A l’heure où l’administration américaine négocie avec des leaders talibans de plus en plus radicaux, au moment où le consensus chez les militaires de l’OTAN est à un retrait d’une guerre où les forces de l’organisation s’enlisent sans résultat, la sortie d’Afghanistan s’annonce beaucoup plus compliqué que celui d’Iraq. Une sortie partielle semble être la solution sur le court terme.
Les Etats-Unis négocient avec plusieurs groupes talibans, dont le plus radical d’entre eux, encore plus lié avec Al Qaida que le mollah Omar, avec lequel les talibans négocient aussi. En réalité, un retrait est vu comme une nécessité par les politiques et les militaires occidentaux.
Toutefois, un retrait rapide, total et sans conditions est impensable pour les forces de l’OTAN. Après tout, Al Qaida et son chef dispose de leur principal fief en Afghanistan, et se retirer en leur laissant le champ libre serait vu comme une reddition de l’Occident par les peuples de l’Ouest, et aussi de l’Orient. D’un autre côté, la guerre est "unwinnable", ingagnable pour l’OTAN. Les négociations cette fois, et contrairement à l’Iraq, ont lieu avec une même entité idéologique, les islamistes radicaux, et non pas une forêt d’organisations disparates idéologiquement comme en Iraq, au moment des négociations pour les sahouates (anciens résistants nationalistes sunnites, les sahouates sont devenues des milices pro-gouvernementales dès l’annonce officieuse du retrait américain, ils ont fortement contribué à une stabilisation de la situation en Iraq).
Le but de cet article, tout comme un article de l’auteur préconisant des négociations avec les talibans en février 2009, est de présenter une ébauche de solution pour l’Occident.
Les négociations avec les talibans devraient être menées tout en ayant des cartes à jouer. Un retrait peut certes commencer en juillet 2011, mais sans calendrier de retrait total, et sans retrait des forces aériennes et des services secrets. L’entrainement des troupes afghanes doit aussi continuer. Il faut être déterminé à montrer un soutien aérien et des services secrets à long terme aux troupes gouvernementales afghanes, mais seulement si nécessaire. Par ailleurs, il faudrait jouer la carte de l’intervention de l’ISI (services secrets du Pakistan) dans les affaires en Afghanistan comme appui stratégique pour continuer à mener une sorte de guerre limitée contre Al Qaida et leurs soutiens afghans jusqu’à arriver à une solution valable.
Dans l’idéal, sur le moyen terme, les troupes afghanes, 20.000 professionnels de l’OTAN, les forces aériennes et les services secrets de l’OTAN et l’ISI devraient continuer à détecter les intentions de la base arrière d’Al Qaida pour l’Occident, à affaiblir les talibans et à protéger les intérêts des gouvernements occidentaux.
Mais la véritable bataille se déroulera ailleurs, dans les salons cossus où se mènent les négociations pour la paix au Proche-Orient. Là, l’administration américaine doit se montrer d’une extrême fermeté avec le gouvernement israélien de droite afin de créer les conditions de la paix. Les nombreux instruments de pression économique devraient être utilisés contre Tel Aviv sans se mettre à dos définitivement le puissant lobby sioniste américain. L’objectif est double, limiter les talibans, et Al Qaida, à un combat national en Afghanistan en faisant des Etats-Unis les nouveaux amis des populations musulmanes, et couper la tête idéologique des mouvements et Etats radicaux au Moyen Orient, dont les talibans afgans. Au même moment, le retrait partiel mais l’attittude ferme sur le terrain devrait permettre à l’OTAN de se retirer, cette fois totalement, du champ de mines afghan dans des conditions acceptables.