Affaire Merah : la boule de cristal de Squarcini
Bernard Squarcini autre âme damnée de Nicolas Sarkozy, au même titre que l'infâme Patrick Buisson, est bien le point central du problème Merah et de sa manipulation. En reprenant l'historique des propos de ce dirigeant de services secrets au service d'une seule personne et non d'un Etat, je suis tombé sur un de ses travers fort inquiétants : les prévisions d'attentats, ceux qu'il était censer empêcher sur notre territoire, justement.
Le système politique mis en place par Nicolas Sarkozy, on l'a très vite vu, lors de son accession, était calqué complètement sur le système instauré par G.W. Bush, pour qui il a une grande admiration. "Mam" à peine en place, et voilà une sorte de "Homeland Security à la française" qui s'installe, dont le sommet de la chasse obligatoire au "gauchiste" culminera avec l'affaire de Tarnac. Manipuler la peur d'une menace, devant le peuple, même hypothétique, c'est bien le propre des pouvoirs forts, qui ne jurent que par les équipements répressifs de leur police (quitte à en exporter les méthodes ou les outils, Mam se faisant prendre les doigts dans le sac avec la fourniture de grenades françaises pour mâter la rebellion égyptienne !). La peur entretenue de l'islam, si chère à G.W.Bush, qui en ajoutera avec un Ben Laden plus insaisissable que la comète, fera donc aussi partie de la panoplie obligatoire du président français, un Sarkozy qui tiendra régulièrement chaque année lors de la conférence aux amabassadeurs des propos aux relents hutingtoniens, quand ne sera pas en brandissant la menace nucléaire iranienne. Nicolas Sarkozy s'est toujours pris pour un G.W. Bush aux petits pieds, mais auprès de lui son premier ministre transparent n'a jamais eu l'allure d'un Dick Cheney, ou d'un Karl Rove, le spécialiste des coups tordus. Non, celui, qui, en France, a joué le rôle des deux à la fois s'appelle Bernard Squarcini, récemment évincé de son poste pour proximité trop voyante avec le chef de l'Etat précédent.
La menace terroriste, en France, elle s'est en effet bien développée sous le régime précédent, et surtout... dans les médias, si chers à ce pouvoir manipulateur de l'opinion. C'est ainsi que le matin du 18 novembre 2008, une annonce se répandra comme une traînée de poudre sur le net : "les Talibans menacent aujourd’hui Paris", paraîssait-il ! Affolement général dans les rédactions, chez 20 Minutes Web on metttra même en une la rame de Madrid éventrée en exemple photo de première page, au cas où on aurait pas compris encore.... L'info venait en fait des anglais, et d'un gouvernement qui pratiquait alors de même que celui de G.W. Bush. Or, dès le premier coup d’œil, les images montrées dans la vidéo qui était jointe à la revendication des Talibans laissaient un goût de déjà vu... Très vite en effet, on tombait sur des images fournies par les anglais et bizarrement déjà visionnées ailleurs. Visibles donc une nouvelle fois, à peine recadrées et sous titrées différemment, dans un bien étrange montage commenté en anglais, ou en français, et diffusé par exemple sur France 24. Avec un contraste étonnant entre les images de guerre prises en plein été et un leader religieux lisant calmement une revendication, bien au chaud dans sa maison ou son appartement ! Les images envoyées dans toutes les réactions car répercutées par des agences telles que Reuters, Associated Press et ensuite l'AFP, dès leur apparition me posèrent tout de suite question, comme d'ailleurs également la façon de les présenter. Ce jour-là, les communiqués de presse étaient strictement tous identiques ! L'un des commentaires en anglais affirmait qu’il a été impossible de savoir quand et où les images des talibans montrées ont été tournées :"its unclear where the video it’s filmed" ("impossible de savoir à quelle date cette vidéo a été filmée ni d’en évaluer la crédibilité" dit le commentateur français ) : or cette affirmation était fausse et archi-fausse. C’était totalement faux, puisque sans chercher des heures, j'avais vite retrouvé l’endroit où avaient été prises les originales !!!
