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Accueil du site > Tribune Libre > Affaire Ruggia/Haenel : Adèle Haenel a changé sa version des faits. Et si (...)
#24 des Tendances

Affaire Ruggia/Haenel : Adèle Haenel a changé sa version des faits. Et si Christophe Ruggia était innocent ?

En 2019, l'actrice Adèle Haenel accusait le cinéaste Christophe Ruggia d'« attouchements » répétés sur les « cuisses » et « le torse », et de « harcèlement sexuel permanent », qui auraient eu lieu alors qu'elle se rendait chez lui les samedis après-midi entre ses 12 et 15 ans.

Par ses accusations, Adèle ne déclenchait pas seulement la mise en procès de Christophe Ruggia. Elle initiait aussi le « #MeToo » du cinéma français. Et se retrouvait propulsée « figure de proue de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles » (source).

Ainsi, l'affaire débordait-elle immédiatement le cadre d'une histoire personnelle pour devenir un phénomène de société. Et les médias en faisaient un cas à valeur d'exemplarité, avec des enjeux démultipliés.

Cela impliquait que la présumée culpabilité de Christophe Ruggia ne soit pas discutée. S'initient alors pour le cinéaste cinq années de lynchage médiatique : la couverture de l'affaire est systématiquement à charge, et sa possible innocence jamais évoquée. Christophe Ruggia, lui, réfute « catégoriquement avoir exercé un harcèlement quelconque ou toute espèce d’attouchement » (source).

 

Les 9 et 10 décembre 2024 a eu lieu le procès en première instance de Christophe Ruggia.

Les nouveaux éléments diffusés par la presse incitent à faire un point sur l'ensemble de cette affaire.

Notamment, il est essentiel d'observer l'évolution de la version des faits d'Adèle Haenel. En novembre 2019, elle accuse pour la première fois publiquement Christophe Ruggia durant un long entretien avec les journalistes de Mediapart. Elle donne une première version des faits. Puis un processus judiciaire va se déclencher. Cette fois, c'est par des policiers qu'elle est interrogée. Elle leur présente une nouvelle version des faits. Et cette nouvelle version devient amplement disponible en décembre 2024, lors de la couverture médiatique du procès de Christophe Ruggia.

Nous allons étudier l'ensemble des éléments désormais disponibles, et nous démontrerons qu'ils ne permettent en aucun cas de prouver que Christophe Ruggia serait coupable d'agressions sexuelles sur Adèle Haenel.

 

 

Sommaire :

1/ Changement de version des faits par Adèle Haenel
2/ Tournage du film Les Diables, 2001
3/ Appartement de Christophe Ruggia, 2001-2005
4/ La rupture entre Adèle et Christophe
5/ Une dynamique de vengeance
6/ Céline Sciamma, La Naissance des pieuvres, moment clé
7/ Le récit et les concepts se précisent
8/ La dynamique de vengeance devient dynamique militante
9/ Accusations de harcèlement et agressions sexuelles, les zones d'ombre
10/ Conclusion

 

 

 

1/ Changement de version des faits par Adèle Haenel

D'après Maître Le Bras, avocat d'Adèle Haenel, cette dernière s'est rendue dans l'appartement de Christophe Ruggia « au moins 120 samedis sur trois ans et demi » (source)(source), entre 2001 et 2004.

Quatorze ans plus tard en 2019, entre avril et octobre, Adèle Haenel se confie longuement aux journalistes d'investigation de Mediapart sur cette relation avec Christophe Ruggia.

Le 3 novembre 2019, la journaliste Marine Turchi de Mediapart publie un article sur ce sujet.

On peut y constater qu'Adèle Haenel ne parle alors que d'« attouchements » répétés sur les « cuisses » et « le torse » (source). Par la suite, tous les médias ayant repris textuellement Mediapart attestent de cette localisation des « attouchements » allégués par l'actrice : sur les « cuisses » et « le torse » (exemples : Monde, Figaro, Express, HuffPost).

A ce moment-là, Adèle Haenel ne veut pas porter plainte : elle désire simplement rendre publiques ses accusations.

L'histoire va prendre un tour nouveau lorsque la justice déclenche elle-même le 6 novembre 2019 une enquête préliminaire pour des chefs d'« agression sexuelle sur mineure de moins de 15 ans par personne ayant autorité » et de « harcèlement sexuel » (source). La justice n'a pas d'autre choix que d'enquêter sur une « agression sexuelle », car les faits allégués sont anciens, et il est trop tard pour enquêter simplement sur un « harcèlement sexuel » : le délai de prescription est dépassé. De plus, certains juristes estiment que les descriptions faites par Adèle Haenel devraient suffire pour une qualification d'« agression sexuelle » (source), même si les zones érogènes — sexe, seins, fesses — n'ont pas été mentionnées par l'actrice.

Le 26 novembre 2019, les policiers enquêteurs entendent Adèle Haenel.

A l'issue de l'audition, Adèle Haenel porte plainte dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte par la justice (source).

 

Lors de l'instruction judiciaire, Adèle Haenel donne une version différente de son récit précédent, celui donné à Mediapart.

Elle parle cette fois de contacts sur ses zones érogènes. Elle affirme notamment que Christophe Ruggia mettait sa main dans sa culotte (source).

On trouve dans le procès verbal de son interrogatoire rapporté par la presse les propos suivants :

« Je me crispe. Je n’ai pas envie d’être touchée. Il met sa main sur mon tee-shirt, puis sous mon tee-shirt et sur mon ventre, puis sur mon sexe. Je me lève pour faire semblant de regarder par la fenêtre. » (source)(source)

« Il commençait à me caresser les cuisses en remontant vers mon sexe, comme ça, l’air de rien. Il touchait alors aussi mon sexe, il m’embrassait dans le cou […] et il touchait ma poitrine. » (source)

Elle n'avait jamais parlé de cela pendant l'enquête de Mediapart en 2019.

Jamais il n'a été question de main sur le sexe, de main dans la culotte, de main sur la poitrine.

Jamais.

 

Voilà quels étaient les propos d'Adèle Haenel tels que rapportés par l'enquête de Mediapart en 2019 :

« Je m’asseyais toujours sur le canapé et lui en face dans le fauteuil, puis il venait sur le canapé, me collait, m’embrassait dans le cou, sentait mes cheveux, me caressait la cuisse en descendant vers mon sexe, commençait à passer sa main sous mon T-shirt vers la poitrine. Il était excité, je le repoussais mais ça ne suffisait pas, il fallait toujours que je change de place. » (source)(source)

Adèle Haenel parle donc notamment de gestes « vers » le sexe, mais pas « sur » le sexe, ce qui n'est évidemment pas du tout la même chose.

En outre, en 2019, Adèle Haenel ne parle jamais à Mediapart d'« agressions sexuelles ».

Elle parle d'« attouchements » sans préciser s'ils auraient une dimension sexuelle (note).

Et elle parle d'« abus » : « Je veux raconter un abus malheureusement banal, et dénoncer le système de silence et de complicité qui, derrière, rend cela possible. » (source)(source). Mais jamais Adèle ne précise s'il s'agissait d'« abus sexuels » : elle parle uniquement de « harcèlement sexuel ».

 

Il est également possible de remarquer d'autres évolutions entre les deux versions d'Adèle Haenel.

Dans sa version pour les journalistes en 2019, Adèle Haenel dit que Christophe Ruggia n'est « pas passé à l'acte », et elle affirme avoir « résisté » au cinéaste, ne pas s'être laissée faire, et donc avoir adopté un comportement qui l'a « sauvée ».

Voilà ce qui est écrit dans l'article de Mediapart publié le 3 novembre 2019 :

« Adèle Haenel dit mesurer « la force folle, l’entêtement » qu’il lui a fallu, « en tant qu’enfant », pour résister, « parce que c’était permanent ». « Ce qui m’a sauvée, c’est que je sentais que ce n’était pas bien » » (source)(source).

Et, apparemment, la résistance d'Adèle Haenel aurait empêché que Christophe Ruggia passe à l'acte. Pendant son interview filmé (Médiapart le 4 novembre 2019), elle dit au sujet du réalisateur :

« il ne voulait pas voir les choses en face, c'est à dire qu'il ne pouvait pas me mettre deux gifles et me forcer par la contrainte physique, car alors, il n'aurait pas pu éviter de se voir tel qu'il est, c'est à dire un homme de quarante ans, qui abuse d'un enfant de 12, 13, 14 ans. Tu comprends, ce n'est pas par respect pour l'enfant que j'étais qu'il n'est pas passé à l'acte, c'est par peur de se regarder en face. » (source)

 

Par la suite, devant les policiers, Adèle présente une nouvelle histoire, où cette fois, elle ne parvient plus à « résister » à Christophe. Selon elle, il aurait trouvé des stratégies pour vaincre ses résistances.

Le cinéaste aurait notamment exercé des chantages. Et il aurait également adopté des postures indignées : « Il réagissait de manière choquée et avec cet air de : 'Non mais qu'est-ce que tu vas croire ?', alors qu'il avait sa main dans ma culotte. » (source)

Apparemment, dans cette seconde version, Christophe Ruggia réussit à passer à l'acte, parvenant dans l'exemple ci-dessus à garder sa main dans la culotte d'Adèle Haenel en jouant l'indignation.

 

Le changement d'histoire par Adèle entraîne également un changement de discours sur son propre fonctionnement psychologique.

