Afrique : les risques de l’endettement vis-à-vis de la Chine
La percée économique chinoise en Afrique s’accompagne d’une multiplication des prêts accordés par Pékin aux différents Etats du continent et ce réendettement peut paraître inquiétant. La Chine, contrainte de trouver une utilité pour son taux d’épargne très élevé (il représenterait 54% du PIB) accorde des prêts à nos pays sans aucune conditionnalité (absence de corruption, meilleure gouvernance économique, progrès démocratique...) pour sécuriser ses approvisionnements en matières premières (le pétrole et le fer...).

La percée économique chinoise en Afrique s’accompagne d’une multiplication des prêts accordés par Pékin aux différents Etats du continent et ce réendettement peut paraître inquiétant. La Chine, contrainte de trouver une utilité pour son taux d’épargne très élevé (il représenterait 54% du PIB) accorde des prêts à nos pays sans aucune conditionnalité (absence de corruption, meilleure gouvernance économique, progrès démocratique...) pour sécuriser ses approvisionnements en matières premières (le pétrole et le fer...).
L’endettement, surtout extérieur, est une source de financement qui peut avoir des effets très positifs sur la croissance et le développement d’un pays. Mais lorsque cette dette devient étouffante, le pays court le risque d’entrer dans un cercle vicieux qui fait que le service de la dette vient aggraver sa situation de pauvreté et devient un obstacle majeur à sa croissance. Telle est la situation de la plupart des pays d’Afrique subsaharienne.
Pour ce faire, la communauté financière internationale s’emploie à trouver une solution, notamment par l’initiative PPTE (Pays pauvres très endettés) puis par l’annulation récente d’une partie de ces dettes décidée lors du sommet de G8 de Gleaneagles (Ecosse) avec un début d’application le 1er juillet 2006 (la dette multilatérale de quinze pays pauvres très endettés africains a été annulée).
Certes, on peut se réjouir que des pays du Sud comme la Chine et l’Inde deviennent une source croissante de financement pour les autres en développement au Sud, notamment en Afrique, comme l’a souligné un rapport de la Banque mondiale intitulé « La Route de la soie africaine : nouvelle frontière économique pour la Chine et l’Inde ». Il paraît que la croissance considérable des activités commerciales et des investissements de la Chine et de l’Inde représente un important potentiel pour le développement de l’Afrique, offrant « une grande et rare occasion d’accélérer son intégration internationale et sa croissance ».
Mais l’absence de conditionnalités liées aux prêts fait craindre que ces sommes ne servent qu’à encourager les régimes autoritaires et les pratiques antidémocratiques en Afrique, ce qui contribuerait à accroître le taux d’endettement nos pays, sachant que ces prêts sont captés au profit de nos dirigeants corrompus sans qu’ils contribuent réellement à lutter contre la pauvreté.
Ainsi, un pays africain a pu bénéficier récemment d’un prêt chinois pour construire un nouveau palais présidentiel avec des entreprises de construction chinoises, alors que son peuple croule sous la misère, victime d’une crise politique qui perdure depuis plus de quinze ans.
La Chine organise, du 3 au 5 novembre prochains à Beijing, un forum de coopération Chine-Afrique pour conforter, sans nul doute, sa mainmise sur le continent. Faut-il espérer, comme l’a dit Me Gahoun Hegbor, ministre togolais de la communication et de la formation civique (issu de l’opposition) que « ce sommet permettra de corriger les imperfections et les déviations [...] dans les relations sino-africaines »[1]. Rien n’est moins sûr.
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