Tout cela en effet avait été filmé le 11 Septembre 2008 par un appareil numérique Fujifilm Finepix F480, les premières vues prises à 5H47 (17 heures locales) à Sarobi, près du lieu de l’attaque qui avait tué 10 soldats français. Tout ceci étant noté et reporté par un photographe... américain. Et corroboré par une journaliste française du Nouvel Observateur, qui détenait toujours les vidéos d’origine, toujours visibles sur son site !!! Ce 18 novembre-là, c’est l’agence Reuters qui avait distribué la vidéo "inédite" sans rien vérifier : c’est ainsi qu’elles avaient été également légendées par El-Arabiya qui les avait mises en ligne en premier. Elles ne l’étaient pas, en réalité, inédites. En regardant plus attentivement les photos, on découvrait en effet que l’homme au centre du reportage, le fameux Farouk avait déjà été interviewé plusieurs fois, et qu’il était donc très accessible... D’autant plus que ce Taliban aux mains si propres habitait dans une confortable maison, chez lui, ... au Pakistan. Un de nos contributeurs efficace et rédacteur d’Agoravox, E-Fred, pour ne pas le citer, avait flairé avant tout le monde le cas : c'est lui qui avait fait le lien avec les clichés de Paris-Match : sans son aide, je n’aurais pas eu l’idée de rerchercher l’origine de cette entreprise de bourrage de crâne. C’est un beau cas d’espèce, pour la désinformation que ce montage du 18 novembre : tout ce qu’il y était dit était donc faux, du bidonnage complet : les images étaient archi-connues, la date et l’endroit aussi ! Ce jour-là, on avait voulu faire peur, et on y avait presque réussi... à habituer les gens à voir déambuler dans les gares des militaires, ou voir patrouiller dans les rues des CRS. Ce qu'aimait tant le nouveau président, qui ne se déplaçait jamais sans un escadron complet à ses côtés.
Des menaces terrroristes existaient pourtant sur le territoire français, en relation avec une cellule belge et allemand connue ayant comme point central la veuve de celui qui avait tué le commandant Massoud, qui dirigeait depuis la belgique puis la suisse un site internet recrutant de jeunes jihadistes. Certains harponnés par la harpie se faisaient cueillir grâce à la surveillance de son site. C'est ainsi qu'un groupe de toulousains est repéré dans le quartier Montaudran par les policiers de la division antiterroriste (DNAT). "Jouant sur la paupérisation et le repli communautaire au cœur de populations ghettoïsées, les islamistes jouent clairement la carte de la radicalisation confessionnelle pour enrôler et conditionner des jeunes désocialisés" écrit LaDépêche "La descente opérée mardi matin, à Carcassonne, Trèbes, Toulouse et Montpellier par les policiers de la division nationale antiterroriste (DNAT) a été d'une discrétion absolue. Parmi les sept personnes arrêtées sur commission rogatoire du juge antiterroriste, Philippe Coirre, quatre l'ont été à Carcassonne et une à Trèbes. Transférées dans la foulée dans les locaux des services de la PJ de Montpellier, elles ont été immédiatement placées en garde à vue. Au sein de ce groupe, un homme de 25 ans, travaillant à Toulouse est soupçonné d'avoir participé à des entraînements au Djihad (guerre sainte) qui se seraient déroulés à Aigues-Vives, un village situé à une trentaine de kilomètres à l'est de Carcassonne, où les sept hommes se retrouvaient régulièrement. Interpellé dans un appartement du quartier des Arènes avec le soutien des hommes du SRPJ de Toulouse, ce suspect travaille dans une société sous-traitante d'Airbus. Selon nos informations, il faisait régulièrement le va-et-vient entre la Ville rose et Carcassonne où il a des attaches."