Notamment, en 2019, Adèle affirmait à Mediapart avoir résisté à Christophe et précisait : « Ce qui m’a sauvée, c’est que je sentais que ce n’était pas bien » (source). Et, pendant le procès de 2024, elle déclare au contraire : « Quand j’étais enfant j’ai jamais pensé à moi, que c’était pas ok de me faire toucher comme ça. » (source)

Dans la première version, celle pour Mediapart, Adèle s'était en quelque sorte préservée en résistant à Christophe, alors que dans la deuxième version, celle pour les policiers, elle dit s'être placée dans une autre dynamique : « A l’époque, je me dis il faut que je le protège, le pauvre. J’ai toujours pensé qu’à lui, j’ai jamais pensé à moi. » (source)

 

Bref, même si le fond de son histoire reste le même — Christophe serait un « abuseur d'enfant » — la nouvelle version est différente.

 

Sur le plan pénal, la nouvelle version représente une évolution que l'on pourrait qualifier de capitale.

Comme nous le disions plus haut, en 2019, Adèle Haenel ne disait jamais à Mediapart que les mains de Christophe Ruggia auraient touché ses zones érogènes, alors que devant les policiers, dans la seconde version, elle parle pour la toute première fois de contacts directement sur son sexe et sa poitrine. Cette seconde version présente donc des faits qui ne laissent plus aucun doute : il ne peut s'agir que d'agressions sexuelles, alors que dans la première version, il y aurait pu avoir discussion. En effet, l'ensemble des gestes de Ruggia pouvaient s'apparenter à de simples gestes d'affection, tout à fait naturels entre un adulte et un enfant, lorsque l'enfant vient contre l'adulte et que ce dernier l'entoure de son bras (relire cet article).

 

Le fait qu'Adèle Haenel ait développé une nouvelle version devant les policiers devrait, dans le cadre d'une procédure judiciaire normale, être un signal d'alerte concernant la fiabilité de ses dires.

Pendant les longs mois d'enquête de Mediapart en 2019, Adèle Haenel avait tout le loisir de se confier aux journalistes de Mediapart. En effet, l'article de Mediapart publié le 3 novembre 2019, qui relate l'enquête, indique que cette dernière a eu lieu entre avril 2019 et octobre 2019 et précise :

« Toutes les personnes citées [...] ont relu leurs citations. Chacun de leurs mots a donc été pesé.

Adèle Haenel nous a accordé un entretien – enregistré avec son accord – de deux heures trente le 18 avril 2019, puis une série d’interviews complémentaires au fil des mois pour préciser plusieurs éléments et répondre à nos questions. » (source)(source)

De plus, l'article de Mediapart relate la façon dont s'est déroulé l'entretien d'avril 2019 avec Adèle Haenel ainsi :

« Ce matin d’avril 2019, la comédienne prend le temps de choisir chaque mot pour raconter. Elle marque de longues pauses, reprend. Mais la voix n’hésite pas. »

Donc, tout ce qu'a dit Adèle Haenel en 2019 à Mediapart n'a pas été dit à la légère. Elle a eu le temps nécessaire pour penser à ce qu'elle allait dire, elle a eu le temps nécessaire pour exprimer tout ce qui devait être dit.

 

Apparemment, Adèle Haenel tente aujourd'hui d'expliquer l'évolution de sa version des faits en affirmant qu'elle voulait réserver les faits à la justice (source). Mais, le problème est que lorsqu'elle présente sa version des faits en 2019 à Mediapart, elle y adjoint tout un discours politique expliquant pourquoi elle ne veut pas aller en justice : selon son point de vue, il existe « une violence systémique faite aux femmes dans le système judiciaire ». Elle ne souhaite pas porter plainte en raison d'une justice qui « condamne si peu les agresseurs » et « un viol sur cent ». Elle ajoute : « La justice nous ignore, on ignore la justice. » (source)(source)(source).

Adèle n'a donc pas pu réserver les faits pour la justice, puisqu'elle rejetait l'idée d'une démarche judicaire.

 

 

Tout le monde sait que lorsqu'un témoin, quel qu'il soit, change de version, alors sa parole perd en crédibilité.

Certes, le changement de version par Adèle ne peut constituer une preuve de l'innocence de Christophe Ruggia. Mais il invite à envisager que les récits d'Adèle ne sont peut-être pas fiables.

Cette possibilité n'est jamais envisagée par les médias.

Il faut comprendre que nous sommes dans un moment historique particulier.

Le mouvement #MeToo débuté en 2017 véhicule notamment l'idée qu'il faut reconnaître la réalité des violences que peuvent subir les femmes, et surtout ne pas déconsidérer d'avance la parole des plaignantes.

Un pli a donc été pris dans les médias, qui consiste à ne pas remettre en cause la parole des femmes.

Cette attitude à ses limites.

La vie sociale d'un homme est en jeu.

Donc sa vie tout court.

Nous allons donc étudier la possibilité d'un « deuxième scénario », un scénario jamais envisagé par les médias, le scénario où Adèle Haenel n'a jamais été abusée tel qu'elle le dit par Christophe Ruggia.

 

 

2/ Tournage du film Les Diables, 2001

En 2001, Adèle Haenel tourne sous la direction de Christophe Ruggia à l'âge de 12 ans dans le film Les Diables.

Le site de France info indique que, concernant le tournage du film, les magistrats instructeurs ont ordonné pour cette période précise une ordonnance de non-lieu, « aucune agression sexuelle n'ayant été dénoncée par Adèle Haenel durant ces huit mois » (source).

Nous allons dire cependant quelques mots sur cette période, car elle permet de comprendre combien les jugements concernant cette affaire peuvent être basés sur une pure subjectivité et non sur des preuves.

 

Pendant cette période du tournage, Adèle Haenel et Christophe Ruggia nouent une relation très étroite.

L'enquête de Mediapart publiée le 3 novembre 2019 rapporte à ce sujet le témoignage de Vincent Rottiers, acteur qui jouait également dans Les Diables en 2001.

Vincent Rottiers affirme que, pendant le tournage, Adèle « n’arrêtait pas » de « coller » Christophe Ruggia, « comme une première de la classe avec son prof ». (source)(source)

Et les témoignages qui concernent la période du tournage montrent que Christophe Ruggia et les deux jeunes acteurs, Vincent Rottiers et Adèle Haenel, avaient une proximité physique comparable à celle qui peut exister entre un père affectueux et ses enfants, comprenant bisous et embrassades.

Mediapart a contacté pendant son enquête en 2019 une vingtaine de membres de l'équipe du tournage. La façon dont Mediapart a abordé ces 20 personnes n'est pas connue.

Si Mediapart a contacté ces 20 personnes en disant : « Christophe Ruggia pourrait avoir agressé sexuellement Adèle Haenel, que savez-vous à ce sujet ? », ce n'est pas la même chose que de dire : « Nous enquêtons sur les conditions de tournage avec des enfants dans le cinéma français, vous rappelez-vous le tournage des Diables ? » La première question met en alerte et peut pousser à revoir tout comportement autrefois jugé naturel comme étant désormais suspect. C'est ce qu'on appelle l'« effet de cadrage » : le type de question posée peut influencer la réponse donnée.

Sur la vingtaine de personnes contactées, neuf ont parlé soit d'« ascendant » de Christophe Ruggia, soit de « manipulation » ou « emprise », soit de relation anormale entre le cinéaste et sa jeune actrice, le duo étant décrit parfois comme comparable à un « couple ». Etant donné que nous vivons dans une société très craintive de la pédophilie, et où pratiquement toute relation de proximité physique entre un adulte et un enfant peut susciter la suspicion, ces commentaires négatifs n'ont rien de surprenant.

Éric Guichard, chef opérateur, dit avoir « rarement » vu « une relation si fusionnelle » entre le cinéaste et la jeune comédienne, qui était « habitée par son rôle »« subjuguée par Christophe, très investie » et « ne se confiait qu’à lui ». Il décrit un « ascendant évident » de Ruggia, mais qu’il a placé « au niveau de la fabrication d’un film de cinéma » et attribué « à la difficulté du personnage d’Adèle ».

Les onze autres membres de l'équipe contactés par Mediapart disent « ne pas avoir de souvenirs », ou alors n'ont pas souhaité répondre à Médiapart, ou alors n'ont « rien remarqué » d'anormal.

La monteuse du film, Tina Baz — que Mediapart décrit comme étant « restée proche » de Christophe Ruggia — affirme que ce dernier était « respectueux », « d’une affection formidable », « avec un investissement absolu dans son travail » et une « relation paternelle sans ambiguïté » avec Adèle Haenel. Bertrand Faivre, le producteur du film, était régulièrement sur les lieux du tournage, et il affirme que Christophe était « très proche » de Vincent Rottiers et Adèle Haenel, mais qu'«  il y avait zéro ambiguïté » (source).

 

Concernant cette période du tournage, voilà ce qu'il faut retenir :

Aucun geste déplacé n'a été remarqué par l'équipe, et Christophe Ruggia a eu une relation de proximité physique avec les deux jeunes acteurs, spécialement avec Adèle Haenel, qui jouait un rôle difficile d'autiste. La relation proche, fusionnelle, a été décrite négativement par certains membres de l'équipe, mais elle a pu aussi être perçue par d'autres membres de l'équipe comme aucunement problématique.

Nous sommes donc bien sur un terrain de pure subjectivité.

 

Notons, de plus, que rien n'empêche que nous puissions supposer que la relation entre Adèle Haenel et Christophe Ruggia pouvait résulter d'une pulsion affective naturelle d'Adèle envers Christophe.

Cela est suggéré par le témoignage de Vincent Rottiers à Mediapart en 2019, comme nous l'avons vu plus haut.

