu'il avait lui même rapprochés pour bâtir la première alliance automobile mondiale ainsi que certains de ses droits les plus élémentaires notament ses contacts avec son épouse Carole Ghosn, mise en cause dans un autre volet de l’affaire.
Renault-Nissan, au cœur de ce scandale avait alors entrepris un audit interne, commandé au cabinet Mazars, sur le fonctionnement et l'utilisation des fonds de la filiale RNBV censée chapeauter l'Alliance et basée aux Pays-Bas. Le comité d'audit présidé par Philippe Lagayette, en charge de « l'éthique et de la déontologie » au sein du groupe, ainsi que de « l'efficacité des dispositifs de maîtrise des risques » a fait d’étonnantes découvertes et a présenté ses conclusions, le mardi 4 Juin au président de Renault Jean-Dominique Senard, ainsi qu’à l’ensemble des administrateurs. Ceci, au même moment où un conseil d’administration se tenait au siège du groupe, à Boulogne-Billancourt initialement pour examiner l’offre de fusion de Fiat-Chrysler.
11 millions d’euros de dépenses suspectes
Carlos Ghosn aurait engagé via RNBV des dépenses à hauteur de 11 millions d’euros ! Voilà les conclusions compremettantes du rapport. Toujours selon le cabinet chargé de l’audit, cet argent aurait servi à payer des dépenses « non professionnelles », des surcoûts de déplacement par avion ainsi que des dons en faveur des organismes à but non lucratif.
La direction de Renault s’est expliquée dans un communiqué publié après le Conseil d’Administration et cité par le Capitol :
« Ces conclusions ont confirmé des déficiences au sein de RNBV au plan de la transparence financière et des procédures de contrôle des dépenses. Déficiences qui avaient déjà été relevées par les auditeurs dans leurs conclusions intermédiaires de début avril, comme en a fait état le communiqué diffusé au marché par Renault le 3 avril dernier ».
Selon les révélations de l’Express, les administrateurs du groupe ont pris la décision de déposer une plainte en bonne et due forme contre Carlos Ghosn.
Impliqués dans le même scandale : Rachida Dati et Alain Bauer. L’ancienne garde des Sceaux et le spécialiste des questions de sécurité auraient perçu des montants douteux de RNBV. Rachida Dati encore eurodéputée était rémunérée pour assister le développement de l'Alliance au Proche-Orient et en Afrique du Nord, étudier les thématiques fiscales et les régulations, analyser pour le compte de RNBV les situations politiques et l'environnement socio-culturel, les investissements à l'étranger et les facteurs de risque. Elle aurait été rémunérée à 600 000 euros, payés en 4 fois. A ce propos, une publication du Parisien affirme qu’une enquête est ouverte contre eux depuis le 31 mai dernier en France, pour « abus de biens sociaux ». Rachida Dati et Alain Bauer s’étaient disculpés sereinement de toutes accusations. Ils pourraient néamoins faire l’objet de la seconde plainte du constructeur.
En liberté provisoire mais soumis à des conditions dratisques, les avocats et la famille de Carl Ghosn tentaient le 24 Mai au soir, d’exercer une pression sur le gouvernement japonais en déposant une plainte concernant sa détention « arbitraire » au Haut-commissariat des Nations unies des droits de l’homme. Ce nouvel élément de l’affaire compliquerait-il les revendications ?
En attendant, la prochaine assemblée générale des actionnaires de Renault qui se tiendra le 12 juin s’annonce véritablement houleuse.
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