L'examen de ces arrestations est intéressant rétrospectivement : "l'arrestation à l'aéroport d'Orly en février 2007, d'un Toulousain et d'un Albigeois, âgés respectivement de 23 et 26 ans, déclenche pour la première fois à Toulouse un vaste coup de filet mené par les hommes de la sous-direction de l'antiterrorisme (Sdat). Dans les cités toulousaines et à Artigat, en Ariège, les enquêteurs interpellent onze personnes dans le cadre de l'enquête sur les présumées filières irakiennes. Toutes sont soupçonnées de participer à l'acheminement d'une logistique de guerre pour combattre la coalition américaine en Irak. Au cours de ces opérations, les policiers démantèlent une filière de recrutement de supposés djihadistes. Lors des perquisitions, ils retrouvent des testaments et des CV de candidats au djihad. Six personnes sont mises en examen pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. » Parmi elles, le prédicateur d'Artigat. Quatre sont écrouées. Seconde étape, fin octobre 2007. Sur les six individus arrêtés à Toulouse et dans le Lot, deux sont mis en examen. L'un d'eux, désigné comme le « formateur » au combat est écroué, toujours dans le cadre de l'enquête des juges Coirre et Trévidic, sur les supposées filières irakiennes. Enfin, troisième volet de l'opération commencée en février 2007, l'interpellation, le 20 février 2008, à Toulouse de deux frères ayant fait des voyages religieux en Égypte, et d'une femme. Après 96 heures de garde à vue, l'un de ces Toulousains est mis en examen pour association de malfaiteurs." C'est un fait qui semble avoir été oublié par tout le monde depuis : à Toulouse, les deux frères et la femme qui se sont rendus en Egypte ne peuvent être que les frères Merah : Abdelkader et son épouse étaient déjà allés en Egypte à plusieurs reprises à ce moment là. Or aucun des deux ne sera inculpé et Abdelkader Merah relâché après un long interrogatoire (96 heures, à savoir qu'il s'agissait bien d'une garde à vue prolongée pour soupçons de terrorisme)...
Or nul part on ne trouve de textes évoquant Mohamed Merah, le seul nom cité alors est celui de son frère Mohamed, qui échappe lui aussi au final à la rafle. Mohamed aurait-il été "contacté" dès ce moment là ? Surtout qu'en 2007, alors qu'il avait déjà sur le dos une fiche "S11-S13" dans le fichier des personnes recherchées, Mohamed était contrôlé au Perthus par la dounane : il est alors dans un de ses trips de convoyage de go-fast, à coup sûr. Il écopera de cinq autres contrôles jusque 2009 sans jamais de suite... En décembre 2008 encore, le jeune carrossier est arrété après un refus d'obtempérer à un contrôle policier forcé et se se retrouve à l'ombre maison d'arrêt de Seysses jusqu'en septembre 2009, ses peines antérieures cumulées ayant été jointes à son volumineux dossier de petit délinquant. Mohamed a en fait déjà une fiche "spéciale" à son nom depuis 2006 : "la section Étrangers et Minorité de la DCRG émet dès octobre 2006 une fiche “ S ” comme sûreté de l’État, à son nom, le désignant comme « membre de la mouvance islamiste, radicale, susceptible de voyager et de fournir une assistance logistique à des militants intégristes" la résulante de la surveillance du réseau arrêté en 2008, où il passe à travers... avec son frère !