Et cela est soutenu par Christophe Ruggia lors de la confrontation organisée entre lui et l'actrice pendant la procédure judiciaire. En effet, pendant cette confrontation, Christophe Ruggia affirme qu'il était « très lié avec Adèle » et que la proximité entre eux deux « ne venait pas » de lui : « C'était une gamine, elle était collée à moi, elle sautait sur mes genoux, elle s'accrochait à mon cou... » (source).

 
 
Conclusion sur la période de tournage du film Les Diables : il est impossible d'en tirer la moindre preuve de culpabilité de Christophe Ruggia.
 
Nous pouvons conclure également qu'il existe une possibilité que cela soit Adèle Haenel qui recherchait la proximité physique avec le réalisateur et non l'inverse.

 

 

3/ Appartement de Christophe Ruggia, 2001-2005

Les 120 rencontres entre Adèle et Christophe qui ont eu lieu dans l'appartement du réalisateur résultent d'une initiative de Christophe, qui avait proposé aux deux jeunes acteurs du film Les Diables de continuer à se voir après la fin du tournage.

Pendant l'enquête de Mediapart en 2019, Vincent Rottiers témoigne qu'il s'est alors « souvent » rendu chez Ruggia, pour parler « cinéma et actualité », parfois « avec des amis » : « C’était devenu la famille, Christophe. Mon père de cinéma. » (source)

L'enquête de Mediapart indique qu'Adèle Haenel se rend chez Ruggia « qui possède une DVDthèque fournie, prend en main la culture cinématographique de la jeune comédienne, lit les scénarios qu’elle reçoit, la conseille ». (source)

Pour les parents d'Adèle, il n'y a rien à signaler sur ces samedis après-midi passés par leur fille chez le cinéaste. Les parents ont déclaré à Mediapart qu'ils « ne se posent pas de questions ». La mère indique : « Je me dis, elle regarde des films, c’est super bien qu’elle ait cette culture cinématographique grâce à lui ».

Le père, qui accompagne parfois Adèle chez Christophe, affirme à Mediapart que, pour Adèle, Christophe était « l’alpha et l’oméga ». (source)

Adèle elle-même déclare à Mediapart que Christophe était pour elle « une sorte de star, avec un côté Dieu descendu sur Terre parce qu’il y avait le cinéma derrière, la puissance et l’amour du jeu ». (source)

Il est donc possible de supposer qu'Adèle se rendait chez Christophe comme n'importe quel enfant ou adolescent serait ravi de fréquenter sa « star » en se rendant chez lui.

Pour être exact, il est même très fréquent que le plus grand rêve d'un adolescent soit de pouvoir rencontrer sa « star » pour de vrai.

Il existe donc une explication très simple et naturelle à ce qu'Adèle puisse se rendre chez Christophe chaque samedi après-midi.

 

Notons au passage que la famille d'Adèle, ainsi qu'elle-même, avait un apriori très positif sur Christophe. Le fait qu'Adèle ait pu jouer un premier rôle dans un film les avait tous mis « sur un petit nuage » relate Mediapart.

Pour le père, c'était même une bénédiction, un « conte de fées » dit-il.

Mediapart retranscrit des passages du journal intime d'Adèle, écrits en 2006, après la rupture en 2005 avec Christophe, alors qu'elle fait une rétrospective de ce qu'elle a vécu dans le passé. Au sujet de l'approche du tournage des Diables, elle écrit : « Je me sens gonflée d’une importance nouvelle, je vais peut-être faire un film ». Ensuite, dans cet écrit de 2006, Adèle évoque la « nouveauté », le « rêve », le « privilège » d’« être seule sur scène, au centre de l’attention de tous ces adultes », « de sortir du lot », « je passe du statut d’enfant banal à celui de promesse d’être “la future Marilyn Monroe” ». (source)

Nous avons donc un scénario plausible où tout s'est très bien passé pendant le tournage des Diables et où la poursuite de la relation entre Adèle et Christophe après le tournage a donc été tout à fait naturelle.

 

Pendant la période où Adèle se rend assidûment à l'appartement de Christophe, elle ne rapporte rien de négatif à ses parents, rien de négatif à des amis non plus, et rien à son petit ami.

Adèle Haenel a refusé de livrer ses journaux intimes à la justice (source)(source). Mais la journaliste Marine Turchi de Mediapart les a lus et Adèle Haenel ne parle jamais de comportements déplacés de la part de Christophe Ruggia (source).

Cela est tout à fait notable : en 2006, alors qu'Adèle fait dans son journal intime une rétrospective des années passées, elle ne mentionne aucun geste suspect comme elle en accusera le cinéaste plus tard. Ses comptes rendus relatent que tout n'est pas rose, et Marine Turchi en rapporte dans son article pour Mediapart quelques extraits bien choisis, qui peuvent faire penser qu'il y a des problèmes. Mais ces problèmes ne sont jamais précisés. Il est notamment écrit pour l'année 2002 : « Festival + Christophe chelou ». Pour l'année 2003 : « j’ai un secret, je ne parle jamais de ma vie. » Et pour l'année 2006 : « Parfois je pense que je vais réussir à tout dire. » (source) Mais étant donné que cela est énigmatique, cela peut correspondre à n'importe quoi. Notamment pour l'année 2006, cela correspond peut-être au fait qu'Adèle est tombée amoureuse de la réalisatrice Céline Sciamma avec laquelle elle est en train de tourner un nouveau film, et qu'elle n'ose pas lui avouer ses sentiments.

 

Le seul élément, autre que les accusations ultérieures d'Adèle, qui puisse évoquer un problème pendant la période 2001-2005 est indiqué par le site de France info (source). Tristan, le frère d'Adèle, affirme aux policiers pendant la procédure judiciaire qu'il avait «  l'impression que c'était une obligation pour elle » de se rendre chez Christophe « de la façon dont elle me présentait les choses.  »

Comme Tristan dit simplement qu'il avait une « impression », cela signifie que sa soeur ne lui a pas vraiment dit qu'elle se sentait obligée d'aller chez Christophe.

Et France info n'indique pas de quelle façon précisément Adèle présentait les choses à son frère pour qu'il se fasse une idée pareille.

France info poursuit simplement en indiquant que Tristan déclare que souvent sa soeur revenait de chez Christophe en évoquant des discussions autour de films ou des discussions sur « la façon dont ça pouvait influencer sa carrière d'actrice », mais qu'avec le temps elle était devenue silencieuse sur ce qu'elle faisait chez le cinéaste. France info affirme que des proches ont remarqué à cette période un changement de comportement chez Adèle, et que les notes d'Adèle au collège ont chuté.

Mais nous sommes là au niveau zéro de la preuve : un changement de comportement à l'âge de la puberté n'a rien d'inhabituel.

Et, quoiqu'il en soit, Adèle ne confie à personne pendant cette période 2001-2005 qu'elle aurait été confrontée à un comportement déplacé de Christophe.

En fait, l'existence d'une éventuelle problématique particulière à la relation Christophe/Adèle n'apparaît aucunement pendant la période 2001-2005, où les deux se fréquentent. Tout se joue par la suite, après leur rupture. Et nous allons voir qu'il est impossible de démontrer que ce qui se passera après la rupture peut prouver une culpabilité de Christophe Ruggia.
 

Notons avant de poursuivre que, en 2020, Tristan, le frère d'Adèle, faisait aux policiers le témoignage que nous venons de voir, mais il semble que le témoignage qu'il avait fait en 2019 à Mediapart est un peu différent.

En effet, en 2019, Tristan ne parle pas à Médiapart d'un « silence » d'Adèle, mais d'un « éloignement » et de « colères » de sa soeur, qu'il a mis à cette époque sur le compte de la puberté d'Adèle. Et Tristan déclare, toujours en 2019, avoir remarqué « quelque chose de bizarre » dans le comportement du réalisateur, et sa disparition soudaine : « À un moment, Christophe n’était juste plus là. » (source)

Tristan n'expliquant pas ce qu'il trouve bizarre dans le comportement de Ruggia, son témoignage est inconsistant, et il est impossible d'en tirer quoi que ce soit.

 

 

4/ La rupture entre Adèle et Christophe

Cette rupture a lieu aux environs de fin 2004, début 2005.

D'après Christophe Ruggia, la rupture a lieu après qu'il a appris à Adèle qu'il ne pourra pas la faire jouer dans son prochain film, car il a dû resserrer son film autour de seulement trois rôles, des rôles d'adultes, afin que le film soit financé. (source)

Christophe Ruggia déclare :

« Elle misait tout sur mon futur film. Le lendemain, je recevais une lettre d'une violence inouïe où elle racontait qu'elle stoppait le cinéma parce que je l'avais trahie et manipulée. » (source)

 

La raison de la rupture donnée par Christophe Ruggia ne date pas de 2019 : Ruggia en avait déjà parlé à son ex-compagne et à sa soeur (source)(source). Et le producteur du Ruggia confirme que Ruggia ne pouvait pas faire tourner Haenel (source).

 

Il semble que, du point de vue du père d'Adèle, cette rupture ait été très brutale.

En effet, le père d'Adèle déclare à Mediapart :

« Pour Adèle, il était l’alpha et l’oméga, et tout d’un coup, elle n’a plus rien voulu savoir de lui. Mais c’était difficile de parler avec elle à l’adolescence » (source)
 

 

Néanmoins, il est possible que la relation entre Adèle et Christophe se soit un peu dégradée avant la rupture elle-même.

