Que la gauche caviar vole au secours de Mitterrand (le protecteur de Polanski), pour se faire un peu de pub, on s’en doutait.
Mais que Cyrulnik, psychiatre, fasse, comme Drucker, le service après vente sur
France Info, fait bondir (
France Info, dimanche 17/10/2009) ! D’autant plus que ses « analyses » sont contestables.
D’emblée, le doct médiatique, ton suave à l’appui, dédouane le ministre. Affirme sans nuance : « Ce n’est pas du tout une incitation au tourisme sexuel, c’est une invitation à la tristesse sexuelle (…) C’est une aventure tarifée avec un homme de 20 ans ».
Ni plus ni moins.
« Il confesse une tristesse sexuelle »
Mitterrand à Bangkok, c’est : Bonjour Tristesse de Sagan avec…, en bonus, « la sodomie » sous les cocotiers ! Et pour reprendre la formule de Xavier Bertrand à l’endroit des « réacs » coincés de la raie (nous) : « affaire classée ».
L’ambiguïté du roman pour le professeur ? Un fantasme de littéraires ratés, pilotés par la haine du bourgeois !
Une lecture "germano-pratine", qu’est loin de partager L’Express qui, ironie de l’histoire, fait le taf du psy : « (…) Mais l’ambiguïté du livre tient en grande partie au vocabulaire choisi par Frédéric Mitterrand. Lorsqu’il évoque ses partenaires sexuels, l’auteur ne parle que très rarement « d’hommes » ou, pour reprendre un vocable largement utilisé dans les milieux gays, de « mecs ». De Paris à Bangkok (où dit-il, il vient solder « trente ans de mauvaise baise »), il n’est question que de « garage à garçons, de « gosses » (mot qui, pour compliquer le tout, lui sert aussi à désigner des enfants qui jouent au foot dans la rue), de « boys », de « jeune mâle », de « minets », de « gigolos », de petits jeunes aussi nets que s’ils sortaient de leur douche », dégageant une « séduction juvénile ».
(L’Express, semaine du 15 au 21 octobre 2009, n°3041, L’écrivain au pied de la lettre, p.48).
Des mots que « l’expert » n’a pas cru bon relever. Un détail, sans doute... Cyrulnik comme Madame de Bovary, nous éduque à « l’ancienne », fait La leçon, décode.
A nous de tendre l’oreille, de lire entre les lignes « le poète » : Mitterrand « confesse une tristesse sexuelle (…) « Il raconte comment un homme de 20 ans (…) qui a une si mauvaise opinion de lui est prêt à payer son corps contre un peu de monnaie ».
Que « l’éphèbe » aux fesses galbées se rassure. Dieu fait bien les choses ; dans sa miséricorde, il lui a donné un ange, une queue : Mitterrand !
L’auteur ne vend pas le « tourisme sexuel » mais Tristes tropiques au café Flore !
« Il nous apprend à voir les choses autrement »
Ses références, son imaginaire ? Cyrulnik s’en cogne. Tout le monde le sait ! Les mots ne trahissent jamais le narrateur. Encore moins quand on s’appelle Mitterrand, qu’on est ministre. Et que Carla veille au grain.
Les perles ne manquent pas : « (…) D’ailleurs lorsqu’il (Mitterrand) évoque ses premiers émois sexuels, les références qui viennent naturellement sous sa plume sont « Alix »- un jeune romain de 14 ans en pagne, héros de bande dessinée- ou le Prince Eric, cet adolescent scout de la série Signe de piste, icône trouble de l’imaginaire homosexuel. Comme toute bonne confession autobiographique, cette Mauvaise vie joue avec le feu » (L’Express, op.cit).
Croirez-vous que ça l’alerterait ? Pas du tout ! Le ministre nous apprend à « voir les choses autrement ». « 30 ans de mauvaise baise » instruit le citoyen …
De poursuivre affable : « L’autobiographie n’est pas un témoignage puisqu’on peut changer de représentations ». Une initiation en somme, ce bouquin.
La flûte enchantée peut-être ?
Orwell pour sauver Une Mauvaise vie
Le chroniqueur termine sur les chapeaux de roue. Après avoir absout Mitterrand - « il n’est pas pédophile »-, il s’en prend aux « quadras du PS » … en tout bien tout honneur.