Deux ans plus tard, ça recommençait pareil, ou presque. En mars de cette année-là, pourtant, à Bruxelles, s'était tenu le procès de la fameuse Malika el Aroud, accusée d'avoir incité des jeunes à s'engager vers le jihad. "Six personnes, dont quatre Belges, se sont rendues avec le Moez Garsallaoui, mari de Malika El Aroud, dans des camps au Waziristan (frontière pakistano-afghane). On est sans nouvelles de Garsallaoui et d'un Français. Les autres sont rentrés en Europe" indique l'Express Le Vif. L'un des français parti se battre au Warizistan retrouvé mort dès 2001 s'appellait Hervé Djamel Loiseau. On avait été retrouvé son corps gelé à Parachinar (au N-O du Paksitan), il avait eu une fin misérable, mort de faim et de froid dans le secteur, en ayant tenté de rejoindre seul le Pakistan après être passé par les camps d'entraînement de Khalden et de Farouk, près de Tora Bora ! Un autre français était alors suivi par le juge Brugière, à peu près au même moment, c'était Willy Brigitte, qui a découvert que les camps d'entraînement d'Al-Qaida étaient supervisés par l'ISI Pakistanaise. En fait, le juge ne savait que peu de choses de ces camps et des circuits qui les alimentaient, à part que les français effectuaient souvent leur entrée par la Syrie, ou se rendaient le plus souvent en Egypte avant de tenter d'entrer en Afghanistan puis au Pakistan. En mai, pour son troisième procès, l'égérie belge du jihad écopait (enfin) d'une peine de prison de 8 ans avec ses complices, dont Hicham Beyayo (alors âgé de 25 ans), qui a été suspecté de préparer un attentat-suicide lors d'un sommet de l'Otan à Bruxelles. Lors du procès, on avait lu le SMS envoyé à sa petite amie lui affirmant que demain il ne serait peut-être plus de ce monde : il avait répondu au tribunal qui lui posait la question de ce que "cela signifait qu'il s'agissait d'un trait d'humour"... La filière Aroud en prison, c'est tout un pan du recrutement sur le net qui vient de s'effondrer, pensait-on. La peur du jihadiste commettant des attentats en Europe venait sérieusement de s'éloigner.
Le spectre, mais pas les coups tordus, les deux premiers procès de la veuve noire ayant révélé que les services secrets et notamment en ce qui la concerne la CIA lui avaient donné de sérieux coups de mains à de multiples moments, sa promotion ayant même eu les honneurs d'un reportage célèbre sur Ben Laden, diffusé sur CBS.
C'est compter sans Brice Hortefeux, en France, qui avait remis la menace terroriste au premier plan le 21 septembre 2010 avec une déclaration qui suit la prise d'otage de cinq français au Niger. Théâtralement, il s'est rendu sous la Tour Eiffel où avait été annoncé une menace terroriste venue d'on ne sait où et qui avait fort heureusement "été déjouée". Etrangement, le directeur du nouveau service secret chapeautant tous les autres avait tenu le même propos.... à peine une dizaine de jours avant, en affirmant que, je cite, "nous sommes aujourd’hui au même niveau de menace qu’en 1995. S’il y a des militaires dans les aéroports, des barrières devant les écoles et des sacs poubelles en plastiques, ce n’est pas pour rien. Tous les clignotants sont dans le rouge. Aujourd’hui, compte tenu des signalements qui nous sont transmis par nos partenaires étrangers et de nos propres observations, il y a des raisons objectives d’être inquiets. La menace n’a jamais été aussi grande" . On pouvait donc s'attendre à un grand remake de la menace factice de 2008, à part que le responsable français y ajoutait une touche bien personnelle en décrivant les trois sortes de "nouvelles menaces" auxquelles on pouvait s'attendre dans les mois à venir, selon lui : "selon nos analyses, la menace en France est triple : le français converti qui se radicalise et monte son opération seul ; Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) qui dépêche un commando pour commettre un ou des attentats en France ; et les djihadites, ces Français qui partent en Afghanistan ou au Yémen, demain en Somalie et qui reviennent clandestinement, aguerris, pour poursuivre leur combat sur le sol français" affirmait Squarcini. dans le Figaro, le fidèle relais du pouvoit cela devenait même plus précisément ceci :
"Les analystes de la DCRI redoutent trois types d'action : "le Français, converti ou non, qui se radicalise et monte son opération seul -bref le terroriste isolé, diplômé insoupçonnable ou desperado des banlieues qui passe à l'acte ; un commando dépêché depuis les zones de combat en Afrique ou en Afghanistan ; ou encore des djihadistes, ces Français qui partent se former aux explosifs en Afghanistan, en Irak, au Yémen -et pourquoi pas demain en Somalie- et qui reviennent clandestinement dans l'Hexagone pour y poursuivre le djihad". Si l'on lit bien, le 10 septembre 2010, le responsable de la DCRI venait de nous donner le portrait EXACT de... Mohamed Merah. Le "diplômé' étant bien sûr le candide Adlène Hicheur, ce physicien pêché sur le net sur un site internet... infiltré et contrôlé par la DCRI.