En effet, Christophe écrit une lettre à Adèle le 25 juillet 2007, soit deux ans après leur rupture, dans laquelle il évoque un problème qui a eu lieu pendant le voyage de juin 2004 en Thaïlande, où Christophe et Adèle se sont rendus pour le festival français de Bangkok.

Dans cette lettre de 2007 envoyée à Adèle, Christophe écrit que cela a été un « voyage super à plein de moments » mais que ce voyage l'a «  complètement déstabilisé », en raison de « problèmes ». Mais il ne dit rien dans la lettre qui permette de savoir de quels « problèmes » il s'agit. Cependant, les problèmes ont pu être assez graves, puisque, toujours dans cette lettre de 2007 envoyée à Adèle, il écrit qu'il a craint que — vu la façon dont elle l'a traité « à certains moments » à Bangkok — elle n'accepterait pas de jouer dans le film qu'il allait tourner et qu'il voulait lui offrir le jour de ses seize ans. (source)

Mais là encore, nous sommes au degré zéro de la preuve : une dégradation de la relation entre Ruggia et Haenel dès l'été 2004 peut avoir mille causes, sans lien aucun avec des abus d'ordre sexuel.

Il se pourrait par exemple que l'explication de Christophe Ruggia lui-même soit la bonne.

Adèle a pu commencer à trouver pénible l'« adulation » que Christophe avait pour elle.

Quoiqu'il en soit, c'est après le clash avec Christophe en 2005 qu'Adèle va commencer à parler à son entourage de problèmes avec Christophe. Immédiatement après le clash, Adèle parle avec son petit ami, qui lui conseille alors de couper tous les ponts avec Christophe. Apparemment, d'après le témoignage de ce petit ami à Médiapart, Adèle lui parle d'une « emprise permanente » de la part Christophe, et de « déclarations d’amour culpabilisantes ». Selon le témoignage de son petit ami, Adèle aurait un sentiment de « gêne, un sentiment de honte, de culpabilité » vis-à-vis de Christophe. Et Adèle rapporte à son petit ami qu'il y a eu « des scènes où elle avait été mal à l’aise, seule, chez lui » (chez Christophe).

Ce malaise d'Adèle pourrait découler simplement du décalage qui existait entre les propos de Christophe, qui disait d'elle qu'elle avait un talent exceptionnel et plaçait en elle un immense espoir, alors que rien ne se concrétisait vraiment.

Adèle pouvait donc se sentir indigne de l'espoir et de l'admiration de Christophe, chaque parole élogieuse de son mentor et ami la mettant dans un malaise et une culpabilité de ne pas réussir, professionnellement parlant, à hauteur des espérances.

Et, fondant tous ses espoirs sur le prochain film de Christophe, elle se serait alors effondrée totalement apprenant qu'il ne tournerait pas avec elle.

Elle se serait ainsi sentie immensément trahie, et profondément dévalorisée. Malgré toutes les appréciations positives à son égard de la part de Christophe — appréciations qui sonnaient comme des promesses d'un avenir merveilleux — elle se retrouve sans rien.

Adèle retourne à son « néant absolu », pour reprendre l'une de ses expressions (source).

Et si Adèle a dit vrai lors du procès de 2024, c'est-à-dire que Christophe l'aurait poussée à refuser deux propositions de films avec d'autres réalisateurs après Les Diables (source), alors il paraît naturel qu'elle ait pu lui en vouloir à mort lorsqu'elle a appris qu'elle ne jouerait pas dans le prochain film de Christophe.

Et elle, qui voyait en Christophe une « star », un « dieu », va le voir désormais comme un « dégueulasse ».

C'est de là que va naître un désir de vengeance.

Voilà ce que pourrait être le « second scénario ».

 

 

5/ Une dynamique de vengeance

Concernant son désir de vengeance, Adèle reconnaît que ce sentiment a existé, puisque pendant son entretien avec Médiapart, celui filmé le 4 novembre 2019, elle affirme avoir été « auparavant » dans une « dynamique de vengeance » (source).

Elle dit également pendant cet entretien du 4 novembre 2019 :

« dommage pour lui [...] aiguisée par un désir de revanche, je suis devenue une lame. Je n'ai fait que devenir plus puissante. Jusqu'à devenir ce que je suis aujourd'hui. Je parle de statut social. Je suis puissante aujourd'hui socialement. Et Christophe n'a fait que s'amoindrir. » (source)

 

Apparemment, personne n'a estimé que les accusations de pédophilie lancées par Adèle contre Christophe puissent être le résultat d'un désir de vengeance. Notamment, pendant le procès de Ruggia en décembre 2024, la procureure a vu dans cet « axe de défense » un « caractère improbable  » (source).

Pourtant, cet « axe de défense » a au contraire un « caractère » hautement probable.

Il est en effet possible de mesurer l'immense attente qu'avait Adèle vis-à-vis de Christophe, car plusieurs de ses déclarations l'attestent.

Dans l'article de Mediapart du 3 novembre 2019, Adèle Haenel indique :

« J’avais le jeu dans les tripes, c’était ce qui me faisait me sentir vivante. Mais pour moi, c’était lui le cinéma, lui qui avait fait que j’étais là, sans lui je n’étais personne, je retombais dans un néant absolu. »

Et pendant le procès de décembre 2024, il est demandé à Adèle pourquoi elle se rendait à l'appartement du réalisateur. Elle répond :

« J’avais l'impression que sans lui j’allais retomber dans une forme de néant, que je lui devais la sortie du néant dans lequel j’étais, je me sentais redevable. » (source)

 

Ne pas tourner dans le prochain de film de Christophe représentait donc pour Adèle le retour à un « néant absolu » après s'être sentie « vivante ». Il s'agissait d'un retour vers une enfance « banale » après avoir entrevu la possibilité de devenir une nouvelle Marilyn Monroe.

Et si l'attente d'Adèle vis-à-vis de Christophe était immense, alors le sentiment de trahison a pu être aussi immense.

 

Après avoir rompu avec Christophe, Mediapart indique qu'Adèle cesse de se rendre à des castings, quitte son agent, ne donne plus suite aux scénarios qu'elle reçoit. Mais la rupture avec le cinéma et avec Christophe ne la soulage pas : elle sombre dans la dépression. (source)

Et elle en veut à Christophe.

Lors de son entretien à Médiapart le 4 novembre 2019, sa colère est encore palpable.

Durant cet entretien du 4 novembre, Adèle déclare au sujet de son mal-être après la rupture avec Christophe :

« Qui alors est venu me voir pour m'aider ? Pour mon bien, pour ma carrière ? Toute la bienveillance de Christophe ne l'a pas trop empêcher de se détourner de moi et de poursuivre son engagement politique en faveur des enfants, sa vie dans le monde du cinéma comme si de rien n'était. » (source)

Cette déclaration peut être perçue comme illogique, puisqu'elle laisse entendre que Christophe l'a abandonnée, alors que c'est elle qui l'a quittée, mais il est possible d'en retenir ce sentiment d'abandon, qui est possiblement celui qu'elle a en réalité ressenti lorsqu'elle a appris que le prochain film de Christophe ne serait pas pour elle, après toutes ces années où il n'avait cessé de l'encenser, de l'aduler.

Et, si ce n'est pas de ce sentiment d'abandon qu'elle parle, et qu'elle parle bien d'un sentiment d'abandon ultérieur à la rupture avec lui, alors cela signifie qu'elle se plaint qu'il ne soit pas venu vers elle après la rupture. Donc, cela signifie très certainement qu'il n'a jamais abusé d'elle, et qu'elle a fabulé sur son « envie de mourir » lorsqu'elle allait chez lui : en effet, pourquoi se plaindrait-elle que Christophe ne vienne plus vers elle si elle souffrait tant d'être auprès de lui ?
 

Notons pour finir qu'Adèle va déclencher son action contre Christophe Ruggia en 2019 après avoir appris que le cinéaste a un nouveau projet de film, L'émergence des papillons. Ce film aurait mis en scène les deux personnages du film Les Diables, mais un peu plus âgés (source)(source)(source). Autrement dit, ce film représentait symboliquement celui dans lequel elle aurait dû jouer en 2005.

 

Conclusion : il est tout à fait vraisemblable que les accusations d'Adèle Haenel soient le fruit d'une blessure issue d'une trahison de Ruggia, ressentie comme ignoble, et réactivée par l'annonce d'un film reprenant les personnages des Diables.

 

 

6/ Céline Sciamma, La Naissance des pieuvres, moment clé

En 2006, Christel Baras, la directrice de casting qui avait engagé Adèle Haenel pour jouer en 2001 dans Les Diables, film dirigé par Christophe, recontacte Adèle. Adèle va ainsi tourner La Naissance des pieuvres avec la réalisatrice Céline Sciamma, avec qui elle va nouer une relation amoureuse et qui deviendra sa compagne (jusqu'à leur rupture en 2018).

Céline Sciamma raconte à Médiapart que, d'entrée de jeu, Adèle lui dit qu'elle veut être protégée, que le précédent réalisateur ne s'est pas bien comporté. Mais Adèle est très évasive, ne rapportant rien de précis sur ce qui s'est passé avec lui. Elle décrit seulement ce qui a suivi la rupture avec Christophe : l'arrêt du cinéma, la solitude (source).

Notons au passage qu'il est possible de penser qu'Adèle n'a pas été traumatisée sur le plan sensuel ou sexuel par Christophe, puisque le nouveau film dans lequel elle tourne, La Naissance des pieuvres, est un film sur l'éveil de jeunes filles à la sexualité. Notamment, le personnage joué par Adèle dans ce film demande à une autre jeune adolescente de la dépuceler avec ses doigts. (source)(source)

Pendant le tournage de ce nouveau film, Adèle commence à parler à son entourage, notamment à Christel Baras et Véronique Ruggia. Véronique Ruggia est la soeur de Christophe, et elle a travaillé avec Adèle sur le tournage des Diables.

