Affaire Ghosn : Le magnat de l’automobile mis en liberté sous caution et interpellé à nouveau se révolte
Le 4 avril dernier, Carlos Ghosn l’ex-patron de Renault et de Nissan a été arrêté à nouveau après une remise en liberté sous caution. L’homme qui dénonce un complot, est soupçonné d’avoir détourné de l’argent de Nissan à son profit.
Acculé de toutes parts
L’affaire éclate au grand jour le 19 novembre 2018 lorsque Nissan annonce que Carlos Ghosn a été arrêté à la sortie de son jet privé par les enquêteurs japonais. On l’accuse d’abus de biens sociaux notamment, d’avoir utilisé les fonds de son entreprise pour rénover des acquisitions immobilières personnelles aux Pays-Bas, au Liban, en France et au Brésil. Hiroto Saikawa, Directeur Général de Nissan demande dans un communiqué, de déchoir Carlos Ghosn de ses fonctions d’administrateur et de Président.
Ghosn crie au coup monté depuis le centre de détention de Tokyo. En effet, au moment de l’arrestation, l’entreprise traverse un moment de tension dû à la fusion Nissan-Renault. Carlos Ghosn est favorable à cette alliance tandis que Saikawa ne veut pas en entendre parler. Du coté du gouvernement français et de Renault, cette thèse ne convainc pas réellement. Le lendemain des faits, Thierry Bolloré sera appelé à assurer l’intérim même si le chef d'entreprise libano-brésilo-français n’est pas exclu du Conseil d'administration.
Au fil du temps, d’autres accusations émergent. Carlos Ghosn se serait rendu coupable selon les sources du journal Asahi Shinbun, de fausses déclarations auprès des autorités financières et boursières japonaises. D’abord, il aurait fait endosser ses propres pertes à Nissan sur des produits dérivés financiers pour 14 millions d'euros lorsque s’effondrait la banque Lehman Brothers en 2008. D’autre part, il n’aurait pas déclaré 30 millions d’euros de revenus entre 2010 et 2015 chez Nissan. Enfin, il aurait sous-évalué son salaire pour la somme de 25 millions d’euros pendant une période de trois ans. On lui attribuait même un accord secret de retraite-chapeau à hauteur de 70 millions d’euros avec Nissan. Cet accord serait illégal, la limite imposée par Nissan et la loi japonaise étant de la moitié. Carlos Ghosn n’aurait rien déclaré aux autorités boursières.
L’homme de 64 ans semble résolu à prouver son innocence. Il réussit malheureusement à travers sa défense, à remettre en cause l’innocence de son second et collaborateur Greg Kelly dans les mêmes affaires. Ils sont inculpés tous les deux en décembre 2018 pour dissimulation de revenus entre 2010 et 2015.
Plusieurs de ses biens sont saisis et Nissan porte plainte par la même occasion contre la sœur de Carlos Ghosn, accusée d’avoir été employée fictivement et de s’être enrichie illicitement. Dans la même période, une troisième enquête judiciaire est ouverte au Japon. Ghosn acculé est à nouveau devant une plainte pour « abus de confiance aggravé ».
Libéré sous caution et arrêté à nouveau
Toujours fidèle à sa théorie du complot, Carlos Ghosn a démissionné le 24 janvier dernier, ne bénéficiant d’aucune indemnité ni de ses actions. En mars, la justice japonaise avait autorisé sa libération sous caution. Toutefois, l’homme n’était pas autorisé à quitter le Japon, à effectuer des déplacements hors de son logement sans autorisation du juge ou à communiquer avec des personnes impliquées dans l’affaire. Considéré comme un « otage » par les médias, il voit sa retraite estimée à 770 000 euros par an, supprimée.
Il promet de s’exprimer sur les réels motifs de cette « persécution ». Sur son compte Twitter, il avait annoncé le 3 avril : « Je me tiens prêt à dire la vérité à propos de ce qu’il se passe. Conférence de presse jeudi 11 avril ».
Le jeudi 04 avril, il est conduit au centre de détention de Kosuge, au Nord de Tokyo. Cette interpellation surprend toute la presse japonaise qui note qu’il est « extrêmement rare » d’être arrêté après une remise en liberté sous caution. Son avocat et son épouse (visée par les enquêtes) dénoncent une injustice flagrante.
Dans le Parisien, le magnat de l’automobile dénonce une « arrestation revolante et arbitraire ». Il s’interroge : « Pourquoi venir m'arrêter alors que je n'entravais en rien la procédure en cours, sinon pour me briser ? ».
Carlos Ghosn réitère son innocence et continue des déplorer des manœuvres mensongères. Dans un entretien accordé à TF1 et LCI par Skype, il lance un appel au gouvernement français : « Je souhaite bénéficier de la même protection que n’importe quel citoyen français qui aurait été dans ma situation ».
La date du procès n'a pas toujours pas été fixée. La garde à vue, qui prenait fin le 14 avril, a été prolongée par le tribunal de Tokyo jusqu’au lundi 22.
En attendant, Le JDD a révélé ce samedi, des échanges de courriels entre les principaux protagonistes de l’alliance Renault-Nissan datant du 23 avril au 22 mai 2018. Ces communications pourraient confirmer la fameuse théorie du complot dont Carlos Ghosn, favorable à la fusion Renault-Nissan discutée par les japonais, se dit être la victime.
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