Or au même moment, Mohamed Mérah, le 25 juin, invite un des ses potes à venir admirer une ou deux décapitations récupérées sur des sites contrôlés par la CIA, genre SITE Groupe ou Intel Center, ce qui à l'art d'affoler la mère du gamin, qui dépose plainte... laissée sans suite. Le gamin n'aura même pas le temps d'admirer les sabres au mur lors de sa prochaine rencontre : le desperado des banlieues a déjà pris le 15 juillet son ticket pour Damas, réglé avec sa carte bleue. Il décolle le 17 juillet pour un voyage retour prévu le 17 septembre : il se prend deux mois de congés... sans pointer à Pole Emploi... et décide de se balader davantage, puisque le 13 novembre il est toujours à Kaboul. C'est le le 22 novembre qu'il se fait arrêter par un contrôle américain, à Kandahar. Des américains un peu abasourdis par le passeport que leur a présenté le jeune homme : il porte des tampons de Syrie, Turquie, du Liban, de la Jordanie, de l' Irak et de l'Égypte, mais aussi, fait rarissime ; celui d'Israël. Inquiets, les américains avertissent la DGSE... dont parle ainsi Squarcini : "Le Président a voulu une réforme du renseignement intérieur. Elle a été opérée il y a deux ans avec la fusion DST-Renseignements généraux. Quelques mois plus tard, nous avons opéré une seconde réforme, plus discrète, qui consiste en un rapprochement opérationel avec la DGSE. La communauté française du renseignement parle aujourd’hui d’une seule voix. Les notions de menaces extérieures et intérieures sont dépassées. Aujourd’hui, les renseignements, il faut aller les chercher très loin et ils ont une incidence directe sur notre territoire. Dès qu’un clignotant s’allume au sein du service extérieur, il pense au retour en sécurité intérieure"."Parlant d'une seule voix", il a dû donc savoir dès novembre 2010 qui était Merah et ce qu' il souhaitait rejoindre : le jeune toulousain intercepté a effectué toutes les étapes à lui seul l
Les étapes pour rejoindre en effet.... le Waziristan, et les jeunes jihadistes qui y sont toujours. Des gens bien connus des américains, qui ont eu leur portrait par un de leurs jeunes jihadistes US, Bryant Neal Vinas, qui leur a tout balancé ce qu'il savait sur ces anciens collègues, dont... des français. Vinas, un habitant de Long Island âgé d'à peine 26 ans, un américain d’origine hispanique converti à l’islam, renvoyé exactement comme Merah par les autoritéd locales après avoir été arrêté en novembre 2008 au Pakistan. Vinas a révélé que ceux qui vont revenir en Europe ont désormais pour mission d'attaquer des cibles sur le territoire : la menace est donc bien réelle cette fois ! Squarcini avouant lui sa méconnaissance d'un terrain qu'avait pourtant bien défriché Bruguière : "je ne sais pas ce qu’ils font exactement là-bas – il nous revient que le Français ne serait pas très apprécié, contrairement au Kurde, notamment, sur les théâtres d’opérations – mais une dizaine se trouvent actuellement sur zone", avouera-t-il dans le même interview. D'où chez lui la tentation de se trouver quelqu'un pour ramener des infos ? Ou pur aveu d'incompétence : le juge Bruguière ayant réalisé de copieux dossiers, très détaillés, sur la filière, révélés dans son livre.