A la fin du tournage de la Naissance des pieuvres, Céline Sciamma découvre avec stupéfaction que Christel Baras et Véronique Ruggia « se demandaient, inquiètes, jusqu’où c’était allé, si Christophe Ruggia avait eu des relations sexuelles avec cette enfant » (source).

Possiblement, puisque l'entourage en est au stade du questionnement, Adèle n'a, à la fin du tournage du film, toujours pas accusé le réalisateur de façon parfaitement claire. Mais elle a suffisamment communiqué sur le sujet pour inquiéter, et son entourage s'interroge sur l'éventualité de relations sexuelles avec le cinéaste. Peut-être est-ce même le fait que son entourage a amené de son propre chef la question de la sexualité qui fait infléchir le discours d'Adèle dans ce sens : elle va alors parler de la proximité physique avec Christophe, plutôt que de révéler la véritable raison de son intense ressentiment, c'est à dire la trahison de Christophe, qui, après des années de compliments à son égard, l'a en quelque sorte laissée tomber et retourner à son « néant absolu ».

Céline Sciamma affirme en 2019 à Mediapart que, en 2008, Adèle écrit une lettre à Ruggia, qu'elle déposera dans sa boîte aux lettres. Céline Sciamma affirme que la lettre décrit «  les faits, les gestes, les stratégies d’évitement. Elle le mettait face à ses actes. C’était déflagratoire. » (source)

En 2009, Adèle dit à Véronique Ruggia que son frère Christophe l'a « tripotée » et a essayé de l'embrasser, déclarant : « c'est horrible, il est si vieux et moi, j'étais petite » (source)(source).

Cependant, Véronique Ruggia pense comprendre de ce que lui dit Adèle qu'il n'y a « pas eu de passage à l’acte  » (source).

Mais la « dynamique de vengeance » dont parle Adèle en 2019 à Mediapart pourrait être à ce moment-là enclenchée, puisque Adèle accuse Christophe de l'avoir « tripotée ».

Véronique Ruggia en parlera en 2014 à son frère, Christophe Ruggia, qui, d'après elle, va lui dire qu'il a eu un geste malencontreux envers Adèle : il lui aurait « touché la poitrine sans le vouloir ». Et Véronique raconte que son frère « pleure, éclate en sanglot », et lui dit être « triste d'avoir perdu Adèle » (source).

En effet, visiblement, le réalisateur a eu énormément de mal à encaisser le rejet d'Adèle. Il lui a envoyé deux courriers, l'un en juillet 2006, l'autre en juillet 2007, qui mettent à nu sa grande affection pour la jeune actrice. Christophe y parle de son « amour  » qui « a parfois été trop lourd à porter » mais qui « a toujours été d’une sincérité absolue ». Il écrit : « Tu me manques tellement, Adèle ! », « Tu es importante à mes yeux », « La caméra t’aime à la folie ». Il écrit également qu'il doit désormais « continuer à vivre avec cette blessure et ce manque », et qu'il espère cependant une « réconciliation » (source).

La lettre de Christophe à Adèle se finit par : « Ton amitié me manque. » (source)

 

Céline Sciamma déclare à Mediapart : « Christophe Ruggia n’a rien caché. Il a publiquement déclaré son amour à une enfant dans des mondanités. Certaines personnes ont acheté sa partition de l’amoureux éconduit, qu’on allait plaindre parce qu’il avait le cœur brisé, qu’il avait tout donné à une jeune fille qui était en train de moissonner tout cela. » (source).

Il faut remarquer que l'idée que Ruggia serait amoureux d'Haenel est réfutée par l'avocate de Ruggia : elle affirme que le cinéaste parle dans ses lettres simplement avec emphase et qu'il veut décrire son « amour adulation » pour la comédienne, et qu'il emploie des mots différents lorsqu'il écrit à son amoureuse Mona Achache. Et dans une lettre à Mona Achache où Christophe lui parle de sa fille, il s'exprime également avec emphase concernant la fille de Mona Achache : c'est sa façon habituelle de s'exprimer. (source) (source)(source)(source).
 
 
 

Conclusion de ce chapitre :

Il n'existe pas de preuve que le désir de vengeance d'Adèle soit connecté à des gestes déplacés de Ruggia : en 2006, lorsque Adèle affirme pour la première fois que Christophe se serait mal comporté, elle reste initialement mystérieuse sur l'origine de son animosité contre le cinéaste. Et c'est l'entourage d'Adèle lui-même qui a pu imaginer la dimension libidineuse.

Il est difficile de dater précisément l'adoption du scénario « tripotage » par Adèle Haenel. Cela peut être à l'époque 2008-2009, et il semble que cela soit au plus tôt à la fin du tournage de la Naissance des pieuvres.

 

 

 

7/ Le récit et les concepts se précisent

En 2009, lorsque Adèle se confie à Véronique Ruggia, c'est Véronique Ruggia qui met elle-même le mot « tripotage » sur ce que lui raconte Adèle (source). Et ce phénomène où une personne extérieure pourrait avoir soufflé à Adèle une certaine vision de l'histoire qu'elle a vécue va se reproduire.

En 2014, Vincent Rottiers veut en avoir le cœur net : il demande directement à Adèle la raison de sa rupture avec Christophe, alors qu'il la croise dans une avant-première d'un film, à Paris, au Forum des images.

« Je lui ai dit : “Pourquoi tu es partie ? Il s’est passé un truc de grave, de la pédophilie ? Dis-moi et on règle ça !” Je voulais qu’elle réagisse, j’ai prêché le faux pour savoir le vrai. Je n’ai pas eu ma réponse, elle est restée silencieuse. » (source)

Adèle ne répond rien à Vincent. Mais il semble que le mot « pédophilie » ait fait son chemin.

D'après le magazine Le Point, Adèle « n'utilise le mot de « pédophile » qu'en 2014, après que Vincent Rottiers a lui-même employé le terme en l'interrogeant sur son histoire avec le réalisateur » (source).

Selon Mediapart, trois jours après avoir rencontré Vincent Rottiers, Adèle écrit une lettre, qu'elle n'enverra finalement pas à Christophe, et dans lequel elle écrit les mots « pédophilie » et « abus de quelqu’un en situation de faiblesse » (source).

 

2014 est aussi l'année où Céline Sciamma devient co-présidente de la Société des réalisateurs de films (SRF). Elle partage la présidence de cet organisme avec Christophe Ruggia. Elle fait part d'un « malaise » à divers membres de la SRF, mais affirme ne pas souhaiter agir à la place d’Adèle Haenel. Cette dernière parle elle aussi à des membres de la SRF, mais sans succès raconte-t-elle, car il lui est opposé que Christophe Ruggia est « quelqu’un de bien ». Catherine Corsini, membre de la SRF, déclare que, pour beaucoup de personnes, ce qu'affirmait Adèle était « inimaginable », et qu'« il était difficile d’intervenir sans savoir ce qu’Adèle Haenel voulait faire. Céline Sciamma souffrait de la situation. » (source)

En 2015, lors d'une remise de prix à Paris, Adèle Haenel et Céline Sciamma alertent Bertrand Faivre, le producteur de Christophe Ruggia. C'est Bertrand Faivre qui engage la conversation. Il s'étonne qu'Adèle Haenel ne cite jamais Les Diables lorsqu'elle parle aux journalistes. C'est là qu'Adèle lui affirme que Christophe s'est mal comporté avec elle. Bertrand Faivre affirme que rien « d’explicite » n’est formulé, mais il se dit « stupéfait » de « la colère » et de la « violence » d’Adèle Haenel (source).

 

En 2019, Mona Achache, ancienne compagne de Christophe Ruggia, témoigne dans le cadre de l'enquête menée par Mediapart.

Mona Achache a été en couple avec Christophe Ruggia durant une année autour de 2010-2011 (source)(source).

Cette ancienne compagne affirme que Christophe lui aurait dit en 2011 « avoir eu des sentiments amoureux pour Adèle ». Mona Achache déclare avoir insisté auprès de Christophe pour qu'il en dise plus, ce que Christophe a fini par faire, racontant le fait suivant. Mona Achache déclare : « Il regardait un film avec Adèle, elle était allongée, la tête sur ses genoux à lui. Il avait remonté sa main du ventre d’Adèle à sa poitrine, sous le tee-shirt. Il m’a dit avoir vu un regard de peur chez elle, des yeux écarquillés, et avoir pris peur lui aussi et retiré sa main. » (source)

D'après le magazine Le Point, Adèle « n'évoque une main sous son tee-shirt qu'en 2019 : lorsque l'ancienne compagne de Christophe Ruggia raconte à Mediapart qu'il a lui-même évoqué un tel geste. » (source)

 
 
Le 6 novembre 2019, la justice s'auto-saisit de l'affaire, ouvrant une enquête préliminaire notamment sur le chef d'accusation « agression sexuelle ». Pendant toute l'année 2019, Adèle Haenel n'avait jamais parlé à Mediapart d'« agression sexuelle », mais uniquement d'« attouchements » sur les « cuisses » et « le torse ». Mais lorsqu'elle est entendue par les policiers pendant l'instruction judiciaire, elle délivre une nouvelle version, avec cette fois des attouchements directement sur son « sexe ». La narration qu'elle présente désormais est devenue pleinement conforme au chef d'accusation « agression sexuelle », alors que la version précédente aurait pu laisser un doute concernant cette qualification d'« agression sexuelle ».
 
