Affaire Tariq Ramadan : L’enquête élargie à deux nouveaux soupçons de viols, une expertise psychiatrique judiciaire exigée
Le dimanche 10 septembre dernier, les enquêteurs de la brigade criminelle ont recueilli deux nouveaux témoignages de femmes, racontant des abus dont elles auraient été victimes. Leur présumé bourreau n’est autre que Tariq Ramadan, le théologien charismatique et figure emblématique de l’islam. Selon les sources du Journal du Dimanche, les faits auraient eu lieu en 2015 et 2016, à Paris.
Au-delà du viol physique
Le leader et autrefois la figure très influente de l’islam européen, n’est pas sortie de l’auberge. L’homme est mis en examen depuis février 2018 pour le viol de deux femmes en France. L’une en 2009 et l’autre en 2012. Rappelons que c’est suite au mouvement populaire #balancetonporc, que la féministe Henda Ayari, fondatrice de l’association Libératrices, avait porté plainte contre le très respecté Tariq Ramadan pour viol, agressions sexuelles, violences volontaires, harcèlement et intimidation.
Automatiquement, de multiples témoignages accablants s’en étaient suivis partout en France, aux États-Unis et en Suisse, brisant ainsi le mythe de celui qui vouait aux flammes de l’enfer toutes personnes liées de près ou de loin à « l’impudicité ». Plusieurs jeunes filles avaient témoigné pour des faits similaires, commis dans les années 1980 à 1990.
Si Tariq Ramadan avait bénéficié de la prescription sur plusieurs crimes sexuels ressurgis, d’autres lui avaient coûté en fin de compte une mise en examen pour « viol » et « viol sur personne vulnérable ». Libéré sous conditions, Tariq Ramadan avait réfuté les faits reprochés tels que relatés. Il avait fini par avouer qu’il y avait bel et bien eu des actes sexuels entre les plaignantes et lui, mais, il soutenait que ces relations étaient extraconjugales, de domination consenties.
Pourtant, les deux jeunes femmes ayant fait ces nouvelles déclarations assurent avoir été entraînées dans une relation sexuelle brutale avec une « emprise » de l’islamologue : « Je lui demandais d’être plus doux, mais il me disait « c’est de ta faute, tu le mérites » (…) et qu’il fallait obéir, ce que j’ai fait », a déclaré l’une de ces femmes, citée par l’Express.
« C’est d’un autre ordre qu’un viol physique, cela va au-delà (…) Il a une telle emprise sur vous qu’on fait tout ce qu’il nous demande (…). Mais cette relation a été consentie », a insisté l’autre.
Les deux femmes n’ont pas souhaité porter plainte. Leurs déclarations compromettantes bousculent tout de même et intéressent les magistrats. Au même moment, Tariq Ramadan lancé dans une contre-offensive médiatique, tente dans son livre intitulé Devoir de vérité, d’expliquer une théorie du complot dirigée contre sa personne à des fins obscures : « Ma chute pouvait arranger ces politiques que je gênais tant ? Et si ma parole publique, alors que j'appartiens aux peuples arabes et des anciens colonisés, perturbait le rapport de domination depuis si longtemps établi ? » Questionne-t-il dans le document.
Il n’hésite pas à assimiler son cas à celui de Dreyfus, Ghandi et Malcom x. Allant plus loin Tariq Ramadan dénonce du racisme, détaillant certaines conditions de sa détention « Se pourrait-il que ma personne dérange ? Suis-je traité ainsi parce que d'origine arabe et de religion musulmane ? N'y a-t-il aucune once de racisme dans ce traitement ? »
Il ne manque pas de s’excuser tout en gardant sa hauteur : « S'il fallait mettre en prison tous ceux qui ne disent pas la vérité sur leur vie privée et intime, il faudrait embastiller plus des trois quarts du peuple de France ».
Les deux femmes ne sont pas des inconnues. Elles ont été identifiées sur des documents retrouvés dans les ordinateurs de Tariq Ramadan. Le parquet de Paris a donc délivré un « réquisitoire supplétif » étendant la saisine du juge d’instruction en charge de l’enquête sur l’affaire « à deux nouvelles potentielles victimes ».
Docteur Zagury : un psychiatre de renom saisi du dossier
Le lien entre Tariq Ramadan et ses victimes présumées, relevait-il réellement d'une relation d'emprise ?
C’est à cette question épineuse que devra répondre, le docteur Daniel Zagury, excellente référence dans le monde de l'expertise psychiatrique judiciaire. Il a été convié par trois juges d'instruction en charge du dossier. Ayant déjà témoigné dans de nombreuses affaires médiatiques, l’homme de 69 ans se devra d’examiner la notion d'« emprise » brandie par plusieurs des présumées victimes. Il devra en outre, analyser le dossier en profondeur y compris les dires de chacune des plaignantes afin de parvenir à une conclusion dans son rapport avant le 30 avril.
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