Le 7 janvier 2011, un mois après son retour précipité d'Afghanistan, Mohamed Merah se retrouve sous étroite surveillance, pourtant : le 7 janvier 2011, les agent de la DDRI de Toulouse, dont le fameux Hassan Loubane, qui devient son "officier traitant" sur place le mettent sous fiche... et sous écoutes. Et vont même jusqu'à le filmer lorsqu'il sort de chez lui... rue du Sergent Vigné. les policiers, depuis un an et demi savaient donc tout de ses habitudes... et de son appartement ! Ses fadettes de téléphone portable sont épluchées. La procédure de surveillance étroite, dite de "surveillance administrative" est rare et doit faire l'objet d'une signature... du premier ministre ! En France en 2011, il y aura 6000 demandes dont un tiers consacrées au terrorisme, le reste étant lié au grand banditisme ! Merah est l'un des 2000 criminels terroristes potentiels ! Impossible d'imaginer que durant cette période, durant laquelle il loue régulièrement de très grosses cylindrées pour se rendre en Espagne, à Malaga, les policiers ne se soient pas rendus compte qu'il alliait les deux : terrorisme ET grand banditisme ! Entre janvier et août 2011, on le filmera et l'observera même pendant 1200 heures. Or une des photos du dossier du Monde (ci-contre), consacré à sa jeunesse, est extraite de cette surveillance : manifestement, bien avant l'épisode TF1, la presse a déjà eu accès à son dossier... secret. Squarcini, ou ses services, ont déjà renseigné la presse ! La DCRI communique... ce qu'elle veut ! Les récentes "révélations ne sont pas une première : des éléments ont déjà fuité !). Elle a été prise le 17 juin 2011. Et entre août et septembre, on ne semble pas se préoccuper de ne plus le voir. Il est en Afghanistan et au Pakistan, d'où il contacte sa mère par téléphone et envoie des mails à son frère Abdelkader via une adresse hotmail ! Or en novembre, contre toute attente, la DCRI demande à interrompre sa surveillance... alors qu'en octobre il venait de rentrer de son séjour au Warizistan... pour se rendre à l'hôpital Purpanet s'y faire soigner de l'hépatite A qu'il s'est choppée dans son camp de formation jihadiste dans lequel il a montré sa dextérité... informatique sous Linux, pour effectuer des montages vidéos ! Appellé par la DCRI, il a lui-même répondu alors qu'il était au Pakistan qu'il se rendrait à la convocation promise, ce qu'il fera effectivement le 22 novembre 2011, pour y rencontrer son "officier traitant", Hassan Loubane, toujours le même. Le même qui viendra lui parler derrière la porte de l'appartement où il s'est retranché...
Bryant Neal Vinas, décidément fort bavard (il espère en retour une remise de peine, comme habituellement dans le système US), chargera tous ses anciens amis rencontrés au Pakistan dont tous ceux de la fameuse filière afghane belge, de Malika el Aroud, où l'on trouve Youssef Arrizi et Ali el Ghanouti et Hicham Beyayo : ses aveux sont consignés par un juge d’instruction belge et le procureur fédéral, aux Etats-Unis. Notre Squarcini, sur cette fameuse menace, ne citera jamais cette liaison avec les services juridiques belges ou américains : il se contentera d'un propos plutôt sybillin : "nous déjouons en moyenne deux attentats par an. Je peux vous citer celui qui visait le 27e bataillon des chasseurs alpins, engagé en opérations extérieures en Afghanistan, Adlene Hicheur, cet ingénieur du Centre européen de recherche nucléaire (Cern) qui avait proposé ses services via Internet à Al-Qaida au Maghreb islamique. Ou celui d’un kamikaze qui prévoyait de faire sauter une salle de spectacle parisienne à l’occasion d’une collecte de fonds pour l’armée israëlienne… Il avait été interpellé en Egypte et nous venons de le récupérer." Etrange d'entendre alors le cas du "diplômé insoupçonnable" arresté en octobre 2009, mais pas de celui du "desperado des banlieues qui passe à l'acte"... Adlène Hicheur avait discuté d'objectifs jihadistes avec un correspondant mystérieux ("Phoenix Sahdow") dans lequels beaucoup avaient vus la patte des services secrets français : "Hicheur projetait un attentat contre le 27e bataillon de chasseurs alpins d'Annecy (Haute-Savoie), d'où sont parties des compagnies pour l'Afghanistan" nous rappelle Wikipedia : étrange combien les deux terroristes putatifs imaginés par Squarcini avaient pu avoir la même idée sur ceux qui devaient mourir : des militaires français en priorité absolue ! En septembre 2010, Squarcini avait littéralement pavoisé en annonçant l'arrestation du fort candide chercheur.