 
 
 

Conclusion de ce chapitre :

Il semble que le scénario accusatoire d'Adèle Haenel contre Christophe soit nourri par des éléments extérieurs à la propre histoire d'Adèle. La notion de « tripotage » pourrait venir de Véronique Ruggia, la notion de pédophilie pourrait provenir d'une discussion avec Vincent Rottiers. L'idée de la main sous le tee-shirt pourrait lui être venue après la déposition de Mona Achache. Et le concept d'« agression sexuelle » lui a été présenté par la justice elle-même. Ainsi, le scénario accusatoire peut apparaître comme une sorte de construction collective.

 

 

8/ La dynamique de vengeance devient dynamique militante

D'une manière générale, l'engagement militant d'Adèle Haenel est parfaitement connu (Adèle Haenel sur le féminisme : « On reste debout et on continue de gueuler » source).

 

En 2018, soit un an avant ses accusations contre Ruggia, elle participe à la création du collectif 50/50, qui lutte pour une parité homme-femme dans le cinéma (source). Il est possible de noter également que Céline Sciamma revendique la maternité du collectif 50/50, et que son engagement politique pourrait être aussi marqué que celui d'Adèle ( « On ne peut pas dépolitiser les violences sexuelles » dit-elle, source).

 

 

Dans l'entretien filmé du 4 novembre 2019 avec Mediapart, Adèle affirme ne plus être dans sa « dynamique de vengeance » (source).

Sa colère ne serait plus dirigée contre Christophe lui-même, mais contre un système en général.

Dans l'article de Mediapart publié le 3 novembre (source), Adèle Haenel déclare :

« Je suis vraiment en colère. Mais la question ce n’est pas tant moi, comment je survis ou pas à cela. Je veux raconter un abus malheureusement banal, et dénoncer le système de silence et de complicité qui, derrière, rend cela possible. »

Et Adèle Haenel affirme que, si elle a voulu s'exprimer publiquement en 2019, « ce n’est pas pour brûler Christophe Ruggia » mais pour « remettre le monde dans le bon sens », « pour que les bourreaux cessent de se pavaner et qu’ils regardent les choses en face », « que la honte change de camp », « que cette exploitation d’enfants, de femmes cesse ».

Adèle Haenel présente sa prise de parole publique comme un « engagement politique » et déclare : « si ma carrière au cinéma doit s’arrêter après cela, tant pis. Mon engagement militant est d’assumer, de dire “voilà, j’ai vécu cela”, et ce n’est pas parce qu’on est victime qu’on doit porter la honte, qu’on doit accepter l’impunité des bourreaux. On doit leur montrer l’image d’eux qu’ils ne veulent pas voir. » (source)

 

Il n'y a donc aucun doute que lorsque Adèle accuse Ruggia en 2019, elle agit, au moins partiellement, dans le cadre d'un « engagement militant ».

 

En fait, tout ce procès contre Christophe Ruggia baigne dans une ambiance politique marquée. Par exemple, un avocat de Ruggia argumente sa demande de relaxe pour son client ainsi :

« Le principe selon lequel ‘le doute doit profiter à l’accusé’ n’est pas un principe patriarcal, c’est un principe destiné à protéger des innocents » (source).

Et lorsqu'Edwy Plenel, patron de Mediapart, présente l'affaire Ruggia/Haenel le 4 novembre 2019 dans l'entretien filmé avec Adèle Haenel, il part du principe que son enquêtrice a établi la culpabilité de Christophe Ruggia (source), et présente la prise de parole publique d'Haenel comme un « événement politique » (source).

Mona Achache, l'ex-compagne de Christophe Ruggia, a été elle-même abusée dans son passé (source). Et elle se positionne dans une perspective politique où elle soutient qu'il existe dans notre société un « fonctionnement abusif ancestral  », et un «  postulat que la normalité siège dans la domination de l’homme sur la femme et que le processus créatif permet tout prolongement de ce principe de domination, jusqu’à l’abus. » (source)

 

 

Conclusion de ce chapitre :

Le contexte des accusations d'Adèle Haenel contre Christophe Ruggia est problématique, puisque la comédienne fait partie d'un mouvement ayant une forte volonté militante. L'activisme d'Adèle Haenel, en rapport avec les violences faites aux femmes, a pu jouer un rôle dans son changement de version des faits : la nouvelle localisation des contacts physiques — sur les zones érogènes dans sa version pour les policiers, alors qu'ils étaient sur les cuisses et le torse dans la version pour Mediapart — permettait d'assurer que l'action judiciaire arrive à terme, sans prendre aucun risque d'échec en raison d'un délai de prescription dépassé. Le changement de version a pu donc être réalisé « pour la bonne cause », afin de ne pas entraver la dénonciation d'un système « patriarcal » toxique dans le cinéma.

De plus, l'activisme d'Adèle Haenel — qui tout de suite indique qu'il faut profiter de son affaire pour améliorer le système judiciaire (source) — oriente l'attention sur des débats autres que la culpabilité ou l'innocence de Christophe Ruggia. Ainsi, un débat fondamental pour Christophe Ruggia est escamoté au profit d'un débat de société beaucoup plus général.

 

 

9/ Accusations de harcèlement et agressions sexuelles, les zones d'ombre

Apparemment, l'entretien filmé du 4 novembre 2019 avec Mediapart a emporté la conviction : le public a été conquis, les médias aussi, Adèle est devenue immédiatement l'égérie du mouvement #MeToo, version cinéma.

Adèle a été vue par beaucoup comme courageuse, lucide, et d'une grande clarté.

Peut-être est-elle d'une grande clarté politique, mais son récit comporte de très nombreuses zones d'ombre (sujet déjà abordé dans cet article ou cet article).

Donnons un petit aperçu de ce phénomène, en commençant par écouter ce qu'elle dit elle-même.

 

Dans l'article publié le 3 novembre 2019, Adèle déclare que Christophe procédait systématiquement de la même façon, lui offrant dans son salon au moment du goûter une orangeade et des biscuits au chocolat : « Je m’asseyais toujours sur le canapé et lui en face dans le fauteuil, puis il venait sur le canapé, me collait, m’embrassait dans le cou [...] il fallait toujours que je change de place. [...] comme il me suivait, je finissais par m’asseoir sur le repose-pied qui était si petit qu’il ne pouvait pas venir près de moi. [...] À chaque fois je savais que ça allait arriver. Je n’avais pas envie d’y aller, je me sentais vraiment mal, si sale que j’avais envie de mourir. Mais il fallait que j’y aille, je me sentais redevable.  » (source)

Adèle affirme donc avoir subi un calvaire, qui se déroulait à l'identique à chaque visite chez Christophe Ruggia (source source source), et qui a commencé dès la première fois (source).

Il peut sembler surprenant au premier abord qu'Adèle ait pu se rendre 120 fois chez Christophe en se sentant si mal, ayant en perspective le calvaire qu'elle allait à coup sûr endurer, et ressentant une envie de mourir.

Mais elle explique cette acceptation d'une torture hebdomadaire car elle se sentait « redevable » envers Christophe.

Par contre, visiblement, elle n'était pas suffisamment « redevable » envers Christophe pour lui céder.

En effet, Adèle affirme en 2019 à Mediapart avoir eu une « force folle », un « entêtement », qui lui ont permis de « résister ». « Ce qui m’a sauvée, c’est que je sentais que ce n’était pas bien » (source).

Et, Adèle déclare qu'il était clair que Christophe «  cherchait à avoir des relations sexuelles » avec elle, et que ses « caresses étaient quelque chose de permanent ». Elle indique qu'elle avait « peur » dans ces moments, et qu'elle pouvait être aussi « paralysée » : « Je ne bougeais pas, il m’en voulait de ne pas consentir, cela déclenchait des crises de sa part à chaque fois », sur le registre de la « culpabilisation ». « Il partait du principe que c’était une histoire d’amour et qu’elle était réciproque, que je lui devais quelque chose, que j’étais une sacrée garce de ne pas jouer le jeu de cet amour après tout ce qu’il m’avait donné. » (source)

 

Le récit d'Adèle présente de multiples invraisemblances.

Notamment, elle dépeint Christophe en pédophile ultra-collant et ultra-déterminé, qui la suit partout où elle tente de lui échapper. Le scénario était toujours le même. Lorsqu'elle changeait de place, il la rejoignait à l'autre extrémité du canapé où elle se glissait, puis il la rejoignait près de la fenêtre où elle se postait debout, puis il la rejoignait sur le fauteuil où elle s'asseyait. Mais par contre, lorsqu'elle s'assoit sur le repose-pied, là elle est tranquille, car le repose-pied est trop petit pour deux personnes. Le pédophile ultra-collant n'a-t-il pas l'idée d'aller chercher un coussin pour s'asseoir à côté d'elle et continuer à la peloter ?

Il n'y a aucune raison a priori qu'un pédophile extrêmement déterminé soit arrêté par un repose-pied trop petit.

Mais soyons inventifs et admettons que le repose-pied soit dans un endroit inaccessible, ce qui serait curieux pour un repose-pied, ou bien que Christophe ait un problème physique l'empêchant de s'asseoir près du sol.

Dans ce cas de figure, pourquoi Adèle se serait-elle obstinée pendant des années à se mettre sur le canapé, au lieu d'aller directement consommer son orangeade et ses biscuits sur le repose-pied ?

C'est ce qui peut être appelé une « zone d'ombre ».