Convoque « Orwell » pour condamner « l’indignation » et comme l’omniprésent BHL, parle de « totalitarisme » : « (…) Ceux qui s’indignent de cette confession révèle qu’ils pensent que (…) le chef doit tout contrôler, de l’aventure sociale (…) des aventures sexuelles ».
Notons au passage le manque de personnalité dans l’analyse. Pour ceux qui trouveraient la filiation osée (BHL/ Cyrulnik), jugez sur pièces, on reste en famille :
« Marine Le Pen n’y suffisait pas : il a fallu que la jeune garde socialiste, Benoît Hamon en chef de file, vole au secours du nouvel ordre moral qui, depuis quinze jours, semble tourner des têtes que l’on croyait immunisées contre le moralement correct cher à nos Pères et Mères la Pudeur, type Christine Boutin ou Philippe de Villiers (…) Artistes, romanciers, diaristes, journalistes, qui, dans vos fictions et vos autofictions, croiriez bon de nous instruire de telle ou telle tentation, perdition, perversion, turpitude, regardez-y à deux fois car vous devez savoir qu’à gauche comme à droite, au nom de la défense des bonnes mœurs, on vous jettera en pâture à l’opinion et l’on sonnera contre vous l’hallali »
(Affaire Mitterrand : BHL attaque la "nouvelle brigade des mœurs" au PS, Le Monde.fr 12/10/2009 ; Affaire Mitterrand : et si on inculpait Blum ? Libération, 12/10/2009, n°8840).
Sade pour la route
Que dit Cyrulnik de Mon copain Rachid ? Uncourt métrage de Philippe Barassat où Frédéric Mitterrand, éternel gaffeur, est narrateur. Quid.
On ne va quand même pas lui demander de faire des heures sup en plus, jouer les pompiers de service !
Où est donc passé celui qui en 2004 dénonçait sur Europe 1, à un Yves Calvi médusé, la pédophilie notoire des intellectuels, leurs déviances, l’omerta de classe, la solidarité malsaine rue Cognac Jay ? Pour un peu, il balançait !
Alors, pour être encore en phase avec des idéaux de base, montrer qu’il a encore du mordant, des limites, qu’il connaît les dossiers, Cyrulnik cite Sade : « (…) il expliquait que la pédophilie n’était pas grave et que l’inceste avait tué beaucoup moins d’hommes que l’idée de Dieu ». Ouf ! Nous voilà rassurés…
A-t-il viré sa cuti comme tant d’autres depuis ? Amour du pouvoir, ivresse des médias, volonté de puissance, copinages ?
La morale pour sauver le capitalisme, pas pour baiser des éphèbes bridés
Le scandale, il est où ? Partout. Dans la forme, le fond ; « le diable se cache dans les détails ».
Le scandale, c’est que Cyrulnik met son nom en avant pour siffler la fin de la récré.
Comme son « patient » (F.Mitterrand), il ment. Le scandale, c’est qu’au lieu de voir dans cette saine « indignation », la défense des plus faibles, le rappel à la loi, l’engagement de la France dans sa lutte contre le tourisme sexuel, « l’enchanteur Cyrulnik », manipulateur, assimile les Montebourg, Hamon à des « chemises brunes » nouvelle formule.
« Une brigade des mœurs » qui vide son chargeur sur les valeurs de la démocratie, réduites, pour les besoins du discours, aux frasques du dandy ! La libido, pilier « indépassable » du système…Voilà où on en est. On rêve. Hannah Arendt qui a travaillé sur le Totalitarisme, tomberait des nues !
Poignant aussi de voir que ceux qui veulent « moraliser le capitalisme financier », castrer
[1] les récidivistes, s’indignent à l’unisson quand d’autres élargissent la morale. Rappellent perplexes, outre le béaba sexuel auquel doit se soumettre, en principe, tout individu à l’étranger, qu’on a déjà eu Gide, Proust, Genet, David Hamilton…
Que l’heure est venue, peut-être, au nom d’une certaine idée de la justice (les droits de l’enfant), de dénoncer, avec force raison, la frugalité des puissants à l’appel du démon de midi…
En un mot : foutre la paix aux « gosses », qu’ils fassent le tapin ou pas.
La morale pour sauver le capitalisme, oui ! Pour réfréner la bite des Franciliens, ultra mondains dans le pays de Bouddha, loin des regards, « des pères, mères la pudeur, type Christine Boutin » : non !
Vendre ses ébats à la FNAC, cigare aux lèvres, c’est les baiser une deuxième fois.
Jusqu’où va-t-on descendre ?
P.M