La phrase alambiquée de Squarcini avait de quoi laisser sur sa faim : pourquoi, se disait-on n"avait-il pas donné le nom de ce fameux "kamikaze" qui avait pour objectif de faire sauter le Bataclan car la salle de spectacles programmait tous les ans le Gala Migdal, un "spectacle de bienfaisance au profit de l’armée israélienne" ? En fait, cet homme n'était autre que Farouk Ben Abbes. Pourquoi donc ne pas le citer ce "belgo tunisien" extradé en France venu par la Belgique d'Egypte ? Ben Abbes, qui téléphonait tous les jours à Khaled Moustafa, considéré (avec Amad Mohammed Cetiq Chafia) par les Egyptiens comme le chef d'al-Qaida à Gaza, en Palestine ! Les leaders du groupe d'Omar Bakri. Abbes, qui sera chargé comme pas un dans les bureaux de la DCRI par Dodi Hoxha, une française d'origine albanaise, arrêtée en même temps que lui en Egypte, avec une dénommée Fatima F. Hoxha, cette dernière venant juste d'être arrêtée en novembre 2010, à son domicile du le Val-de-Marne.
En fait, Bernard Squarcini préférait ne pas parler du tout, en effet, de Farouk Ben Abbes et encore moins de Khaled Moustafa, car ce dernier avait été montré du doigt par les égyptiens comme étant l'un des commanditaires de l'attentat à la bombe qui avait tué Cécile Vannier âgé de 17 ans, et qui avait aussi blessé les lycéens français qui l'accompagnaient sur l'esplanade de la mosquée Al-Hussein, au Caire, le 22 février 2009. Pourquoi donc Squarcini n'aimait pas citer ce dossier ? Pour une raison simple : trois ans après, le dossier de la mort de la petite française n'avance toujours pas, malgré les interrogatoires menés par la DCRI qui n'a rien révéle de leur contenu. Secret Défense, ont les parents de la pauvre étudiante ont demandé la levée : "une note déterminante de la Direction générale des services extérieurs (DGSE) permettrait de débloquer cette enquête, ou du moins de cerner des pistes sérieuses. Cependant, le document manque toujours au dossier. Dès le 25 février, « le Canard enchaîné » évoquait cette note résumant l’analyse des services secrets : les terroristes auraient voulu « faire payer » à la France sa participation au blocus de Gaza. Il se trouve qu’un mois avant l’explosion de la bombe le président de la République d’alors, Nicolas Sarkozy, avait fait engager « des actions immédiates pour lutter contre la contrebande des armes vers Gaza, notamment le déploiement immédiat d’une frégate porte-hélicoptères dans les eaux internationales au large de Gaza », lit-on dans un communiqué du ministère de la Défense du 26 janvier 2009. Visiblement, sur ce coup-là, l'ineffable Squarcini n'avait rien vu venir : les collégiens diront plus tard pourtant que durant leur séjour ils s'étaient sentis épiés et surveillés. Mais pas par la DCRI dont la boule de cristal prévoyant l'avenir n'avait visiblement pas été activée sur leur sort. Squarcini nous avait dit avoir "récupéré" Farouk Ben Abbes dont il ne voulait pas donner le nom. Depuis, aucune nouvelle !