Autre détail étrange : Adèle dit qu'elle pouvait être paralysée par la peur, qu'elle restait alors immobile, et qu'alors Christophe lui « en voulait de ne pas consentir, cela déclenchait des crises de sa part à chaque fois ». Pourquoi une immobilité serait-elle interprétée par un agresseur comme la preuve d'un non consentement ? Il serait plutôt tentant de dire que lorsqu'une personne est paralysée par la peur, son agresseur peut obtenir la relation sexuelle qu'il désire tout en croyant que la personne est consentante, puisqu'elle ne se débat pas (source).

 

Par ailleurs, Adèle affirme en 2019 que la réaction de Christophe au non consentement de sa part était de la culpabiliser : Christophe aurait prétendu qu'Adèle lui devait quelque chose après tout ce qu'il avait fait pour elle. On comprend qu'Adèle ait eu « envie de mourir », si elle avait eu réellement à subir une ambiance aussi malsaine pendant des années. On comprend moins que Christophe ait pu s'obstiner pendant 120 après-midi à tenter un chantage qui ne marchait jamais, vu qu'Adèle ne consentait jamais.

De plus, Adèle explique qu'elle se rendait chez le cinéaste habitée par une « envie de mourir », mais qu'elle le faisait quand même car elle se sentait « redevable » envers lui.

Apparemment, Adèle se sentait en dette auprès de Christophe, et elle voulait régler sa dette en venant chez lui. Mais, le problème avec cette version des faits de 2019 est qu'Adèle ne s'offrait jamais à Christophe, et donc venait chez lui pour régler sa dette mais sans jamais la régler.

La nouvelle version, celle donnée aux policiers, peut-elle effacer cette incohérence ?

Dans la nouvelle version, Adèle tente encore de résister à Christophe, mais ce dernier a des stratagèmes pour parvenir à vaincre les résistances de l'actrice. Dans cette nouvelle version, il serait possible de penser que, cette fois, Adèle règle bien sa dette en s'offrant finalement à Christophe.

Mais il reste encore au moins une zone d'ombre.

En effet, Christophe était censé vouloir coucher avec Adèle. Et donc, s'il parvenait à désamorcer les résistances de la comédienne, pourquoi n'a-t-il pas réussi à obtenir de coucher avec elle ?

 

Les choses se compliquent encore si l'on veut prendre en compte l'entretien filmé chez Mediapart avec Adèle Haenel le 4 novembre 2019. Adèle y est questionnée ainsi : « Vous dites qu'il est excité et qu'il veut des relations sexuelles. »

Adèle répond vivement : « Ca c'est mon interprétation. Je pense qu'elle est assez valable étant donné que j'ai quand même subi ses assauts pendant pas mal de temps, pour ne pas dire quelques années. » (source)

Si Adèle a dû « interpréter » la situation pour en conclure que Ruggia voulait des relations sexuelles, alors cela veut dire que Ruggia n'a jamais verbalisé qu'il voulait des relations sexuelles. Cela rend difficilement compréhensible qu'il ait pu faire du chantage pour tenter d'obtenir ce qu'il voulait, car il est difficile de faire du chantage sans préciser à sa victime ce que l'on veut obtenir avec ce chantage. Disons au moins qu'il y a là une nouvelle zone d'ombre.

 

Bref, quel que soit le bout par lequel on prend les récits d'Adèle, il est bien difficile d'y voir clair : une multitude de questions restent sans réponse.

Conclusion de ce chapitre : non seulement Adèle Haenel a fait évoluer sa version des faits, mais chaque version est en elle-même peu claire, voire peu cohérente. Dans ces conditions, il serait abusif d'utiliser ses déclarations comme preuve de la culpabilité de Christophe Ruggia.

 

 

10/ Conclusion

Le « second scénario », celui où il n'y aucun abus, tient.

Et il tient sans problème : il n'y a aucune preuve que Christophe Ruggia ait commis un délit.

En réalité, pénalement parlant, le dossier est extrêmement fragile : nous sommes dans une situation dite « parole contre parole ».

Cependant, la procureure n'a pas demandé la relaxe.

 

Avant d'analyser la demande de sanction de la procureure, notons que la plaignante était enfant au moment des faits présumés et qu'une agression sexuelle avérée serait alors dite « aggravée », et pourrait être punie de 10 ans de prison.

 

Le 10 décembre 2024, à l'issue du procès en première instance, la procureure Camille Poch requiert cinq années de prison pour Christophe Ruggia, dont deux ans de prison ferme, mais aménageables sous forme d'une détention à domicile avec bracelet électronique.

Le journal Le Monde indique que la procureure a énoncé sa requête de cinq années de prison en s'appuyant sur ce qu'elle appelle « le discours constant, cohérent et clair » d'Adèle Haenel (source).

Lors de procès de ce type, si la plaignante a eu un discours clair, cohérent, et constant au fil des années, c'est effectivement un point important à mettre en avant, car, en l'absence de preuves solides, la crédibilité de la plaignante peut jouer un rôle essentiel.

Mais dire qu'Adèle a été constante, cohérente et claire, est juste une immense blague.

Une blague d'un goût exécrable, puisqu'elle entérine le meurtre social d'un être humain, alors qu'il n'existe aucune preuve qu'il ait commis le moindre délit.

 

Ce qui est tout à fait flagrant dans cette affaire est qu'Adèle n'a pas été constante dans ses déclarations, qu'elle n'a pas été cohérente, et qu'elle n'a pas été claire.

Cependant, comme l'indique le site de France info, la procureure a dit n'avoir « aucun doute » sur la réalité des agressions, décrites de manière « constante » et « authentique » par Adèle Haenel, et confiées progressivement à son entourage « dès 2006 » (source).

A ce sujet, il faut noter un point très important, dont la procureure ne parle pas.

En 2006, il est vrai qu'Adèle affirme à Céline Sciamma dès leurs premières rencontres que Christophe s'est mal comporté avec elle. Mais, à ce moment-là, Adèle Haenel n'explique pas en quoi Christophe se serait mal comporté : Adèle ne fait que décrire la période de mal-être qu'elle a vécue après la rupture avec Christophe. C'est l'entourage professionnel d'Adèle qui, pendant le tournage de La Naissance des pieuvres, s'inquiète de ce que dit Adèle, et se pose de lui-même la question d'une relation sexuelle entre Christophe et Adèle.

Et ce qui se passe ensuite ne peut être cerné avec certitude. Peut-être que, pleine de ressentiment après la trahison de Christophe de 2005, Adèle a réinterprété les gestes d'affection du cinéaste en y plaquant une dimension libidineuse qu'ils n'avaient absolument pas (hypothèse abordée ici).

Peut-être Adèle a-t-elle été influencée par les retours de son entourage professionnel, qui allait de lui-même vers l'idée d'un abus sexuel de Christophe Ruggia.

Au vu des incohérences de ses déclarations sur les « agressions » qu'elle dit avoir subies, il est possible que son esprit ait mélangé au fil du temps divers éléments venant d'une part de sa propre histoire — le tournage du film Les Diables avec ses scènes sexualisées, ainsi que la relation fusionnelle avec un Ruggia qui l'adorait — et d'autre part des histoires pédophiles qu'elle a pu voir notamment dans le documentaire sur Michael Jackson, dont elle parle à plusieurs reprises.

 

Ce qui est certain est qu'Adèle a dit elle-même avoir été dans une « dynamique de vengeance » vis-à-vis de Christophe Ruggia.

Un autre fait est sûr : Adèle Haenel est une militante. Par exemple, en 2018, un an avant qu'elle accuse Ruggia, elle participait à la création du collectif 50/50, ayant pour objectif une parité homme-femme dans le cinéma (source).

Et Adèle Haenel peut être considérée comme la partie émergée d'un fort mouvement social féru de considérations concernant des rapports de force entre hommes et femmes. Elle déclare notamment en novembre 2019 : « Je suis puissante aujourd'hui socialement. Et Christophe n'a fait que s'amoindrir. » (voir plus haut)

Bref, le positionnement d'Adèle Haenel dans cette affaire peut découler d'une pensée politique collective et non d'un vécu personnel qui mériterait justice.

 

Il y a tout dans ce dossier pour qu'un doute raisonnable existe concernant la présumée culpabilité de Christophe Ruggia.

 

Pour finir, notons un fait peut-être anecdotique. La procureure propose trois années de prison avec sursis et deux années avec bracelet électronique : ainsi, Ruggia n'irait jamais en prison.

Sur un plateau télé d'une chaîne d'information continue, le chroniqueur Eric Naulleau paraissait sincèrement surpris, se posant la question : mais pourquoi Christophe Ruggia n'irait-il pas pour de vrai en prison, s'il a réellement agressé sexuellement une enfant ?

Il est tentant de lui répondre qu'en réalité le dossier contre Ruggia est vide de toute preuve, et que, dans ce contexte, la demande de la procureure est peut-être maline : ce qu'elle propose revient à sanctionner Ruggia d'une manière qu'il puisse accepter la peine même s'il est innocent et donc de manière à ce qu'il ne fasse pas appel.

En ne faisant pas appel, Ruggia s'éviterait le risque, même minime, d'être condamné plus durement dans un deuxième procès. Et, acceptant la sanction, il se reconnaîtrait lui-même coupable, satisfaisant alors la demande de la société, ou au moins des médias, qui lui ont assigné le rôle du pédophile dès les premiers instants, et continuent de soutenir fermement Adèle Haenel (exemple : source).

 

Mais n'anticipons pas : le verdict final du procès en première instance sera délivré le 3 février 2025.