Et c'est bien dommage, car ce fameux Ben Abbes était un habitué.... d'un site islamiste. Mieux : il en était le modérateur principal !!! Comme l'était le modérateur du site d'El-Aroud, Hamadi Aziri, venu témoigner à charge contre Hicheur !!! Tout le monde le soupçonnant d'être le fameux "Phoenix Shadow" qui devisait avec Hicheur à la place de l'islamiste Debchi ! Un Aziri "raflé" en 2008 à Grenoble : "interpellé à Grenoble en décembre 2008, Hamadi Aziri a reconnu devant les enquêteurs avoir travaillé comme "modérateur", en d'autres termes comme contrôleur de contenu d'un site internet de propagande basé en Belgique, "Minbar SOS", qui a depuis été fermé par les autorités. Ce site, comme d'autres cités dans la procédure, faisait l'apologie d'Al-Qaïda et fournissait des informations pratiques à de jeunes candidats au jihad pour aller combattre en Afghanistan ou à des donateurs pour financer la cause".
Un Aziri ressemblant comme deux gouttes d'eau à Ben Abbes : "Parmi ces utilisateurs, Ali et Farouk Ben Abbes, l’un des premiers administrateurs du forum. Farouk Ben Abbes est considéré comme particulièrement actif sur le forum à partir de juin 2007, diffusant des communiqués revendiquant des attentats commis par des groupes et organisations proches d’Al-Qaida. Ali occupe lui aussi le rôle de modérateur puis d’administrateur du forum, mais ni l’un ni l’autre n’apparaît parmi les fondateurs. Le forum Ansar Al Haqq est décrit comme le prolongement d’un blog, Al Firdaws, fondé par Nicolas et Marie, le premier alors âgé de 20 ans et la seconde de seulement 16 ans à en croire la SDAT. Fermé pour incitation à la haine raciale, Al Firdaws devient Ansar Al Haqq à partir de décembre 2006. Le forum est hébergé en Malaisie." Le site décrit avait fini par découvrir qu'il était étroitement surveillé : "cette enquête a commencé depuis plus de deux ans ! En d’autres termes cela veut dire que des agents de la DCRI [la Direction centrale du renseignement intérieur, NDLR] viennent régulièrement sur le forum pour nous surveiller et lire ce qu’on post depuis déjà plus de deux années !! Faites attention à ce que vous écrivez et ne donnez pas une occasion aux agents de la DCRI de venir vous arrêter chez vous un beau matin". Deux années de pêche à la ligne au candidat à l'attaque de caserne avait fini par attraper un physicien plutôt paumé : en moins de temps un "banlieusard" toulousain en rupture de tout (un "desperado des banlieues") avait bien dû rencontrer un hameçon semblable !
Les sites à hameçonnage à jihadistes, une spécialité de tous les services secrets ! Sur Ansar Al Haqq, justement, Merah à peine refroidi, on avait vu appaître une revendication d'un obscur groupe pakistanais affirmant l'avoir formé, ce Merah, un texte envoyé par un dénommé " Abou Safiya". Un des commentateurs, dès la mise en ligne inscrira sous le texte : "Non la manipulation est toujours de mise comme tu peux voir... C'est pas signé mais j'ai une petite idée sur qui ça peut être..." un autre ajoutant avec un parlé du cru : "ça pu(e) le fromage et on est pas des souris" ...
Le 10 septembre 2010, Squarcini hésitait encore en prédiction mortifère pour la France entre un "desperado des banlieues qui passe à l'acte" et "un djihadiste, ce Français qui part se former aux explosifs en Afghanistan" : avec Mohamed Merah il avait trouvé, un an et demi après, les deux à la fois : superbe coïncidence ! Il ne lui reste plus qu'à nous expliquer quelle boule de cristal infaillible il utilisait, le grand ami de l'ex-président.
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