Avec un peu de chance, le tribunal ne tiendra aucun compte du contexte politico-médiatique qui entoure ce procès, et relaxera Christophe Ruggia.

Mais les avocats de Christophe Ruggia ont une crainte, celle « que la justice soit obligée de rendre justice un pistolet sur la tempe ».

Et la défense de Ruggia estime que, en 2019, l’institution judiciaire s’est sentie attaquée, et qu'elle a donc ouvert une enquête, en faisant « un petit peu de zèle » (source).

 

Affaire à suivre.

 

 

Note : un « attouchement » est soit un toucher neutre, soit un toucher affectif, soit un toucher exprimant l'attrait physique, soit un toucher qui procure un plaisir sexuel (source source).

 


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21 réactions à cet article    


  • sylvain sylvain 19 décembre 17:00

    Putain il y en a des kilometres. Quelle merde tout de meme de devoir decrire chaque geste, de savoir si la main s’arrete au nombril ou 5 cm plus bas... J’aurais de toute facon pas aime etre juge,mais la ca doit vraiment etre chiant. Je suis pas sur que tout decrire dans les moindre details permette d’avoir une vision plus claire des choses, un viol ou une agression ne se joue pas a quelques centimetres, c’est avant tout une intention, un rapport a l’autre

    En tout cas, ils semblaient avoir une vie d’acteurs, ou se comporter comme des acteurs dans leur vie


    • Fergus Fergus 20 décembre 09:14

      Bonjour, sylvain

      Oui, en effet, ce texte est carrément délirant par sa longueur démesurée et les détails microscopiques de ses développements.


    • Fergus Fergus 20 décembre 09:16

      J’ajoute que, sur le fond, il n’est pas rare que les versions des plaignantes évoluent lorsqu’elles parviennent à vaincre enfin les inhibitions de révélations trop longtemps vécues par elles, à tort, comme honteuses.


    • Claude Gracée Claude Gracée 20 décembre 12:08

      Mais ce n’est pas ce que dit Adèle Haenel.

      Elle ne dit pas qu’elle était inhibée et qu’elle se serait désinhibée, ce qui lui aurait permis de faire évoluer son témoignage.

      Elle affirme ne pas avoir tout dit à Mediapart car elle réservait la révélation des faits pour la justice (source).

      Or, au moment où elle témoigne chez Mediapart, entre avril 2019 et novembre 2019, elle dit justement qu’elle a fait le choix de parler à Mediapart et de ne pas aller en justice.

      Elle ne souhaite pas porter plainte en raison d’une justice qui « condamne si peu les agresseurs » et « un viol sur cent ». Elle parle d’une « violence systémique faite aux femmes dans le système judiciaire ».

      Et Adèle ajoute : « La justice nous ignore, on ignore la justice. »

      (source)(source)(source)


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 22 décembre 07:11

      @sylvain
      Salut Sylvain,
      Je connais un type qui à l’âge de 15 ou 16 ans s’est fait dépuceler par sa prof de théâtre. Bon ! On ne connait pas tous les détails... Quand et où ont eu lieu les premiers attouchements. La prof en question n’a jamais été inquiétée. D’ailleurs l’ado n’a jamais porté plainte.


    • SilentArrow 22 décembre 08:27

      @Jean Dugenêt
       

      Je connais un type qui à l’âge de 15 ou 16 ans s’est fait dépuceler par sa prof de théâtre.

      Sa ou son prof de théâtre ?

    • Seth 22 décembre 14:41

      @SilentArrow

      Peu importe. C’était une personne avec une ghagatte croqueuse qui aimait bien les carottes nouvelles.


    • ZenZoe ZenZoe 19 décembre 17:50

      Le mieux quand même serait d’exiger qu’un mineur ne se trouve jamais seul avec un adulte lors de ces séances ou en dehors, mais accompagné par l’un de ses parents ou un adulte désigné par eux.

      Enfin, bien sûr, encore faut-il avoir des parents responsables, ce qui ne semble pa avoir été le cas de tous ces pauvres gosses livrés à des pervers, gosses qui une fois adultes semblent être devenus sacrément perturbés.


      • Com une outre 19 décembre 18:02

        Si déjà nos politiques n’avaient pas récupéré et soutenu des mouvements d’extrémistes asociaux comme MeToo, nous n’en serions pas là. Une fois de plus, leur indigence intellectuelle fait des victimes en nous faisant croire que c’est un progrès sociétal que de soutenir l’extrémisme, comme de soutenir les fachos de certains pays (Ukraine, Israël, Syrie...). Vraiment des minables et des irresponsables prêts à tout par pur carriérisme. Beurk !


        • pemile pemile 19 décembre 18:24

          "Pour être exact, il est même très fréquent que le plus grand rêve d’un adolescent soit de pouvoir rencontrer sa « star » pour de vrai."

          Les ados fans de Mickael Jackson peuvent témoigner ?

          Je trouve très chelou ton insistance à vouloir refaire le procès sans que tu possèdes tous les éléments, et en ayant rencontré ni Ruggia, ni Haenel !


          • Garibaldi2 20 décembre 01:47

            @pemile

            Il ne refait pas le procès, il rapporte des faits et des déclarations, sourcés, et pose, très prudemment, des hypothèses que tout un chacun peut poser. C’est un beau boulot de compilation d’infos sourcées, que les conseils de Chritophe Ruggia ne jetteraient pas au panier.

            Que signifie votre remarque : ’’Les ados fans de Mickael Jackson peuvent témoigner ?’’


          • GoldoBlack 20 décembre 08:46

            @pemile
            L’auteur déploie une énergie incroyable pour ne défendre que des violeurs !
            Il suffit de prendre les titres des « articles » qu’il a pondu pour voir sous quel angle il prend les choses, quelle empathie il a, non pour les victimes probables mais pour les violeurs putatifs.


          • robert 19 décembre 18:25

            je l’ai entendue sur FI, complétement hallucinée comme sur la photo


            • Eric F Eric F 19 décembre 19:21

              Rakoto va probablement l’ajouter comme nominée au titre de femme de l’année


              • Jean Claude Massé 20 décembre 09:49

                Encore une histoire comme sait les construire le deep state pour enfumer les braves citoyens.

                Claire Séverac, mais aussi Ariane bilheran, nous ont longuement décrit le processus de planification et de mise en place du totalitarisme.

                Il faut bien décrédibiliser le combat que mène entre autre Karl Zéro.


                • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 20 décembre 10:55

                  @Jean Claude Massé
                   
                  ’’Encore une histoire comme sait les construire le deep state pour enfumer les braves citoyens.

                  Claire Séverac, mais aussi Ariane bilheran, nous ont longuement décrit le processus de planification et de mise en place du totalitarisme.

                  Il faut bien décrédibiliser le combat que mène entre autre Karl Zéro.’’

                    >
                   Exactement.
                   L’auteur s’est-il fait plaisir, au moins ?

                • lecoindubonsens lecoindubonsens 20 décembre 11:32

                  « harcèlement sexuel permanent qui aurait eu lieu alors qu’elle se rendait chez lui les samedis après-midi »

                  et si elle avait renoncé à ces déplacements répétés chez lui ?


                  • Fergus Fergus 20 décembre 17:27

                    Bonsoir, lecoindubonsens

                    Peut-être était-il très difficile pour elle au plan psychologique d’expliquer le motif du refus à ses parents.

                    Des parents qui, en l’occurrence, semblent avoir agi avec une grande légèreté. D’où la pertinence des mesures prises récemment pour encadrer les acteurs mineurs.


                  • lecoindubonsens lecoindubonsens 22 décembre 12:31

                    @Fergus « Peut-être était-il très difficile pour elle au plan psychologique d’expliquer le motif du refus à ses parents. »

                    Bon, alors si le « viol » était plus acceptable que de dire à ses parents « le monsieur il m’embête », ce ne devait pas être très méchant ni très désagréable, nous sommes donc rassurés  smiley


                  • ETTORE ETTORE 20 décembre 16:39

                    Une fois les gestes décrits, jaugés, jugés, il reste l’histoire, qui elle continue son voyage...Si certains jouent à touche pipi, dans leur jeunesse, et découvrent les différenciations des corps....Certains n’en reviennent pas, de ces différence, et participent, volontairement ou pas, à certains attouchements moraux, qu’on mets en place pour eux, histoire de servir, les fantasmes sociétaux, au doigt mouillé.

                    La résonance portée à ces faits ( vrais ou pas) passe en deuxième plan ( que cela plaise ou pas, à la victime, ou à l’accusé )

                    C’est bien ce qui est continué à être aspergé à tout va, qui donne la seule et unique raison, portée par cette souffrance, dont, en finalité, ces gens se foutent totalement.

                    Un peu « du sexe hybride » en somme .


                    • docdory docdory 21 décembre 00:50

                      Bon, le principe de base de la justice est que le doute doit bénéficier à l’accusé. la justice devrait donc s’abstenir de juger des évènements réels ou imaginaires censés s’être déroulés il y a plus de 20 ans, pour lesquels il n’y a aucun témoin fiable, ni le moindre élément de preuve objective et dans lesquels c’est la parole de l’un contre celle de l’autre.

                      Il n’y a pas de monde parfait, et donc il n’y a pas de justice parfaite, il y a donc des choses non jugeables. tant pis pour Mlle Haenel ... Si par hasard elle avait raison, on se demande quelle autorité parentale exerçait ses parents, qui auraient été censés au moins vaguement surveiller les fréquentations de leur fille mineure à l’époque !

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